Amish

Les Amish (en allemand de Pennsylvanie : Amisch) sont une communauté religieuse chrétienne, issue principalement d'anabaptistes suisses et alsaciens, fondée en 1693 à Sainte-Marie-aux-Mines par Jakob Amman : le terme Amish proviendrait du surnom familier de Jakob Amman. Ils sont connus pour mener une vie simple, pacifique et austère, se tenant à l'écart du progrès et des influences du monde extérieur.

Pour l’article ayant un titre homophone, voir Hamiche.

Ne doit pas être confondu avec Quaker, Mennonisme ou Huttérisme.

Amish

Buggy, transport traditionnel amish dans le comté de Lancaster, en Pennsylvanie.

Repères historiques
Fondation 1693
Fondateur(s) Jakob Amman
Fiche d'identité
Courant religieux Anabaptisme
Membres 361 635[1] (2021)
Localisation États-Unis (31 États)
Canada (4 provinces)
Attelage traditionnel à côté d'une moto moderne à New Wilmington, en Pennsylvanie.
Abri pour les carrioles à chevaux des Amish dans le parking d’une banque à Arcola, en Illinois.
Une famille amish à Niagara Falls (Ontario, Canada).

En majorité expulsée d'Alsace en 1712 à la suite d'un édit de Louis XIV[2], la communauté Amish est aujourd'hui surtout présente en Amérique du Nord où le nombre de ses membres est en très forte augmentation[3]. En France, il ne subsistait qu'environ 3 000 Amish au début du XXe siècle. Ces derniers actèrent la disparition de la branche française en 1907 en votant leur réintégration au sein de la communauté mennonite. La première règle Amish est : « Tu ne te conformeras point à ce monde qui t’entoure ».

Histoire

Origine suisse et refuge alsacien

Les Amish trouvent leurs racines dans les communautés anabaptistes pacifiques installées en Suisse, particulièrement dans le territoire relativement vaste à l'époque du canton de Berne. Mais l'anabaptisme pose un problème aux autorités de l'époque qui pensent que les enfants morts non baptisés ne peuvent être sauvés. Le , l’Édit de Spire l'interdit. Les anabaptistes se maintiennent cependant dans les régions rurales où ils entretiennent des relations de bon voisinage. Ils sont même renforcés par les abus du patriciat bernois qui provoquent un exode de certains paysans mécontents de l’Église réformée officielle vers ces groupes dissidents qui pratiquent les valeurs évangéliques et une vie simple.

La violence de la répression menée par les autorités bernoises, qui écrasent deux révoltes paysannes au cours du XVIIe siècle, conduit divers groupes à émigrer notamment vers Montbéliard et l'Alsace, et d'abord vers les territoires qui accueillent volontiers les migrants à des fins de repeuplement après la tragédie de la guerre de Trente Ans. Certains ne sont pas sélectifs sur les affiliations religieuses, et les mennonites s'y regroupent en petites communautés ; c'est le cas notamment du Palatinat et des territoires appartenant au seigneur de Ribeaupierre, où se trouve une partie de Sainte-Marie-aux-Mines[4]. La présence des anabaptistes en Alsace est attestée notamment par le « synode » d'Ohnenheim du  ; dans ce petit village alsacien, les représentants de toutes les communautés anabaptistes d'Alsace, dont de nombreux Suisses récemment immigrés, ratifient sous la présidence de Jean-Paul Oser, la Convention d'Ohnenheim, basée sur la Confession de Dordrecht de 1632, publiée par des mennonites allemands à Dordrecht, aux Pays-Bas.

