Barres (sport)

Les barres ou le jeu de barre désigne un jeu sportif traditionnel.

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Vers 1890, les élèves de l'École Alsacienne à Paris jouent aux barres.

Origines historiques

La pratique du jeu de barres remonte en France au XIIIe. Le terme barres apparaît en 1300 dans un texte de Jean de Garlande décrivant une « sorte de jeu » spécialement pratiqué en France. Un texte de 842 évoque probablement ce jeu, sans le nommer. De nombreux documents reprennent l'information de Claude Aveline selon laquelle l'origine du jeu de barres serait à rechercher dans l'ostrakinda (jeu de l'antiquité grecque mentionné par Platon dans la République) mais l'auteur ne mentionne aucun élément à l'appui de cette hypothèse[1].

Mentions dans la littérature

Le Thresor de la langue françoyse tant ancienne que moderne (1606) de Jean Nicot décrit ainsi ce jeu : « jeu de barres, lequel se joue par deux bandes, l'une front à front de l'autre en pleine campagne, saillans de leurs rangs, les uns sur les autres file à file, pour tascher à se prendre prisonniers, là où le premier qui attaque l'escarmouche est sous les barres de celuy de la bande opposite qui sort sur luy, et cetuy sous les barres de celuy de l'autre part saut en campagne sut luy ainsi les uns et les autres, tant que les deux troppes soient estroitement meslées. »

Gargantua pratiqua les barres.

Dans Le Tour de la France par deux enfants d'Augustine Fouillée, Julien et André, récemment arrivés en France, font "une grande partie de barres"[2] avec les enfants de leur hôtesse lorraine, "ce qui excita l'appétit de toute cette jeunesse"[2] précise le narrateur.

Dans La Guerre des boutons, les enfants de Longeverne n'ont plus envie de jouer aux barres, leur guerre contre les enfants de Velrans étant nettement plus physiques.

Dans Du côté de chez Swann de Marcel Proust, le narrateur d'À la recherche du temps perdu s'angoisse à l'idée de ne pas pouvoir se rendre aux Champs-Élysées pour jouer aux barres avec Gilberte Swann[3].

Dans le conte Le canard et la panthère des Contes du chat perché de Marcel Aymé, une panthère force les parents de Delphine et Marinette à jouer aux barres tous les après-midi au lieu d'aller aux champs.

Dans le chapitre 2 des histoires inédites du Petits Nicolas, une histoire s'appelle Les barres. Le surveillant de l'école essaye d'apprendre ce jeu aux élèves.

Dans L’Éducation sentimentale de Gustave Flaubert, (3ème partie, chapitre 4) Rosanette, veillant son jeune enfant qui vient de mourir, l’imagine « … commençant à marcher, puis au collège, au milieu de la cour, jouant aux barres; ».

Dans Les Mots de Jean-Paul Sartre, le personnage principal "[trouvait] distingué de [s']ennuyer auprès de M. Barrault pendant qu[e les autres] jouaient aux barres.

Dans l'Enfant de Jules Vallès "Tous les jeux de l'enfance me sont interdits. Je ne puis jouer aux barres, sauter, courir, me battre."

Règles

Un jeu souplement codifié

Comme pour de nombreux jeux sportifs traditionnels non institutionnalisés, les règles du jeu de barre varient d'un endroit à l'autre, voire d'un moment à l'autre. Les règles ci-dessous ne présentent donc que les éléments les plus communs ou bien ceux qui paraissent indispensables à la mécanique de ce jeu.

Installation et engagement

Les barres opposent deux équipes constituées d'un nombre de joueurs à peu près équivalent qui s'affrontent sur un terrain rectangulaire. Le but du jeu est de faire prisonnier les membres de l'équipe adverse. Derrière les deux plus petits côtés du rectangle matérialisant le terrain de jeu se trouvent les camps des deux équipes, ces camps servent de position de départ pour les équipes en début de partie et de refuge une fois la partie commencée (on ne peut pas être capturé lorsqu'on se trouve dans un camp).

Au début de la partie, on effectue un engagement qui consiste pour l'un des joueurs de l'une des deux équipes à traverser le terrain pour aller au contact de l'équipe opposée et qui lancera le jeu parfois à l'aide d'une formule rituelle, souvent en tapant dans les mains d'un joueur adverse.

Prise et délivrance

Dès lors, chaque joueur peut s'élancer hors de son camp pour tenter capturer un adversaire selon la modalité suivante : entre deux joueurs adverses quelconques qui se trouvent sur le terrain de jeu, le droit de prise est donné à celui des deux joueurs qui est sorti de son camp le plus récemment. Chaque joueur qui n'a pas été fait prisonnier peut retourner dans son camp quand il le souhaite et ressortir quand il le juge utile, en regagnant ainsi le droit de prise sur l'ensemble des adversaires situés sur le terrain de jeu.

Tout joueur ne peut néanmoins capturer qu'un seul adversaire à la fois, il doit en général l'accompagner ensuite à la "prison", endroit proche du camp opposé à celui du prisonnier. Un joueur accompagnant son prisonnier ne peut ni être capturé, ni faire d'autres prisonniers. Les prisonniers peuvent constituer une chaîne à partir de leur prison, chaîne dont les joueurs seront délivrés par simple contact de la main d'un coéquipier libre.

Campagne

La règle dite "de campagne", souvent présentée comme optionnelle, offre la possibilité de "faire campagne", c'est-à-dire de se réfugier dans le camp de l'équipe adverse plutôt que dans le sien. Tout en contribuant à rendre encore plus complexe le jeu, cette variante permet d'étendre les possibilités stratégiques des joueurs.

Bibliographie

  • Jean-Michel Mehl, Les jeux au royaume de France du XIIIe au XVIe siècle, version abrégée d'une thèse d'État d'Histoire soutenue en , Paris, Fayard, 1990, « Les barres », p. 65-68.
  • Pierre Parlebas, "La dynamique sociomotrice dans les jeux sportifs collectifs", article paru dans Sport en jeux, hors-série de la revue Vers l'éducation nouvelle, 1988.

Plusieurs versions des règles du jeu de barres

Notes et références

  1. Claude Aveline, le Code des jeux, Hachette, 1961, p. 514
  2. G. Bruno, Le Tour de la France par deux enfants, 1877, réédition de 1977, p.34
  3. Marcel Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Paris, Folio/Gallimard, , 66-67 p. (ISBN 978-2-07-038051-0), À travers le corps languissant et perméable dont elle était enveloppée, ma pensée souriante rejoignait, exigeait le plaisir si doux d'une partie de barres avec Gilberte, et une heure plus tard, me soutenant à peine, mais heureux à côté d'elle, j'avais la force de la goûter encore.
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