Aquilée

Aquilée, en italien Aquileia, en frioulan Aquilee, est une commune d'environ 4 000 habitants de la province d'Udine, dans la région autonome du Frioul-Vénétie Julienne en Italie.

À ne pas confondre avec L'Aquila en Italie centrale

Aquilée

La basilique patriarcale d'Aquilée.
Noms
Nom italien Aquileia
Nom allemand Aglar(n)
Nom frioulan Aquilee
Nom slovène Oglej
Administration
Pays Italie
Région Frioul-Vénétie Julienne 
Province Udine 
Code postal 33051
Code ISTAT 030004
Code cadastral A346
Préfixe tel. 0431
Démographie
Gentilé aquileiesi
Population 3 493 hab. (31-12-2010[1])
Densité 97 hab./km2
Géographie
Coordonnées 45° 46′ 00″ nord, 13° 22′ 00″ est
Altitude Min. 5 m
Max. 5 m
Superficie 3 600 ha = 36 km2
Divers
Saint patron Hermagoras et Fortunat d'Aquilée
Fête patronale 12 juillet
Localisation

Localisation dans la province de Udine.
Géolocalisation sur la carte : Frioul-Vénétie Julienne
Aquilée
Géolocalisation sur la carte : Italie
Aquilée
Géolocalisation sur la carte : Italie
Aquilée
Liens
Site web http://www.comune.aquileia.ud.it/

    Historiquement, la ville, fondée en 181 av. J.-C., fut, à son apogée, une des villes les plus importantes de l'Empire romain. Aquilée a également été un grand foyer du christianisme, puisqu'elle a été entre le IVe siècle et le XVe siècle, le siège du patriarcat d'Aquilée.

    Toponymie

    Géographie

    Aquilée est une ville proche de l'Adriatique, située entre Palmanova et Grado.

    Histoire

    Colonie latine (il s'agit de la dernière colonie latine fondée, par la suite il n'y eut plus que des colonies romaines) fondée en 181 av. J.-C. sous la direction de trois Romains : Publius Cornelius Scipio Nasica, Caius Flaminius et Lucius Manlius Acidinus Fulvianus. Trois mille fantassins s'y établirent, ainsi que des cavaliers, surveillant l'Istrie insoumise et les Gaulois transalpins[3]. Aquileia devient cité moins d'un siècle plus tard.

    Durant le règne d'Auguste, elle est proclamée capitale de la dixième région d'Italie, Regio X Venetia et Histria (actuellement Vénétie et Istrie grosso modo). Le développement de la ville à cette époque est tel que sa splendeur lui vaut d'être comparée à une seconde Rome. La fortune d'Aquilée lui vient de sa position stratégique et commerciale : important port fluvial sur le fleuve Natissa, c’est le point de départ vers l’aire du Norique aux débouchés des routes venant des Alpes, et notamment de la route de l'ambre, et vers l'aire danubienne et les provinces d'Illyrie et de Pannonie.

    Aquilée est donc rapidement devenue une plaque tournante du commerce méditerranéen en direction des régions danubiennes et rhénanes. Par son port transitent de nombreuses denrées, la ville elle-même étant au centre d'un riche terroir.

    L'importance d'Aquilée au sein de l'empire romain transparait dans sa représentation sur la table de Peutinger qui représente l'ensemble du réseau viaire de l'empire. Aquilée fait partie des rares villes de 2ème niveau, celles qui sont entourées de murailles et de tours (juste après les 3 villes cernées de médaillon (Rome, Constantinople et Antioche)).

    Aquileia est représentée avec une enceinte et 6 tours
    Vue d'Aquilée : au premier plan le forum romain, au fond le campanile de la basilique.

    En 168, la ville sert de base aux empereurs Marc Aurèle et Lucius Verus contre les tribus révoltées des régions danubiennes. La peste antonine les oblige à différer leur offensive. À une date controversée, mais aujourd'hui le plus souvent placée en 170, Aquilée est assiégée par les Quades et les Marcomans alliés contre les Romains avec les Sarmates durant les longues guerres du règne de Marc Aurèle.

    En 238, la ville est assiégée par les troupes de Maximin le Thrace dans le cadre de la guerre civile qui l'oppose au sénat romain. La ville organise sa défense en attendant les renforts venus de Rome. Les assiégeants échouent à la prendre et finissent par massacrer Maximin. Aquilée devient alors le théâtre du ralliement des armées de l'empereur Maximin aux nouveaux empereurs désignés par le sénat[4].

    Sous Dioclétien (293 - 305), Aquilée devient le siège d'un atelier monétaire. En 312, Aquiliée fait partie des villes qui s'opposent à l'entrée de Constantin en Italie[5].

    Après l'édit de Milan, en 313, l'évêque Théodore (it) y fonde une première église qui a un rôle primordial dans l'évangélisation vers l'Est, jusqu'au Danube et en Hongrie et, par-delà l'Istrie, vers les Balkans. L'importance de cet évêché lui vaut la tenue d'un concile local en 381.

    En 340, Constantin II est tué dans une embuscade près d'Aquilée. En 388 c'est à Aquilée que s'est rendu l'usurpateur Maxime à Théodose Ier et Valentinien II. La Bataille de la Rivière Froide en 393, où Théodose Ier a battu l'usurpateur Eugène s'est déroulée dans les environs d'Aquilée.