Le mouvement se formalise avec le pasteur anabaptiste de Sainte-Marie-aux-Mines Jakob Amman en 1693 avec des communautés de régions reculées de l'Oberland bernois et de la vallée de l'Emmental [5]. Il a plusieurs inquiétudes sur le relâchement doctrinal et le manque de rigueur dans la discipline qu'il croit notamment observer dans les communautés suisses. Il faut dire que celles-ci vivent toujours sous la persécution, ne devant leur survie dans ces régions isolées qu'à la bienveillance et au respect de leurs voisins, alors que les Alsaciens bénéficient d'une tolérance totale. Les six points d'opposition sont la fréquence de la cène (que Jakob Amman voudrait faire passer d'une fois par an à deux fois par an), généralisation de la pratique du lavement des pieds, le salut des âmes des non-anabaptistes (que les Suisses reconnaissaient aux « sincères » parmi leurs voisins non anabaptistes) et trois points sur la discipline : les péchés qui devaient donner lieu à admonestation voire à excommunication, la procédure disciplinaire et la rigueur de l’excommunication, les Amish insistant pour que l'excommunié ne soit pas seulement exclu de la table de communion mais privé de tout contact ou relation sociale avec tout membre de la communauté[6]. Faute d'accord, le schisme divise la communauté anabaptiste. Sur 69 pasteurs, 27 furent en faveur de Jakob Amman dont 20 en provenance d'Alsace et cinq du Palatinat. La grande majorité des anabaptistes alsaciens deviennent donc amish. Vers 1700, Jakob Amman et plusieurs de ses partisans regrettant la division proposent de s'excommunier eux-mêmes temporairement jusqu'à ce que l'unité soit retrouvée mais ils ont été très vigoureux dans le débat et leur proposition est reçue avec méfiance[6]. La notion d'exclusion totale mise en avant par les Amish est ce qui va donner à leur communauté la capacité de résister à toute intégration et à toute influence, particulièrement lorsqu'elle est regroupée dans une région isolée.

Édit d'expulsion de Louis XIV et dispersion

En 1712, Louis XIV prend un édit d'expulsion des anabaptistes d'Alsace[2]. La trace de Jakob Amman se perd, il est généralement retenu qu'il serait décédé avant 1730 à Zellwiller dans le Bas-Rhin. Nombreux sont les mennonites et les Amish qui passent dans des territoires non soumis au roi de France comme la principauté de Montbéliard ou le duché de Lorraine. Dans certains cas, le manque à gagner des seigneurs privés des revenus des fermes mennonites les pousse à intervenir pour modérer la sévérité des ordres du roi afin de conserver leurs excellents fermiers mennonites[4]. Nombreux sont ceux aussi qui émigrent vers les Pays-Bas où se trouve une importante et prospère communauté mennonite puis, de là, pour l'Amérique du Nord.

À partir de 1681 William Penn  membre de la Société religieuse des Amis et fondateur de la Pennsylvanie  accueille tous les réprouvés, à la seule condition qu'ils tolèrent les autres[2]. Dès lors, les Mennonites puis les Amish s'installent en Pennsylvanie aux États-Unis. Entre 1816 et 1860, 3 000 Amish partent vers le Midwest (en Ohio, en Indiana ou plus à l'ouest)[2].

Formation des Amish du Vieil Ordre

La plupart des communautés amish établies en Amérique du Nord n'ont finalement pas conservé leur identité Amish. La division majeure qui a entraîné la perte de l'identité de nombreuses congrégations amish s'est produite au troisième quart du XIXe siècle. La formation de factions s'est passée à différents moments à différents endroits. Le processus était un "tri" plutôt qu'une scission. Les Amish sont libres de rejoindre une autre congrégation amish à un autre endroit qui leur convient le mieux.

Dans les années qui ont suivi 1850, les tensions ont augmenté au sein des congrégations amish individuelles et entre différentes congrégations Amish. Entre 1862 et 1878, des Dienerversammlungen (conférences des serviteurs) ont eu lieu chaque année à différents endroits, concernant la façon dont les Amish doivent faire face aux tensions causées par les pressions de la société moderne. Les réunions elles-mêmes étaient une idée progressiste ; pour les évêques de se réunir pour discuter de l'uniformité était une notion sans précédent dans l'église amish. Au cours des premières réunions, les évêques plus traditionalistes ont décidé de boycotter les conférences.

