Basse époque

La Basse époque est une période de l'histoire de l'Égypte antique allant des environs de -664 à -332. Elle débute par la réunification du pays par un roi originaire de Saïs, Psammétique Ier, après que les Assyriens aient chassé d'Égypte la XXVe dynastie, et pillé Thèbes. Elle se termine par la conquête de l'Égypte par Alexandre le Grand. On y trouve les six dernières dynasties décrites par Manéthon, qui est lui-même un contemporain des premiers Ptolémées.

Égypte pharaonique
Basse époque

664  332 avant notre ère

L'Égypte au sein de l'Empire assyrien en -670.
Informations générales
Statut Monarchie absolue
Capitale Thèbes
Akhetaton
Pi-Ramsès
Langue(s) Égyptien ancien
Religion Religion de l'Égypte antique
Culte d'Aton
Histoire et événements
vers -750 Invasion et domination nubienne
vers -680 Invasion assyrienne par menée par Assarhaddon
vers -660 Expulsion des assyriens et XXVIe dynastie
vers -525 Première invasion perse
vers -332 Invasion macédonienne
Pharaon
(1er) -750/-716 Psammétique Ier
(Der) -380/-332 Darius III

Entités précédentes :

Dynasties de la Basse époque

La Basse époque est une période de forte instabilité caractérisée par des prises de pouvoir successives par des souverains étrangers, entrecoupée de courtes périodes d'indépendances. Bien que de cultures très différentes, ces souverains s'adaptent au modèle égyptien et respectent sa culture, tout en y intégrant des éléments de la leur. Ils se feront proclamer pharaon et choisiront une titulature royale, souvent calquée sur celle des anciens rois. Certains, notamment les rois saïtes de la XXVIe dynastie, cherchent même à retourner vers un archaïsme architectural et lyrique tout droit issu de l'Ancien et du Moyen Empire.

L'art et la religion sont également fortement marqués par la double influence de l'extérieur et la tendance à l'archaïsme. C'est ainsi que l'on voit apparaître de nouveaux thèmes dans les décorations ainsi que des divinités hybrides : Bastet en oiseau avec une tête de chat, la divinité Toutou, etc. La vénération des temps glorieux et lointains suscite la divinisation de plusieurs grandes figures de l'histoire égyptienne comme Imhotep, Amenhotep fils de Hapou, ou encore Horemheb. Du côté religieux, le culte des animaux, comme le taureau Apis, gagne en popularité : le Sérapéum de Memphis est agrandi pour qu'affluent les fidèles. Saqqarah devient un centre religieux important, comportant notamment des nécropoles pour animaux. Le culte d'Osiris et d'Isis se développe considérablement, cet engouement trouvant certainement son origine dans la souffrance subie par les Égyptiens lors des occupations.

La Basse époque commence par la réunification du pays par Psammétique Ier, qui inaugure la XXVe dynastie, nubienne, et met fin à la Troisième Période intermédiaire. Elle respecte scrupuleusement les coutumes et les institutions, s’affirmant pleinement égyptienne. Dès cette période se manifeste une intense activité intellectuelle et artistique, cherchant ses références dans les formes anciennes du passé, notamment dans l’Ancien Empire. Elle est marquée par la perte du contrôle du pays, après l'invasion assyrienne qui laisse de profondes blessures dans l'esprit des Égyptiens : les Assyriens pillent en effet des temples et brûlent des villes comme Thèbes. Ne pouvant gérer la nation, ils favorisent l'émergence de la XXVIe dynastie, saïte, d'origine libyenne.

Les Perses s'emparent du pays vers -525. La première occupation perse n'est en aucune façon une période médiocre pour les Égyptiens, du moins au début, car, malgré les malheurs et autres maux dont seraient responsables les premiers pharaons perses, le peuple est respecté. Le seul roi de la XXVIIIe dynastie est l'Égyptien Amyrtée, qui reprend les rênes du pays en chassant provisoirement les Perses : la XXIXe dynastie est un mélange de gouvernements égyptiens sans réel pouvoir. Nectanébo II fut bien le dernier pharaon égyptien du pays, et celui qui entreprend la construction du temple d'Isis à Philæ (portique). Par la suite, l'Égypte redevient une province, d'abord de l'Empire perse puis du royaume de Macédoine.

