Anne (mère de Marie)

Sainte Anne est la mère de la Vierge Marie dans la tradition catholique ainsi que dans la tradition musulmane sous le nom de Hannah (حنّة). Aucun texte du Nouveau Testament ne mentionne la figure d'Anne qui apparaît dans des apocryphes. Il n'est toutefois pas exclu que ces textes contiennent certaines traces historiques. Comme dans les évangiles canoniques, ceux qui ont été déclarés apocryphes effectuent de nombreux parallèles avec des passages de l'Ancien Testament, pour convaincre leurs lecteurs de leur démonstration. Ainsi dans la tradition catholique, le personnage d'Anne fait souvent référence à son homonyme Anne, mère de Samuel, prophète et dernier juge d'Israël[2] (hébreu : חַנָּה hannah "faveur", "grâce"). Il en est de même dans la tradition musulmane.

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Anne
Sainte chrétienne
Mère de la Vierge Marie
Naissance entre 60 av. J.-C.
et 55 av. J.-C.
sans doute Bethléem
Décès entre la fin du Ier siècle av. J.-C. et le début de l'ère commune 
Autres noms Anna
Vénérée à Sanctuaire de Sainte-Anne d'Auray, cathédrale Sainte-Anne d'Apt, église Sainte-Anne de Jérusalem
Vénérée par Chrétienté, Islam[1]
Fête catholiques : 26 juillet
orthodoxes : 25 juillet (dormition de sainte Anne) et 9 septembre (conception de la Vierge Marie)
Attributs Livre, porte, avec Marie, Jésus ou Joachim
Sainte patronne Apt, Bretagne, Mainar, Triana, Détroit, Castelbuono, Canada, Philippines, Fasnia, Adjuntas, Marsaskala, Tudela, les Micmacs, Porquerolles, Saint-Romain-en-Viennois ;
grand-mères, femmes au foyer, fécondité des couples, veuves, métiers du textile, couturières, dentellières, enseignantes

Les évangiles apocryphes la dépeignent comme une femme pieuse longtemps stérile. Une scène de sa vie légendaire est la rencontre miraculeuse d'Anne et de son mari Joachim à la Porte dorée à Jérusalem, après l'annonce au couple de la prochaine naissance d'un enfant. L'Église de l'Orient accepte ces récits, dans une version présentée comme une traduction par saint Jérôme, qui leur ôte les traits les plus merveilleux[3]. Beaucoup de saints orientaux ont prêché sur sainte Anne, tels saint Jean Damascène, saint Épiphane, saint Sophrone de Jérusalem.

La dévotion à sainte Anne, limitée longtemps à quelques sanctuaires, se répandit dans le monde catholique à partir du XIVe siècle, avec la propagation des récits de la Légende dorée et les débats théologiques sur le dogme de l'Immaculée Conception qui eurent pour conséquence d'associer plus étroitement le culte de sainte Anne à celui de la Vierge. Elle est aussi la sainte patronne des Bretons

Dans la tradition musulmane aussi, Anne appelée Hanah est la mère de Marie (Maryam), elle-même mère de Jésus-ʿĪsā.

Récits de la vie de sainte Anne

Rencontre d'Anne et de Joachim (détail). Maître de la Vie de Marie, vers 1460.

Des récits concernant la mère de la Vierge Marie, et donc la grand-mère maternelle de Jésus-Christ, apparaissent pour la première fois dans le protévangile de Jacques, apocryphe de la deuxième moitié IIe siècle, et, partiellement tiré de lui, dans le Pseudo-Matthieu plus tardif[3]. Ces apocryphes et des traditions de la Sainte Parenté collectées dans la Patrologia Graeca racontent que ses parents, Akar (Isachar dans le Pseudo-Matthieu, Stollanus ou Stolan d'après Johannes Eck, Matthan ou Nathan dans les traditions byzantines) et Émérencie, sont de la tribu de Lévi. Akar possède des terres à Bethléem et Jérusalem. Avec sa femme, ils donnent naissance à Ismérie vers 63 av. J.-C. (au moment de la conquête romaine de la Palestine) et à Anne vers 55 av. J.-C.. C'est à cette époque que la famille s'installe à Hébron où Ismérie se marie et devient la mère de sainte Élisabeth. Quand Anne a neuf ans, ses parents déménagent à Jérusalem où Akar a des responsabilités au Temple. Selon une tradition chrétienne orientale, la crypte de l'église Sainte-Anne de Jérusalem serait située sur le lieu de la maison d'Akar et dans laquelle serait née Marie[4].