Les membres les plus progressistes, comprenant environ les deux tiers du groupe, plus tard, ont été appelés Amish Mennonites, et finalement unis avec l'Église mennonite, et d'autres dénominations mennonites, principalement au début du XXe siècle. Les groupes les plus traditionnels ont été appelés Amish du Vieil Ordre (anglais: Old Order Amish) Les congrégations qui n'ont pris aucun parti dans la division après 1862 ont formé la Conférence conservatrice amish mennonite en 1910 mais ont abandonné le mot "Amish" de leur nom en 1957.

Parce qu'il n'y avait pas de division en Europe, les congrégations amish qui restaient là-bas prirent le même chemin que les Amish Mennonites en Amérique du Nord et fusionnèrent lentement avec les Mennonites. La dernière congrégation amish d'Allemagne à fusionner fut la congrégation d'Ixheim Amish, qui fusionna avec l'église mennonite voisine en 1937. Certaines congrégations mennonites, dont la plupart en Alsace, descendent directement d'anciennes congrégations amish.

XXe siècle

En 1955, les Amish rejettent le système de protection sociale que l'État fédéral souhaite étendre aux agriculteurs, la communauté estimant pouvoir subvenir seule à ses besoins. En 1965, les plus de 65 ans sont exemptés par le Congrès de souscrire au régime d'assurance santé. À la fin des années 1960, ils font néanmoins une concession en acceptant la décision des autorités sanitaires de réfrigérer les cuves à lait avec des moteurs diesel (et non avec l'électricité publique, qu'ils refusent). Pendant la guerre du Viêt Nam, en 1966, le National Amish Steering Commitee défend les Amish qui refusent d'aller combattre avec la conscription, au nom de leur idéologie de non-violence. En 1972, un arrêt de la Cour suprême autorise la fin des études en classe de quatrième pour les Amish[2].

Regroupées fortement sous l'autorité de leur conseil presbytéral, dit « conseil des Anciens », sous une très forte discipline appuyée sur l'arme suprême de l'excommunication et de l'exclusion sociale (en allemand Meidung, en anglais shunning), ces communautés rejettent tout ce qui peut pousser la communauté à se couper de l’Évangile ou à se diviser, en particulier l'orgueil (en allemand Hochmut). Les « conseils des anciens » de chaque communauté ont statué graduellement sur toutes les innovations techniques et sociales, interdisant le plus souvent d'y avoir recours, ce qui a conduit les Amish à refuser d'entrer dans le progrès technique et dans la société de consommation, et à conserver un mode de vie devenu aujourd'hui marginal, avec parfois quelques différences entre communautés. Si les communautés amish ont disparu en France (voir plus bas le paragraphe « En France »), il n'en va pas de même aux États-Unis (voir plus bas le point « Démographie »).

Organisation politique

Femmes amish dans le comté de Lancaster, en Pennsylvanie.

Chaque communauté amish est indépendante et a sa propre tradition. Les communautés communiquent entre elles, mais il n'existe aucune organisation régionale ou nationale. Les communautés sont dirigées par un évêque, un prêcheur, et deux niveaux de diacres. Les femmes, qui restent silencieuses pendant les cultes (sauf pour chanter), participent comme les hommes à l'élection des dirigeants de la communauté : chaque membre baptisé donne le nom d'un homme qu'il pense être désigné par Dieu. Les futurs dirigeants sont élus comme suit : lors d'un culte spécial, les hommes qui ont été proposés par l'ensemble de la communauté se présentent devant celle-ci et choisissent chacun une Bible préparée à cet effet. Un morceau de papier avec un verset biblique est glissé préalablement dans une d'entre elles et l'homme qui l'a choisi est ainsi « élu ». Par cette méthode, les Amish considèrent que c'est le Saint-Esprit lui-même qui a dirigé la main de l'élu.

