Annie de Montfort

Annie de Montfort (1897-1944) est une résistante et écrivain français.

Pour les articles homonymes, voir Montfort.

Responsable de l’association France Pologne

Arthémise Deguirmendjian-Shah-Vekil, dite Annie, voit le jour le à Paris (9e arrondissement)[1]. Son père et sa mère sont nés en Turquie[2] et sont d’origine arménienne[3]. Annie Deguirmendjian fait des études de médecine et s’installe à Paris pendant le premier conflit mondial[4].

Elle épouse le Henri Archambault de Montfort, spécialiste des questions de l'Est européen, professeur à l'Institut des hautes études internationales et au Centre d'études polonaises de Paris, avec lequel elle publiera plusieurs livres[5]. Ils auront quatre enfants : Claude, Marc[6], Anne-Marie et François[7].

Annie de Montfort est cofondatrice en 1919 de l'Association France-Pologne et en est la déléguée générale[8]. Installée 5, rue Godot de Mauroy à Paris (9e arrondissement) l’association joue un rôle culturel et diplomatique. Elle publie une revue bimensuelle depuis 1920, La Pologne, qui a un contenu politique, économique, littéraire et artistique[9], et dont le musicologue Édouard Ganche, alors très engagé dans la promotion de la culture polonaise en France, sera l'administrateur.

Dans la Résistance

Annie de Montfort s’engage dans la Résistance avec son mari Henri de Montfort, alors directeur des services de l’Institut de France, qui crée La France continue. Le journal du même nom s’organise autour d’eux.

La France continue est un journal clandestin de la Résistance dont treize numéros paraissent entre et . Il accueille Raymond Burgard, Émile Coornaert, Suzanne Feingold (future épouse d’Henri de Montfort), Marietta Martin et Paul Petit qui en a été l’inspirateur.

Le réseau est démantelé en , avec l’arrestation de plusieurs de ses membres comme Raymond Burgard, Marietta Martin et Paul Petit.

Annie de Montfort est arrêtée le à Grenoble[10] par la Gestapo pour ses activités de résistance. Internée à Fresnes[4], elle fait partie des 959 femmes déportées par le transport 175, parti le de Compiègne, vers le camp de Ravensbrück. Dans le camp de concentration, elle porte le matricule 27576[11].

À Ravensbrück, Annie de Montfort participe à la mise en place de structures de résistance[12]. Les instigatrices de ce mouvement mènent une action d’éducation : « plusieurs déportées se préoccupent du retour de leurs camarades. Conscientes des difficultés immenses auxquelles allaient se heurter des femmes qui avaient tant souffert, Émilie Tillion, Yvonne Le Roux, Annie de Montfort, Marie Talet pour ne citer que quelques-unes, décident de former une organisation[13] ». Annie de Montfort organise des conférences sur le vieux Paris et sur l’histoire de la Pologne[4].

Malade, Annie de Montfort entre au Revier, le dispensaire du camp, le et y meurt le [4]. La sociologue Germaine Tillion, fille d’Émilie Tillion, également internée à Ravensbrück, témoigne qu’Annie de Montfort « quelques minutes avant sa fin, appelait un chauffeur imaginaire[14]. »

Marietta Martin, autre femme écrivain, également engagée dans le mouvement « La France continue », meurt le lendemain à Francfort-sur-le-Main[15].

Hommage

Annie de Montfort a été décorée après sa mort, à titre militaire, de la Légion d’honneur et de la croix d’or polonaise du mérite avec glaives.

Une plaque a été apposée en 1946 dans l’église Saint-Martin de Montmorency (Val-d'Oise)[16]. Elle porte l’inscription « À la mémoire de Annie Archambault de Montfort, déléguée générale de l’association France-Pologne, morte pour la France et la Pologne le  » et comporte au centre, un médaillon de bronze fondu par le sculpteur et graveur Henri Dropsy[4].

