Arturo Murillo

Arturo Carlos Murillo Prijic (né le à Cochabamba) est un homme d'affaires et homme politique bolivien qui est ministre du Gouvernement (de l'Intérieur) du au au sein du gouvernement intérimaire de Jeanine Áñez. Au cours de sa carrière politique, Murillo est député et plus tard sénateur du département de Cochabamba[1] .

Arturo Murillo

Murillo en décembre 2019.
Fonctions
Ministre bolivien du Gouvernement

(11 mois et 24 jours)
Président Jeanine Áñez
Prédécesseur Carlos Romero
Successeur Carlos del Castillo del Carpio
Biographie
Nom de naissance Arturo Carlos Murillo Prijic
Date de naissance
Lieu de naissance Cochabamba, Département de Cochabamba (Bolivie)
Nationalité Bolivienne
Parti politique Front d'unité nationale (2005-2018)
Profession homme d'affaires
homme politique

Il joue un rôle important dans les politiques intérieures menées par le gouvernement intérimaire d'Áñez[2],[3]. Après la chute du gouvernement, il s’exile aux États-Unis, où il est arrêté pour corruption en mai 2021. Il est ensuite remis en liberté sous caution dans l'attente de son procès.

Biographie

Arturo Murillo est né le à Cercado, Cochabamba[1]. Avant de se lancer en politique, il travaille dans le secteur de l'hôtellerie et du tourisme en tant qu'homme d'affaires. Il a présidé l'Association des hôtels du Tropique de Cochabamba et a été membre de la Fédération des entreprises privées de Cochabamba.

Carrière politique

Arturo Murillo commence son activité politique en 2005, après avoir rejoint le Front d'unité nationale, créé deux ans auparavant par Samuel Doria Medina[4]. Il tient un discours d'opposition virulent contre le président Evo Morales[5].

Avant 2019

Murillo est élu député du département de Cochabamba lors des élections générales de 2005, il est le seul représentant de son parti dans cette région[6]. Il occupe ce poste de à .

Il se présente ensuite au poste de maire de Cochabamba lors des élections régionales de 2010. Il arrive en seconde position avec un total de 37,9 % des voix, devancé par le candidat du Mouvement vers le socialisme, Edwin Castellanos, qui a obtenu 40,2 % des voix[7].

Il se présente également comme sénateur du département de Cochabamba lors des élections générales de 2014, il remporte les élections et occupe ce poste de à . Il rompt avec le Front d'unité nationale en après que le parti ait rompu son alliance avec le Mouvement démocrate social en vue des élections générales de 2019. Il affirme du même coup ne pas vouloir se représenter à un poste électif lors de ces élections[8].

Il défend des positions très conservatrices sur la question des droits des femmes, ce qui lui vaut des accusations de misogynie. Lors d'un débat au Parlement sur la légalisation de l'avortement, il a recommandé aux femmes souhaitant avorter de se suicider[9].

Il est condamné le 3 mai 2016 à deux ans de prison pour avoir falsifié son livret militaire afin de pouvoir se présenter à la députation ainsi que pour postuler à la mairie de Cochabamba (il est obligatoire d'avoir effectuer son service militaire pour se présenter aux élections en Bolivie). Il n'est cependant pas emprisonné[9].

Ministre de l'Intérieur (2019-2020)

Peu après que Jeanine Áñez se soit déclarée présidente de l'État dans le contexte de crise politique qui secoue le pays en octobre et novembre 2019, il est nommé au poste de ministre du Gouvernement, le [5].

Arturo Murillo est l'une des principales figures du gouvernement Áñez, disposant pratiquement des pleins pouvoirs sur les questions sécuritaires. Il annonce aussitôt révoquer les membres du Tribunal suprême électoral (TSE), qu'il fait également arrêter et emprisonner, lance un mandat d'arrêt contre l'ancien président pour « sédition, terrorisme et financement du terrorisme » et fait ouvrir une enquête pour « corruption » sur 592 personnes liées au gouvernement d’Evo Morales. En décembre 2019, Murillo sollicite l’aide d’Israël pour lutter contre le « terrorisme » et crée une nouvelle force de police « antiterroriste » pour « démanteler les groupes étrangers menaçant le pays », accusant le Venezuela et Cuba d’être derrière les manifestations contre le gouvernement par intérim[10]. Il dénonce la destruction et la mise au feu de son hôtel de Villa Tunari, le Victoria, survenue quelques jours plus tôt, dans lequel se trouvait sa sœur[11]. Il se rend à Washington où il est reçu par de hauts fonctionnaires de la Maison-Blanche. Il s'entretient également avec le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro. Il fait nommer sa sœur, Mercedes Murillo, consul de Bolivie à Miami[12].