La vie des Amish est basée sur la lecture et l'application pratique des enseignements du Nouveau Testament. Par exemple, les femmes portent des robes parce que la Bible condamne l'utilisation de vêtements d'hommes par les femmes et vice versa. Les femmes couvrent leur tête en application d'une exhortation de l'apôtre Paul dans le Nouveau Testament, etc.

Entre les différentes communautés, les pratiques diffèrent, mais en général les Amish s'habillent de couleurs foncées. Les hommes laissent pousser leur barbe dès le mariage. Les femmes portent une coiffe proche de la quichenotte du pays vendéen. L'idéal de tous consiste à être modeste.

Les Amish n'ont pas de sécurité sociale ni de cotisation de retraite : l'entraide et la solidarité y suppléent. Les familles ont souvent de huit à dix enfants. Il arrive que le père transmette la ferme à l'aîné dès le mariage. Le père se transforme alors facilement en sculpteur et fabrique de petits objets artisanaux en bois, ou il devient tisserand. En règle générale, les Amish ne votent pas et ne paient pas d'assurance sociale. Ils ne participent pas non plus au service militaire.

Les Amish du « Vieil Ordre », une Église mennonite, ont certaines particularités qui peuvent frapper le visiteur ou l'étranger :

  • ils ont, encore aujourd'hui, seulement des voitures à cheval, les buggys ;
  • les labours se font à l'attelage, sans tracteur (certaines communautés possèdent des tracteurs sans pneus, avec des roues en fer).

Ils ouvrent néanmoins des magasins en ville où l'on peut se procurer de l'artisanat amish, principalement des couvertures « quiltées » (patchwork), et d'autres objets d'artisanat. Ils peuvent aussi s'occuper de magasins maraîchers. Ces magasins, par exception, sont parfois branchés sur des groupes électrogènes si leur propriétaire n’est pas amish.

Culture

Éducation

Enfants amish allant à l'école.

Dans la première moitié du XXe siècle, les enfants amish fréquentaient des écoles publiques rurales. Sous contrôle local, ces écoles ne menaçaient pas les valeurs amish. Cependant, au début des années 1950, le renforcement du système des écoles publiques commence à générer des tensions entre les Amish et les représentants de l'État chargés de l'éducation. Finalement, en 1972, la Cour suprême des États-Unis accorde aux Amish la permission d'organiser leur propre enseignement jusqu'au 8e grade (quatorze ans).

L'école est assez proche pour que les enfants puissent y aller à pied. Tous les enfants sont regroupés en une classe unique encadrée par un enseignant amish, non certifié par l'État. L’école est administrée par une commission scolaire de parents amish élus. La formation vise surtout l’anglais (qui est la langue d'enseignement principale), l'allemand, les mathématiques, la géographie et l’histoire. La religion n'est pas enseignée de façon formelle à l'école, même si chaque journée commence par un temps de prière. À l'âge de quatorze ans, les jeunes quittent l'école. Ils continuent à vivre dans la maison familiale où ils aident aux travaux domestiques ou commencent à travailler à l'extérieur.

L'enseignant est en général une femme célibataire. Elle est choisie parmi les meilleurs élèves en fonction de ses capacités à enseigner et de son engagement envers les valeurs amish. Les enseignantes renoncent à leur mission quand elles se marient.

À partir de 16 ans, dans les communautés conservatrices vient le rumspringa[7] (terme issu de l'allemand de Pennsylvanie qui signifie littéralement « courir dans tous les sens »), sorte de rite de passage durant lequel les adolescents sont temporairement libérés des règles de la communauté[8] afin de multiplier diverses expériences et de décider s'ils vivront leur vie d'adulte au sein ou hors de la communauté. Ils sont autorisés à sortir le weekend avec leurs amis, la plupart du temps réunis sous la forme de groupes de jeunes. Certains groupes sont chaperonnés par des adultes. Ils se réunissent pour des tournois sportifs, des goûters, aller nager ensemble... D'autres groupes sont auto-gérés par les jeunes eux-mêmes. Parmi eux, certains s'essayent à boire de l'alcool, fumer, porter des vêtements modernes, écouter du rock et de la pop music… Ils peuvent quitter la communauté durant cette période. Cette pratique est controversée au sein même des Églises amish. Beaucoup l'ont abandonnée et tentent de promouvoir un comportement décent et conforme à la morale biblique à tous les âges de la vie.