Icône de la Nativité de la Vierge Marie dans la crypte de l'église Sainte-Anne de Jérusalem.

Le Protévangile raconte également la rencontre entre Anne et Joachim, éleveur venu faire sacrifier des bêtes de son troupeau au Temple. Or il devait au préalable laver ses moutons dans la piscine de Bethesda près de la Porte des Brebis et Anne se tenait à cette porte de la ville, si bien qu'elle vit Joachim arriver avec ses troupeaux. Ils se marient à l'âge de 20 ans[5].

Selon une interprétation théologique, la vie de sainte Anne serait à mettre en parallèle avec celle d'Hannah et de son fils, le prophète Samuel de l'Ancien Testament[6]. D'après la tradition chrétienne, après un mariage de vingt ans sans enfant avec Joachim (hébreu : Jojakim), le couple se sépara provisoirement[7]. D'un côté, Anne était remise en cause par sa servante Judith, de l'autre Joachim restait confondu par la réaction du Grand-prêtre Ruben du Temple qui refusa d’accepter son offrande pour la fête juive (de la Dédicace dans La Légende dorée, c'est-à-dire Hanoucca) à cause de sa stérilité. Aussi, il décida de se retirer dans le désert pour prier et jeûner tandis qu'Anne, désolée, resta au foyer à prier également dans l'espoir que sa déception ne vienne briser sa sanctification. Mais au bout de quarante jours, un ange leur annonça à chacun la venue d'un enfant, si bien que le couple se reforma. Selon les versions, leur retrouvailles se firent devant leur demeure ou à la Porte dorée de Jérusalem symbolisées par une étreinte ou plus rarement un baiser, puis Anne enfanta Marie neuf mois plus tard (le 8 septembre selon la tradition). Comme Anne avait fait vœu de consécration de l'enfant au service de Dieu (naziréat) comme Hannah pour Samuel, ils menèrent Marie lorsqu'elle avait trois ans, ou un peu plus tôt ou tard selon d'autres traditions, au Temple à Jérusalem pour qu'elle y soit éduquée et qu’elle fasse son service. Elle y côtoya Zacharie, Grand-prêtre, et père de Jean le Baptiste, futur cousin de Jésus.

Anne représentée avec ses trois maris, XVIe siècle, Allemagne.

Le Speculum historiale du dominicain Vincent de Beauvais et La Légende dorée[3], une compilation des traditions catholiques effectuée au XIIIe siècle, relate la postérité légendaire de sainte Anne d'avec son second époux, Cléophas, frère de Joseph (leur fille, Marie Jacobé, épousa Alphée et ils eurent comme fils : Jacques le Mineur, Joseph le juste, Simon le Zélote et Jude), et celle d'avec son troisième époux Salomé[8] ou Salomas[9] (leur fille, Marie Salomé, épousa Zébédée et ils eurent comme fils : Jacques le majeur et saint Jean l'évangéliste). La légende du triple mariage (Trinubium Annae) est peut-être due au bénédictin Haymon d'Auxerre[10]. L'ensemble de cette postérité est appelée La Sainte Parenté, en opposition à La Sainte Famille, et a donné lieu à nombre représentations iconographiques[11] surtout en Allemagne (Die Heilige Sippe) et dans l'Europe du Nord.

Culte et reconnaissance

Giotto, Annonce de l'ange à sainte Anne (entre 1303 et 1305), Chapelle des Scrovegni, Padoue.

