Alphabet glagolitique

L'alphabet glagolitique (ou glagolitsa, en russe, bulgare et macédonien : глаголица ; serbe : глагољица ; croate : glagoljica ; ukrainien : глаголиця, hlaholytsia) est le plus ancien alphabet slave. Inventé par les frères Cyrille et Méthode au monastère de Polychron (en), il était utilisé dans la Grande-Moravie . Il tire son nom du vieux-slave glagoljati qui signifie « dire ». Il est couramment utilisé, au Moyen Âge dans les pays de langues slaves méridionales, sporadiquement au Royaume de Bohême. Au cours du Xe siècle, l'alphabet cyrillique a progressivement remplacé l'alphabet glagolitique par substitution aux lettres glagolitiques des lettres grecques correspondantes, même si le cyrillique a gardé après quelques modifications certaines lettres étrangères à l'alphabet grec, comme Ж, Ч, Ш, Щ, Џ, З, Ћ, Ђ

Glagolitique

Échantillons des «Feuilles de Kiev» glagolitiques et de «Évangéliaire de Reims»
Caractéristiques
Type Alphabet
Langue(s) Vieux-slave
Direction De gauche à droite
Historique
Époque IXe siècle - XIIe siècle
Créateur Saint Cyrille, sur la base de l'alphabet grec
Système(s) parent(s) Protosinaïtique

 Phénicien
  Grec
   Glagolitique

Système(s) dérivé(s) Cyrillique
Codage
Unicode U+2C00 à U+2C5E
ISO 15924 Glag

Histoire

Cet alphabet slave est utilisé dans le royaume de Grande-Moravie, au IXe siècle, par Cyrille et Méthode de Macédoine, nés aux alentours de Thessalonique (en macédonien : Солун) pour traduire la bible en vieux-slave afin de la rendre accessible aux Slaves dans le cadre de l’évangélisation des populations de la Grande-Moravie. Il est aussi utilisé pour l'évangélisation des Balkans.

En 1248, l'évêque de Senj, en Croatie, est autorisé par le pape Innocent IV à utiliser le vieux-slave et l'alphabet glagolitique dans la liturgie. Des stèles écrites en glagolitique au XIe siècle, dont la stèle de Baška et la stèle de Valun (hr), probablement plus ancienne et moins riche, mais bilingue et dans les alphabets glagolitique et latin, ainsi que de nombreux missels dont quelques incunables, prouvent effectivement la persistance de cette écriture dans la liturgie de Croatie jusqu'au XVIIIe siècle. L’Évangéliaire de Reims, dont la première partie, du XIe siècle, est écrite en cyrillique, est complété à Prague à la fin du XIVe siècle en glagolitique. Un peu antérieur, le Codex Gigas, écrit en Bohême au XIIIe siècle, écrit en latin, contient une page détaillant l’alphabet glagolitique, témoignage de l’usage persistant de cette écriture chez les Slaves de l’ouest.

Caractéristiques

L'alphabet a deux variantes, ronde et carrée. La variante ronde est dominée par des cercles et des courbes légères, la variante angulaire (ou croate) comprend de nombreux angles droits et quelques trapèzes ; elle utilise de nombreuses ligatures typographiques que l'on peut comparer aux alphabets latin ou cyrillique[1].

La table suivante représente chaque lettre classée alphabétiquement, avec une représentation de sa variante arrondie, son nom, sa représentation phonétique approximative, la lettre grecque ou hébraïque équivalente utilisée littéralement (si cela est possible) et la lettre en cyrillique moderne correspondante si elle existe.

