Antoinette de Préval

Antoinette de Préval, née le à Béziers (Hérault) et morte le à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), est une femme politique et militante associative française. Elle a été une dirigeante des Croix-de-Feu puis du Parti social français, responsable de l'action sociale des mouvements politiques dirigés par le colonel François de La Rocque dans les années 1930 et 1940.

Biographie

Marie Françoise Jeanne Antoinette de Préval est issue d'une famille de militaires, nobles et catholiques. Elle est la fille du vicomte Paul de Préval (1846-1919), qui termina sa carrière comme général de brigade[1], et de Madeleine Rebut de la Rhoêllerie (1854-1923). Son père, fils d'un capitaine démissionnaire, est le petit-fils du comte Claude Antoine Hippolyte de Préval, lieutenant-général et pair de France. Les frères de son père, oncles d'Antoinette, sont également officiers - l'un, Claude, baron de Préval, est aussi général de brigade, l'autre, Gaston, comte de Préval, l'aîné, est lieutenant-colonel[2]. Un frère aîné, Roger, décédé en 1925, était chef de bataillon[3].

Durant la Première Guerre mondiale, elle est infirmière, d'abord en chirurgie puis au service des contagieux, à l'hôpital auxiliaire 232 à Paris, où sa mère est infirmière-major, préposée au service des grands blessés. Antoinette de Préval a été grièvement brûlée durant son service, à la suite de l'explosion d'un vaporisateur[4].

Elle serait une cousine du colonel de La Rocque[5]. Sa mère était une amie intime de la grand-mère de l'épouse du colonel. Antoinette de Préval a été pour les enfants de La Rocque à la fois une tante d'adoption et une infirmière, s'occupant du fils aîné (Jean-François) en 1926, alors que la Rocque et sa femme étaient au Maroc, du deuxième fils en 1930 après une opération, et elle a été au chevet de leur fille Nadine, décédée en 1934[6].

Secrétaire personnelle du colonel de La Rocque à partir de 1928, elle va l'accompagner dans son itinéraire politique lors des années 1930 et 1940. Elle va être la fondatrice, l'animatrice, et la doctrinaire des œuvres sociales des Croix de feu puis du PSF[5], tout en étant pour La Rocque une conseillère politique très écoutée. Elle dirige la section féminine d'action sociale des Croix de feu, fondée en , au lendemain du 6 février, mettant en oeuvre le mot d'ordre « Social d'abord »[7]. Elle est secondée par des cousines ou amies : la comtesse de Gérus, femme de général et cousine, Germaine Féraud, fille[8] et petite-fille de général, Jeanne Garrigoux. Sous la direction de La Rocque, les femmes gèrent de façon autonome l'action sociale de la ligue : soupes populaires, camps de vacances, distribution de vêtements, ventes de charité, création d'une école d'assistantes sociales et d'un centre médical. Cette section crée en outre, à partir de 1935, des centres sociaux destinés aux jeunes dans les bastions communistes de la banlieue parisienne - le premier est créé par Antoinette de Préval à Saint-Ouen - puis en province. Mlle de Préval siège en outre au comité directeur des Croix de feu.

Au temps du PSF, elle anime sa filiale, Travail et Loisirs (1936), dont elle est la secrétaire générale[9]. Elle intègre comme seul membre féminin le comité exécutif du nouveau parti en [10]. Elle est ensuite la directrice technique des Auxiliaires de la défense passive (ADP, 1939); cet organisme de protection civile se transforme en service social après la défaite de  : il devient les Artisans du devoir patriotique. « Toujours sur la brèche, cette femme autoritaire mais efficace savait découvrir à tous les échelons des collaborateurs, des femmes surtout »[11]. Dans son testament politique rédigé en , La Rocque écrit : « Mademoiselle de Préval, dépositaire de ma pensée (...) depuis le premier jour devra être, obligatoirement, consultée. Ses conseils devront être suivis »[12]. Elle appartient en 1942 à la Commission administrative permanente du PSF; elle est là-encore la seule femme de cette commission de 9 membres[13]. A la Libération, elle tente sans succès de préserver quelques noyaux de l'ancien PSF[14].