Culte

En 550, on construit une église à Constantinople en l'honneur de sainte Anne. Le 26 juillet marque sans doute l'anniversaire de la dédicace de cette basilique. Les Franciscains l'ont inscrite à leur calendrier le 26 juillet 1263[12]. D'après les différentes traditions, son culte connaît trois étapes importantes depuis les Saintes-Maries-de-la-Mer, Marseille et surtout Apt, dès le Ier siècle avec l'arrivée supposée de son corps apportée par quelques disciples du Christ dont Marie Madeleine et confié à saint Auspice qui va le cacher pour le protéger des persécutions romaines, au VIIIe siècle avec la redécouverte de celui-ci par l'intermédiaire de Charlemagne, et au XIIe siècle au retour de la première croisade avec l'obtention du voile de Sainte-Anne. À partir du XIVe siècle, Apt devient un centre de dévotion important[13], témoin le nombre croissant des œuvres d'art qu'il suscite (qu'on peut voir par exemple dans la multitude des statues montrant Anne, Marie et l'Enfant Jésus, appelées « trinités mariales », en parallèle à la sainte Trinité). Mais l'Église interdit la représentation des trinités mariales pour éviter la confusion avec la Trinité au sens théologique. Sa popularité est telle que les Confréries de sainte Anne se multiplient à cette époque[14].

Les débats théologiques sur le dogme de l'Immaculée Conception au XIVe siècle ont pour conséquence d'associer plus étroitement le culte de sainte Anne à celui de la Vierge. Cela se traduit par l'apparition d'un nouveau thème iconographique, la Sainte Anne trinitaire, destiné à exprimer l'idée d'une prédestination d'Anne dans la pensée de Dieu, liée à la maternité divine. Urbain V, dès 1370, fait rajouter dans le Missel romain une messe en son honneur avec une miniature de la sainte[15], et Urbain VI étend son culte à toute l'Église en 1382 lors du mariage de Richard II avec Anne de Bohême. En 1481, le pape franciscain immaculiste Sixte IV fait ajouter la fête solennelle de sainte Anne au calendrier de l'Église romaine, le 26 juillet. En 1494 paraît le traité De laudibus sanctissimae matris Annae de Johannes Trithemius qui joue un grand rôle dans la propagation de son culte[16]. Au XVIe siècle, les réformateurs s'indignent de « la prolifération des reliques et des légendes parasitaires » relatives à sainte Anne, si bien que le pape Pie V, en établissant le calendrier romain tridentin, supprime son office en 1568[17] mais elle reste populaire comme en atteste le fait qu'Anne devient, comme Marie, un prénom masculin très fréquent au XVIe siècle[14].

Si, en terre réformée, son culte décline rapidement, dans le monde resté catholique, il poursuit une belle carrière après avoir failli succomber aux épurations qui accompagnèrent le concile de Trente. Grégoire XIII, sous la pression de la Contre-Réforme qui favorise le culte des saints rétablit sa fête officielle le 26 juillet (bulle du ) et Grégoire XV, dans son bref apostolique Honor laudis du 23 avril 1622, en fait une fête obligatoire et chômée[18]. Elle est célébrée sous le rite double majeur jusqu'à Léon XIII qui la rétrograde au rang de simple fête paroissiale de deuxième degré en 1879[19]. Le 26 juillet est la fête (IIIe classe) de « Sainte Anne mère de la Bienheureuse Vierge Marie » dans le calendrier romain général 1960 et devient, dans la réforme du calendrier romain général décrétée par Paul VI en 1969, la mémoire des saints Joachim et Anne[17].

Cette ambivalence du culte de sainte Anne au cours de l'histoire s'explique d'une part par des rivalités entre clergés (ce sont ses promoteurs monastiques  bénédictins, chartreux, franciscains  qui écrivaient les légendes à son sujet, organisaient son culte et surtout, en tiraient profit aux dépens des ressources du clergé paroissial), d'autre part par les nombreuses légendes autour de la sainte qui renforçaient la foi du peuple triomphant, s'opposant à l'incrédulité des doctes et à la réticence des autorités religieuses à autoriser un culte qui relevait du folklore populaire[20].

La tradition provençale

Intérieur de la chapelle royale Sainte-Anne dans la cathédrale d'Apt.
Statue monumentale recouverte d'or de sainte Anne sur le dôme de la cathédrale Sainte-Anne d'Apt.

La cathédrale Sainte-Anne d'Apt, placée durant tout le Moyen Âge sous le double patronage de Notre-Dame et Saint-Castor[21],[22], est une ancienne cathédrale catholique romaine française, située dans la ville d'Apt[23]. C'est l'une des plus anciennes églises d'Occident à avoir mis en honneur le culte d'Anne, l'aïeule du Christ. Déjà, au cours du XIIe siècle sa fête y était célébrée le 26 juillet lors d'un office à neuf leçons.

