Barrage de Tehri

Le barrage de Tehri est le barrage le plus haut et le plus puissant d'Inde. Mis en service en 2006, il est construit sur la rivière Bhagirathi (l'un des deux tributaires du Gange), sur les contreforts de l'Himalaya, dans l’État de l'Uttarakhand au nord du pays.

Barrage à vocation mixte, il permet à la fois l'irrigation de terres agricoles, l'alimentation de villes en eau potable et la production hydroélectrique. Cette dernière fonction est assurée par deux centrales hydroélectriques, une centrale conventionnelle, et une de pompage-turbinage, en construction. La puissance installée totale s'élève à 2 000 MW, dont 1 000 MW de pompage-turbinage[1].

Le barrage de Tehri est exploité par THDC India Limited (en), compagnie publique créée en 1988 pour l'occasion.

La construction de ce barrage a été extrêmement contestée du fait de ses impacts sociaux et environnementaux, donnant lieu à de nombreuses manifestations de la part des populations locales, lutte qui a également connu un écho international[2].

Objectifs et financement

Un des principaux objectifs de la construction du barrage est la production hydroélectrique. En 2020, celui-ci achemine son courant dans 9 États du nord de l'Inde[3].

Le barrage de Tehri a également permis l'irrigation de 270 000 hectares de terres[3], et de conforter le schéma d'irrigation de 604 000 hectares supplémentaires[4].

Il fournit près de 7 millions de personnes en eau potable, en alimentant la ville de Delhi ainsi que plusieurs zones d'habitations en Uttar Pradesh à raison de 1,2 million de m3 par jour[3].

Enfin, la centrale de pompage-turbinage associée au barrage de Tehri a pour vocation de stabiliser le réseau électrique à large échelle, en adaptant finement la production à la demande[5].

La première phase du projet, correspondant à la construction du barrage et de la centrale hydroélectrique conventionnelle, a coûté plus de 75 milliards de roupies, soit environ 1 milliard de dollars[3].

Caractéristiques

Barrage

Le barrage de Tehri est un barrage en remblai mixte, constitué de terre et d'enrochement. Il est épais de 1 125 m à sa base, 25,5 à 30,5 m à son sommet, et long de 592 mètres[4]. Sa hauteur de 260,5 m est remarquable : il était le huitième barrage le plus haut du monde à sa livraison en 2006[1], et occupait la onzième place en 2020[3]. Le barrage est équipé d'un déversoir, contrôlé par deux vannes, capable d'évacuer un débit de crue de 15 540 m3/s[3].

Centrale conventionnelle

La centrale hydroélectrique principale du barrage est entrée en service entre 2006 et 2007. Souterraine, elle dispose de 4 turbines Francis de 250 MW chacune, pour une puissance installée totale de 1 000 MW[1]. Caractéristique notoire, celles-ci sont capables de fonctionner dans une large gamme de hauteurs de chute, pouvant varier de 90 m[4].

La production annuelle de cette centrale s'est élevée à 3 134 GWh en moyenne sur la période 2016-2019[6]. Son facteur de charge a atteint 84,5% en 2018-2019, une valeur supérieure à l'objectif de 77% fixé par la Commission centrale de régulation de l'électricité[7].

Centrale de pompage-turbinage

La centrale de pompage-turbinage (STEP), également souterraine, est excavée dans la rive gauche de la Bhaghirathi, en aval du barrage. Elle dispose de 4 turbines Francis réversibles à vitesse variable de 250 MW chacune, totalisant 1 000 MW de puissance installée[5]. Les turbines-pompes sont également capables de fonctionner sous des hauteurs de chute variant de 90 mètres[7].

Le but de cette STEP est de fournir de l'électricité aux régions du nord de l'Inde lors des pointes de consommation journalières. Aux heures creuses à l'inverse, les turbines consommeront l'électricité excédentaire en fonctionnant en mode pompage, permettant le remplissage du réservoir supérieur[1],[7]. Un accord de vente directe a été conclu avec les États de Delhi, de l'Haryana, de l'Uttarakhand et du Rajhastan, pour la fourniture de 1 000 MW d'électricité en heure creuse[7]. La consommation électrique liée au pompage devrait s'élever à 1 652 GWh/an, et la production liée au turbinage à 1 322 GWh/an[8].

