Aymon Ier de Genève

Aymon ou Aimon Ier de Genève, mort en 1128, est comte de Genève[Note 1] de 1080 à 1128. Il est le fils de Gérold, comte de Genève, et de Thetberge/Thietburge.

Pour les articles homonymes, voir Aymon Ier et Aymon de Genève.

Biographie

Origines

Aymon ou Aimon[Note 2] est le premier comte de la dynastie des Géroldiens à être bien connu[3].

Il est mentionné pour la première fois dans un acte de 1080 avec sa filiation, son père le comte Gérold et son demi-frère Conon, à qui il a succédé[ReG 1]. Cet acte est une donation à l'église de la paroisse de Saint-Marcel, dans l'Albanais, donnée par ses parents à l'abbaye d'Ainay vingt ans plus tôt[ReG 2]. Cette politique de soutien à l'Église se poursuit sous son règne avec notamment le soutien à la fondation d'un prieuré à Saint-Innocent, sur les rives du lac du Bourget, en 1084[ReG 3].

En 1090, un acte de confirmation mentionne Ita ou Ida de Faucigny comme épouse du comte Aymon[ReG 4].

Le comte donne, vers 1091, la vallée de Chamonix, « toute l'étendue de pays comprise entre le torrent de la Diosaz, le Mont-Blanc et le col de Balme, consistant en terres labourables, forêts, pâturages et chasses »[4], aux moines bénédictins de l'abbaye de Saint-Michel-de-la-Cluse, située en Piémont[5],[ReG 5],[3]. Sa mère, Thietburge, pourrait être la fille de Rodolphe de Rheinfelden[6]. Elle a eu pour premier époux le seigneur Louis Ier de Faucigny, Aymon a pour demi-frères le seigneur Guillaume Ier ainsi que Guy, évêque de Genève (1083-1119)[ReG 5],[7],[8],[9]. C'est la raison pour laquelle on trouve ses deux derniers comme témoins de l'acte de fondation de l'abbaye[ReG 5].

Il est désigné à la mort du comte Humbert II, vers 1103, comme membre du conseil comtal auprès du jeune comte Amédée III de Savoie aux côtés de la comtesse de Savoie, Gisèle de Bourgogne, l'évêque de Maurienne, Conon Ier, probablement son parent et le grand seigneur Guy de Miribel[10].

Conflit avec l'évêque de Genève

Le pouvoir comtal à cette période rivalise avec les ecclésiastiques que l'on retrouve notamment dans les nominations[3], s'opposant ainsi à la réforme grégorienne qui se met en place[3],[11]. Le comte profite que le siège épiscopal soit entre les mains de son demi-frère Guy de Faucigny pour accaparer une partie des droits du diocèse de Genève en tant qu'avoué[11], voire selon Pierre Duparc en abusant de son pouvoir pour « s'approprier, d'une manière plus directe encore, des biens d'Église, des revenus épiscopaux, des églises ou des dîmes »[12],[11]. Aymon poursuit en imposant son pouvoir sur la ville par l'édification d'un château dans la ville haute, dominant ainsi le Bourg-de-Four et la porte orientale de la cité[11],[13],[14]. Le château sera d'ailleurs mentionné pour la première fois dans l'accord de Seyssel[14].

Face à l'affirmation du pouvoir comtal, le nouvel évêque de Genève, Humbert de Grammont, s'oppose vigoureusement[3],[12],[15]. Le prélat réclame le retour de l'ensemble des biens que le comte a pris à l'Église[12],[15]. Il finit par excommunier le comte[3],[12],[15]. Le conflit entre les deux puissants se règle lors d'un accord ou traité signé à Seyssel en 1124, probablement mi-décembre[3],[15],[ReG 6]. En effet, le comte Aymon va à la rencontre de l'évêque qui revient de Vienne et celle-ci se fait au niveau de cette cité[15].

Ce traité prévoit en effet l'abandon des prétentions temporelles du comte sur la ville de Genève au profit de l'évêque[3],[ReG 6]. Le comte ne garde plus que le château du Bourg-de-Four[3]. Il obtient en contrepartie certains droits et biens de l'évêque dans le comté[3]. Le conflit n'est cependant pas terminé et les successeurs d'Aymon seront encore en conflit avec le pouvoir épiscopal de Genève, qui ne trouveront une fin qu'en 1219[15].

Famille

Fils du comte Gérold et de Thetberge de Rheinfelden. Cette dernière était veuve en premières noces du seigneur Louis Ier de Faucigny. Il a donc pour frères utérins Guillaume Ier et l'évêque de Genève, Guy de Faucigny[ReG 5],[8],[9],[16]. Il est aussi mentionné comme un neveu de Conon I, évêque de Maurienne[ReG 7].

Aymon épouse (v. 1090[ReG 4] ou 1095) It(t)a ou Ida[ReG 8], pour les uns de Faucigny, probablement fille de Louis Ier, seigneur de Faucigny[17] et de sa femme Thetberge[18], faisant d'elle sa demi-sœur, pour d'autres, notamment Frédéric Charles Jean Gingins de la Sarraz, elle appartiendrait à la de Glâne[19],[20]. Pierre Duparc relève, dans son ouvrage sur le comté de Genève, que « L'origine de sa femme Ita reste encore inconnue ; il ne semble pas en particulier qu'elle soit issue de la famille de Faucigny, ni de celle de Glâne », en raison de l'absence de sources probantes pour l'une ou l'autre hypothèse[21].

