Aoriste

L’aoriste (du grec ἀόριστος / aóristos, « non limité ») est un temps et un aspect que l'on retrouve dans certaines langues indo-européennes telles le sanskrit, le serbe, le bulgare, le croate, le bosnien, l'ancien tchèque ou le grec (ancien et moderne) ; on le trouve également en turc. Il n'existe plus tel quel en latin, bien que le parfait de cette langue en provienne, sans en avoir gardé la valeur aspectuelle.

C'est de l'indo-européen que provient l'aoriste [réf. nécessaire] : c'est en effet l'un des trois thèmes morphologiques fondamentaux de cette langue et de ses descendants les plus archaïques (grec ancien et sanskrit). Au départ, l'aoriste ne dénotait aucune valeur temporelle mais un aspect dit « zéro » (ou « perfectif »), c'est-à-dire que le procès-verbal (l'« action ») est représenté sans référence à sa durée. Il s'oppose donc directement à l'imperfectif (présent et imparfait) et, en grec ancien, au statique, qui présente le procès comme le résultat présent d'une action passée (thèmes de parfait et de plus-que-parfait).

L'aoriste, cependant, en est venu à prendre une valeur temporelle accomplie (passé), ce qui se constate bien en grec ancien, où c'est le cas au mode indicatif seulement. Ailleurs, l'aoriste reste un aspect. En sanskrit, il en vient aussi à dénoter un procès accompli en plus de sa valeur de constatation d'un fait.

Exemple

Soit le verbe grec signifiant «manquer ». Son thème de présent est λειπ- / leip-, celui d'aoriste λιπ- / lip-.

À l'indicatif, le présent λείπω / leípô se traduit par « je manque », l'aoriste ἔλιπον / élipon par « je manquai » ou « j'ai manqué  » voire « j'avais manqué  », selon le contexte, la valeur temporelle étant en effet très floue mais l'aspect étant celui d'une action dont la durée n'est pas précisée et qu'on représente dans son intégralité (aspect global). À l'indicatif, l'opposition d'aspect est encore plus visible avec l'imparfait : ἔλειπον / éleipon est un imperfectif passé, ce que l'imparfait français rend bien. « Je manquais » dénote une action en train de se dérouler ou du moins dont on ne voit pas les deux bornes (commencement et fin) (aspect sécant alors que « je manquai » montre une action passée pure avec ses deux bornes (elle a eu un commencement et une fin) (aspect global ou non sécant).

À l'infinitif, cependant, toute valeur temporelle disparaît et le « présent » λείπειν / leípein n'est pas plus présent que l'aoriste λιπεῖν / lipeîn, qui n'est pas du passé. Les deux se traduiraient en français par « manquer » mais dans le premier cas ce serait « être en train de manquer », dans le second simplement « manquer », c’est-à-dire l'action pure.

À noter aussi l'expression courante en grec moderne, λοιπόν : « alors », « tandis ».

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