Art vidéo

L’art vidéo naît, en tant qu'expression artistique, au début des années 1960, de la rencontre de plasticiens, d'ingénieurs et de responsables de chaînes de télé qui cherchent de nouvelles possibilités d'utilisation du médium vidéo[1].

Installation vidéo de Nam June Paik : Running away from tomorrow.

Historique

En 1958 Wolf Vostell réalise La Chambre noire (Das schwarze Zimmer)[2] collection Berlinische Galerie Berlin, une installation, assemblage de matériaux et de téléviseurs, première œuvre à employer l'image électronique en tant que média artistique et expose à la Galerie Parnass à Wuppertal en 1963. Cette même année, Wolf Vostell expose à la Smolin Gallery (en) de New York l'installation 6 TV Dé-coll/age et réalise la vidéo Sun in your head[3],[4].

Même si des tentatives sont faites dès la fin des années 1950, la naissance officielle de cet art a été fixée à mars 1963, lorsque Nam June Paik expose Exposition of Music - Electronic Television[5],[6] à la Galerie Parnass en Wuppertal, treize téléviseurs préparés pour la distorsion d’images. En disposant un gros aimant sur une télévision, le tube cathodique réagit en créant des distorsions colorées, cette œuvre de Nam June Paik représente des images de Nixon déformées[7].

Issu de la télévision, l'art vidéo, apparu aux États-Unis et en Europe au début des années 1960, a aussitôt influencé les grands courants de l'époque, de Fluxus à la performance, de l'art conceptuel au minimalisme et à l'art sociologique.

L'image d'une vidéo, produite par la caméra, enregistrée ou non, peut être restituée sur un écran nommé « moniteur ». Les bobines ou cassettes magnétiques qui servaient à l'origine de support à l'enregistrement sont aujourd'hui presque complètement remplacées par des disques durs ou des cartes mémoire[8].

Cette nouvelle technique sera utilisée dorénavant pour enregistrer des performances et des installations. Dès 1965, Fred Forest réalise en France des œuvres vidéo sur Portapack Sony 1/2 pouce (La cabine téléphonique). En 1969, avec cette même technique, le groupe Video Out fondé par Paul et Carole Roussopoulos donne une parole aux oubliés des Médias[9].

En 1976, Slobodan Pajic réalise la première vidéo produit dans les nouveaux studios audiovisuels du Centre Georges Pompidou, Paris, intitulée Destruction du son et de l'image. L'année après, le même artiste réalise une vidéo en couleur, commande du Musée national d'art moderne, Passage de l'espace fermé à l'espace ouvert. Ces vidéos rompent avec la tradition de performance filmée pour explorer les qualités uniques du médium.

Par la suite, l'art vidéo est devenu emblématique des recherches plastiques des années 1980, durant lesquelles les caméras portatives et les bancs de montage sont devenus accessibles à un plus large public. Bruce Nauman en est un des exemples les plus avérés, qui utilise, suivant l'exemple de Dan Graham, la mise en réseau de caméras de surveillance dans ses installations[10].

L'artiste français Maurice Benayoun est considéré comme l'un des chefs de file de la création numérique. Son œuvre phare, la série d’animation vidéo Les Quarxs est coréalisée avec l’illustrateur François Schuiten et diffusée sur Canal+ à partir de 1991[5].

Dans un article de 1999, le critique d'art Jean-Paul Gavard-Perret s'interroge sur la crise de l'art et les nouvelles perspectives ouvertes par l'art vidéo : « Face à la starification de l'œuvre d'art, le vidéo-art propose donc une autre voie. Pas la seule sans doute, mais le chemin qu'il trace est très important. Dans le lieu de spectacle, il se veut autre chose qu'un spectacle. »[11]

En janvier 2016, la vidéo Open My Glade (Flatten) de l'artiste Pipilotti Rist est diffusée sur 62 écrans géants autour de Time Square[12]. À propos de ces projections, Massimiliano Gioni (en), conservateur au New Museum of Contemporary Art indique : « Rist a réinventé la manière dont la technologie et les médias encadrent et représentent les corps, en particulier ceux des femmes. Je ne peux donc pas imaginer un meilleur contexte que Times Square pour multiplier littéralement ses pouvoirs. »[13]

Aujourd'hui, la vidéo est un médium reconnu au sein de l'art contemporain[5].

Références

    1. Encyclopædia Universalis, « ART VIDÉO », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
    2. Wolf Vostell, La Chambre noire, 1958
    3. Wolf Vostell, 6 TV Dé-coll/age, 1963.
    4. Wolf Vostell, Sun in your head, 1963
    5. « Le saviez-vous ? : L'art numérique », sur Connaissance des Arts, (consulté le )
    6. Nam June Paik, Galerie Parnass, 1963
    7. Nam June Paik in Wuppertal, 1963
    8. Archives numériques Internet et Services numériques, « Les supports - Télévision - Les Archives de Radio-Canada », sur archives.radio-canada.ca (consulté le )
    9. « Memoriav - Vidéos documentaires de Carole Roussopoulos » (consulté le )
    10. « Art contemporain et vidéosurveillance », sur cairn.info, (consulté le )
    11. Jean-Paul Gavard-Perret, « Voir ou ne pas voir l'art vidéo », Communication & Langages, vol. 120, no 1, , p. 20–26 (DOI 10.3406/colan.1999.2922, lire en ligne, consulté le )
    12. (en-US) D. J. Pangburn, « Iconic Feminist Video Artwork to Flood Time Square’s Electronic Billboards », sur Creators, (consulté le )
    13. (en-US) Alex Greenberger, « Every Night in January, a Pipilotti Rist Video Will Be Shown in Times Square at Midnight », sur ARTnews, (consulté le )

    Bibliographie

     : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

    Ouvrages

    • Michael rush, L’Art vidéo, Thames & Hudson, , 256 p. (ISBN 978-2-87811-292-4)
    • « L’Art vidéo », paris-art.com, (lire en ligne)

    Voir aussi

    Articles connexes

    • Portail de l’art contemporain
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