Ananie et Saphire

L'épisode d'Ananie et Saphire (ou Ananias et Saphira) est une péricope du Nouveau Testament qui se trouve dans le livre des Actes des Apôtres (5:1-11). Le récit met en scène l'apôtre Pierre face à deux membres de l'Église de Jérusalem, un homme du nom d'Ananie et sa femme, Saphire. Ces deux époux sont coupables d'avoir menti, ayant retenu une partie du fruit de la vente d'une propriété, faisant croire qu'ils remettaient la somme totale à la communauté, probablement pour donner une fausse image d'eux. Ils tombent foudroyés par la colère divine et meurent devant l'apôtre.

Pour l’article homonyme, voir Ananie.

La Mort d'Ananie et Saphire par Aubin Vouet, 1632, Musée des beaux-arts de Rouen.

L'exégèse biblique s'efforce de déterminer d'une part la portée symbolique, voire apologétique, de ce récit et d'autre part sur quels fondements historiques il s'appuie.


Cette scène figure notamment sur un côté de la lipsanothèque de Brescia. Elle a été représentée par différents artistes, dont Masaccio, Raphaël, Niccolò Pomarancio, Ambrosius Francken I, Aubin Vouet et Gustave Doré.

Présentation

La Mort de Saphire par Ambrosius Francken I.

L'épisode s'inscrit dans la première partie des Actes des Apôtres, qui décrit la communauté de Jérusalem autour des Douze[1].

Les Actes insistent sur la mise en commun des biens et le cénobitisme qui caractérisent la vie des premiers chrétiens au sein de l'Église de Jérusalem. Ainsi le chapitre 4 précise-t-il : « Car il n’y avait parmi eux aucun indigent : tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de ce qu’ils avaient vendu, et le déposaient aux pieds des apôtres ; et l’on faisait des distributions à chacun selon qu’il en avait besoin[2]. » Or le passage suivant montre qu'Ananie et sa femme n'adoptent pas cette attitude mais souhaitent faire croire hypocritement cela.

Le récit des Actes (5:1-11)

La Mort d'Ananie, Cartons de Raphaël.

« Mais un homme nommé Ananias, avec Saphira sa femme, vendit une propriété, et retint une partie du prix, sa femme le sachant ; puis il apporta le reste, et le déposa aux pieds des apôtres. Pierre lui dit : "Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, au point que tu mentes au Saint-Esprit, et que tu aies retenu une partie du prix du champ ? S’il n’eût pas été vendu, ne te restait-il pas ? Et, après qu’il a été vendu, le prix n’était-il pas à ta disposition ? Comment as-tu pu mettre en ton cœur un pareil dessein ? Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu." Ananias, entendant ces paroles, tomba, et expira. Une grande crainte saisit tous les auditeurs. Les jeunes gens, s’étant levés, l’enveloppèrent, l’emportèrent, et l’ensevelirent. Environ trois heures plus tard, sa femme entra, sans savoir ce qui était arrivé. Pierre lui adressa la parole : "Dis-moi, est-ce à un tel prix que vous avez vendu le champ ?" "Oui, répondit-elle, c’est à ce prix-là." Alors Pierre lui dit : "Comment vous êtes-vous accordés pour tenter l’Esprit du Seigneur ? Voici, ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte, et ils t’emporteront." Au même instant, elle tomba aux pieds de l’apôtre, et expira. Les jeunes gens, étant entrés, la trouvèrent morte ; ils l’emportèrent, et l’ensevelirent auprès de son mari. Une grande crainte s’empara de toute l’assemblée et de tous ceux qui apprirent ces choses[2]. »

Exégèse

Le Châtiment d'Ananie et Saphire, mosaïque d'après un tableau de Niccolò Pomarancio, autel d'Ananie et Saphire, dit « autel du Mensonge », basilique Saint-Pierre, Rome.

"C’est pourquoi je vous dis: Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera point pardonné. Quiconque parlera contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque parlera contre le Saint Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir." (Matthieu 12, 31-32).

"C’est pourquoi je vous dis: Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera point pardonné. Quiconque parlera contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque parlera contre le Saint Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir." (Marc 3, 28-29)

Mais comment rendre compte de la gravité de ce blasphème contre l’Esprit Saint qui entraîne ainsi un tel Châtiment de Dieu ? Dieu pourtant miséricordieux !

Comment rendre compte de ce blasphème contre l’Esprit Saint ? Sans doute, reconnaître humblement notre impossible compréhension: "C’est le monde à l’envers ! L’argile se prend-elle pour le potier ? L’ouvrage va-t-il dire de son fabricant : « Il ne m’a pas fabriqué », et le pot va-t-il dire du potier : « Il n’y connaît rien » ?" (Isaïe 29, 26) L'argile ne peut que reconnaître qu'on ne connaît rien du Saint-Esprit !

Bibliographie

  • Michel Berder (dir.), Les Actes des apôtres, récit, histoire, théologie, XXe congrès de l'Association catholique française pour l'étude de la Bible (Angers, 2003), éditions du Cerf, coll. « Lectio Divina » no 199, 2005
  • Jacques Cazeaux, Les Actes des apôtres - L'Église entre le martyre d'Étienne et la mission de Paul, 2008, éditions du Cerf, coll. « Lectio Divina » no 224
  • Joseph Fitzmyer, The Acts of the Apostles, Doubleday, 1998
  • Daniel Marguerat, Les Actes des Apôtres (1-12), Labor et Fides, 2007

Notes et références

  1. Daniel Marguerat, « Les Actes des apôtres », in Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie, Labor et Fides, 2008 (ISBN 978-2-8309-1289-0), p. 130.
  2. Traduction de Louis Segond, 1910.

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