Après avoir rencontré des représentants du parti d’extrême droite espagnol Vox, il annonce début janvier 2020 qu’il existe « de claires évidences de financement du gouvernement d’Evo Morales à des partis étrangers » et demande au procureur général de lancer des poursuites contre Pablo Iglesias (dirigeant du parti Unidas Podemos) ; Juan Carlos Monedero (co-fondateur de Podemos) ; Íñigo Errejón (député de Más País) ; José Luis Rodríguez Zapatero (ex-chef socialiste du gouvernement espagnol) et le juge Baltasar Garzón[13].

Son style est parfois critiqué lorsqu'il menace publiquement certaines personnes devant les médias et la population. En août 2020, Murillo affirme que « tirer » des manifestants protestant contre les reports répétés des élections générales de 2020 serait « la bonne chose à faire »[14]. Il avait également menacé d'emprisonner ou d'expulser des observateurs internationaux affirmant que « la plupart d'entre eux étaient des agitateurs »[15]. Encore, il s'était présenté devant les médias avec des menottes dans les mains qu'il disait réserver pour Evo Morales ou annoncé une « chasse à l’homme » pour retrouver le ministre de la présidence Quintana[16].

En , l'Assemblée législative plurinationale convoque le ministre Arturo Murillo et son homologue à la Défense, Luis Fernando López, pour un interrogatoire relatif aux massacres de Senkata et de Sacaba (Arturo Murillo avait autorisé l'armée à ouvrir le feu sur les manifestants, tuant une trentaine de personnes) et aux actes de violence commis à Yapacaní et Montero[17]. Murillo refuse d'assister à la convocation et, en septembre, une commission mixte encourage d'entamer une poursuite pénale pour « manquement à ses devoirs »[18]. En , l'assemblée convoque de nouveau le ministre Murillo pour les mêmes raisons, mais il refuse à nouveau de se présenter. En conséquence, l'assemblée émet un vote de censure à son endroit et demande sa révocation[19].

Plusieurs ministres avec lesquels il était en désaccord, en particulier sur un projet de privatisation d'entreprises publiques, sont expulsés du gouvernement en septembre : Oscar Ortíz (Economie), Oscar Mercado (Travail) et Abel Martínez (Développement productif). Arturo Murillo est alors publiquement mis en cause par Óscar Ortíz  : « La présidente Añez a remis l’avenir du gouvernement et du pays au ministre Murillo, une personne qui n’a pas la capacité, qui n’a pas la sérénité nécessaire pour pouvoir résoudre les problèmes comme ils devraient l’être, c’est-à-dire en recherchant des solutions dans le cadre de la Constitution et des lois[10]. »

Le 19 octobre, le président Jeanine Áñez limoge Murillo, mais le rétablit dans ses fonctions deux jours plus tard[20],[21]. En vue de la transmission de pouvoirs au nouveau gouvernement élu, Murillo ainsi que le ministre de la Défense, Luis Fernando López, démissionnent quelques jours avant que le fassent tous les autres ministres du gouvernement[2],[3].

Exil

À la suite de sa démission prématurée, l'emplacement de Murillo demeurait inconnu et d'aucuns se questionnaient à savoir s'il se trouvait toujours au pays. Il est finalement confirmé, le , que l'ancien ministre s'était enfui aux États-Unis et qu'il y était depuis le [22]. L'annonce confirme que Murillo et López avaient quitté le pays avant même la passation du pouvoir au gouvernement de Luis Arce en passant par le Brésil et le Panama avant de se rendre aux États-Unis. Les deux intéressés faisaient l'objet d'enquêtes relativement à des accusations de détournement de fonds dans l'achat de matériel anti-émeute alors qu'ils étaient en fonction[16].

Un acte d'accusation est émis contre les deux hommes, le , afin de formaliser la situation et demander à Interpol de localiser et arrêter provisoirement les deux ministres en attendant qu'ils soient extradés[23],[24].

