Corporations d'arts et métiers médiévales de Florence

L’Arte (pluriel Arti) est, depuis le Moyen Âge, l'ensemble des gestes précis concernant une pratique maîtrisée entre la science théorique et la pratique spontanée et va prendre son sens définitif connu aujourd'hui (Beaux-Arts).
Le mot s'applique donc d'abord pour la maîtrise d'une activité artisanale et ses savoirs transmis par les associations (guildes) ou les corporations des métiers qui protègent ainsi leurs savoir-faire, leurs secrets de fabrication, leur groupe. L'implication de ces corporations est d'abord économique, ensuite politique, mais aussi artistique par le soutien à certains artistes (Liste des œuvres commanditées).

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Armoiries des corporations d'arts et métiers médiévales de Florence, XVIIIe siècle.
Apothéose de Côme de Médicis, duc de Florence, entouré par les armoiries des Arti. Peinture de Giorgio Vasari (1511-1574), Palazzo Vecchio, Florence.
Les niches (Tabernacoli) des saints protecteurs des Arti sur les façades d'Orsanmichele
Statue de saint Étienne, saint patron de l'Arte della Lana par Lorenzo Ghiberti en niche sur la façade d'Orsanmichele
Statue des Quatre Saints couronnés, saint patrons de l'Arte dei Maestri di Pietra e Legname - (Tailleurs de pierre et Menuisiers), de Nanni di Banco en niche sur la façade d'Orsanmichele

Le mot Arte, aussi appliqué à la production plastique artistique depuis l'antiquité se précisera par le nom de Beaux-Arts dès la naissance de la notion d'artiste signant ses œuvres et reconnu comme tel. Ce domaine nécessite autant regroupement et aide mutuelle par souci culturel mais aussi politique (implication des Médicis dans les Beaux-Arts et les artistes à Florence) ; les Arti marchandes s'impliqueront, par le même souci, envers la production artistique, en créant ce que nous appelons aujourd'hui le mécénat.

Histoire

Pour ces raisons, des riches et influentes corporations marchandes de Florence sont nommées Arti di Firenze et sont constituées au milieu du XIIe siècle à l'initiative d'une societas mercatorum de trois consuls en réaction d'opposition à la societas militium des aristocrates et de leurs alliés de la grande bourgeoisie, le popolo grasso.

Elles comportent également un chef militaire ou consul : le podestat dont la charge ne peut dépasser un an (Ainsi Jacopo di Cione inscrit à l'Arte dei Medici e Speziali en 1369, en devient le podestat de la corporation en 1384, en 1387 et en 1392).

Initialement de Calimala (le Change et la Laine - Cambio e Lana), dès 1193, plusieurs autres Arti s'en détachent et constituent les Arti maggiore dès le milieu du XIIIe siècle.

Dès 1282, les corporations fournissent les huit des neuf « Prieurs » (Priori) de la Signoria (« la seigneurie ») le gouvernement florentin : six parmi les Arti maggiore et deux chez les Arti minori.

Toutes les corporations de la ville furent supprimées en 1770 par un décret du grand-duc Pierre-Léopold de Lorraine.

Les 7 Arts majeurs - Arti de Calimala

Les Arts mineurs - Arti minori

Ils apparaissent à partir de 1289 :

La cotisation assez élevée que paient les membres, écartant les petits employeurs ou artisans regroupe par le fait des associations d'employeurs.

Ainsi les poissonniers, le prolétariat urbain et le monde agricole, pourtant acteurs économiques, en sont complètement exclus (le popolo minuto et les ciompi).

Traces historiques dans la ville

Les œuvres commanditées par Calimala :

  • les portes de bronze doré du baptistère San Giovanni,
  • la façade de l'église de San Miniato al Monte et leur signature par l'aigle dorée figurant au sommet.
  • Le Caroccio, char guerrier, également du baptistère Saint-Jean, orné de marbres précieux et de mosaïques et restauré par leurs soins en 1280.
  • les statues de leurs saints protecteurs sur les piliers de la chapelle Orsanmichele, ancienne loggia et entrepôts qu'elles occupaient :

L'Arte della Lana a été responsable de la bonne marche de la construction du Duomo sur les plans de Filippo Brunelleschi.

Liste complète des saints protecteurs des Arti des tabernacles de Orsanmichele

(ce sont toutes des copies, les originaux étant, pour la plupart, dans la cour du Musée du Bargello à Florence)

  • La Madone de la rose - Madonna della Rosa (1399 env.) de Pietro di Giovanni Tedesco - commandité par Medici e Speziali (Médecins et Apothicaires)
  • Les Quatre Saints couronnés (1409-1417) de Nanni di Banco - commandité par Maestri di Pietra e Legname (Charpentiers et Maçons)
  • Saint Luc (1597-1602) de Giambologna - commandité par Giudici e Notai (Juges et Notaires)
  • Saint Marc (1411-1413) de Donatello - commandité par Linaivoli e Rigattieri (Tisseurs de lin et Fripiers)
  • Saint Philippe (1410-1412) de Nanni di Banco - commandité par Calzauoli (Chausseurs)
  • le Christ et Saint Thomas (1467-83) de Andrea del Verrocchio - commandité par Tribunale di Mercanzia (Tribunal des Marchands)
  • Saint Eloi (1417-1421) de Nanni di Banco - commandité par Maneschalchi (Maréchaux-ferrants)
  • Saint Jacques (1410-1422) de Lamberti - commandité par Pellicciai (Fourreurs et Maroquiniers)
  • Saint Pierre (1415) de Bernardo Ciuffagni - commandité par Beccai (Bouchers)
  • Saint Jean le Baptiste (1414-1416) de Lorenzo Ghiberti - commandité par Calimala (Négociants de Laine affinée)
  • Saint Georges (1415-1417) de Donatello - commandité par Corazzai (Armuriers)
  • Saint Matthieu (1419-1423) de Lorenzo Ghiberti - commandité par Cambio (Changeurs)
  • Saint Etienne (1427-1428) de Lorenzo Ghiberti - commandité par Lana (Tisseurs de Laine)
  • Saint Jean l'évangéliste (1515) de Baccio da Montelupo - commandité par Seta (Soyeux et Orfèvres)

Bibliographie

  • Giulio Gandi, Le Arti maggiori e minori in Firenze : con numerose illustrazioni di Firenze scomparsa, Multigrafica, Rome, 1971.
  • Marco Giuliani, Luca Giannelli, Le arti fiorentine, Scramasax, Florence, 2006.
  • Paola Grifoni, Francesca Nannelli, Le statue dei santi protettori delle arti fiorentine e il Museo di Orsanmichele, Quaderni del servizio educativo, Edizioni Polistampa, Florence, 2006.
  • Cécile Maisonneuve, Florence au XVe siècle. Un quartier et ses peintres, Comité des travaux historiques et scientifiques, 2012
  • Yves Renouard, Les Villes d'Italie de la fin du Xe siècle au début du XIVe siècle, 1968, nouvelle édition par Ph. Braunstein, 1969, SEDES, Tome 2, p. 364 365.
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