À la fin de cette période, environ 90 % des jeunes Amish demandent le baptême et vivent selon les traditions de la communauté. Une infime minorité d'adolescents décident de s'installer en dehors de la communauté. Certains d'entre eux finissent néanmoins par reprendre leur vie en communauté quelques années plus tard.

Ces dernières années, la pratique du rumspringa a donné lieu à plusieurs programmes de téléréalité aux États-Unis, comme Amish in the city (en).

Au sein de la famille amish les parents et les grands-parents, voire les arrière-grands-parents considèrent que leurs paroles contribuent nettement moins que leurs actes à l'éducation des enfants. Pour les Amish, la parole est dangereuse car elle peut être porteuse de violences, d'attaques, d'injures, d'impureté ou de méchanceté. Les Amish ont comme principe éducatif que les enfants ne suivent pas les conseils mais l'exemple des adultes.

Langue

La plupart des familles amish parlent à la maison un dialecte allemand connu sous le nom d'allemand de Pennsylvanie Pennsylvania Dutch » ou « Pennsylvania German »). Le terme de Dutch vient du mot allemand « Deutsch », qui, dans un sens archaïque, renvoie à toutes les personnes parlant l'un des nombreux dialectes germano-néerlandais  et non aux habitants des Pays-Bas (en anglais Dutch signifie « Néerlandais »). Ce dialecte est assez proche du suisse allemand, de l'alsacien et d'une des langues de la Lorraine, le lothringer platt. Les Amish appellent les non-Amish des English, en référence au fait qu'ils ne parlent pas le Pennsylvania Dutch.

En Suisse, les mennonites réfugiés dans la région francophone du canton de Berne (Jura bernois) parlent encore le dialecte suisse alémanique à la maison, et suivent les écoles du canton en français, y compris ceux qui, au cours des siècles, se sont convertis au protestantisme « officiel ».

Cuisine

La cuisine amish est simple et copieuse, proche de celles des pays du nord de l'Europe, dont les membres de cette communauté sont souvent originaires. On peut notamment citer les soupes aux huiles végétales (à base de poulet), les Boova Shenkel (beignets de pommes de terre), les Shoo-fly pies (type de crumble à la cannelle et noix de muscade) ou le Pain des Écritures.

Les Amish commercialisent une partie de leur production agricole dans les circuits de distributions classiques. Ces produits connaissent un fort succès auprès des consommateurs américains car ils apparaissent comme des produits sains, cultivés sans OGM ni produit phytosanitaire, selon les méthodes traditionnelles des Amish.

Santé

La vie quotidienne des Amish exige d'importants efforts physiques. Les hommes font en moyenne 18 500 pas par jour et les femmes un peu plus de 14 000, beaucoup plus que les 10 000 pas par jour recommandés pour être en bonne santé (les Amish, notamment les enfants, marchent aussi très souvent pieds nus). Leur activité physique serait six fois plus importante que celle d'un adulte moyen en Amérique du Nord.

Leur alimentation est très riche en matières grasses et en sucres puisqu’ils consomment beaucoup de viande, de pommes de terre, de pain, de gâteaux et d’œufs. Malgré cela, ils sont moins victimes d'obésité que la majorité des Américains et des Canadiens. D’après des chercheurs de l’université du Tennessee, aucun des fermiers amish n'est obèse et seulement 9 % des femmes de la communauté le sont.