Une médaille, reproduisant le portrait effectué par Henri Dropsy, a été éditée. Elle porte la mention suivante : « Annie de Montfort 1897-1944 - Déléguée Générale de l’association France Pologne / Arrêtée à Grenoble par la Gestapo pour ses activités de résistance / Morte à Ravensbrück le / Décorée à titre militaire et posthume de la Légion d’honneur et de la croix d’or polonaise du mérite avec glaives[17]. »

François de Montfort, fils d’Henri et Annie de Montfort, lui rend hommage dans la préface de son livre « Adolf Eichmann, levez-vous[18] ! »

Par arrêté du , le secrétaire d'État chargé des anciens combattants et des victimes de guerre du gouvernement français a décidé d'apposer la mention « Mort en déportation » sur l’acte de décès d’Annie de Montfort. Son nom figure dans le Livre mémorial des déportés de France, sous l’intitulé « Archambault de Montfort, Arthémise née Deguirmendjian[19]. »

Annie de Montfort fait partie des écrivains morts pour la France dont le nom figure au Panthéon de Paris sous une plaque portant la mention : « Ici sont enfermés les hommages rendus le aux écrivains morts pour la France pendant la guerre 1939-1945 »[20].

Bibliographie

  • Femmes polonaises, Fédération interalliée des anciens combattants (FIDAC), Paris, 1933
  • Annie et Henri de Montfort : Pologne, Hachette, coll. « Les Guides Bleus », Paris, 1939,
  • Rosa Bailly, Marcel Boll, Paul Cazin, Arthur Neville Chamberlain, Édouard Ganche, Charles Henry, Annie de Montfort, Henri de Montfort, André Thérive : Pologne, collection Visages du monde, Horizons de France, 1940
  • Annie de Montfort (Paul Wagret, dir.) : Pologne, Éditions Nagel, Genève, 1964

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. Acte de naissance, Archives de Paris en ligne, Paris 9, V4E 8835, vue 23/26, acte 1685
  2. Bulletin des lois de la République française, Imprimerie nationale, 1919
  3. Claude Bellanger, Histoire générale de la presse française, Volume 4, Presses universitaires de France, Paris, 1969
  4. Mémoires de la Société historique et archéologique de l'arrondissement de Pontoise et du Vexin, Volumes 56-63, 1957
  5. Association des écrivains combattants : Anthologie des écrivains morts à la guerre: 1939-1945, Albin Michel, Paris, 1960
  6. Marc Archambault de Montfort (1923-1998), avocat à la cour d'appel de Paris, Officier de la Légion d'honneur, Commandeur de la Polonia Restituta. Il franchit les Pyrénées, en Andorre, avec un groupe de militaires polonais évadés.
  7. Who's who in Finance and Industry: 1972-1973, Volume 27, Éditeur Marquis Who's Who, New Providence, NJ (États-Unis), 1973
  8. Société historique et archéologique de l'arrondissement de Pontoise et du Vexin, Mémoires, 1957
  9. Almanach polonais, Éditeur Gebethner & Wolff, Librairie franco-polonaise-et étrangère, 1926
  10. Jacek Strzałkowski : Medale polskie 1901-1944, Polskie Towarzystwo Archeologiczne i Numizmatyczne, Komisja Numizmatyczna, 1981
  11. Fondation pour la mémoire de la déportation : Banque de données multimédia
  12. Krzysztof Dunin-Wąsowicz : Resistance in the Nazi concentration camps, 1933-1945, Éditeur PWN-Polish Scientific Publishers, 1982
  13. Alfred Wahl : Mémoire de la Seconde Guerre mondiale: actes du colloque de Metz, 6-8 octobre 1983, Volume 16, Publications du Centre de recherche Histoire et civilisation de l'Université de Metz, Centre de recherche Histoire et civilisation de l'Université de Metz, 1984
  14. Germaine Tillion Ravensbrück, Seuil, Paris, 1973
  15. Olga Wormser-Migot : Quand les alliés ouvrirent les portes : le dernier acte de la tragédie de la déportation, L'histoire que nous vivons, Éditeur Robert Laffont, Paris, 1965
  16. François Monmarché : Ile de France: environs de Paris, Hachette, 1968
  17. Inscription relevée sur le site Artmedals.net, 2009
  18. Notice dans la Revue internationale de criminologie et de police technique, Page 51, vol. 14-15, Centre international d'études criminologiques, 1960 ; livre de François de Montfort : Adolf Eichmann, levez-vous !, Presses de la Cité, Paris, 1961
  19. Fondation pour la Mémoire de la Déportation : Livre-mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution, Tome 2, p 164, éditions Tirésias, Paris, 2004
  20. Liste des personnes citées au Panthéon de Paris
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