Bal musette

Un bal musette est un bal populaire dans lequel figurent des danses de style musette. Le nom est tiré de la musette, terme qui désigne à l'époque une forme de cornemuse utilisée à l'origine dans les bals populaires parisiens, en particulier dans les cafés auvergnats. On y danse notamment la valse musette, la java, le paso doble, le tango musette, ainsi qu'un grand nombre d'autres danses suivant les époques, les régions, ou le répertoire d'un orchestre de bal.

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Un bal musette

Le bal musette est accompagné d'un genre musical joué par des orchestres de musette. Il regroupe divers types de musiques caractérisées par le fait d'être jouées dans le style musette car les différences sont en effet importantes entre, par exemple, la valse viennoise et la valse musette, ou le tango argentin et le tango musette.

De l'instrument à la danse

Ce style tire son nom du mot musette, qui a désigné au cours des âges différents types d'aérophones à double anche, en particulier des sortes de hautbois aigus baroques, et de là des instruments de la famille des cornemuses — aussi bien la plus sophistiquée des cornemuses, la musette de cour, que des instruments bien plus rustiques tels la cabrette. C'est cette dernière acception qui a donné son appellation au style musette.

Au XVIIIe siècle, la musette est une danse au tempo lent à deux ou trois temps. Puis au XIXe siècle, le style de musique « musette » naîtra de l'évolution du folklore auvergnat dans le quartier de la Bastille à Paris. Le bal des bougnats ou « bal à la musette » dans lequel on danse au son de la musette ou de la cabrette, sera supplanté au cours du XXe siècle par le « bal musette », l'accordéon accompagné d'une batterie et d'une contrebasse remplaçant les instruments folkloriques anciens et la valse détrônant la bourrée[1],[2].

Dans son sens moderne, le bal musette est un bal populaire, souvent champêtre, où l'on danse généralement au son de l'accordéon sur différents genres musicaux :

  • la java qui est une danse spécifique née du musette peut-être la seule danse à deux qui soit réellement née en France.

et des formes musette de danses existantes :

Dans le musette, les danseurs privilégient des danses plus faciles, plus sensuelles et plus rapides que les versions habituelles, et susceptibles d'être dansées dans des espaces restreints, comme les arrière-salles de bistros.

L'entrée du bal musette est gratuite. Mais les danseurs achètent des jetons à la caisse. Ces jetons étaient en aluminium ou en bronze, de formes diverses (cercle, losange, octogone...) avec des découpures différentes permettant de les identifier dans l'obscurité au simple toucher. Ils portaient au recto le nom du bal et au verso l'inscription « Bon pour une danse ». Vers la moitié de la danse, le patron du bal passait entre les couples avec une sacoche en annonçant « Passez la monnaie » et les danseurs donnaient un jeton de bal[2]

Les orchestres de musette actuels sont aujourd'hui généralement composés d'instruments amplifiés, comme l'accordéon, la guitare, la guitare basse, le clavier, le synthétiseur, la batterie et d'un chanteur utilisant un microphone.

L'accordéon musette

Instrument symbole du musette, célébré dans quantité de chansons, l'accordéon utilisé dans ce style se caractérise par des registres spécialement adaptés, dans lesquels les deux ou trois anches métalliques mises en vibration pour chaque note sont légèrement désaccordées. Cela permet d'émettre des harmoniques aigües donnant à l'instrument une sonorité perçante voire un peu criarde (le même principe est appliqué pour accorder un piano bastringue), qui imite approximativement le son des cornemuses et cabrettes d'autrefois, et qui a surtout l'avantage d'assurer une présence sonore bien supérieure, ce qui était essentiel pour se faire entendre dans le brouhaha des salles de bal au temps où il n'y avait pas de sonorisation.

L'introduction de l'accordéon dans le musette est en grande partie le fait de la diaspora italienne. Dès la fin du XIXe siècle, la fabrication d'accordéons est devenue en Italie une grosse industrie fortement exportatrice, et les émigrants italiens contribuent à populariser l'instrument dans les grandes villes de France. L'adoption de l'accordéon dans le musette fait fleurir dans les premières décennies du XXe siècle tout un secteur d'activité essentiellement tenu par des Italiens : revendeurs, réparateurs, accordeurs, et même fabricants, comme la famille Cavagnolo. Les grandes marques consacrées dans le musette, outre Cavagnolo, sont toutes italiennes : Fratelli Crosio, Piermaria, Crucianelli. La communauté italienne a également donné au musette un grand nombre d'instrumentistes.

Le déclin

À partir du début des années 1960, le musette régresse pour des causes convergentes :

  • la mondialisation des musiques sous les influences anglo-saxonnes
  • le développement des danses à quatre temps telles que le rock 'n' roll
  • étant par définition une musique amplifiée, le rock impose son volume bien avant que le musette s'adapte à la sonorisation
  • l'utilisation croissante des enregistrements sonores pour danser : la discothèque remplace le bal
  • la gentrification de Paris : les anciens quartiers populaires de Paris s'embourgeoisent, les classes populaires partent en banlieue
  • La généralisation de la télévision qui remplace peu à peu les sorties pour les loisirs.

Toutefois, après avoir durement encaissé la déferlante disco à la fin des années 1970, le musette bénéficie d'un regain d'intérêt[réf. nécessaire] en tant qu'élément du patrimoine populaire et de témoignage resté vivant du folklore urbain français de la première moitié du XXe siècle.

Principaux bals musette à Paris à la grande époque du musette

Artistes du musette

En 1976[3], Marcel Mouloudji et Marcel Azzola sortent une anthologie de la chanson musette intitulée Et ça tournait !, vingt-quatre titres célébrant la valse musette[4].

Bibliographie

  • Amandine Dewaele : Les origines du bal musette, mémoire de maîtrise d'anthropologie, Paris VIII, 1995
  • Roger Chenault : La danse musette, Édition de l'auteur, Courbevoie, 1995
  • Alphonse Boudard et Marcel Azzola : La valse musette et l'accordéon, Solar, 1998
  • Claude Dubois : La Bastoche- Bal-musette, plaisir et crime, Le Félin, 1996, revu, relu et augmenté in La Bastoche - Une histoire du Paris populaire et criminel, Perrin-Tempus, 2011

Notes

  1. Rémi Hess, La valse, un romantisme révolutionnaire, Paris, Editions Métailié, coll. « Sciences humaines », , 191 p. (ISBN 2-86424-468-3) p. 147-148
  2. Henri Joannis Deberne, Danser en société, Paris, Christine Bonneton, , 223 p. (ISBN 2-86253-229-0) p. 72-73
  3. Mouloudji, sur Melody.tv.
  4. Sony Music / Sony Music Media, ASIN : B000053ZYO. http://www.georges-brassens.fr/discographie-interpretes-33tours-30cm-4.html

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