Les Amish privilégient les médecines traditionnelles, comme la naturopathie ou la réflexologie. Si nécessaire, ils font appel à la médecine moderne, fréquentent les hôpitaux américains et acceptent les transplantations d'organes. Ils acceptent souvent, même si c'est avec réticence, les vaccinations  en fait cette acceptation peut varier de communauté à communauté.

Plusieurs courants

Fermier amish fertilisant son champ.
  • Les Amish du « Vieil Ordre » parlent un dialecte haut allemand : le Pennsylvania Dutch. Par tradition strictement agriculteurs, beaucoup aujourd’hui, surtout dans les grandes communautés où il est plus difficile de trouver de la terre, travaillent dans des usines ou sont entrepreneurs.
  • En 1864, en Indiana, un schisme se produit sous la direction de l'Ancien Henry Egli : on se met à parler anglais et à envoyer ses enfants à l'École du dimanche, au lieu de donner l'instruction religieuse à la maison, en famille. On proscrit les bijoux, le tabac et l'alcool. L'anglais provoque des rapprochements avec d'autres mennonites.
  • La « Conférence des Amishs mennonites conservateurs » (schisme « libéral ») se rapproche du monde. Ce groupe a laissé tomber le mot « Amish » pendant le XXe siècle, et se considère aujourd’hui comme mennonite.
  • En 1923, les Beachy Amish (schisme venu sous la direction de Moïse M. Beachy) reçoivent aussi bien des Conservative Amish que des gens attirés par un rapprochement avec le monde moderne, avec l'usage de l'électricité, des automobiles, des édifices du culte.

Les Amish sont venus faire une mission, entre 1980 et 1985, en Allemagne, ainsi qu'en Belgique et en Alsace : ce fut un échec. Ils préconisaient aux sympathisants non encore baptisés de ne pas avoir de télévision chez eux, et les Alsaciennes supportaient mal le port de la coiffe blanche. Vingt-cinq personnes seulement étaient intéressées par le genre de vie de l'Old Order, alors que les Beachy Amish proposaient une certaine modernité. Trois personnes furent finalement baptisées.

À l'exception de cette mission, organisée pour le tricentenaire des Amish et des missions Beachy Amish en Amérique latine, les Amish ne font aucun prosélytisme.

Démographie en Amérique du Nord

Situation actuelle

La plupart des Amish appartiennent à l'« Ancien Ordre » (Old Order), très rigoureux. En 2018, leur population est estimée à 330 270 membres répartis dans 31 États des États-Unis ainsi que dans 4 provinces canadiennes (Ontario, Manitoba, Nouveau-Brunswick et Île-du-Prince-Édouard)[9]. Les trois États où les Amish sont les plus nombreux sont la Pennsylvanie (76 620), l'Ohio (75 830) et l'Indiana (54 825).

En Ontario, au Canada, la population est estimée à environ 5 400 membres. Durant la période 1992-2008, les Amishs se sont établis dans sept nouveaux États : Arkansas, Colorado, Maine, Mississippi, Nebraska, Washington et Virginie-Occidentale[10]. Les raisons de cette expansion dans de nouveaux territoires sont le prix des terrains agricoles en forte hausse dans certaines régions, notamment le comté de Lancaster en Pennsylvanie centrale, ainsi que la volonté de préserver une vie à l'écart de la civilisation moderne[11].

À la suite d'une scission, un « Nouvel Ordre » (New Order Amish) a été créé, ainsi qu’un groupe de Beachy Amish, plus moderne, utilisant des automobiles et l’électricité, qui comptait 7 228 membres en 1991[12].

En moyenne la population Amish double tous les vingt ans[11]. De 1900 à 2008, la population Amish est ainsi passée de 5 000 à 227 000 (+ 4 440 %)[10]. En Ontario au Canada, la population s'accroît elle aussi très rapidement. Elle comptait 4 700 personnes en 2013, ce qui correspond à une augmentation de 100 % depuis 1992 (2 300 personnes).