Une partie de ses reliques que la tradition dit avoir été rapportée d'Orient, y est toujours vénérée. Et celles qui se trouvent en Bretagne, notamment à Sainte-Anne-d'Auray, en Italie ou au Canada proviennent d'Apt[13].

La reine de France, Anne d'Autriche, pour remercier sa sainte patronne de lui avoir permis d'être mère, vint à Apt le . Son pèlerinage accompli, elle fit don de reliquaires en or à l'évêque Modeste de Villeneuve-Arcs qui l'avait accueillie et l'incita à faire construire ce qui est aujourd'hui devenu la « Chapelle Royale ». Les plans furent dressés par François de Royers de La Valfrenière, les travaux activés et la chapelle consacrée le [24].

Un morceau du chef de Sainte Anne se trouve dans l'église de Chiry-Ourscamp, ramené de Constantinople à l'époque des croisades. La relique se trouve dans une châsse offerte par Mgr Le Senne en 1929. Un pèlerinage a lieu tous les ans le 26 juillet à la paroisse Sainte Anne de Chiry-Ourscamps. Les églises de Castel-Buono et de Bologne en Italie, de Duren et d'Ursitz en Allemagne, d'Apt, de Chartres et d'Ourscamp en France possèdent actuellement des fragments du chef de Sainte Anne.

Relique de Sainte Anne, à Saint-Thomas-de-Courceriers.

L'église Saint-Thomas de Saint-Thomas-de-Courceriers abrite une relique attribuée à Sainte Anne, constituée d'une phalange distale de l'index de la main droite.

La « grand-mère des Bretons »

Le pardon de Sainte-Anne-la-Palud (vers 1930)

En Bretagne, le culte de sainte Anne prit vraiment forme qu'à partir des apparitions du XVIIe siècle au paysan Nicolazic devenant le sanctuaire de Sainte-Anne-d'Auray, lieu de dévotion et de pèlerinage important. Auparavant, surtout avant le XIIe siècle, il existait mais plus sporadiquement ou localement comme au sanctuaire de Sainte-Anne-la-Palud établi vers l'an 500. Il est mention, dans l'un des Actes apocryphes latins désignés sous le titre de Virtutes Apostolorum écrit au VIe siècle, qu’il existait un culte ancien à sainte Anne répandu en Armorique. Un syncrétisme exista longtemps avec la figure de l'antique déesse Ana/Dana (la déesse-mère des Tuatha Dé Danann en Irlande)[25] liée à la fertilité comme les prières à sainte Anne défont la stérilité des couples. Sa popularité chez les Bretons de l'époque est en partie expliquée par cette rémanence de l'antique déesse celtique.

En breton, sainte Anne est surnommée « Mamm gozh ar Vretoned », c’est-à-dire la grand-mère des Bretons. Plusieurs légendes la rattachent à la Bretagne. La plus connue, rapportée par Anatole Le Braz[26], la décrit comme originaire de Plonévez-Porzay[27]. Anne est mariée à un seigneur cruel et jaloux, qui lui interdit d’avoir des enfants. Lorsqu’elle tombe enceinte, il la chasse du château de Moëllien. Son errance avec la petite Marie la conduit à la plage de Tréfuntec où l’attend un ange, près d’une barque. Selon la volonté de Dieu, l'ange l'amène jusqu’en Galilée. Bien des années plus tard, Marie épouse Joseph et devient la mère du Christ. Anne revient en Bretagne pour y finir sa vie dans la prière et distribue ses biens aux pauvres.

