Antoine de Gouveia

Antoine de Gouveia (de son nom de plume Goveanus[1]), né vers 1505 à Beja et mort le à Turin, est un juriste, philologue et philosophe humaniste portugais.

Pour les articles homonymes, voir Gouveia.

Biographie

Originaire d’une famille noble de Beja, septième enfant d’Inês de Gouveia et d’Afonso Lopes de Ayala, Gouveia était le frère cadet de Martial et d’André de Gouveia tous deux savants qu’un de leurs oncles, nommé Diogo (en), les fit étudier à Paris au collège Sainte-Barbe, dont il était le principal. Emmené en France, encore enfant, par son oncle, il étudia si bien les humanités, que « personne, rapporte Louis Moréri[2], n’écrivait plus purement que lui en latin et ne faisait de meilleurs vers. » En 1527, il intégra, avec 28 étudiants portugais boursiers du roi Jean III du Portugal, l’université de Paris.

Vers 1534, il partit, avec son frère André au collège de Guyenne à Bordeaux. Peu après, il partit pour Toulouse et Lyon, puis Emilio Ferretto, qui enseignait le droit à Avignon, l’invita d’y venir apprendre cette discipline difficile et laborieuse, puisque également bien il était alors inutile à Lyon, où il étudiait en particulier. Gouveia le crut et s’avança tellement en peu de temps, qu’il trouva moyen d’expliquer par l’antiquité les questions épineuses du droit. Après son retour au collège de Guyenne, après avoir publié plusieurs ouvrages, il s’engagea dans une polémique devenue célèbre, qui lui valut une certaine célébrité, lorsqu’il entreprit de défendre la philosophie d’Aristote contre les vues de Pierre de La Ramée, avec son Pro Aristotele Responsio adversus calumnias Petri Rami, qui lui valut l’approbation de François Ier.

Ensuite, Gouveia enseigna le droit à Toulouse, à Cahors, puis à Valence, et à Grenoble. Chassé de France par la guerre civile, il se retira en Piémont, où il fut conseiller du Conseil secret du duc Philibert de Savoie et enseigna le droit à l’université de Mondovi. Bien que nourrissant des sympathies à l’endroit du luthéranisme et que Jean Calvin l’ait accusé, une fois, d’athéisme, il est revenu à l’orthodoxie catholique[3].

Il mourut, dit-on, d’avoir trop mangé de melons[2]. Ce savant homme a été le seul, qui, par une gloire assez rare dans son siècle, a été estimé d’un commun consentement, excellent poète, grand philosophe, et savant jurisconsulte. II attribuait ces avantages à l’air de France, où il avait été élevé dès la première jeunesse. Il a écrit des œuvres littéraires et philosophiques, et correspondu avec la plupart des écrivains de son temps. Ses travaux ont porté principalement sur le droit, mais aussi la poésie, conséquence du temps qu’il avait dû passer à éditer et traduire les sources classiques à la recherche de la signification originelle. Il laissa un fils nommé Mainfrot de Gouveia, qui a écrit des poésies, des consultations, des commentaires sur Julius Clarus, et d’autres ouvrages, mort en 1613, après avoir été conseiller d’État du duc Charles Emanuel de Savoie, et conseiller au Sénat de Turin.

Jacques-Auguste de Thou dit de lui que « Portugais de naissance, mais comme il avait beaucoup de franchise, et de bonne foi, il avouait qu’il était français par adoption. » Cujas avoua que ce jeune homme était celui qui avait donné le plus juste dans le sens de Justinien[4], et qu’il craignait que la réputation que Gouveia devait s’acquérir dans la jurisprudence, n’obscurcit la gloire qu’il y avait acquise lui-même. Antoine Favre assure que Gouveia avait un génie plus heureux que Cujas, mais qu’il avait une si grande confiance en ses lumières, qu’il croyait n’avoir pas besoin de se donner beaucoup de peine. Le même auteur avance que Gouveia dans ses ouvrages de droit a surpassé tous les autres jurisconsultes, mais que dans son traité de Jurisdictione, il s’est surpassé lui-même.

