Antoine Meillet

Paul Jules Antoine Meillet, né le à Moulins (Allier) et mort le à Châteaumeillant (Cher), est le principal linguiste français des premières décennies du XXe siècle. Il est aussi philologue.

Biographie

D'origine bourbonnaise, fils d'un notaire de Châteaumeillant (Cher), Antoine Meillet fait ses études secondaires au lycée de Moulins.

Étudiant à la faculté des lettres de Paris à partir de 1885 où il suit notamment les cours de Louis Havet, il assiste également à ceux de Michel Bréal au Collège de France et de Ferdinand de Saussure à l'École pratique des hautes études.

En 1889, il est major de l'agrégation de grammaire[1][source insuffisante].

Il assure à la suite de Saussure le cours de grammaire comparée, qu'il complète à partir de 1894 par une conférence sur l'iranien.

En 1897, il soutient sa thèse pour le doctorat ès lettres (Recherches sur l'emploi du génitif-accusatif en vieux-slave). En 1905, il occupe la chaire de grammaire comparée au Collège de France, où il consacre ses cours à l'histoire et à la structure des langues indo-européennes. Il succéda au linguiste Auguste Carrière à la tête de la chaire d'arménien à l'École des langues orientales[2][source insuffisante].

Secrétaire de la Société de linguistique de Paris, il est élu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1924. Il préside également l'Institut d'Études Slaves de 1921 à sa mort[3],[4].

Il a formé toute une génération de linguistes français, parmi lesquels Émile Benveniste, Marcel Cohen, Georges Dumézil, André Martinet, Aurélien Sauvageot, Lucien Tesnière, Joseph Vendryes, ainsi que le japonisant Charles Haguenauer. Antoine Meillet devait diriger la thèse de Jean Paulhan sur la sémantique du proverbe et c'est lui qui découvrit Gustave Guillaume.

Il a influencé aussi un certain nombre de linguistes étrangers. Il a également été le premier à identifier le phénomène de la grammaticalisation.

Selon le linguiste allemand Walter Porzig, Meillet est un « grand précurseur »[5]. Il montre, par exemple, que, dans les dialectes indo-européens, les groupes indo-européens sont le résultat historique d'une variation diatopique.

L’acte de naissance de la sociolinguistique est signé par Antoine Meillet fondateur de la sociolinguistique qui s’est opposé au Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure dès son apparition en 1916 en le critiquant sur plusieurs plans.

Études arméniennes

  • 1890, une mission de trois mois dans le Caucase lui permet d'apprendre l'arménien moderne.
  • 1902, il obtient la chaire d'arménien de l'École des langues orientales.
  • 1903, nouvelle mission en Arménie russe, il publie son Esquisse d'une grammaire comparée de l'arménien classique, qui demeure une référence en linguistique arménienne et indo-européenne jusqu'à ce jour. L'un de ses étudiants, Hratchia Adjarian, devient le fondateur de la dialectologie arménienne. C'est également sous les encouragements de Meillet qu'Émile Benveniste étudie la langue arménienne.
  • 1919, il est cofondateur de la Société des études arméniennes avec Victor Bérard, Charles Diehl, André-Ferdinand Hérold, H. Lacroix, Frédéric Macler, Gabriel Millet, Gustave Schlumberger.
  • 1920, le , il crée la Revue des études arméniennes avec Frédéric Macler.

Études homériques

À la Sorbonne, Meillet supervise le travail de Milman Parry. Meillet offre à son étudiant l'opinion, nouvelle à cette époque, que la structure formulaïque de l'Iliade serait une conséquence directe de sa transmission orale. Ainsi, il le dirige vers l'étude de l'oralité dans son cadre natif et lui suggère d'observer les mécanismes d'une tradition orale vivante à côté du texte classique (l'Iliade) qui est censé résulter d'une telle tradition. En conséquence, Meillet présente Parry à Matija Murko, savant originaire de Slovénie qui avait longuement écrit sur la tradition héroïque épique dans les Balkans, surtout en Bosnie-Herzégovine[6]. Par leurs recherches, dont les résultats sont à présent hébergés par l'université de Harvard, Parry et son élève, Albert Lord, ont profondément renouvelé les études homériques.

