André Courrèges

André Courrèges, né le à Pau et mort le à Neuilly-sur-Seine, est un couturier français, fondateur de la maison Courrèges. Promoteur de la minijupe et du pantalon pour les femmes, dès le début des années 1960 il crée une mode fonctionnelle, architecturée, symbole de son époque, et qui inspirera à la suite de nombreux stylistes par ses formes géométriques et l'omniprésence du blanc. Après avoir exercé chez Balenciaga dans les années 1950, il fonde sa maison en 1961. S'il rencontre le succès rapidement, ce n'est que réellement à l'automne 1964 qu'il connait un retentissement mondial avec sa mode futuriste. Trop copié, il marque alors une pause dans son activité puis reprend par la suite pour finalement créer plusieurs lignes de produits. Il est surnommé « Le Corbusier » de la mode.

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Biographie

Ensemble 15, André Courrèges, 1965

À quinze ans, André Courrèges veut faire une école d'art. « Tu seras ingénieur[1] » lui dit son père, majordome, qui l’envoie effectuer des études de génie civil. André Courrèges effectue ses études à Pau et découvre dessin et architecture. Il s'installe à Paris juste après la Seconde Guerre mondiale[2] et suit des cours à l'École de la chambre syndicale de la couture parisienne.

À partir des années 1950, il se forme à la couture : il travaille brièvement chez Jeanne Lafaurie comme dessinateur[3], puis pendant dix ans chez Balenciaga, y apprenant le métier et ses techniques[2]. Il y travaille avec sa future femme, de douze ans sa cadette, Coqueline Barrière, qu'il surnomme sa « créativité complémentaire »[3]. Les cinq premières années, André Courrèges apprend une chose nouvelle chaque jour dit-il, les cinq années suivantes, il s'ennuie[1]. « Je suis à l’abri sous un grand chêne, mais le soleil ne passe pas. J’ai l’impression d’être comme un gland tombé au pied du tronc. Vous devez accepter mon départ »[4]. Ils quittent tous deux la maison du couturier espagnol. André Courrèges est remplacé chez Balenciaga par Emmanuel Ungaro[2]. Coqueline Courrèges précisera plus tard : « André et moi avions besoin de nous éloigner de l'influence de notre mentor, Balenciaga. L'objectif était de garder sa philosophie et son raisonnement mais de l'adapter dans quelque chose qui pouvait être accessible à la nouvelle et jeune génération[5]. » À son départ de Balenciaga, il se donne cinq ans pour réussir, il y arrivera en deux[1].

Il fonde son entreprise en 1961, avenue Kléber, et rencontre très rapidement le succès. Les vêtements sont construits, bâtis et témoignent de sa passion pour l'architecture. Il veut habiller la jeunesse et libérer la femme : pour cela, il supprime toutes les entraves qui composaient précédemment les toilettes féminines, guêpière, soutien-gorge[N 1], talons hauts… à la place il crée des combi-shorts, de courts manteaux, des tailleurs à larges poches, des pantalons et des pantacourts, des bottes plates[N 2] et promeut la minijupe et la fait entrer en haute couture[8]. En quelques années, il s'oriente vers une mode futuriste rejoignant la tendance de l'époque[9],[4]. Alors que la transition entre les années 1950 et 60 voit une mode quotidienne assez classique[N 3], la « bombe Courrèges »[N 4], qui s'inspire et s'adresse à la jeunesse, se met en marche[10],[N 5].

André et Coqueline se marient en 1966 ; ils ont en 1970 une fille, prénommée Clafoutis (qui préfèrera utiliser, devenue adulte, son second prénom Marie)[11]. Ils s'installent rue François Ier[12] en mars 1967 ; il crée la même année son département de prêt-à-porter sous le nom de « Couture Future »[13],[14] et ouvre dans sa ville natale un atelier de création qu'il fera transformer en usine peu après[15]. Les magazines féminins disent alors d'André Courrèges qu'il a « retiré dix ans aux femmes[16] ». Mais milieu des années 1990, André Courrèges, malade[17], prend sa retraite ; sa femme reprend la direction artistique de l'entreprise. En 2002, après le dernier défilé haute couture, André Courrèges, déjà fatigué par la maladie de Parkinson, décide de se consacrer à d'autres projets, comme la peinture, la sculpture.

Le travail d'André Courrèges est celui d'un visionnaire[4] : il installe un univers radical, personnel et polymorphe et adapte ses vêtements à l'évolution des mœurs, en regardant vers l'avenir, tout en restant en phase avec son époque. Architecte[18] du vêtement autant que couturier[19], il sera surnommé par WWD « Le Corbusier »[12] de la haute couture, refusant l'esthétisme pur du stylisme au profit de créations faciles à porter[2]. Durant toute sa carrière, il dira s'adresser avant tout aux femmes modernes, actives, désirant plus acheter « un mode de vie » que des vêtements. Il influencera plusieurs stylistes par la suite, et l'esprit épuré et graphique de Courrèges se retrouvera dans les collections de Thierry Mugler, Jil Sander, Chalayan, Stephen Sprouse (en), ou Nicolas Ghesquière[2],[20],[21],[22]. La « petite robe blanche » de Courrèges deviendra emblématique, telle la petite robe noire de Coco Chanel. En parlant des premières réalisations de Courrèges, Yves Saint Laurent dira que « sa collection est apparue comme une bombe, après, plus rien n'était comme avant[12]. »

Atteint de la maladie de Parkinson depuis la fin des années 1980, il meurt le [23],[24],[25]. Il est inhumé au cimetière urbain de Pau[26].

