Anémone de mer

Actiniaria

Pour les articles homonymes, voir Anémone (homonymie).

Actiniaria
planche des Kunstformen der Natur d’Ernst Haeckel (1904), montrant plusieurs anémones de mer
Classification
Règne Animalia
Embranchement Cnidaria
Classe Anthozoa
Sous-classe Hexacorallia

Ordre

Actiniaria
Hertwig, 1882

Les anémones de mer, orties de mer ou actiniaires (Actiniaria) sont un ordre d'animaux marins vivant fixés à un support. Ce sont des cnidaires anthozoaires (animaux à symétrie radiaire dont font partie les coraux et les méduses). L'anémone est constituée d'un polype solitaire, sans squelette calcaire.

Description et caractéristiques

Différentes anémones de mer
Anatomie de l'anémone. 1=tentacules, 2=pharynx, 3=gonades, 4=paroi, 5=septum complet, 6=cinclide, 7=acontie, 8=disque pédal, 9=disque rétracteur, 10=septum incomplet, 11=stomate, 12=col, 13=bouche, 14=disque oral.
Une crevette symbiotique Periclimenes yucatanicus dans une anémone.
Une Calliactis polypus éjectant ses aconties.

Ce sont des polypes solitaires sans stade méduse, dépourvus d'exosquelette et dont la taille atteint de 1,25 cm à presque m de diamètre. Les tentacules, habituellement nombreux, ont des nématocystes au poison urticant  mais seules certaines espèces sont douloureuses pour l'Homme.

Leur anatomie montre un pied qui s'ancre dans le sable ou s'attache sur des substrats durs par adhésion comme une ventouse, surmonté d'un corps d'où rayonnent des tentacules lisses, pointus ou arrondis, disposés en cercles concentriques autour de la bouche, qui se trouve en position centrale[1]. Aucune n'a de squelette calcaire, contrairement aux coraux[2], et leur symétrie fondamentale est hexaradiaire (symétrie centrale d'ordre 6)[1].

Malgré des ressemblances certaines, les anémones ne doivent pas être confondues avec les autres groupes de cnidaires sessiles mous : coraux mous, zoanthides, corallimorphes...

Biologie et comportement

Les anémones sont pour la plupart sédentaires, mais peuvent aussi se déplacer par glissement sur le fond et certaines peuvent même se déraciner brusquement et nager en cas d'attaque. En cas d'agression, certaines anémones de mer sont capables de projeter des filaments blancs urticants, appelés aconties. Ces filaments ont des effets semblables à ceux des méduses pour l'homme.

Les anémones de mer hébergent dans leurs tentacules des algues unicellulaires, des zooxanthelles endosymbiotiques, qui métabolisent l'énergie lumineuse en énergie exploitable par l'organisme (comme le corail) : une grande partie de leur énergie est d'origine solaire. De façon opportuniste, elles complètent leur menu à l'aide de plancton, de crevettes ou de petits poissons attrapés grâce à leurs tentacules, lesquels apportent ensuite la proie à l'orifice buccal pour la digestion, dans une cavité stomacale centrale. Les excréments sortent du corps par le même orifice[2].

On connaît relativement peu de prédateurs des anémones de mer, les plus voraces étant sans doute les tortues de mer. Cependant, certains mollusques comme le nudibranche Aeolidia papillosa sont aussi spécialisés dans la consommation d'anémones.

Les anémones de mer se reproduisent sexuellement ou par multiplication asexuée.

Symbioses et mutualismes

Comme de nombreux autres cnidaires, les anémones de mer ont développé une symbiose avec les zooxanthelles de leurs tentacules, les zooxanthelles assurant la majorité des apports énergétiques nécessaires à la croissance et à la survie de leur hôte, notamment en sucres.

Une étude d'avril 2021 montre que les anémones de mer opèrent un tri entre les zooxanthelles et les autres microalgues : les secondes ne sont pas détruites, mais rejetées dans la nature par le système immunitaire des cellules infectées, alors que la réponse immunitaire est inhibée spécifiquement en présence des zooxanthelles.[3],[4]

Quelques anémones de mer vivent également en mutualisme avec d'autres organismes, protégés contre leurs cellules urticantes par une carapace épaisse ou un mucus protecteur (notamment les poissons-clowns[5]). On y trouve ainsi des bernard-l'hermite (comme le « pagure à anémones » Dardanus deformis), les poissons-clowns, ou certaines petites crevettes, telle la Thor amboinensis[6]. Des symbioses plus complexes peuvent aussi avoir lieu, comme avec le crabe boxeur Lybia tessellata, qui porte en permanence une anémone (Boloceractis prehensa) dans chacune de ses pinces et les agite devant lui pour se défendre[7].

Menaces

Les anémones de mer, comme les coraux, blanchissent sous l'effet du réchauffement climatique et elle dépérissent aussi à cause de la pollution et de la surpêche[8].

