Algèbre relationnelle

L'algèbre relationnelle est un langage de requêtes dans des bases de données relationnelles. L'algèbre relationnelle a été inventée en 1970 par Edgar Frank Codd, le directeur de recherche du centre IBM de San José.

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Il s'agit de la théorie sous-jacente aux langages de requête des SGBD, comme SQL. Le théorème de Codd dit que l'algèbre relationnelle est équivalente au calcul relationnel (logique du premier ordre sans symbole de fonction). Elle est aussi équivalente à Datalog¬ (Datalog avec la négation) non récursif[1].Datalog est un langage de requête et de règles pour les bases de données déductives.

Selon Abiteboul et al.[2], l'algèbre relationnelle est conceptuellement un langage "procédural" : en effet, les requêtes sont des suites d'opérations qui construisent la réponse. Cela s'oppose aux langages conceptuellement "déclaratifs" comme le calcul relationnel et Datalog.

Modèle relationnel

Dans le modèle relationnel, les données sont stockées dans des tables, aussi appelées relations. Voici un exemple de relation :

Clé Nom Email
1 Edgar edgar@wikipedia.fr
2 Frank frank@wikipedia.fr
3 Bob bob@wikimedia.fr

Plus précisément[3], une relation (au sens du modèle de Codd) est constituée :

  1. d'un schéma, c'est-à-dire l'ensemble des noms des champs (ici Clé, Nom, Email), et des types correspondants (dans l'exemple respectivement, un nombre entier, puis deux chaînes de caractères).
  2. Une extension, c'est-à-dire le contenu de la table, qui est un ensemble de n-uplets dont l'ordre n'a pas d'importance.

Définition

Le langage procédural contient les opérations ensemblistes de la théorie des ensembles[4] sur les relations ainsi que des opérations pour fusionner/projeter des relations.

Opérateurs ensemblistes

Les opérateurs ensemblistes sont l'union, l'intersection, la différence et le produit cartésien.

Union

L'union de deux relations sur le même schéma est la relation sur ce schéma contenant exactement l'union des enregistrements de ces deux relations. Formellement, .

Employés de Renault
NomIDDépartement
Harry3415Finance
Sally2241Vente
George3401Finance
Employés de Citroën
NomIDDépartement
Bertrand0808Vente
Donald0007Vente
Employés de Renault U  Employés de Citroën
NomIDDépartement
Harry3415Finance
Sally2241Vente
George3401Finance
Bertrand0808Vente
Donald0007Vente

Intersection

L'intersection de deux relations sur le même schéma est la relation sur ce schéma contenant exactement les enregistrements qui apparaissent dans les deux relations. Formellement, .

Personnes inscrits en football
NomID
Harry3415
Sally2241
George3401
Personnes inscrits en cours de piano
NomID
Harry3415
Bertrand2
George3401
Yoda1000
Personnes inscrits en football  Personnes inscrits en cours de piano
NomID
Harry3415
George3401

Différence

La différence de deux relations sur le même schéma est la relation sur ce schéma contenant exactement les enregistrements qui apparaissent dans la première relation mais pas dans la deuxième. Formellement, . Par exemple, on peut calculer les personnes inscrits en football mais qui ne sont pas inscrits en cours de piano :

Personnes inscrits en football
NomID
Harry3415
Sally2241
George3401
Personnes inscrits en cours de piano
NomID
Harry3415
Bertrand2
George3401
Yoda1000
Personnes inscrits en football -  Personnes inscrits en cours de piano
NomID
Sally2241

Produit cartésien

Avec le produit cartésien de deux relations, on recopie chaque tuple de la première relation pour chacun des tuples de la deuxième. Formellement, .

Personnes
NomID
Harry3415
Sally2241
Cadeaux
TypePrix
livre10
gâteau20
ordinateur300
Personnes -  Cadeaux
NomIDTypePrix
Harry3415livre10
Harry3415gâteau20
Harry3415ordinateur300
Sally2241livre10
Sally2241gâteau20
Sally2241ordinateur300

Sélection

La sélection (ou restriction) consiste à ne retenir que les enregistrements vérifiant une condition donnée. Dans l'exemple plus bas, on ne garde que les touristes dont la ville est Paris.

