Autoportrait (Rembrandt, Indianapolis)

Cet autoportrait de 1629 du peintre néerlandais Rembrandt est un des premiers, et peut-être le premier, des plus de 40 autoportraits qu'il a peints en quatre décennies. Il fait actuellement partie de la collection du Fonds Clowes du Musée d'Art d'Indianapolis.

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Description

C'est un portrait d'une spontanéité travaillée. Les lèvres entrouvertes, la tête inclinée, et la position penchée évoquent un moment de surprise et d'animation subite, et établissent un relation dramatique avec le spectateur. Le peintre est costumé d'accessoires extraits de la collection de son atelier : une écharpe, un bonnet rabattu vers le bas dont l'ombre couvre son front, et un hausse-col en acier où se détache un rivet. Rembrandt n'a jamais servi dans la milice, et la collerette n'a pas de valeur symbolique.

L'artiste n'a que vingt-trois ans quand il peint cet autoportrait, mais utilise et maîtrise déjà un large éventail de procédés artistiques pour susciter l'émotion et un effet dramatique. L'éclairage et l'atmosphère dense qui seront caractéristiques de son œuvre sont déjà présents dans ce tableau. Les teintes presque monochromatiques; un travail du pinceau incisif, la séparation de mèches de cheveux par des rayures faites dans la peinture humide, contribuent à la charge émotionnelle. Il reprendra par la suite ces procédés dans ses grandes œuvres, pour rendre avec authenticité les sentiments[1]

Histoire

Lorsqu'il peint cet autoportrait, Rembrandt était encore un jeune peintre de sa ville natale, Leyde, sans renommée. Maître d'un petit atelier, il y perfectionne son art, et ouvre dans son œuvre ce genre, qui sera ensuite prisé par les collectionneurs. Il peut s'agir d'un moment de son apprentissage : Samuel van Hoogstraten, qui a étudié avec Rembrandt, écrira plus tard un manuel de peinture prônant l'autoportrait pour apprendre à capturer l'émotion[2]. Une autre explication, plus prosaïque, de la peinture de ses premiers autoportraits par Rembrandt est qu'il lui évitent d'embaucher un modèle, économie interessante pour un jeune peintre en lutte contre l'adversité[3].

Controverse d'attribution

Rembrandt a souvent utilisé ses autoportraits comme support d'enseignement à ses élèves, leur en faisant peindre  plusieurs copies et variantes, à la fois pour leur apprentissage, et parce qu'ils se vendaient assez bien. Il y a ainsi au moins cinq exemplaires de cette peinture, ce qui a conduit à un doute sur son attribution au maître. L'historien de l'Art Abraham Bredius, qui l'a découvert dans un château près de Lvov, en 1897, l'a d'abord présenté comme un Rembrandt authentique, mais a changé d'opinion en 1969. Les chercheurs sont ensuite restés partagés, avant et après le nettoyage fait en 1966. Mais des examens plus poussés, dont une radiographie en 1979 ont conduit à ce que l'autoportrait soit considéré comme de Rembrandt. La radiographie a ainsi révélé des repentirs et changement dans les angles des épaules, de la tête et du chapeau : le tableau est donc une composition originale et non une simple copie.

Par ailleurs, le tableau porte le monogramme RHL, qui est celui utilisé par Rembrandt au cours de ses années à Leyde. Ces initiales ont été ajoutées lorsque la peinture était encore humide, et n'apparaissent pas sur les copies. Enfin, le portrait comporte plusieurs défauts sur le menton du peintre. Le peintre n'a jamais masqué ses rides et les imperfections de son visage, alors que ses élèves avaient tendance à les dissimuler[4].

Acquisition

Le tableau a été acheté par G. H. A. Clowes en 1951, mettant fin à sa circulation entre familles nobles de Pologne. La famille Clowes de la famille l'a donné au Musée d'Art d'Indianapolis en 1959. Il porte le numéro d'ordre C10063 et peut être vu dans le pavillon Clowes[5].

Notes et références

  1. Holliday T. Day, Indianapolis Museum of Art Collections Handbook, Indianapolis, Indianapolis Museum of Art, (ISBN 978-0-936260-20-4)
  2. Ellen Wardwell Lee et Anne Robinson, Indianapolis Museum of Art : Highlights of the Collection, Indianapolis, Indianapolis Museum of Art, (ISBN 978-0-936260-77-8)
  3. Jeanne Ivy, « Self-Portrait as Self-Study », The Exploration of Self: What Artists Find When They Search in the Mirror, sur The Exploration of Self: What Artists Find When They Search in the Mirror, University of Maryland, Baltimore County (consulté le )
  4. Stephanie S. Dickey, Rembrandt Face to Face, Indianapolis, Indianapolis Museum of Art, (ISBN 978-0-936260-83-9)
  5. (en) « Self-Portrait », sur Indianapolis Museum of Art Online Collection (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Christopher White (coord.), Quentin Buvelot (coord.), Ernst van de Wetering, Volker Manuth, Marieke de Winkel, Edwin Buijsen, Peter Schatbron, Ben Broos et Ariane van Suchtelen (trad. Jean Raoul Mengarduque), Rembrandt par lui-même, Paris, Flammarion, (ISBN 978-90-400-9330-2 et 9782080104083, notice BnF no FRBNF37047607), p. 100-101.

Article connexe

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