Antoinette Saint-Huberty

Anne-Antoinette-Cécile Clavel, dite Mme Saint-Huberty, née à Strasbourg le [1] et morte à Barnes près de Londres le , est une cantatrice française.

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Mme Saint-Huberty
Pastel de Vigée-Lebrun (v. 1780),
Coll. particulière, anciennement en dépôt au musée de Saint-Germain-en-Laye.
Naissance
Strasbourg, Royaume de France
Décès (à 55 ans)
Barnes,  Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande
Activité principale Artiste lyrique

Biographie

Fille du musicien Pierre Clavel, qui lui fit parcourir l’Europe, lorsque sa voix se fut formée, elle rencontra, à Varsovie, le compositeur Jean-Baptiste Moyne, dit Lemoyne, qui compléta son éducation musicale. La princesse Lubomirska la prit sous sa protection et, de retour en France, elle épousa en 1774 le sieur Croisilles de Saint-Huberty, chargé d’affaires du prince Henri de Prusse et recruteur de nouveaux talents pour son théâtre privé. Elle travailla au théâtre de Strasbourg jusqu’en 1777.

Sa réputation la fit venir à Paris, où elle débuta dans l’Armide de Christoph Willibald Gluck, le , mais avec peu de succès. Engagée à l’Opéra, elle n’obtint que des seconds rôles, mais dévouée à son art, elle lui sacrifiait tout. La mort ou la retraite de ses principales rivales, dont Sophie Laguerre, Rosalie Levasseur ou Sophie Arnould, mais surtout la protection particulière de Louis XVI qui l’appréciait, lui permirent de devenir la première cantatrice en titre. C’est alors qu’elle obtint, chose rare pour une femme à cette époque, gain de cause dans un procès en séparation d’avec son mari qui la maltraitait et la dépouillait. Elle obtint même de garder son nom de femme mariée pour la scène, sans particule, et elle est donc connue sous le nom de « Mme Saint-Huberty ».

Sa carrière ne fut plus qu’une longue suite de succès. On cite sa tournée triomphale à Marseille. En quelques années, elle est devenue la cantatrice la plus réputée dans l’Europe de la fin du siècle des Lumières.

Elle s’enrichit prodigieusement et acquit une villa à Neuilly et un petit château à Groslay dans la vallée de Montmorency. Alors l’amie d’un mélomane italien, le comte Turconi, qui possédait une magnifique villa à Mendrisio, à la frontière italio-suisse, elle le délaissa pour le comte d’Antraigues qui s’éprit d’elle.

En 1790, elle quitta l’Opéra pour suivre son amant, qui émigrait. Ils s’épousèrent secrètement à Lausanne en puis vécurent plusieurs années à Mendrisio dans la villa du comte Turconi. D’Antraigues eut alors une activité politique très importante et fut secondé par Mme Saint-Huberty, devenue comtesse d’Antraigues, qui accomplit un voyage secret à Paris en 1792. Elle fit parvenir des messages de l’émigration à la famille royale et retourna à l’étranger à la veille des événements du 10 août. Le comte d’Antraigues anima un réseau de correspondance contre-révolutionnaire, dirigeant les nouvelles qu’ils recevait de ses agents secrets à Paris vers l’Espagne, l’Angleterre, le Portugal et la Russie.

Lorsqu’il fut arrêté à Trieste et ses papiers saisis sur ordre du général Bonaparte, Mme Saint-Huberty, dont la réputation internationale avait un certain poids, implora Joséphine, qui était alors à Milan, et le Directoire apprit peu après que d’Antraigues, dont la tête était mise à prix, s’était évadé de sa prison de Milan.

Fuyant les armées françaises, ils se rendirent ensuite à Vienne puis en Russie, où la tsarine Catherine II confia une mission diplomatique au comte d’Antraigues. Il prit la nationalité russe et se convertit à l’orthodoxie. Sa femme avait mis un terme à sa carrière et ne se produisait plus qu’en privé. Chagrinée d’avoir dû mettre un terme à sa carrière si prometteuse, elle écrivit des pièces de théâtre.

Vers 1809, le couple se retira à Londres, où les d’Antraigues périrent tous deux, assassinés à l’arme blanche par un domestique italien, qui fut aussitôt abattu. Les services secrets britanniques, qui avaient monté l’opération, recueillirent les papiers du comte d’Antraigues, papiers recelant les clauses secrètes de certains traités et l’original du testament de Louis XVI, qui étaient de la plus haute importance politique.

Bibliographie

  • Adolphe Jullien, Histoire du costume au théâtre, Paris, Charpentier 1879 (extraits dans Le Ménestrel : [lire en ligne] lire en ligne sur Gallica)
  • Olivier Blanc :
    • Les Espions de la Révolution et de l’Empire, paris, Perrin, 1995.
    • L’Amour à Paris, Paris, Perrin, 2003.
  • Edmond de Goncourt, La Saint Huberty, d’après sa correspondance et ses papiers de famille, Paris, Dentu, 1882 (une biographie qui ne vaut que par les extraits de correspondance cités par les Goncourt).
  • Théodore Rieger, « Anne Antoinette Saint-Huberty (dite la Saint-Huberty) », in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 32, p. 3345

Iconographie

La Saint-Huberty dans le rôle de Didon par Lucas de Montigny Jean Robert Nicolas[2]

Notes et références

  1. Son acte de baptême ne comporte que les prénoms « Anne Antoinette ».
  2. Don de Mme Marcel en souvenir de son époux, 1927. Europeana RF1900; RMNDO000000492712. Autres portraits.

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