Alexis Joveneau

Alexis Joveneau était un missionnaire catholique belge de la congrégation cléricale des Oblats de Marie-Immaculée, né le à Tournai et décédé à La Romaine le . Missionnaire et prêtre sur la Basse-Côte-Nord, le personnage controversé édite les premiers ouvrages en innu-aimun, usant de sa puissance et son influence auprès des Innus afin de commettre des abus sexuels, physiques, psychologiques et financiers.

Biographie

Joveneau rejoint les Oblats de Marie-Immaculée le 2 octobre 1945. Il est ordonné prêtre le 18 février 1951. Il est formé comme missionaire à Moosoonee, avant d'être affecté comme professeur à Davis Inlet, puis comme curé à La Romaine[1].

À son arrivée sur la Côte-Nord, Joveneau veut à tout prix « civiliser » les Innus. Joveneau maîtrise rapidement la langue, ce qui lui donne un avantage par rapport à ses confrères, et un ascendant sur les fidèles[2]. Il a comme projet de regrouper les communautés de Pakuashipi et Unamen Shipu afin d'exercer un meilleur contrôle sur l'administration des communautés et leurs finances. Joveneau entreprend une stratégie de déportation et de délocalisation en mariant les femmes de Pakuashipi avec les hommes d'Unamen Shipu afin de faire venir s'établir les premières dans la communauté des derniers[2],[3].

Le père Joveneau écrit et édite de nombreux périodiques et ouvrages ethnologiques et linguistiques concernant les Montagnais d'Unamen Shipu. Grâce à l'aide des Sœurs de la Sainte Famille de Bordeaux, établies à Lourdes-de-Blanc-Sablon, il fait l'acquisition d'un duplicateur à alcool, qui lui permet de publier, avec la collaboration des Innus, plusieurs périodiques : Le Traceur, en montagnais; Le Baliseur en français et Angèle vous parle, en français, de même que de nombreux ouvrages religieux et sur la culture montagnaise[réf. nécessaire].

Il participe aux films du cinéaste québécois Pierre Perrault Ka Ke Ki Ku, Attiuk, Le Goût de la farine, Le pays de la terre sans arbre ou le Mouchouânipi et La grande allure, tournés dans le Nitassinan[4],[5],[6],[7],[8].

Le , des membres de la communauté de Pakuashipi témoignent devant la commission d’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Plusieurs témoins soutiennent avoir subi des sévices de la part du père Joveneau[2],[9],[10].

La congrégation des Oblats s'excuse pour les actes d'agression sexuelle qu'il a commis[11],[12].

Le fonds d'archives d'Alexis Joveneau est conservé au centre d'archives de la Côte-Nord (Sept-îles) de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[13].

Publications

  • Louis Babel (trad. Alexis Joveneau), Uin Ka Kueshkuentak (Ka Kushkuellitak) shashish ka mishinaitshet nenu e ishikatshessimut nete Muskuanuts ueskats mishikati : Textes écrits par le Père Louis Babel O.M.I. donnés comme sermons à Musquaro à l'époque de la "mission" de tous les Indiens de la Basse Côte-Nord, La Romaine, Sœurs de la Sainte-Famille de Bordeaux, , 112 p.
  • Alexis Joveneau et Laurent Tremblay, Missionnaire au Nouveau-Québec (Lionel Scheffer, o.m.i.), Montréal, Rayonnement, , 117 p.
  • Alexis Joveneau, Eukun eshi aiamiast ninan ute ulamen-shipit - C'est ainsi que nous parlons à La Romaine, La Romaine, Comité culturel des montagnais de la Romaine, , 486 p.
  • Alexis Joveneau, « Eka takushameshkui : Ne mets pas tes raquettes sur les miennes », Histoire Québec, vol. 15, no 1, , p. 18 (lire en ligne)

Voir aussi

Notes et références

  1. Magalie Lapointe, « Il agressait sexuellement les Innus au nom de Dieu », sur Le Journal de Montréal (consulté le )
  2. Émilie Duchesne, « Qui était le père Alexis Joveneau ? », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  3. Anne Panasuk, « PAKUASHIPI: À LA RECHERCHE DES ENFANTS DISPARUS », sur Radio-Canada (consulté le )
  4. Office national du film du Canada, « Ka Ke Ki Ku » (consulté le )
  5. Office national du film du Canada, « Attiuk » (consulté le )
  6. Office national du film du Canada, « Le goût de la farine » (consulté le )
  7. Office national du film du Canada, « Le pays de la terre sans arbre ou le Mouchouânipi » (consulté le )
  8. Office national du film du Canada, « grande allure (2e partie), La » (consulté le )
  9. Marc Metdepenningen, « Le curé belge Alexis Joveneau accusé du viol d’enfants Inuits », Le Soir, (lire en ligne, consulté le )
  10. « Enquête sur les femmes autochtones: «Le prêtre nous a fait des choses» », sur Le Devoir, (consulté le )
  11. Magalie Lapointe, « Les Oblats du Québec s’excusent devant les preuves du Journal », Le Journal de Montréal, (lire en ligne, consulté le )
  12. Zone Justice et faits divers - ICI.Radio-Canada.ca, « Les Oblats présentent leurs excuses aux victimes présumées du père Alexis Joveneau », sur Radio-Canada.ca, (consulté le )
  13. Fonds Alexis Joveneau (P24) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).


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