Avec Noël Ottavi, elle fait partie du duo le plus proche du colonel François de La Rocque, ce qui suscita des jalousies et des calomnies au sein des Croix de feu[15]. Calomnies également diffusées par les adversaires de gauche du colonel[16], comme par ceux de l'extrême droite, tels Xavier Vallat lors du procès qui opposa le duc Joseph Pozzo di Borgo à La Rocque en 1937-1938 - il accuse La Rocque d'avoir gardé pour lui les fonds secrets qu'aurait donné André Tardieu afin d'éponger les dettes d'Antoinette de Préval[17]- ou Léon Daudet, mettant en cause la « plus intime collaboratrice » du colonel[18].

Son action sociale en faveur des déshérités et de la jeunesse, fondée sur le christianisme social, n'a pas seulement répondu à la distinction classique entre le monde masculin de la politique et celui, féminin, de la charité; elle a eu une visée politique, partagée par La Rocque : l'engagement en faveur des milieux populaires vise à concurrencer les partis de gauche et à attirer l'électorat ouvrier. En outre, son action sociale s'explique par l'idéologie des Croix de feu puis du PSF qui prône la collaboration des classes et la réconciliation[5].

Bibliographie

  • Laura Lee Downs, « Nous plantions les trois couleurs : Action sociale féminine et recomposition des politiques de la droite française : Le mouvement Croix-de-Feu et le Parti social français, 1934-1947 », Revue d'histoire moderne et contemporaine, nos 58/3, (lire en ligne)
  • Jacques Nobécourt, Le colonel de La Rocque, ou les pièges du nationalisme chrétien, Paris, Fayard, 1996
  • Caroline Campbell, Women and Gender in the Croix de Feu and the Parti Social Français: Creating a Nationalist Youth Culture, 1927–1939, dans Journal of the western society for french history, volume 38, 2008 ( Lire en ligne )
  • Fonds Antoinette de Préval, Centre d'histoire de Sciences Po

Articles connexes

Notes et références

  1. Dossier de la Légion d'honneur de Paul de Préval dans la base Léonore
  2. Le Gaulois, 27 juillet 1919 (confusion entre Claude et Paul de Préval), Ibid., 27 avril 1922, Le Temps, 6 août 1919, Le Gaulois, 24 juillet 1915. Cf. les dossiers de la Légion d'honneur de ses frères dans la base Léonore.
  3. Chevalier de la Légion d'honneur et titulaire de la croix de guerre, il a été réformé à la suite d'une intoxication aux gaz: Dossier de la Légion d'honneur dans la base Léonore, Comoedia , 26 septembre 1911, Le Gaulois, 23 septembre 1911
  4. Journal officiel, 28 mars 1921
  5. Downs 2011
  6. L'Action française, 9 mars 1937 ( Lettre de Mme de La Rocque). Cf. aussi cette lettre d'A. de Préval à propos de Jean-François de La Rocque (décédé au combat à 22 ans): Le Petit Journal, 25 octobre 1941
  7. Jacques Nobécourt, op. cit., p. 287-288, 775
  8. Le général Féraud, ancien inspecteur de la cavalerie, était membre du comité d'honneur des Croix de feu. Il a connu La Rocque.
  9. Le Petit Journal, 24 septembre 1937
  10. Le Petit Journal, 2 décembre 1938, Le Petit Journal, 26 avril 1939
  11. Jacques Nobécourt, op. cit., p. 775
  12. Colonel de La Rocque, Pourquoi je suis républicain, Seuil, 2014, p. 308
  13. Le Petit Journal, 16 octobre 1942, Jacques Nobécourt, op. cit., p. 774
  14. Jacques Nobécourt, op. cit., p. 934
  15. Jacques Nobécourt, op. cit., p. 628-629
  16. Juvénal, 20 août 1938, Le Populaire, 15 avril 1937, Ibid., 28 novembre 1936, Supplément de L'Humanité, 29 juin 1939
  17. L'Action française, 8 décembre 1937, L'Action française, 9 décembre 1937, p. 3-4, Ibid., 22 décembre 1937, Jacques Nobécourt, op. cit., p. 613
  18. L'Action française, 11 décembre 1937, Ibid., 9 mars 1938, Ibid., 7 avril 1938
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