Classification

La classification des anémones a été entièrement revue en 2014 par Rodríguez & Daly[9] : seuls deux sous-ordres sont désormais reconnus, l'essentiel des familles modernes étant comprises dans celui des Enthemonae, divisée en trois super-familles, dont une monotypique. Cette classification se substitue à celle héritée de Carlgren (début du XXe siècle), qui divisait les anémones en quatre sous-ordres (Endocoelantheae, Nyantheae - de loin le plus vaste -, Protantheae et Ptychodacteae)[10].

Selon World Register of Marine Species (5 janvier 2017)[10] :

  • sous-ordre Anenthemonae Rodríguez & Daly in Rodríguez et al., 2014
    • super-famille Actinernoidea Stephenson, 1922
      • famille Actinernidae Stephenson, 1922
      • famille Halcuriidae Carlgren, 1918
    • super-famille Edwardsioidea Andres, 1881
  • sous-ordre Enthemonae Rodríguez & Daly in Rodríguez et al., 2014
    • super-famille Actinioidea Rafinesque, 1815
      • famille Actiniidae Rafinesque, 1815
      • famille Actinodendridae Haddon, 1898
      • famille Aurelianiidae Andres, 1883
      • famille Capneidae Gosse, 1860
      • famille Condylanthidae Stephenson, 1922
      • famille Haloclavidae Verrill, 1899
      • famille Homostichanthidae
      • famille Iosactinidae Riemann-Zürneck, 1997
      • famille Limnactiniidae Carlgren, 1921
      • famille Liponematidae Hertwig, 1882
      • famille Minyadidae Milne Edwards, 1857
      • famille Oractiidae Riemann-Zürneck, 2000
      • famille Phymanthidae Andres, 1883
      • famille Preactiniidae England in England & Robson, 1984
      • famille Ptychodactinidae Appellöf, 1893
      • famille Stichodactylidae Andres, 1883
      • famille Stoichactidae Carlgren, 1900
      • famille Thalassianthidae Milne Edwards, 1857
    • super-famille Actinostoloidea Carlgren, 1932
    • super-famille Metridioidea Carlgren, 1893
      • famille Acontiophoridae Carlgren, 1938
      • famille Actinoscyphiidae Stephenson, 1920
      • famille Aiptasiidae Carlgren, 1924
      • famille Aiptasiomorphidae Carlgren, 1949
      • famille Aliciidae Duerden, 1895
      • famille Andresiidae Stephenson, 1922
      • famille Andvakiidae Danielssen, 1890
      • famille Antipodactinidae Rodríguez, López-González & Daly, 2009
      • famille Bathyphelliidae Carlgren, 1932
      • famille Diadumenidae Stephenson, 1920
      • famille Exocoelactinidae Carlgren, 1925
      • famille Gonactiniidae Carlgren, 1893
      • famille Halcampidae Andres, 1883
      • famille Haliactinidae Carlgren, 1949
      • famille Hormathiidae Carlgren, 1932
      • famille Isanthidae Carlgren, 1938
      • famille Kadosactinidae Riemann-Zürneck, 1991
      • famille Metridiidae Carlgren, 1893
      • famille Nemanthidae Carlgren, 1940
      • famille Nevadneidae Carlgren, 1925
      • famille Octineonidae Fowler, 1894
      • famille Sagartiidae Gosse, 1858
      • famille Sagartiomorphidae Carlgren, 1934
  • Actiniaria incertae sedis
    • famille Antheidae Gosse, 1860
    • famille Antheomorphidae Hertwig, 1882
    • famille Iosactiidae Riemann-Zürneck, 1997
    • famille Sarcophinanthidae Andres, 1883
  • + de nombreux genres encore non assignés.

Annexes

Bibliographie

Liens externes

Notes et références

  1. « Anémones », sur DORIS.
  2. Joël Ignasse, « Anémone de mer : moitié animal, moitié plante ».
  3. (en) Marie R. Jacobovitz, Sebastian Rupp, Philipp A. Voss et Ira Maegele, « Dinoflagellate symbionts escape vomocytosis by host cell immune suppression », Nature Microbiology, vol. 6, no 6, , p. 769–782 (ISSN 2058-5276, DOI 10.1038/s41564-021-00897-w, lire en ligne, consulté le )
  4. « L’anémone de mer met à la porte les microalgues indésirables », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  5. « Poisson-clown et anémone de mer », sur aquarium-portedoree.fr.
  6. Thor amboinensis, sur Aquaportail.com
  7. Philippe Bourjon, « Lybia tesselata », sur SousLesMers.
  8. Florian Bardou, « Les poissons-clowns menacés par la destruction de leur habitat », sur liberation.fr, Libération,
  9. (en) E. Rodriguez et al., « Hidden among Sea Anemones: The First Comprehensive Phylogenetic Reconstruction of the Order Actiniaria (Cnidaria, Anthozoa, Hexacorallia) Reveals a Novel Group of Hexacorals », PLOS One, (DOI https://dx.doi.org/10.1371/journal.pone.0096998, lire en ligne).
  10. World Register of Marine Species, consulté le 5 janvier 2017
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