Le plus important ce sont ses apparitions au paysan Yvon Nicolazic, en 1624 près d'Auray dans le Morbihan, dont le couple restait sans enfant. Elle lui demanda la construction d'une chapelle en son honneur, près du village de Ker-Anna (qui en breton signifie “Le village d'Anne“) sur un champ où il travaillait, car à cet endroit-même, lui confia la sainte, une chapelle avait déjà été construite en son nom au VIIe siècle avant d'être démolie coupant court à la dévotion naissante. Dans la nuit du 7 mars 1625, Yvon Nicolazic, son beau-frère et quatre voisins, guidés par la lueur d'un grand cierge, déterrèrent effectivement une ancienne statue abimée de sainte Anne avec des restes de couleurs azurées et dorées. Des moines capucins d'Auray la retouchèrent pour lui redonner son éclat. Pendant ce temps, Yvon Nicolazic s'employa à bâtir une nouvelle chapelle avec l’appui de quelques frères carmes avant d'avoir le bonheur de découvrir que son couple était devenu fécond. À la suite de deux enquêtes successives, l'évêque de Vannes Sébastien de Rosmadec autorisa le culte et le 26 juillet 1625, il y eut foule pour la première messe de célébration. Très vite les pèlerins vinrent très nombreux au lieu saint où les conversions, les guérisons et les grâces se multipliaient. Plus tard, la chapelle, de toute façon trop petite, sera saccagée pendant la Révolution et démolie pour permettre la construction d'un petit séminaire et d'une basilique[28]. Le lieu a pris le nom de Sainte-Anne-d'Auray. Le pardon qui s'y déroule chaque année est le plus important de Bretagne, troisième lieu de pèlerinage en France après Lourdes et Lisieux. En 1914, le pape Pie X déclara officiellement sainte Anne patronne de la Bretagne avec saint Yves depuis la fin du Moyen Âge. À ce jour, Sainte-Anne-d'Auray est le seul lieu d'apparition de sainte Anne dans le monde.

En 1996, à l'initiative de l'évêque en place Mgr Gourvès, le pape saint Jean-Paul II vint la prier dans son sanctuaire breton. Il est le premier pape à avoir foulé le sol de Bretagne. Marie d'Agréda aurait également eu des visions en rapport à la vie de sainte Anne[29].

Reconnaissance institutionnelle

En 2015, sainte Anne est le vingt-quatrième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics français : pas moins de 220 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434)[30].

Patronage

Sainte Anne est la sainte patronne d'Apt, où se trouvent ses reliques, dont sont issues pour une part celles de Florence, d'Innsbruck, de Naples, de Mainar, de la Bretagne et de la province de Québec[31].

Sainte Anne est également la sainte patronne de Castelbuono, petite ville sicilienne située dans la province de Palerme, où une relique, constituée par de nombreux fragments du crâne, est conservée dans la Chapelle Palatine située dans le château des Ventimiglia.

Elle est à la fois la patronne des laïcs et des clercs, des matrones et des veuves. Elle préside à la sexualité du couple autant qu'à l'abstinence des moines, elle favorise les accouchements et ressuscite même les enfants mort nés[32]. Elle assure sa protection aux tourneurs, sculpteurs, ébénistes, orfèvres, fabricants de balais, navigateurs et mineurs[33], mais surtout à des métiers manuels féminins : gantières, bonnetières, couturières, lavandières, blanchisseuses, cardeuses, chiffonnières, dentellières, brodeuses, fabricantes de bas[34].

La sainte est fréquemment représentée enseignant la lecture à sa fille Marie avec un livre à la main, ouvert ou fermé.

Musique

  • Marc-Antoine Charpentier a composé vers 1675 deux motets, pour Ste Anne pour 2 voix et basse continue, H.315 et Canticum Annae pour 3 voix, 2 dessus instrumentaux, et basse continue H.325 vers 1680.

Iconographie

Peinture

Sculpture

  • Marignane - Église Saint-Nicolas (Notre-Dame de Nazareth) : Retable en bois doré, originellement en polychrome, offert par Louise de Savoie, avec tous les personnages en ronde bosse du baiser de la Porte dorée à la lignée de sainte Anne et à l'adoration des rois mages.

Galerie

Quelques exemples de représentation

Dictons

  • « Si les fourmis s'agitent à la sainte Anne, l'orage descend de la montagne. »
  • « Pour la sainte Anne, ton premier panier de raisins, toute l'année te sera rendu plein ». En pays d'Apt, les premiers raisins sont offerts pour décorer la chasse de la sainte suivant l'antique tradition des prémices[37].