Publications

  • Antonii Goveani pro Aristotele responsio, adversus Petri Rami calumnias, ad Jacobum Spifamium gymnasii Parisien. cancellarium, Paris, Simon de Colines, 1543.
  • Vita Mors, Et Miracula B. Joannis De Deo Fundatoris Ordinis Fratrum Misericordiae, Prague, Sedan, 1636.
  • Antonii Goveani iurisconsulti Opera iuris ciuilis, Lyon, Antoine Vincent, 1564.
  • Antonii Goveani,… Opera quae civilis disciplinae claustra continent & reserant. Una cum summariis & notis…, Lyon, Antoine Vincent, 1599.
  • Antonii Goveani In M. Tullii Ciceronis orationem in Vatinium testem commentarius…, Paris, J. L. Tilet, 1542.
  • Antonii Goveani Opera iuridica, philologica, philosophica, Rotterdam, Henri Beman, 1766.
  • Antonii Goveani,… de Jure accrescendi liber, Toulouse, J. Perrin, 1554.
  • Antonii Goveani De jure accrescendi liber ad Andream Goveanum fratrem, Toulouse, Guyon de Boudeville, 1545.
  • Antonii Goveani,… Ad tit. De vulg. et pupil. subst. liber., Toulouse, Jean Perrin, 1554.
  • Antonii Goveani,… de Jurisdictione libri II. adversus Eguinarium Baronem,…, Toulouse, J. de Fleurs, 1552.
  • Ex libro lectionum juris variarum Antonii Goveani,… ad L. eam quam, C. de fideicommiss., Cod. ; ad L. precibus, C. de impub. et aliis sub. ; ad [par]. Cato, L. eadem Dig., de verb. oblig. ; ad [par] nihil commune, L. naturaliter Dig., de acquir. vel amit. poss., Toulouse, J. de Fleurs, 1552.
  • Antonii Goueani iurisconsulti clarissimi Opera : quae ciuilis disciplinae claustra continent & referant, vnà cum summarijs, & notis ad vniuscuiusque legis interpretationem, et indice locupletissimo, Lyon, Irénée Barlet, 1622.
  • Antonii Goveani tractatus quatuor, Iéna, Wipprecht, 1596.
  • Antonii Goveani,… Lectionum variarum juris civilis lib. I…, Toulouse, J. Moliner, 1554.
  • Antonii Goveani In primos duos libros epistolarum M. Tullii Ciceronis ad T. Pomponium Atticum commentarius…, Paris, J. L. Tilet, 1544.
  • Antonii Goveani,… Opera, quae civilis disciplinae claustra continent et reserant…, Lyon, Irénée Barlet, 1622.
  • Nouae declarationes et variae lectiones resolutionesq. iuris, Venise, Unitorum societate, 1585.
  • Antonii Goveani… Opera quae civilis disciplinae claustra continent, et referant : unà cum summariis, et notis ad uniusque legis interpretatione, et indice locupletissimo, Naples, Nicola Layno, 1696.
  • Ad dd. titulum ad senatus consultum Trebellianum commentariorum quae supersunt ; juxta fidem gratianopolitani mss., Exupère Caillemer éd., Paris, A. Durand, 1864.

Notes

  1. Bonaventure des Périers, Le Cymbalum mundi et autres oeuvres, Paris, Charles Gosselin, , note chap. XIII
  2. Louis Moréri, Le Grand Dictionnaire, ou le mélange curieux de l'Histoire sacrée et profane, vol. 4, Bâle, Jean Brandmüller, , « Gouvea (Antoine de) », p. 335
  3. (pt) Joel Serrão, Dicionário de História de Portugal, Porto, Livraria Figueirinhas, (ISBN 978-972-6-61160-8), p. 139–140.
  4. F. Laferrière, Histoire du droit civil de Rome et du droit français, vol. 1, Paris, Joubert, , p. 408.

Voir aussi

Sources

  • Louis Moréri, Le Grand Dictionnaire historique : ou le mélange curieux de l’histoire sacrée et profane qui contient en abrégé l’histoire fabuleuse des Dieux et des Héros de l’Antiquité Payenne, les vies et les actions remarquables des Patriarches [...], l’établissement et le progrès des Ordres Religieux et Militaires et la vie de leurs Fondateurs, les généalogies [...], la description des Empires Royaumes [...], l’histoire des conciles généraux et particuliers sous le nom des lieux où ils ont été tenus, vol. 4, Jean Brandmuller, (lire en ligne), p. 335.

Liens externes

  • Portail du droit
  • Portail des langues
  • Portail de l’éducation
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.