    Le déclin vient avec les invasions barbares et la chute de l'Empire romain d'Occident. Les fortifications détruites, la ville fut rasée par Attila en 452. La région devint un passage aisé pour envahir la riche péninsule. En 489, le roi des Skires Odoacre est battu par l’Ostrogoth Théodoric le Grand. Tandis que la population locale se replia dans les collines, ne resta à Aquilée que son prestigieux évêché qui se déclara patriarcat en 554. En l'an 800, l’empereur Charlemagne, de retour de Rome où il s'était fait couronner, s'arrêta à Aquilée pour obtenir la bénédiction du patriarche, ce qui témoigne de son importance. De 1077 à 1420, il eut sous son contrôle le Frioul et la Vénétie ainsi qu'une bonne partie de la Slovénie et de l'Istrie. Cette époque connut d'étonnantes avancées démocratiques telles que le parlement du Frioul. La Vénétie dépendit du patriarcat d'Aquilée jusqu'en 1751.

    Monuments

    Nœud de Salomon, mosaïque du IVe siècle dans la basilique.

    Monuments antiques

    Le parc archéologique : créé suite aux fouilles conduites à partir des années 1930 permet une visite des vestiges du forum romain, de villas, de la nécropole… Son complexe portuaire est actuellement le mieux conservé.

    Port antique

    Port antique d'Aquilée : quai avec anneau et magasins en arrière du quai.

    Le port antique est situé en bordure du fleuve Natissa sur environ 400 m. Il était constitué d'une darse de 45 m de large (aujourd'hui comblée et plantée de cyprès), d'un bord de quai sur deux niveaux avec des anneaux d'amarrage en pierre taillée(*) et d'un quai d'une largeur d'une trentaine de mètres occupée par des entrepôts adossés à l'ancienne enceinte républicaine de la ville. Strabon (env. 65 av. J.-C - 25 ap. J.-C) cite déjà ce port pour ces échanges entre pays méditerranéens et pays transalpins. Le port a été agrandi par l'empereur Claude (41-54 ap. J.-C) que l'on connait aussi pour ses travaux portuaires près d'Ostie.

    À partir de 238, les quais furent renforcés de tours et de murailles pour résister aux divers sièges jusqu'à la chute de la ville en 452.

    (*) Le niveau inférieur d'anneaux est composé d'anneaux verticaux et en retrait (situés sous l'eau de nos jours) qui sont appropriés pour l'amarrage des navires. Le niveau supérieur d'anneaux est composé d'anneaux horizontaux et en saillie (bien visibles de nos jours) en bord de quai. Ces derniers anneaux semblent plutôt destinés à accueillir un mât de charge pour charger & décharger les navires. On trouve un arrangement similaire (plus gros) à Leptis Magna (Libye).

    Basilique

    La basilique byzantine fondée par l'évêque Teodoro entre 308 et 319 avec ses mosaïques du IVe siècle (qui couvrent 760 m2), son campanile (construit par Poppone vers 1031), et à sa sortie, l'église dite "dei Pagani" et le baptistère d'époque post-théodorienne. Dans la crypte du VIe siècle et du VIIe siècle destinée à abriter les reliques, se trouve le plus important cycle de fresques romanes du XIIe siècle de toute l'Italie septentrionale.

    Vues de l'édifice

    Les mosaïques

    Les fresques romanes

    Pèlerinage

    Aquilée est l'aboutissement du Chemin céleste.

    Chemin céleste en français, Iter Aquileiense en latin, Cammino Celeste en italien.

    C'est un chemin de pèlerinage très ancien qui relie les sanctuaires de Maria Saal (Autriche) et de Brezje (Slovénie) à Aquilée ou Aquileia (Italie). Autrefois, le parcours se poursuivait jusqu'à Grado (le sanctuaire de l'île de Barbana) par barques. Aquilée était le siège d'un ancien patriarcat, église mère (Ecclesia Mater) qui apporta le christianisme aux populations de l'Est et du Centre de l'Europe depuis l'Antiquité. La tradition y rapporte la présence de l'évangéliste saint Marc. Les saints Fortuna et Hermagoras d'Aquilée (en) y furent les premiers martyrs en même temps que Can, Cantien et Cantienne (trois frères). C'est d'Aquilée que se poursuivait cet itinéraire des pèlerins en route vers Rome.

    La partie italienne du Chemin céleste fait 205 kilomètres, la partie slovène 75 kilomètres et la partie autrichienne 80 kilomètres : 360 kilomètres au total.

    Musées

    Les Musées archéologique national, municipal du Patriarcat et paléochrétien national.

    L'ensemble du site est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1998[6].

    Administration

    Les maires successifs
    Période Identité Étiquette Qualité
    14 juin 2004 En cours Alviano Scarel Lista Civica  
    Les données manquantes sont à compléter.

    Hameaux

    Beligna, Belvedere, Viola, Monastero.

    Communes limitrophes

    Fiumicello, Grado (GO), Terzo d'Aquileia, Villa Vicentina.

    Évolution démographique

    Habitants recensés

    Notes et références

    1. (it) Popolazione residente e bilancio demografico sur le site de l'ISTAT.
    2. http://de.wikisource.org/wiki/Topographia_Austriacarum_%28%C3%96sterreich%29:_Aglarn
    3. Tite-Live, Histoire romaine, livres XXXIX, 55 et XL, 34
    4. Catherine Virlouvet (dir.) et Claire Sotinel, Rome, la fin d'un empire : De Caracalla à Théodoric 212 apr. J.-C - fin du Ve siècle, Paris, Éditions Belin, coll. « Mondes anciens », , 687 p. (ISBN 978-2-7011-6497-7, présentation en ligne), chap. 1 (« Un pouvoir impérial en quête de continuité (212-249) »), p. 48-50.
    5. La mémoire de la ville :Aquilée et son passé à la fin de l’Antiquité, par Claire SOTINEL https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02911583/document
    6. Zone archéologique et la basilique patriarcale d’Aquilée, sur le site de l'UNESCO

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

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