Aymon et Ita ont trois enfants :

  • Gérold (v. 1090[ReG 4]95 ? - 1154 ?)
  • Lecerina / Laure (1096 - 1140), qui épouse Guillaume-Hugues II, seigneur de Montélimar (alias Guillaume-Hugues de Royans, seigneur de Monteil, issu de la famille d'Adhémar)
  • Amédée Ier (1098 - 1178), futur comte

Notes et références

Notes

  1. L'historien Paul Guichonnet rappelle dans son article consacré au « Genève (de) » que la traduction de comes gebennensis est « comte de Genève ». Certains auteurs ont commis l'erreur de parfois le traduire sous la forme « comte de Genevois »[1], notamment le Régeste genevois (1866).
  2. Notamment dans l'ouvrage de Pierre Duparc[2].

Régeste genevois (1866)

  1. Acte de 1080 (REG 0/0/1/214).
  2. Acte de 1061 (REG 0/0/1/209).
  3. Acte de 1084 (REG 0/0/1/216).
  4. Acte de 1090 (REG 0/0/1/221).
  5. Acte de l'année 1091, « (1090 selon Joseph-Antoine Besson) Fondation du prieuré de Chamonix » (REG 0/0/1/219).
  6. Acte de l'année 1124 (REG 0/0/1/267).
  7. Acte entre 1090 et 1107, (REG 0/0/1/222). Commentaire : reprise des travaux du chanoine d'Angley, Histoire du diocèse de Maurienne, Saint-Jean-de-Maurienne, 1846, p. 64.
  8. Acte de l'année 1153 (REG 0/0/1/332).

Autres références

  1. Paul Guichonnet, « Genève (de) » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  2. Duparc 1978, p. 591, « Table alphabétique générale » (Lire en ligne).
  3. Histoire de Savoie 1984, p. 34.
  4. Chanoine Joseph Garin, Le Beaufortain : une belle vallée de Savoie, La Fontaine de Siloé, , 287 p. (ISBN 978-2-84206-020-6, présentation en ligne), p. 43-44.
  5. Voir l'illustration "Acte de donation du Prieuré de Chamonix.", Archives départementales de la Savoie, sur le site archinoe.net.
  6. Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, t. XVII. Fab-Fei, Evreux, imprimerie Charles Herisseys, (lire en ligne), p. 136-143, « Faucigny-Lucinge, de Coligny et de Cystria (de) ».
  7. Charte du 4 septembre 1119 "matrie mee Teberge" Cluny V 3940, p. 293.
  8. Ansgar Wildermann, « Faucigny, Guy de » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  9. Histoire de Savoie 1984, p. 11-13.
  10. Charles William Previté-Orton, The Early History of the House of Savoy : 1000-1233, Cambridge, Cambridge University Press (réimpr. 2013) (1re éd. 1912), 512 p. (lire en ligne), p. 278-315, Chapter III The attempt to recover the mark of Turin - Section II. Amadeus III's Early life and wars (278-93) - Section III. Amadeus III's Governement and Deat (293-315).
  11. Histoire de Genève 2014, p. 14-15 (Lire en ligne ).
  12. Duparc 1978, p. 95 (Lire en ligne).
  13. La rédaction, « Genève » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du ..
  14. Louis Blondel, Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, vol. VII, Société d'histoire et d'archéologie de Genève (réimpr. 1978) (1re éd. 1956), 486 p., p. 47.
  15. Histoire de Genève 2014, p. 16 (Lire en ligne ).
  16. Nicolas Carrier, La vie montagnarde en Faucigny à la fin du Moyen Âge : économie et société, fin XIIIe-début XVIe siècle, Editions L'Harmattan, , 620 p. (ISBN 978-2-7475-1592-4, présentation en ligne), p. 27.
  17. Romain Pittet, L'abbaye d'Hauterive au moyen âge, Fragnière Frères, 1934, 295 pages, p. 47.
  18. Michel Germain, Personnages illustres des Savoie : "de viris illustribus", vie des hommes et des femmes illustres qui firent les grandes heures des Savoie, Lyon, Autre Vue, , 619 p. (ISBN 978-2-915688-15-3), p. 269.
  19. Frédéric Charles Jean Gingins de la Sarraz, « Mémoire sur le rectorat de Bourgogne », Mémoires et documents, Société d'histoire de la Suisse romande, 1856, Volume 1, p. 61 (Lire en ligne).
  20. Louis de Carrières, Recherches sur les dynastes de Cossonay et les diverses branches de leur famille: avec pièces justificatives, tableaux généalogiques et planches de sceaux, G. Bridel, 1865, 400 pages, p. 54, d'après une note de bas de page (Lire en ligne).
  21. Duparc 1978, p. 108 (Lire en ligne).

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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