Notes et références

Notes

  1. La Gazette de Lausanne soulignera en 1967 :
    « Les mannequins sont de belles filles bien plantées. Elles ont cependant le signe particulier du dogme Courrèges. Pas de poitrine, le couturier condamnant le soutien-gorge[6]. »
  2. Au détriment des talons aiguille, les bottes plates deviennent un accessoire présent dans toute garde-robe. Celles-ci changent fondamentalement la silhouette et la démarche féminine[7].
  3. Balenciaga créé la robe « sac » en 1957 ; confortable, en trapèze, cachant les hanches et dissimulant la taille, cette forme, source d'inspiration déclinée dans de nombreuses créations, marque l'époque pendant plusieurs années.
  4. « Bombe Courrèges » fait référence à la phrase d'Yves Saint Laurent en 1965 : « Je m’enlisais dans l’élégance traditionnelle, Courrèges m’en a sorti. Sa collection est apparue comme une bombe ; après, plus rien n’était comme avant[4]. »
  5. Françoise Hardy devient l'incarnation de cette mode plus jeune.

Références

  1. (en) Nadine Liber, « The Lord of the Space Ladies », Life, vol. 58, no 20, , p. 47 à 57
  2. Noël Palomo-Lovinski (trad. de l'anglais par Lise-Éliane Pomier), Les plus grands créateurs de mode : de Coco Chanel à Jean Paul Gaultier, Paris, Eyrolles, , 192 p. (ISBN 978-2-212-55178-5), « André Courrèges », p. 128 à 129
    « André Courrèges a conduit la haute couture vers l'âge de l'espace […] Alternativement admiré ou controversé dans les années 1960, Courrèges continue d'inspirer de nombreux stylistes contemporains. »
  3. Örmen 2012, p. 74.
  4. Caroline Rousseau, « André Courrèges était un visionnaire », sur lemonde.fr,
  5. (en) Lisa Eisner, Roman Alonso, « The White House », Magazine, sur nytimes.com, The New York Times Magazine, (consulté le )
  6. C.S., « Des nouveautés dont on parle », La Gazette de Lausanne, , p. 13
  7. Örmen 2000, p. 413.
  8. Örmen 2012, p. 74 à 75.
  9. Örmen 2012, p. 75.
  10. Örmen 2000, p. 410 à 412.
  11. Marlène Van de Casteele, "Biographie André Courrèges", Magazine n°51
  12. Marine De La Horie, « Courrèges, retour vers le futur », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le )
  13. « André Courrèges, éloge d'une mode moderne », sur Libération,
  14. « André Courrèges, couturier de l'ère moderne est mort », sur Le Figaro,
  15. Örmen 2012, p. 75 à 76.
  16. Florence Müller et Eric Reinhardt (Conception éditoriale), Élégances aériennes : une histoire des uniformes d'Air France, Paris, Air France, , 136 p., chap. 6 (« Les uniformes « futuristes » de Cardin, Courrèges, Esterel et Carven »)
  17. Nicole Vulser, « La renaissance de Courrèges passe par Internet et par la parfumerie », Économie, sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le )
  18. « Signé Courrèges », L'Officiel de la mode, Éditions Jalou, nos 517-518, , p. 42 (ISSN 0030-0403) « Courrèges ce jeune et déjà très grand couturier fait beaucoup parler de lui car son style si singulier attire et intrigue tout à la fois. Sa conception de la femme est particulière ; il la voit tel un architecte et la traite en masse et en volume. »
  19. Michèle leloup, « Il faut rendre à Courrèges… », sur lexpress.fr, L'Express, (consulté le )
  20. (en) Constance C. R. White, « Courreges, Once Again », Style, sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le ) : « This season, looks inspired by Andre Courreges, […] were all over Milan's runways […] This is not the first revival of the Courreges style. The late 1980's also saw a resurgence of interest, as designers plundered the 1960's for inspiration. »
  21. Hélène Guillaume, « Un printemps sous le signe des sixties », Style, sur lefigaro.fr, Madame Figaro, (consulté le ) : « Revival Courrèges, silhouette trapèze et longueur mini, les créateurs puisent dans l’esthétique des années yé-yé. […] chez Balenciaga ou Hussein Chalayan, dont les collections évoquent le mouvement futuriste d’André Courrèges, Pierre Cardin et Paco Rabanne. Comme Mugler et Montana dans les années 1980, cette référence est en fait une projection dans le futur […] fuselée et androgyne chez Nicolas Ghesquière pour Balenciaga ; expérimentale chez Hussein Chalayan »
  22. Héloïse Gray, « Retour vers le futur », Styles, sur lexpress.fr, L'Express, (consulté le )
  23. Laurène Saby, « Mort d'André Courrèges: ce qu'il faut retenir du créateur de mode », Styles, sur lexpress.fr,
  24. « Mort du couturier André Courrèges », sur lefigaro.fr,
  25. « Le couturier André Courrèges est mort à 92 ans », sur RTL.fr (consulté le )
  26. Sud Ouest, article du 11 janvier 2016

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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