Le projet de pompage-turbinage a reçu l'aval du gouvernement fédéral en . Devant initialement entrer en service en 2018, celle-ci a toutefois souffert de nombreux retards et surcoûts. Le coût prévisionnel annoncé lors de la validation du projet en 2006 était de 16,57 milliards de roupies. Celui-ci a néanmoins été revu fortement à la hausse, passant à 29,79 milliards de roupies en 2010 puis à 48,36 milliards en 2019. Cette dernière révision du coût n'avait toujours pas été approuvée par le gouvernement en [8]. 36,7 milliards de roupies ont déjà été dépensés sur le projet en [9]. Sa mise en service complète était annoncée pour en 2019[5], puis en 2020[8].

Barrage de Koteshwar

Le schéma de production hydroélectrique et d'irrigation du barrage de Tehri est complété depuis 2012 par le barrage de Koteshwar (en), situé 22 km en aval sur la Bhaghirathi[1].Il s'agit d'un barrage-poids de 97 m de haut[1], disposant d'une puissance installée de 400 MW, fournie par 4 turbines de 100 MW[6]. Son lac de retenue forme en outre le réservoir inférieur du dispositif de pompage-turbinage du barrage de Tehri[7].

Les deux barrages et leurs trois centrales forment le complexe hydroélectrique de Tehri, totalisant 2 400 MW de puissance installée, essentiellement dédiés à la production de pointe[7],[8]. En 2009, la production électrique totale du complexe une fois achevé était estimée à 6,2 TWh/an[1].

Chronologie

Construit en 1978, le barrage de Tehri a été commandité par le gouvernement de l'État d'Uttar Pradesh.

Opposition et controverse

Le projet a créé une vague de manifestations des habitants de la vallée de Tehri et des régions du Garhwal et du Kumaon, ces manifestations furent organisées avec l'aide du célèbre Sunderlal Bahuguna, un activiste et environnementaliste indien qui est originaire de la vallée de Tehri.

L'édification du barrage fut l'alarme qui déclencha les vagues de manifestations indépendantistes vis-à-vis de l'État d'Uttar Pradesh, ces manifestations créeront le futur État indien et himalayen d'Uttarakhand.[réf. nécessaire]

Notes et références

  1. Basistha Raj Adhikari, « Tehri Dam: An Engineering Marvel », Hydro Nepal: Journal of Water, Energy and Environment, vol. 5, , p. 26–30 (ISSN 2392-4101 et 1998-5452, DOI 10.3126/hn.v5i0.2481, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) EJOLT, « Tehri Hydropower Plant, UK, India | EJAtlas », sur Environmental Justice Atlas (consulté le )
  3. (en) « India’s tallest dam ft. Hyundai Venue – Pride of India », sur India Today, (consulté le )
  4. (en) « Tehri Dam & HPP Stage 1 », (consulté le )
  5. (en-US) Garhwal Post, « Erection work begins on 1st Unit of Tehri Pumped Storage Plant | Garhwal Post » (consulté le )
  6. (en) « THDC India Limited - FAQ » (consulté le )
  7. (en-US) « THDC India », sur Power Line Magazine, (consulté le )
  8. (en) « Tehri pumped storage plant », (consulté le )
  9. (en) « Tehri pumped storage plant (1000 MW) - Progress report October 2020 », (consulté le )

Bibliographie

  • (en) Jagdish Bahadur (dir.), Tehri Hydro-Electric Project, Narmada Valley Project, Vigyan Prasar, New Delhi, 1998, 113 p. (ISBN 8174800433)
  • (en) Vinod K. Gaur (dir.), Earthquake hazard and large dams in the Himalaya, Indian National Trust for Art and Cultural Heritage, New Delhi, 1993, 152 p. (ISBN 819002812X)
  • (en) Veerlapati Govardhan, Environmental impact assessment of Tehri Dam, Ashish Pub. House, New Delhi, 1993, 383 p. (ISBN 8170245257)
  • (en) Krishan Kumar (dir.), Controversy over Tehri Dam and Sardar Sarovar, Farm Digest Publications, Delhi, 1996, 95 p.
  • p. 373-392

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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