Alice Badiangana

Alice Badiangana (née en à Brazzaville) est une syndicaliste et femme politique congolaise. Elle a participé à l'indépendance de la République du Congo[1],[2].

Biographie

Alice Badiangana effectue sa scolarité primaire dans une école catholique de Brazzaville puis passe le concours d’entrée aux cours complémentaires. Elle a un niveau de scolarité supérieur à celui de la moyenne des filles de sa génération, ce qui lui permet d'obtenir un emploi à la Caisse nationale de prévoyance sociale[2].

Elle devient membre de la CGAT, syndicat des employés et ouvriers du commerce et de l'industrie, de tendance communiste. La CGAT est alors la section locale de la Confédération générale du travail (CGT). Alice Badiangana devient déléguée syndicale à la Caisse nationale de prévoyance sociale[2].

Elle participe, en 1956, à la création de l’Union de la jeunesse congolaise (UJC), avec Aimé Matsika et Julien Boukambou. Elle est un des membres permanents de l’organisation considérée comme progressiste.

Elle est aussi une des dirigeantes de l’Union des femmes africaines du Congo (UFAC), liée à l'UJC. Le but de l'UFAC « est de rassembler les femmes congolaises de toutes les régions du pays afin de leur faire prendre conscience des problèmes qui se posent au pays et à œuvrer pour un Congo libre, prospère et meilleur »[3].

Avec l'UJC, Alice Badiangana milite pour l'indépendance du Congo-Brazzaville et rejette le projet de communauté française proposé par le Général de Gaulle en 1958[1].

En 1960, le gouvernement congolais fait emprisonner 16 membres de la CGAT et huit membres de l’UJC, sous prétexte de complot communiste. Alice Badiangana est la seule femme. La CGT charge un de ses avocats, Michel Bruguier de défendre les inculpés et d'exiger leur libération immédiate. Ils bénéficient également le soutien d'André Malraux, alors représentant local de la France, qui intervient auprès du président Fulbert Youlou pour lui demander d'organiser un procès[2].

Alice Badiangana a ainsi été la première femme congolaise à faire de la prison pour ses opinions politiques avant l’indépendance. Son procès aboutit à un non-lieu et elle est libérée en , après six mois de prison[2]. Pendant qu'elle est en prison, le , le Congo accède à l'indépendance.

Elle reprend son emploi et la lutte syndicale. Les syndicats sont très critiques vis-à-vis de la politique en matière d'emploi et de conditions de travail du gouvernement.

Lorsqu'en , Fulbert Youlou décide de créer un parti unique et un syndicat affilié au parti pour contrôler ses opposants, l'ensemble des syndicats appellent à la grève générale pour le [2]. Les syndicalistes brazzavillois, communistes et chrétiens, vont être à l’origine de la révolution de 1963, les 13, 14 et 15 août 1963, les Trois Glorieuses, même si cette révolution leur échappera ensuite pour une large part. Durant les manifestations, Alice Badiangana relance à la main une grenade envoyée dans la foule par l'armée[4]. Sous la pression conjointe des syndicats et de l'armée, Fulbert Youlou doit quitter la présidence de la République congolaise[5],[6]. Alphonse Massamba-Débat lui succède à la tête de l'État.

La Révolution congolaise de 1963 amorce des changements dans la condition féminine. La constitution de 1963 confirme l’égalité entre les sexes et, cette même année, pour la première fois, 3 femmes sont élues députées[1].

Alice Badiangana participe aux débats sur cette nouvelle constitution. Elle est cooptée pour siéger au comité central du parti unique, le Mouvement national de la révolution (MNR), mis en place en 1964. Elle n’a alors que 24 ans. Avec les dix autres membres, elle influence la politique du régime durant cinq ans[2].

La même année, le Mouvement national de la révolution impose le regroupement de toutes les associations féminines dans une organisation unique, l’Union Démocratique des Femmes du Congo (UDFC) qui est remplacé l'année suivante, en 1965, par l’Union Révolutionnaire des Femmes du Congo (URFC) qui s’occupe des questions des femmes jusqu’à la conférence nationale souveraine en 1991[3],[2],[1].

En 1968, après la prise de pouvoir de Marien Ngouabi, Alice Badiangana est démise de ses fonctions. Elle continue cependant à exercer des activités politiques[2].

Elle est membre du Parti congolais du travail de 1972 jusqu'à la Conférence nationale en 1991[7].

Elle intervient comme narratrice dans le film Révolutionnaire (s) de Hassim Tall Boukambou (2001), qui retrace l'histoire politique du Congo-Brazzaville à travers le récit des « Trois Glorieuses », la révolution d'[8],[9].

Bibliographie

  • Yolande Voumbo Matoumona Mavoungou, Florent Sogni Zaou, Annie Bidounga Samba, Antoinette Sassou-N’guesso, sa partition dans le leadership féminin, L'Harmattan, 2001, 174 p. (ISBN 978-2-38100-016-9)
  • Akoun Joseph Adoyi , La place et le rôle des femmes dans la société congolaise, L'Harmattan, 2011, 2 vol. (ISBN 9782296456693)
  • Jean Aimé Dibakana Mouanda, 101 personnalités qui ont marqué les 50 ans du Congo Brazzaville (1960-2010), D-M Consulting, 2012

Références

  1. « Congo-B. S Dianzinga : « On ne parle jamais des Mères de l’indépendance » », sur Makanisi - Site web d'informations sur l'Afrique centrale, (consulté le )
  2. « BANDIAGANA Alice - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )
  3. « La Journée de la femme | adiac-congo.com : toute l'actualité du Bassin du Congo », sur www.adiac-congo.com (consulté le )
  4. « ANB-BIA SUPPLEMENT - ISSUE/EDITION Nr 361 - 01/02/1999 », sur ospiti.peacelink.it (consulté le )
  5. Françoise Blum, D’une révolte africaine à l’autre : passeurs et transferts, Presses universitaires de Rennes, (lire en ligne), p. 15
  6. « LA SITUATION POLITIQUE reste tendue à Brazzaville », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  7. Rémy Bazenguissa-Ganga, Les voies du politique au Congo: essai de sociologie historique, Karthala Editions, , 459 p. (lire en ligne)
  8. « 7e art: Festival du film des femmes africaines à Paris | adiac-congo.com : toute l'actualité du Bassin du Congo », sur www.adiac-congo.com (consulté le )
  9. « Invité Afrique - Hassim Tall Boukambou: «Nous cherchons à démocratiser l'accès aux archives au Congo» », sur RFI, (consulté le )
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