  • Données : Une relation et une formule formée d'une combinaison de comparaisons et de connecteurs logiques.
  • Résultat : satisfait la condition donnée par , dans l'exemple Touristes
  • Équivalent SQL : WHERE
Touristes
idTouristeNomTVilleSport
1MarcParisSki
2JeanToulouseTennis
3FrancMarseilleFootball
4ThomasLyonVoile
5MaxParisGolf
Sélection des touristes où Ville vaut Paris
idTouristeNomTVilleSport
1MarcParisSki
5MaxParisGolf

Projection

  • La projection permet de ne garder que certains attributs. Dans l'exemple ci-dessous, on ne garde que les attributs NomT et Ville de la relation Touristes.
    • Données : Une relation et un ensemble d'attributs de
    • Résultat : , qui est la Relation où on ne considère que les attributs de , par exemple Touristes
    • Équivalent SQL : SELECT
Touristes
idTouristeNomTVilleSport
1MarcParisSki
2JeanToulouseTennis
3FrancMarseilleFootball
4ThomasLyonVoile
5MaxParisGolf
Projection de la relation Touristes sur les attributs NomT et Ville
NomTVille
MarcParis
JeanToulouse
FrancMarseille
ThomasLyon
MaxParis

Renommage

  • Renommage :
    • Données : Une relation et un attribut de
    • Résultat : , qui est la Relation avec renommé
    • Équivalent SQL : AS

Jointure

  • Jointure :
    • Données : deux relations et
    • Résultat :
    • Équivalent SQL : JOIN
Touristes
idTouristeNomTVilleSport
1MarcParisSki
2JeanToulouseTennis
3FrancMarseilleFootball
4ThomasLyonVoile
5MaxParisGolf
Destinations
idTouristeVilleD
1Cannes
2Ibiza
4Tokyo
Touristes ⋈ Destinations
idTouristeNomTVilleSportVilleD
1MarcParisSkiCannes
2JeanToulouseTennisIbiza
4ThomasLyonVoileTokyo

Division

  • Division : elle prend en entrée deux relations et .
    • Ainsi, tout n-uplet se décompose en deux n-uplets , avec de schéma et de schéma . et retourne la table de schéma tel que . La division revient à donner “tous les x tels que pour tout y...”

Expressivité

L'algèbre SPC (sélection, projection et produit cartésien) correspond au calcul conjonctif (calcul relationnel sans disjonction et sans négation) : c'est une des versions du théorème de Codd. L'algèbre SPCU- (l'algèbre SPC avec en plus l'union et la différence) correspond au calcul relationnel en entier : c'est une autre version du théorème de Codd. L'équijointure[Quoi ?] peut être exprimée avec un produit cartésien, suivi d'une sélection, puis une projection.

Optimisation

Voici des règles de réécriture pour transformer une expression de l'algèbre relationnelle en une autre expression équivalente.

Implémentation

Cependant, les bases de données relationnelles ne fonctionnent pas tout à fait selon les règles ensemblistes de l'algèbre relationnelle. En effet, si l'on ne définit pas de clé primaire, il est possible d'insérer plusieurs lignes identiques dans une table, ce qui d'un point de vue ensembliste n'a pas de sens : un élément fait partie ou ne fait pas partie d'un ensemble. Si l'on veut appliquer strictement les règles des ensembles, il faut vérifier à chaque ajout dans une table que les lignes introduites ne sont pas déjà présentes.

Objets précis du modèle

Il s'agit ici de déterminer des Domaines (i.e., type atomique) :

  • Numérique : entier ou réel (SQL : Int, Float, etc.) ;
  • Chaîne de caractères (SQL : Char(20), VarChar(32), etc.) ;
  • Date (SQL : DATE, TIME, YEAR, etc.) ;
  • Type énuméré.

Notes et références

  1. (en) Foundations of Databases : The Logical Level, Addison-Wesley Longman Publishing Co., Inc., , 685 p. (ISBN 978-0-201-53771-0, lire en ligne), p. 10
  2. (en) Foundations of Databases : The Logical Level, Addison-Wesley Longman Publishing Co., Inc., , 685 p. (ISBN 978-0-201-53771-0, lire en ligne), Part B - Basics: Relational QueryLanguages - p. 35
  3. « Apprendre les bases de données et SQL », sur Developpez.com (consulté le )
  4. http://www.scritube.com/limba/franceza/Aide-mmoire-sur-les-bases-de-d21481108.php

Voir aussi

Liens externes

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  • Portail des mathématiques
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