Pharaons significatifs de la Basse époque

Politique et économie égyptienne à la Basse époque

Réunification de l'Égypte

Psammétique Ier, d'origine libyenne est placé à la tête de la ville de Saïs à la suite du retrait assyrien d'Égypte. Son règne long de cinquante-quatre ans et l'absence de toute nouvelle tentative nubienne d'invasion vont lui permettre de rallier progressivement les autres chefs locaux du delta, en accordant à ceux qui se rallient volontairement à lui une place dans la nouvelle administration. La manière dont il annexe ensuite les villes plus au sud de Basse-Égypte et de Moyenne-Égypte est mal connue ; il semble cependant qu'il ait cherché à s'attirer le soutien de la population ainsi que des élites, respectant ainsi les diverses situations locales en vigueur notamment dans la ville de Memphis. En ce qui concerne la prise de contrôle de la Haute-Égypte, les élites locales rétives, en particulier à Thèbes, sont gagnées par la diplomatie. Psammétique Ier négocie un accord pour que sa fille Nitocris Ire soit nommée divine adoratrice d'Amon, et des donations sont faites au temple d'Amon. Dans le même temps, le roi place des hommes de confiance dans d'autres villes de Haute-Égypte, comme le gouverneur d'Edfou en amont de Thèbes. Lorsque débute le règne de son successeur Nékao II le royaume était réunifié[2].

Politique extérieure de l'Égypte

L'emprise égyptienne s'étendit dans toutes les directions depuis son cœur dans la vallée du Nil ; vers l'ouest les oasis du désert Libyque sont annexées, y compris celle de Siwa essentielle pour contrôler le commerce terrestre vers la ville de Cyrène et qui n'avait jusque-là jamais été dirigée par l'Égypte ; au sud Psammétique II lance des expéditions militaires victorieuses en Nubie, qui ne débouchent pas sur une occupation mais éloignent définitivement les risques d'une reconquête de l'Égypte par son voisin méridional ; à l'est la chute de l'empire assyrien incite Nékao II à lancer une campagne de reconquête du Levant : il vainc le royaume de Juda à la bataille de Megiddo mais est refoulé sur l'Euphrate à la bataille de Karkemish par les armées babyloniennes ce qui aboutit à la perte de ses positions levantines ; au nord le pharaon Ahmôsis II parvient un temps à se rendre maître de Chypre. Les campagnes militaires à l'est et au nord montrent les limites de la puissance égyptienne ; celle-ci se tourne donc vers la diplomatie, recherchant le soutien des cités grecques et cariennes et ce plus particulièrement contre les Perses à la suite de leur essor en Asie. Ceux-ci parviennent cependant à conquérir l'Égypte en -526[2].

Politique économique et commerciale

L'Égypte axe à cette époque sa stratégie vers la mer, et ce de plusieurs façons. Le pharaon Nékao II fait ainsi construire (ou reconstruire) un canal reliant le Nil à la mer Rouge afin de faciliter les échanges commerciaux avec l'Arabie, et d'en retirer des taxes. Il fait en outre construire deux flottes militaires pour protéger les flux maritimes, une en Méditerranée et une dans la mer Rouge, ce qui représente une première pour un pays souffrant à ce point d'une pénurie de bois. C'est d'ailleurs grâce à cette flotte que la conquête de Chypre sera rendue possible plusieurs décennies plus tard. Ce tropisme méditerranéen permet à l'Égypte de nouer des liens étroits avec le monde grec. Hérodote a également écrit que Nékao II aurait commandité une expédition qui a réalisé pour la première fois le tour de l'Afrique, mais cela n'a pas été confirmé par d'autres sources[2].

Parallèlement au développement du secteur maritime, le pouvoir royal améliore son administration afin d'accroitre ses revenus sans devoir recourir au pillage des pays conquis. On assiste alors à la création d'un corps de hauts administrateurs spécialisés chargés de contrôler les opérations financières effectuées par les scribes royaux dans tout le royaume, de superviser l'utilisation de la flotte égyptienne ou de vérifier que les terres du domaine royal n'étaient pas accaparées par les pouvoirs locaux[2].

Première période de domination perse

Les historiens antiques ont décrit l'occupation perse de l'Égypte à la suite de sa conquête par Cambyse II comme une période particulièrement sombre. Cette vision resta dominante jusqu'aux travaux de Georges Posener qui en renouvela l'étude, montrant entre autres que les premiers rois perses adoptèrent le mode de gouvernance égyptien pour régner sur leur nouvelle possession.

La mise en valeur et la rentabilité du territoire repose essentiellement sur la population locale, les seuls Perses à émigrer en Égypte étant un petit nombre de généraux, gouverneurs et haut-administrateurs. Les Perses sont aussi à l'origine de quelques travaux d'infrastructure, notamment sur le canal des pharaons de Néchao. Ils limitent également le pouvoir des temples en réduisant leurs finances et en participant à la nomination des hauts dignitaires religieux mais de manière inégale, les temples de Memphis étant exemptés des restrictions financières les plus sévères. Les temples ayant été jusque-là un relai privilégié de l'autorité royale dans les différentes villes et villages, les réformes perses ont un impact profond[3].

