Asefat ha-nivharim

La Asefat ha-nivharim ((he)אספת הנבחרים) était une assemblée représentative élue des Juifs de la Palestine mandataire (Yichouv) sous le mandat britannique, fondée en 1920.

Il s'agissait d'une émanation des organisations politiques juives qui appellent tous les juifs établis en Palestine mandataire à voter pour envoyer des membres à une assemblée chargée de faire des propositions à la Grande Bretagne, puissance mandataire. Cette dernière avait toutefois, pour interlocuteur privilégié, en 1922, " l'exécutif sioniste en Palestine " , puis, à compter de 1929, l'Agence juive. En effet, la Société des Nations avait prévu dès 1920, qu'un " organisme juif convenable " (article 4 du mandat) devait être le représentant des Juifs établis en Palestine mandataire, auprès de la Grande Bretagne.

Fonctionnement

Les premières élections ont eu lieu en 1920. Tous les juifs de Palestine pouvaient voter et de grands débats eurent lieu lors de la création de l’assemblée, notamment quant au droit de vote des femmes. Celui-ci était refusé par une partie des religieux, avec entre autres arguments le fait que même la République française laïque ne leur donnait pas ce droit. Lors des élections de 1920, en fin de compte, les femmes purent voter.

Le principe des « curies » fut par ailleurs instauré pour assurer la représentation distincte des Ashkénazes, des Sépharades et des Juifs yéménites, ces deux dernières catégories ayant d'ailleurs encore été représentées par des organisations spécifiques dans les premières Knesset après la création de l'État d'Israël.

En pratique, Asefat ha-nivharim n'aura pas de forte influence. Ses élections servaient surtout à peser l'influence des différents courants politiques sionistes, mais participeront aussi à la création d'une culture politique pluraliste.

D'autres institutions sionistes auront une influence plus déterminante dans la vie du Yichouv de la Palestine mandataire : l'Agence juive, principalement, mais aussi la Histadrout (centrale syndicale).

L'exécutif issu de Asefat ha-nivharim était le Va'ad Le'ummi (Conseil national), qui est une structure qui n' a pas de pouvoirs réels.

Création des partis politiques sionistes, l'assemblée sera reconnue par les Britanniques en juillet 1927, lorsque ceux-ci reconnaissent une seule communauté juive intégrée, la Knesset-Israël, dotée d'organes politiques propres.

Les élections avaient lieu à la proportionnelle intégrale, mode de scrutin qui est à quelques détails près (notamment le seuil de représentation, qui demande un minimum de 3 % de voix pour avoir un député en 2020 à la Knesset).

Courants politiques

Quatre grands courants se partagent le Yichouv :

  • La gauche socialiste : partagée entre les travaillistes du Mapaï, parti créé en 1930 par la fusion des courants socialistes « réformistes », et deux partis d'extrême-gauche : l'Hachomer Hatzaïr et le Poale Sion Smole. Ces deux derniers partis se réuniront à leur tour en 1948 pour créer le Mapam. La gauche ne cesse de se renforcer au cours des années 1920, et devient nettement dominante au début des années 1930.A Le syndicat Histadrout, possesseur d'une grande partie de l'appareil économique, lui sert aussi de relais.
  • Au centre droit, on trouve le parti des Sionistes généraux, nationalistes modérés et libéraux, alliés à la gauche travailliste.
  • A droite, on trouve le Parti révisionniste, beaucoup plus nationaliste, qui sera à la base du parti Hérout ("Liberté") , fondé par des anciens de l'Irgoun et du Lehi , présidé par Menahem Begin en 1948 et véritable matrice du futur parti Likoud. Très hostile aux idées et principes de la gauche sioniste, le Parti révisionniste finira par quitter les institutions sionistes en 1935 (dominées par la gauche en alliance avec les sionistes généraux). Il refusera de participer aux élections de 1944.
  • Les sionistes religieux se divisent entre deux tendances : celle liée aux Mizrahi (religieux conservateurs) et celle adepte des idées des Hapo'el Hamizrachi (religieux « sociaux », influencés par les idées de gauche).

Pour mémoire, on peut enfin citer les ultra-orthodoxes non-sionistes de l'Agoudat Israël et du Poale Agoudat Israël (ce dernier étant plus nationaliste et plus influencé par les doctrines « sociales »). Les ultra-orthodoxes n'acceptent pas de voter à l'assemblée, bien qu'ils participent de façon limitée aux institutions sionistes à partir de 1929.

Élections

Il y a eu quatre élections :

  • en 1920, il y eut 20 listes, 22 200 votants et 314 élus ;
  • en 1925, il y eut 26 listes, 36 437 votants et 221 élus ;
  • en 1931, il y eut 12 listes, 50 436 votants et 71 élus (la gauche, la droite et le centre et les religieux sionistes recueillent respectivement 42,3 % 32,4 % et 7 % des suffrages) ;
  • en 1944, il y eut 18 listes, 202 448 votants et 171 élus. Ces élections furent boycottées par les sionistes révisionnistes (droite nationaliste).

Il n'y aura pas d'élections en 1936, à cause des troubles arabes se déroulant de 1936 à 1939 en Palestine ni en 1941, au cours de la seconde guerre mondiale.

La fin de l'assemblée

Après la création de l'État d'Israël, le 14 mai 1948, il est décidé par le gouvernement provisoire israélien et les partis politiques présents qu'un parlement doit être mis en place ; il sera composé d'une seule Chambre ; les élections auront lieu au scrutin de liste, à la proportionnelle intégrale, afin de représenter toutes les tendances politiques . Ce sera la Knesset, qui sera établie officiellement après les premières élections générales en Israël qui ont lieu en janvier 1949 et qui verront la victoire des partis de tendance travailliste. La Knesset apparaît comme le successeur de l'assemblée " Asefat ha-nivharim ".

Lien externe

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