Graphie Nom
(cyrillique)
Nom
(transcrit)
Phonème Équivalent
grec ou hébreu
Équivalent
cyrillique
Ⰰ, ⰰАзъAz/a/ΑА
Ⰱ, ⰱБукиBouki/b/Б
Ⰲ, ⰲВедиVedi/v/ΒВ
Ⰳ, ⰳГлаголиGlagoli/g/ΓГ
Ⰴ, ⰴДоброDobro/d/ΔД
Ⰵ, ⰵЕстьEst/ɛ/, /jɛ/ΕЕ
Ⰶ, ⰶЖиветеJivete/ʓ/Ж
Ⰷ, ⰷЗелоZelo/d͡ʑ/ΖЅ
Ⰸ, ⰸЗемляZemlia/z/ΖЗ
Ⰹ, ⰹИжеIje/i/ΗЙ
, ⰻИ, ИжеиI, Ijeï/i/ΙІ
Ⰼ, ⰼГѥрвGierv/ɟ/Ћ, Ђ
Ⰽ, ⰽКакоKako/k/ΚК
Ⰾ, ⰾЛюдиLioudi/l/, /ʎ/ΛЛ
Ⰿ, ⰿМыслетеMyslete/m/ΜМ
Ⱀ, ⱀНашNach/n/, /ɲ/ΝН
Ⱁ, ⱁОнOn/ɔ/ΟО
Ⱂ, ⱂПокойPokoï/p/ΠП
Ⱃ, ⱃРцыRtsy/r/, /rʲ/ΡР
Ⱄ, ⱄСловоSlovo/s/ΣС
Ⱅ, ⱅТвердоTverdo/t/ΤТ
Ⱆ, ⱆУкOuk/u/ΟΥУ
Ⱇ, ⱇФертFert/f/ΦФ
, ⱈХерKher/x/ΧХ
Ⱉ, ⱉОтOt/o/ΩѠ, Ѿ
Ⱌ, ⱌЦыTsy/t͡ɕ/ץЦ
Ⱍ, ⱍЧервьTcherv/t͡ʆ/Ч
Ⱎ, ⱎШаCha/ʆ/שШ
Ⱋ, ⱋШтаChta/ʆtʲ/Щ
Ⱏ, ⱏЕрEr/ɘ̯/Ъ
, ЕрыEry/ɨ/Ы
Ⱐ, ⱐЕрьEr'/ɪ̯/Ь
Ⱑ, ⱑЯтьIat'/jæ/, /æ/Ѣ
Ⱖ, ⱖЁIo/jɔ/
Ⱓ, ⱓЮIou/ju/Ю
Ⱔ, ⱔЮс малыйIous maly/ɛ̃/[2]Ѧ
Ⱗ, ⱗЮс малый йотированныйIous maly îotirovanny/jɛ̃/Ѩ
Ⱘ, ⰨЮс большойIous bolchoï/ɔ̃/Ѫ
Ⱙ, ⱙЮс большой йотированныйIous bolchoï ïotirovanny/jɔ̃/Ѭ
Ⱚ, ⱚФитаFita/f/, /θ/ΘѲ
Ⱛ, ⱛИкIk/v/, /i/, /y/ΥѴ

Divers

Annexes

Bibliographie

  • Branko Fucic, Glagoljski natpisi. (In: Djela Jugoslavenske Akademije Znanosti i Umjetnosti, knjiga 57.) Zagreb, 1982. 420 p.
  • Sharon Golke Fullerton, Paleographic Methods Used in Dating Cyrillic and Glagolitic Slavic Manuscripts. (In: Slavic Papers No. 1.) Ohio, 1975. 93 p.
  • Ivan Gosev, Rilszki glagolicseszki lisztove. Szofia, 1956. 130 p.
  • Helmut Jachnow, Eine neue Hypothese zur Provenienz der glagolitischen Schrift - Überlegungen zum 1100. Todesjahr des Methodios von Saloniki. In: R. Rathmayr (dir.): Slavistische Linguistik 1985, München 1986, 69-93.
  • Vatroslav Jagic, Glagolitica. Würdigung neuentdeckter Fragmente, Wien, 1890.
  • Valentin Kiparsky, Tschernochvostoffs Theorie über den Ursprung des glagolitischen Alphabets In : M. Hellmann u.a. (dir.): Cyrillo-Methodiana. Zur Frühgeschichte des Christentums bei den Slaven, Köln 1964, 393-400.
  • Heinz Miklas (dir.), Glagolitica: zum Ursprung der slavischen Schriftkultur, Wien, 2000.
  • Lea-Katharina Steller, A glagolita írás In: B.Virághalmy, Lea: Paleográfiai kalandozások. Szentendre, 1995. (ISBN 963-450-922-3)
  • Joseph Vais, Abecedarivm Palaeoslovenicvm in usum glagolitarum. Veglae, [Krk], 1917. XXXVI, 74 p.
  • Josef Vajs, Rukovet hlaholske paleografie. Uvedení do knizního písma hlaholskeho. V Praze, 1932. 178 p, LIV. tab.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. « Glagolitic Script - Round and Square Glagolica », Kodeks, Université de Bamberg (consulté le ).
  2. Les langues slaves, sauf le polonais (voir ogonek), qui a adopté l’alphabet latin, ont perdu l’antique nasalisation des voyelles. Cette lettre et les suivantes sont devenues désuètes en glagolitique et en cyrillique.
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