Principaux ouvrages

  • Esquisse d'une grammaire comparée de l'arménien classique, 1903.
  • Introduction à l'étude comparative des langues indo-européennes, 1903 (1re éd.), Hachette, Paris, 1912 (3e éd.)[7].
  • Les dialectes indo-européens, 1908.
  • Aperçu d'une histoire de la langue grecque, 1913.
  • Altarmenisches Elementarbuch, 1913. Heidelberg (en français : Manuel élémentaire d'Arménien classique, traduction de Gabriel Képéklian, Limoges, Lambert-Lucas, 2017 (ISBN 978-2-35935-094-4))
  • Linguistique historique et linguistique générale, 1921 (le tome II est paru en 1936 ; les deux tomes ont été réunis chez Lambert-Lucas, Limoges, 2015).
  • Les origines indo-européennes des mètres grecs, 1923.
  • Traité de grammaire comparée des langues classiques, 1924 (avec Joseph Vendryés).
  • La méthode comparative en linguistique historique, 1925, Oslo, Instituttet for Sammenlignende Kulturforskning (réimpr. Paris, Champion, 1954).
  • Esquisse d'une histoire de la langue latine, Paris, Klincksieck, (ISBN 978-2-252-01871-2, notice BnF no FRBNF34586142).
  • Dictionnaire étymologique de la langue latine, 1932 (en collab. Avec Alfred Ernout (1879-1973), éd. augmentée, par Jacques André (1910-1994), Paris : Klincksieck, 2001, (ISBN 2-252-03359-2) (notice BnF no FRBNF37707942)
  • Meillet en Arménie, 1891, 1903, Journaux et lettres publiés par Francis Gandon, Limoges, Lambert-Lucas, 2014, (ISBN 978-2-35935-071-5).

Notes et références

  1. André Chervel, « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », mars2015 (consulté le ).
  2. Institut National des Langues et Civilisations Orientales
  3. http://institut-etudes-slaves.fr/liste-des-presidents-de-lies/
  4. André Mazon, « Hommage à Meillet: III. Le président de l'Institut d'études slaves », Revue des études slaves, vol. 16, nos 3-4, , p. 205-210 (DOI 10.3406/slave.1936.7623, www.persee.fr/doc/slave_0080-2557_1936_num_16_3_7623)
  5. Maurice Leroy, « Walter Porzig, Die Gliederung des indogermanischen Sprachgebiets », L'Antiquité classique, vol. 24, no 1, , p. 216-217 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  6. Mathias Murko, La poésie populaire épique en Yougoslavie au début du XXe siècle (Paris: Champion, 1929); Albert Lord, The singer of tales (Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 1960), p. 11-12; Andrew Dalby, Rediscovering Homer (New York, London: Norton, 2006. (ISBN 0-393-05788-7)), p. 186-187.
  7. Cet ouvrage, ainsi que l'Aperçu d'une histoire de la langue grecque ont fait l'objet d'une critique par Lucien Febvre, Antoine Meillet et l'histoire, La Grèce ancienne à travers l'histoire, Revue de synthèse historique, 1913, p. 4-93, rééditée dans Lucien Febvre, Vivre l'histoire, coll. Bouquins, Robert Laffont/Armand Colin, Paris, 2009, p. 136-145.

Voir aussi

Bibliographie

  • Marc Décimo, Sciences et pataphysique, t. 2 : Comment la linguistique vint à Paris ?, De Michel Bréal à Ferdinand de Saussure, Dijon, Les Presses du réel, coll. Les Hétéroclites, 2014 (ISBN 978-2-84066-599-1).
  • Anne-Marguerite Fryba, « Maurice Grammont, Antoine Meillet et l'institutionnalisation de la linguistique en France », Revue des langues romanes, no 105, , p. 503-517
  • Charles de Lamberterie, « Milman Parry et Antoine Meillet », dans Françoise Létoublon (éd.), Hommage à Milman Parry. Le style formulaire de l’épopée homérique et la théorie de l’oralité poétique, Amsterdam, Gieben,
  • Gabriel Bergounioux et Charles de Lamberterie, Meillet aujourd'hui, Louvain-Paris, Peeters, , 356 p. (ISBN 978-90-429-1743-9)

Articles connexes

Liens externes

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