Évolution de la population amish en Amérique du Nord de 1992 à 2021[1] :

Population amish (Ancien Ordre seulement)
Année États-Unis Canada Total Croissance
annuelle
1992 125 850 2 295 128 145
2009 232 930 4 590 237 520 + 3,70 %
2020 344 670 5 995 350 665 + 3,61 %
2021 355 820 5 815 361 635 + 3,13 %

Cette croissance est due à une forte natalité (cinq enfants par famille en moyenne, mais il n'est pas inhabituel qu'une famille en compte plus de dix), et à un taux de rétention d'environ 85 % des jeunes élevés au sein de la communauté. Bien que les Amish ne pratiquent pas le prosélytisme, quelques dizaines de convertis ont rejoint les communautés Amish.

En 2014, une nouvelle communauté Amish se crée toutes les trois semaines et demie.

Prévisions démographiques

Les Amish sont l'un des groupes religieux augmentant le plus rapidement aux États-Unis[3]. Avec une croissance démographique annuelle de 3 %, la population amish double tous les 23 ans[1].

En France

Au milieu du XVIIe siècle après la guerre de Trente Ans, le seigneur de Ribeaupierre, un noble de confession protestante, tente de trouver des agriculteurs pour ses terres ravagées par la guerre. Une soixantaine de familles d'anabaptistes mennonites, qui viennent d'être expulsées du canton de Berne, y trouvent refuge. Ils s'installent autour de la communauté de Sainte-Marie-aux-Mines, en Alsace, dans les montagnes vosgiennes. Ils bénéficient d'une exemption militaire en échange de la promesse de ne pas faire de prosélytisme.

La grande majorité de ces anabaptistes arrivés en France ont choisi de suivre Jakob Amman en 1693, lorsque celui-ci, arrivé de fraîche date, exige que la communauté redevienne plus rigoureuse et plus fidèle aux principes fondateurs, ce qui conduit finalement à un schisme : on parle dès lors d'« Amish », en référence au nom de Jakob Amman. En 1712, Louis XIV tente de déplacer ces immigrants amish de langue suisse allemande. La majorité d'entre eux se réfugient dans la principauté de Montbéliard, qui était alors une enclave protestante indépendante, tandis que d'autres choisissent de rester autour de Sainte-Marie-aux-Mines, malgré l'ordre d'expulsion. Lors de l'avènement de Louis XV, certains réfugiés en profitent pour revenir en Alsace. Montbéliard passe sous administration française à la Révolution française, et en 1792, les Amish bénéficient à nouveau d'une exemption de service militaire. Ils perdent ce privilège au début du XIXe siècle, sous l'autorité de Napoléon Bonaparte. Les Amish de France se rendent compte de leurs difficultés à concilier leur mode de vie avec celui de leurs compatriotes, et quittent massivement le pays pour s'installer aux États-Unis d'Amérique et au Canada.[réf. nécessaire] Ceux qui choisissent de rester en France doivent accepter la conscription.

En 1850, il y avait en France 5 000 Amish ; en 1900, il n'en restait que 3 000. Qui plus est, au cours du XIXe siècle, 14 communautés avaient disparu, et les familles s'étaient éloignées les unes des autres ; certaines communautés ne pratiquaient le culte qu'une fois par mois. En 1907, les Amish de France, de moins en moins nombreux, abandonnent le mot « amish » et le remplacent par « mennonite », pour marquer leur réunification avec les mennonites. Certaines traditions amish, comme le lavement des pieds, ou autres usages comme le refus d'utiliser des boutons sur les vêtements, perdurèrent encore quelques années, malgré la réunification.

Visibilité internationale

La communauté amish a commencé à être objet d'attention du grand public après le premier choc pétrolier[13]. Sa notoriété dans le monde s'est considérablement accrue avec la sortie en 1985 de Witness, film policier du réalisateur Peter Weir. Harrison Ford y joue un policier extérieur à la communauté et Kelly McGillis une jeune mère veuve amish.

