Antoine Merlin de Thionville

Antoine Merlin, dit Merlin de Thionville pour le distinguer de Merlin de Douai, né à Thionville le et mort à Paris le , fut député de la Moselle à la Convention nationale et représentant en mission.

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Merlin de Thionville

Portrait de Merlin de Thionville, lithographie de Nicolas-Eustache Maurin, vers 1830.
Fonctions
Député de la Moselle
Groupe politique Montagne
Biographie
Nom de naissance Antoine Christophe Merlin
Date de naissance
Lieu de naissance Thionville
Date de décès
Lieu de décès Paris
Nationalité Français
Profession Huissier de justice, puis Avocat

Biographie

Il entra au séminaire, le quitta, fit des études de droit, exerça la profession d'huissier, puis d'avocat au parlement de Metz.

Séduit par les idées révolutionnaires, il fut envoyé en 1791 par le département de la Moselle à l'Assemblée législative où il se fit remarquer par ses emportements et ses idées très radicales. Il fit partie du Club des Jacobins, qui l'interdit, un jour, de parole, à la suite de certains de ses propos. Il est d'abord élu à l'assemblée législative en où il forme à l'extrême gauche avec Chabot et Basire le trio cordelier. Le , à l'annonce de l'insurrection d'esclaves noirs à Saint-Domingue, il les défend en les assimilant aux Parisiens qui avaient pris la Bastille et en dénonçant une manœuvre esclavagiste et contre-révolutionnaire de l'Angleterre dans l'envoi de troupes françaises à Saint-Domingue [1]. Aux côtés de Chabot et de Basire, il dénonce le comité autrichien[2], et participe très activement à la journée du 10 août 1792, où il joue un rôle déterminant.

Réélu par les départements de la Moselle et de la Somme à la Convention nationale, il opta pour la Moselle où il siégea à l'extrême gauche de la Montagne avec Basire et Chabot. Il devint suppléant du Comité de la guerre et membre du Comité de l'Agriculture. Il fut l'un des accusateurs les plus acharné de Louis XVI. En mission avec Reubell et Nicolas Haussmann, lors du procès du roi, il ne participa pas aux différents votes que nécessita son jugement ; mais le , Merlin et ses deux collègues envoyèrent une lettre à la Convention qu'ils terminaient par cette apostrophe : « Nous sommes entourés de morts et de blessés : c'est au nom de Louis Capet que les tyrans égorgent nos frères, et nous apprenons que Louis Capet vit encore ! »

Merlin de Thionville à l'armée du Rhin, par Nicolas-Toussaint Charlet (1843).

Commissaire aux armées du Rhin, des Vosges et de la Moselle, il ne participa pas à l'appel nominal sur la demande de mise en accusation de Marat. Il reçut une lettre de félicitations de la Convention nationale pour son courage lors de la défense de la forteresse Mayence au Siège de Mayence (1793) puis lors du blocus de Mayence. Il était toujours en mission à l'armée du Rhin, lors de la demande du rapport du décret qui avait cassé la Commission des Douze.

Il accompagna l'armée de Mayence en Vendée où il se fit remarquer par son courage et son intrépidité.

Le 9 thermidor, il prit une part active à la chute de Robespierre. Il repartit pour assiéger Mayence en 1795, puis devint membre du Conseil des Cinq-Cents et en 1798 directeur général des postes. Au Consulat, il se retira de la vie publique.

Enrichi par la spéculation sur les Biens nationaux (membre de la Bande noire), il rachète en 1795 le calvaire du mont Valérien à Suresnes (où s'est installé un clan de faux-monnayeurs) et envisage d'y faire construire un château. Il revend la propriété dès 1805. Une rue de la ville lui rend depuis hommage[3],[4],[5].

En 1814, cependant, il résolut de se mettre à la tête de volontaires pour repousser l'invasion des armées alliées. Échappant à la proscription, à la Restauration, il se confondit en regrets devant Louis XVIII, voulant le persuader que la prise des Tuileries et sa lettre en faveur du régicide du étaient « une erreur de jeunesse »[6].

Plaque au no 58 rue des Tournelles (Paris).
Plaque de la rue Merlin-de-Thionville (Suresnes).

Il est mort au 58 rue des Tournelles à Paris où une plaque explique que « Merlin de Thionville, député à l'assemblée nationale, à la convention, au Conseil des Cinq-Cents, représentant aux Armées, est mort ici le  » (1er étage entre 2 balcons). Son corps repose au cimetière du Père-Lachaise, à côté du mausolée du maréchal Ney.

Notes et références

  1. Jean Jaurès, Histoire socialiste de la Révolution française, Paris Éditions sociales, 1968, tome II, "La Législative" ; Jean-Daniel Piquet, L'émancipation des Noirs dans la Révolution française (1789-1795), Paris, Karthala, 2002, p. 169-170
  2. Annales patriotiques et littéraires de la France, et affaires politiques de l'Europe : journal libre par une Société des Écrivains Patriotes, t. 1-3, Paris, Buisson, , 406 p. (lire en ligne), PA79.
  3. Francis Prévost, Histoires de Suresnes, Suresnes Information, (ISBN 978-2-9503475-0-3), p. 156
  4. Le patrimoine des communes des Hauts-de-Seine, Flohic éditions, , p. 379.
  5. Suresnes, ses lieux dits et ses rues vous parlent, Société historique de Suresnes, , p. 34.
  6. Eugène Welvert, "Merlin de Thionville" dans Lendemains révolutionnaires, les régicides, Paris, Calmann-Levy, 1907

Voir aussi

Bibliographie

  • « Antoine Merlin de Thionville », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • Jean-René Surrateau, « Merlin de Thionville (Antoine-Christophe Merlin dit de Thionville) » dans Albert Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française.
  • Eugène Welvert, « Merlin de Thionville » dans Eugène Welvert, Lendemains révolutionnaires, les régicides Paris, Calmann-Levy, 1907.
  • Alphonse Aulard, Recueil des actes du comité de salut public, 27 vol, tome 1.
  • Augustin Kuscinsky, « Merlin de Thionville », dans Dictionnaire des Conventionnels, Paris, 1916.
  • Edna Le May (dir), « Merlin de Thionville », dans Dictionnaire des Législateurs 1791-1792, Centre international d'Histoire du XVIIIe siècle, 2 vol., tome 2, H-Y.
  • G. Lenotre, "XIII. Teufel Feuer", in "La poignée de main du bourreau".

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