Bibliographie

Notes et références

  1. Mohamad Ali Amir-Moezzi (directeur), Dictionnaire du Coran, Paris, Laffont, , « 'Imrân et sa famille », p. 417-418.
  2. Émile Boutin, La Bonne Vierge: culte et tradition, Siloë, , p. 131
  3. Jacques de Voragine, « La Nativité de la sainte Vierge Marie », dans Jacques de Voragine, La Légende dorée, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade » (no 504), , 1549 p. (ISBN 9782070114177, OCLC 474663687), p. 730 et 1372 (Notes).
  4. Simon Claude Mimouni, Dormition et assomption de Marie. Histoire des traditions anciennes, Éditions Beauchesne, , p. 478
  5. Jean Longère et Edouard Cothenet, Marie dans les récits apocryphes chrétiens, Mediaspaul Editions, , p. 207
  6. Premier Livre de Samuel, chap. 1 et 2. Ainsi, les circonstances de sa maternité tardive sont un emprunt à l'histoire d'Anne, mère de Samuel (1 S 2,11).
  7. (en) New Catholic encyclopedia, Volume 1, Thomson/Gale, , p. 469
  8. Nom utilisé sur le tableau de Oberwesel du XVIe siècle
  9. (en) Diane Apostolos-Cappadona, Encyclopedia of Women in Religious Art, Bloomsbury Academic, , p. 245.
  10. (de) Beda Kleinschmidt, Die heilige Anna. Ihre Verehrung in Geschichte, Kunst und Volkstum, , p. 255-258
  11. Annie Cloulas-Brousseau, « Sainte Anne Trinitaire », sur ste.anne.trinitaire.online.fr (consulté le ).
  12. Laure Jaulerry, Jean-Paul Labourdette et Véronique Hunsiger, Séjours spirituels en France, Petit Futé, , p. 56
  13. Guy Barruol, p. 357.
  14. Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien, Presses universitaires de France, , p. 92
  15. Jean Barruol, p. 21.
  16. Roger Aubenas et Robert Ricard, L'Église et la Renaissance, Bloud & Gay, , p. 343
  17. Calendarium Romanum (Typis Polyglottis Vaticanis 1969), p. 98
  18. Jean Barruol, p. 7.
  19. Omer Englebert, La Fleur des saints, Albin Michel, , p. 242
  20. Jean Wirth, Sainte Anne est une sorcière, Librairie Droz, , p. 11
  21. Jouve 1859, p. 4
  22. Guy Barruol, p. 348.
  23. Guy Barruol, p. 349.
  24. Jouve 1859, p. 7.
  25. Claude Sterckx, Mythologie du monde celte, Paris, Marabout, (ISBN 978-2-501-05410-2), p. 220.
  26. Anatole Le Braz, Magies de la Bretagne, t. 1 : Le Pardon de la mer, Paris, Robert Laffont,, coll. « Bouquins », , 1304 p. (ISBN 978-2-221-07792-4), p. 1088.
  27. Gwenc'hlan Le Scouëzec, Guide de la Bretagne, Spézet, Coop Breizh, (ISBN 978-2-84346-026-5), p. 457.
  28. Jérôme Buléon et Eugène Le Garrec, Yves Nicolazic : le voyant de Sainte-Anne, Lyon, Imprimerie Lescuyer, , 6e éd., 78 p..
  29. Marie d'Agréda, Vie divine de la très sainte Vierge Marie, Paris, Imprimerie P. Téguy, (ISBN 978-2-7403-0289-7).
  30. « De Jules Ferry à Pierre Perret, l'étonnant palmarès des noms d'écoles, de collèges et de lycées en France », sur le Monde, (consulté en ).
  31. Joseph Danigo, « Le culte de sainte Anne, des origines à nos jours », Sanctuaires et pèlerinages, no 31, 1963.
  32. Jean Wirth, Sainte Anne est une sorcière, Librairie Droz, , p. 82
  33. Rosa Giorgi 2003, p. 25.
  34. Jean Wirth, Sainte Anne est une sorcière, Librairie Droz, , p. 83
  35. Notice du Musée des beaux-arts de Lyon
  36. Sur cette mosaïque du Ve siècle, Jésus, assis sur un coussin comme un roi d'Orient, est entouré de Marie et d'une femme voilée en noir que les chercheurs interprètent comme sainte Anne ou un symbole de la synagogue.
  37. Jean-Pierre Saltarelli, Les Côtes du Ventoux : origines et originalités d'un terroir de la vallée du Rhône, Avignon, Barthélemy, , 207 p. (ISBN 978-2-87923-041-2, OCLC 45582275), p. 197.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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