Notes et références

  1. (en)Amish Population Profile 2021 Young Center for Anabaptist and Pietist Studies, Elizabethtown College.
  2. Alice Brouard, « Le monde suspendu des Amish », Le Figaro Magazine, semaine du 15 septembre 2017, p. 60–70 (lire en ligne).
  3. (en) « Amish Fastest-Growing U.S. Religious Group », sur ChristianHeadlines.com (consulté le ).
  4. Charles Mathiot et Roger Boigeol, Recherches historiques sur les anabaptistes de l'ancienne principauté de Montbéliard, d'Alsace et de Belfort, Collection essais sur l'histoire du protestantisme français, éditions Le Phare, Flavion (Belgique), 1969, pages 30 et suivantes.
  5. Robert Baecher, raisons et déroulement du schisme amish, une nouvelle perspective, in Lydie Hege et Christoph Wiebe Wiebe, Les Amish, origines et particularismes 1693-1993, actes du colloque international de Sainte-Marie aux Mines, 19-21 août 1993, Ingersheim, AFHAM, , 368 p. (ISBN 2-9509333-0-0), p. 40-53.
  6. John D. Roth, Letters of the Amish Division: A Sourcebook, Mennonite Historical Society, Goshen, Indiana, 1993.
  7. Louis Eustache, « Paroles d'Amish - Chroniques de Rumspringa », sur Brain Magazine,
  8. Tom Shachtman, Rumspringa, To Be or Not to Be Amish, North Point Press, 2006. Extrait et interview de l'auteur sur le site de NPR (https://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=5455572, page consultée le 26/11/13).
  9. (en)Amish Population by State Young Center for Anabaptist and Pietist Studies, Elizabethtown College.
  10. Study: Amish Population Nearly Doubles in 16 Years.
  11. Propos cités par Donald Kraybill dans une interview donnée le 28/7/2013 à la chaîne de télévision PCN, à la suite de la publication de son ouvrage sur les Amishs (« https://pcntv.com/2013/07/26/july-28-the-amish/ »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)).
  12. Nolt : 1992.
  13. (en) Amish et crise pétrolière.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Donald B. Kraybill, Karen M. Johnson-Weiner, and Steven M. Nolt. The Amish. Baltimore: Johns Hopkins University Press, 2013.
  • Steven Nolt, Histoire des amish, Excelsis, Charols, 2010.
  • (en) Donald B. Kraybill, The Amish of Lancaster County, Stackpole Books, 2008
  • Donald B. Kraybill, Les amish : une énigme pour le monde moderne, Excelsis, Charols, 2004.
  • Fabienne Randaxhe, « Temporalités en regard. Le Vieil Ordre amish entre slow et fast time », Annales, 2002, no 2, p. 251-274. [lire en ligne].
  • Jacques Légeret, L'énigme Amish : vivre au XXIe siècle comme au XVIIe siècle, Labor et Fides, Genève, 2000.
  • Marie-Thérèse Lassabe-Bernard, Les Amish : étude historique et sociologique, Honoré Champion, Paris, 2000.
  • (en) John A. Hostetler, Amish Society, The Johns Hopkins University Press, Baltimore & London, 1993.
  • (en) Steven M. Nolt, A History of the Amish, Good Books, Intercourse (Pennsylvanie), 1992.
  • (en) Neal Blough, The Anabaptist Vision and its Impact among French Mennonites. [lire en ligne].
  • Frits Plancke et Michaël S. Szulczewski, Les Amish, Sarreguemines, Association d'étude et d'information sur les mouvements religieux, 1987
  • Paul-Emmanuel Biron, Les Amish. Pacifiques et radicaux, Olivétan, Lyon, 2015.
  • Pierre-Yves Moeschler, les anabaptistes dans la montagne Jurassienne, revue Passé Simple 2015

Articles connexes

Liens externes

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