Inculpation pour corruption

Il est inculpé aux États-Unis en mai 2021 pour corruption. La justice américaine lui reproche d’avoir accepté environ 602 000 dollars de pots-de-vin qui lui ont été versés par des chefs d’entreprise américains en échange d'un contrat portant sur l'achat de gaz lacrymogènes destinés au ministère de la Défense bolivien[25]. Son ancien chef de cabinet, Sergio Mendes, est également inculpé. Tous deux bénéficient d'un régime de liberté conditionnelle dans l'attente de leur procès. La Bolivie demande leur extradition[12].

    Notes et références

     

    1. « Arturo Carlos Murillo Prijic | Cámara de Senadores », web.archive.org, (consulté le )
    2. (es) Página Siete, « Branko: Murillo y López renunciaron «días antes» que otros ministros », sur www.paginasiete.bo, (consulté le )
    3. (es) « El ministro Murillo da un paso al costado antes de la transmisión de mando », Correo del Sur (consulté le )
    4. (es) « Samuel Doria Medina (Bolivia) », CELAG (consulté le )
    5. (es) Aguilera, « Murillo, de hotelero y parlamentario a dirigir el Ministerio de Gobierno », eju.tv (consulté le )
    6. (es) Tribunal Electoral del Poder Judicial de la Federación, El MAS abre su campaña en el oriente, sus rivales en La Paz, México, (lire en ligne)
    7. (es) César Siles A., « Castellanos se siente vencedor », sur issuu.com, Opinión, (consulté le )
    8. (es) Los Tiempos, « Arturo Murillo deja UN tras la ruptura con Demócratas », sur lostiempos.com, (consulté le )
    9. Gustavo Veiga, « ¿Quién es Arturo Murillo? | El hombre duro del gobierno de facto de Bolivia », sur Pagina12,
    10. « Nouveau « coup pourri » de l’OEA en Bolivie ? », sur Médelu,
    11. (es) « Murillo denuncia que quemaron su hotel e intentaron atentar contra la vida de su hermana », Los Tiempos, (consulté le )
    12. Rosa Moussaoui, « Amérique latine. Les juteux pots-de-vin des putschistes boliviens », sur L'Humanité,
    13. « Otages des putschistes boliviens », América Latina en Movimiento, (lire en ligne)
    14. Página12, « Protestas en Bolivia: El gobierno de facto amenaza con "meter bala" | Crece la tensión al cumplirse nueve días de reclamos por la postergación de las elecciones presidenciales », PAGINA12, (consulté le )
    15. (es) « Murillo vuelve a amenazar a observadores internacionales: «la mayoría son agitadores» », www.paginasiete.bo (consulté le )
    16. Marco Teruggi, « Arturo Murillo, el brazo represivo de Jeanine Áñez, huyó a Panamá | La Fiscalía de Bolivia había emitido una orden de captura contra el exministro de facto », sur PAGINA12, (consulté le )
    17. « Por muertes en Senkata y Sacaba, el Legislativo interpelará el viernes a Murillo y López – La Razón », 204.11.233.100 (consulté le )
    18. (es) Bolivia, « Murillo y comandante del Ejército, procesados por "incumplimiento de deberes" en caso de Senkata y Sacaba », Opinión Bolivia (consulté le )
    19. (es) de 2020, « Bolivia.- La Asamblea de Bolivia censura al ministro de Gobierno Murillo y pide a Áñez su destitución », infobae (consulté le )
    20. (es) « Añez cesa a Murillo y Cárdenas como ministros tras la censura legislativa », Erbol, (consulté le )
    21. (es) de 2020, « Bolivia: Jeanine Áñez desafió a la Asamblea y restituye a Murillo y al ministro de Educación tras su moción de censura », infobae (consulté le )
    22. Press, « Bolivia.- Confirman la presencia en EEUU del exministro de Gobierno Arturo Murillo desde el 12 de noviembre », www.notimerica.com, (consulté le )
    23. (es) « Imputarán a Murillo y López para activar sello rojo en Interpol », sur www.paginasiete.bo (consulté le )
    24. (es) Opinión Bolivia, « Formalizan imputación contra Murillo y López para activar el sello rojo de Interpol », sur Opinión Bolivia, (consulté le )
    25. « Un ex-ministre bolivien inculpé de corruption aux États-Unis », sur Le Figaro,
    • Portail de la politique
    • Portail de la Bolivie
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.