Badari

Badari est un site archéologique, sur la rive est du Nil, qui donne son nom à une culture néolithique de l'ancienne Égypte, le Badarien, une des cultures du Prédynastique ancien, 5500-3800[2], s'est développée surtout entre 4400 et 4000 (ou 4300-3800[3]) AEC. Elle est très proche de la culture tassienne (site de Der Tasa), toutes deux sur la rive est du Nil en Moyenne-Égypte. La région commencera de ressentir les premières vagues de sécheresse au cours de cette période qui pousse alors les éleveurs issus de l'ancien Sahara vert Néolithique (6500-5500)[4].

Badari
Site d'Égypte antique
Localisation
Coordonnées 27° 00′ 00″ nord, 31° 25′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Égypte
Badari
Perles de stéatite glaçurée[1], coquillage. 4000–3800 B.C. Metropolitan Museum of Art

Ces populations n’avaient pas d'écriture, qui apparait à la fin de la période Nagada III, vers 3150 AEC. Elles pratiquaient modérément une petite agriculture, avec prédominance des espèces sauvages par rapport aux espèces domestiquées, et stockaient leurs récoltes en fosses. Elles étaient relativement mobiles, pratiquant principalement l'élevage et la chasse.

Cette culture est caractérisée par un ensemble de nécropoles, localisées sur une trentaine de kilomètres, qui doivent leur nombre à la non complète sédentarisation du peuple égyptien (Badari, Hemamieh (en) - ou Al Hamameyah, à 8 km. au sud de Badari). Elles sont situées à environ 300 km. au nord du site de Nagada, lequel a donné son nom à la culture qui se développe après (3900-3500) la culture de Badari.

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Archéologie

C’est un lieu où fusionnent des apports multiples, venant du nord-est, du sud et de l’ouest. Le Ouadi Hammamat semble avoir été une voie privilégiée des contacts avec le nord-est, par la mer Rouge.
Le site de Der Tasa (ou Deir Tasa), au nord du secteur, paraît plus influencé par les cultures du nord de la vallée du Nil. On qualifie cette culture de « tasien ». Elle s'est développée des deux côtés du Nil, dans ce qui est, aujourd'hui, un désert, à l'Est comme à l'Ouest. Cette culture parait aussi légèrement plus ancienne que le badarien.

À Badari, le contenu des céramiques funéraires atteste une pratique agricole avec prédominance des espèces sauvages par rapport aux espèces cultivées (blé, orge), avec un riche outillage de faucilles de silex. Chasse et pêche sont abondamment pratiquées. La richesse du matériel badarien pourrait indiquer des relations avec des régions plus ou moins proches ; ainsi, le cuivre serait issu du Sinaï ou du désert oriental[5]. La céramique rouge à bord noir laisse supposer des contacts avec le Nil soudanais (Néolithique de Khartoum). L’industrie lithique, quant à elle, s’apparente plutôt au modèle saharien.

Le site de Badari laisse peu de traces d’habitat. Seules des huttes ovales de structures légères ont été retrouvées. Par contre, il conservait des centaines de tombes, évoluant de la tombe à fosse ovale à la fosse rectangulaire, souvent inhumations multiples de deux ou trois individus ensevelis en position contractée, tapissées en vannerie, pouvant contenir un mobilier funéraire important, notamment en poterie d’offrande. Plusieurs musées européens possèdent des objets de cette époque ancienne, dont la plus grande collection est probablement celle du Petrie Museum de l’University College de Londres. Parmi ceux-ci, on trouve une statuette de femme nue.

La belle qualité de la céramique caractérise le « badarien »[6] : en particulier une poterie rouge ou brune polie, dont la partie supérieure est noire. On rencontre aussi une poterie claire, parfois décorée (motifs en clair: géométriques ou, rarement, figuratifs). À propos de cette céramique bicolore, la pratique des potiers aurait consisté, après avoir poli la surface de l'argile, la cuisson en réduction qui donne l'aspect noir à la terre-cuite s'effectue en plaçant l'objet retourné dans la cendre. Ce principe qui est démontré pour la céramique de Nagada I (3900-3500), s'appliquait donc déjà pour la culture de Badari (5500-4000) et a perduré en Nubie Koushite, dans la culture Kerma (2450-1480), depuis le Kerma ancien jusqu'au Kerma classique[7]. On voit aussi apparaitre des jarres semblables à celles que l'on trouve au Nagada I, en terre cuite peinte, avec le motif du bateau à l'engobe rouge. Ce qui est un indice supplémentaire, s'il en fallait, des relations entre les deux cultures. Par ailleurs, une céramique noire cuite en réduction[8], « peignée » avec un effet de légère « ondulation »[9].

Il s’y ajoute l’artisanat du cuir, de l’os, de l’ivoire et le travail de la pierre (palettes à fard en schiste, broyeurs, colliers de perles en cornaline, jaspe, albâtre, brèche et calcite). La présence de perles de cuivre et de turquoise est notable. En ronde-bosse sont réalisées des figurines féminines[10] en terre cuite ou ivoire, parfois aussi des figures animales.

Dans la fiction

Voir aussi

Notes et références

  1. La stéatite "cuite" comme une céramique peut prendre cet aspect "glaçuré".
  2. Joël Cornette (dir.) et Damien Agut et Juan Carlos Moreno-García, L'Égypte des pharaons : de Narmer à Dioclétien 3150 av. J.-C. - 284 apr. J.-C., Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », (réimpr. 2018, 2018), 847 p., 24 cm (ISBN 978-2-7011-6491-5), p. 72
  3. S. Desplanques, 2020, p. 34. Pour le musée du Louvre ; 4500-3800.
  4. Michel Barbaza et al., chap. 15 « La Préhistoire récente du Sahara », dans François-Xavier Fauvelle (dir.), L'Afrique ancienne : De l'Acacus au Zimbabwe, Belin, coll. « Mondes anciens », , 678 p. (ISBN 978-2-7011-9836-1), p. 442 : climat Saharien. L'aridité drastique n'apparaît qu'il y a environ 4000 ans, vers 2000 AEC. (p. 441)
  5. Avec, peut-être, des relations plus éloignées, comme la Mésopotamie[réf. souhaitée] pour des perles de stéatite émaillée (Metropolitan Museum of Art).
  6. (en) « Badarian Pottery », sur University College London, (consulté le ).
  7. Notice du Louvre, à propos d'une coupe du Kerma classique.
  8. Cuisson en réduction : ici, cuit dans la cendre. Pour la cuisson en réduction :« La cuisson réductrice », sur arscretariae-archeoceramique, (consulté le )
  9. Denis Vialou (dir.) et al., La Préhistoire : Histoire et dictionnaire, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1637 p., 20 cm (ISBN 2-221-05688-4), p. 273-74
  10. Buste de femme, terre cuite, au Petrie Museum sur GRANGER - Historical Picture Archive.

Bibliographie

  • Sophie Desplanques, L'Égypte ancienne, Presses Universitaires de France / Humensis, coll. « Que sais-je ? », (1re éd. 2005), 127 p. (ISBN 978-2-7154-0255-3), « De la Préhistoire à l'histoire », p. 34-35
  • (en) Stan Hendrickx et Dirk Huyge, « Neolithic and Predynastic Egypt », dans Colin Renfrew et Paul Bahn (dir.), The Cambridge World Prehistory (3 Volumes), vol. 1, Cambridge, Cambridge University Press, , XIV-2049 pages p., 29 cm (ISBN 9781139017831 (édité erroné) et 978-1-10-702377-2), p. 240-258 isbn erroné : ebook

Articles connexes

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