La domination persane est contestée de manière épisodique, la principale révolte est la révolte d'Inaros en -462, pendant laquelle les rebelles bénéficient du soutien d'Athènes mais celle-ci échoue à prendre Memphis et la rébellion est un échec. Cependant le pouvoir achéménide se concentre sur les voies fluviales essentielles, tolérant l'existence de petites principautés indépendantes dans les marais inexpugnables du delta occidental. C'est l'un de ces princes qui prend le pouvoir sans violence visible, sans doute à la faveur de la crise de succession qui eut lieu dans l'empire Perse à la même époque[3].

Retour temporaire de dirigeants égyptiens

Le retour de dirigeants égyptiens se fait dans des conditions délicates. Les relations établies avec les Grecs sous la XXVIe dynastie ont été mises à mal sous le siècle d'occupation persane. Les Perses restent une menace majeure pour le royaume et le pouvoir exsangue peut difficilement annuler les coupes pratiquées par les précédents dirigeants contre les temples, relais locaux du pouvoir central. Pour pallier ces problèmes financiers, les pharaons augmentent la fiscalité, mettant à contribution aussi bien les temples que les simples particuliers, tout en construisant de nouveaux lieux de culte afin de s'assurer le soutien des religieux sans devoir leur verser de nouveau des donations régulières. Le nouveau pouvoir tente en parallèle de résoudre le problème diplomatique en ménageant dans un premier temps son puissant voisin, mais tout en fournissant des vivres et des navires à la ville de Sparte, ennemie de la Perse dans le but de renouer avec ses anciens alliés grecs. L'Égypte noue finalement une alliance avec Athènes, qui repousse un temps de nouvelles tentatives d'invasions perses de l'Égypte mais échoue à empêcher la victoire finale d'Artaxerxès III[3].

Deuxième période de domination perse

La seconde période d'occupation persane commence par une phase de répression suivie d'un apaisement sous le règne de Darius III, apaisement qui se manifeste entre autres par la présences de membres de l'élite égyptienne à la cour du roi de Perse à Suse[3]. La conquête de l'Égypte par Alexandre le Grand en -332 met cependant rapidement fin à cette période.

Notes et références

  1. Cette dynastie n'est plus retenue dans la Basse époque mais dans la Troisième Période intermédiaire : Jean Winand, Une histoire personnelle des pharaons, PUF, , 408 p., 12,5 x 19 cm (ISBN 978-2-13-073146-7, lire en ligne), « Chapitre 9. La Basse Époque (664‑332) », p. 315. Voir aussi : Guillemette Andreu-Lanoë (dir.), Sophie Labbé-Toutée, Patricia Rigault et al., L'art du contour : le dessin dans l'Égypte ancienne, Musée du Louvre : Somogy, , 350 p., 31 cm (ISBN 978-2-35031-429-7 et 978-2-7572-0634-8), p. Chronologie in Annexes (non paginé)
  2. Damien Agut et Juan Carlos Moreno-Garcia, L'Égypte des pharaons : De Narmer à Dioclétien, Paris, éditions Belin, coll. « Mondes anciens », , 847 p. (ISBN 978-2-7011-6491-5), chap. 13 (« Face aux empires : la monarchie saïte (664 - 526) »)
  3. Damien Agut et Juan Carlos Moreno-Garcia, L'Égypte des pharaons : De Narmer à Dioclétien, Paris, éditions Belin, coll. « Mondes anciens », , 847 p. (ISBN 978-2-7011-6491-5), chap. 14 (« Dans l'ombre de la Perse (526 - 332) »)

Voir aussi

Bibliographie

  • Damien Agut et Juan Carlos Morena-Garcia, L'Egypte des pharaons : De Narmer à Dioclétien, Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », , 848 p. (ISBN 978-2-7011-6491-5 et 2-7011-6491-5)
  • Frédéric Payraudeau, L’Égypte et la vallée du Nil : Tome 3 : Les époques tardives (1069-332 av. J.-C.), PUF, coll. « Nouvelles CLIO », , 624 p., 15,1 cm × 21,8 cm × 3,3 cm (ISBN 978-2-13-059136-8)
  • Steve Pasek, Griechenland und Ägypten im Kontexte der vorderorientalischen Großmächte. Die Kontakte zwischen dem Pharaonenreich und der Ägäis vom 7. bis zum 4. Jahrhundert vor Christus. München 2011, (ISBN 978-3-89975-744-6).

Article connexe

Lien externe

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