Alexandre d'Abonuteichos

Alexandre d'Abonuteichos (ou Alexandre d'Abonotique ou Alexandre de Paphlagonie), né vers 105 et mort vers 175, est un mystique, prêtre du culte d'Asclépios et de Salus qui existait déjà, à l'imitation du culte à mystères d'Éleusis. Cet émule du néo-pythagoricien Apollonios de Tyane institua vers 150 un oracle de Glycon[1] dans le port paphlagonien d'Abonuteichos (« muraille d'Abonou », en grec). Il aurait exercé une influence sur Marc Aurèle durant sa campagne contre les Germains.

Si l'on considère que la présentation faite par Lucien de Samosate, qui le qualifie d’« odieux charlatan »[1], est trop hostile, on peut placer Alexandre d'Abonuteichos dans la lignée des philosophes néopythagoriciens, comme Apollonios de Tyane. Tel est le parti de Charles Kahn : « Ces deux figures, Apollonios et Alexandre, respectivement contemporains de Nicomaque de Gérase et de Numénios d'Apamée, représentent une version du pythagorisme qui revient bien au-delà de la tradition de la philosophie néopythagoricienne. Apollonios et Alexandre ne sont pas des philosophes, ce sont des sophoi, des sages dans les domaines de la religion et de l'occulte »[2]. Ainsi, Alexandre est parfois présenté comme une réincarnation de Pythagore.

Le culte du serpent Glycon

Statue du serpent Glycon retrouvée à Tomis (aujourd'hui Constanza, Roumanie).

Son culte du « Nouvel Esculape », le serpent à tête semi-humaine Glycon, devait répondre aux attentes de ses contemporains, car il se propagea jusqu'à Rome, dans tout l'espace danubien et la Syrie. Ce culte se caractérisait par le secret, l'initiation, le silence pendant les rituels, des fêtes à mystères et la résurrection symbolique d'un prophète. Selon Lucien, chrétiens et épicuriens ne pouvaient pas être initiés (Alexandre, 38 : « à la porte les chrétiens, à la porte les épicuriens »). Le culte survécut jusqu'au milieu du IIIe siècle.

Alexandre entretenait à Rome de bonnes relations qui le conduisirent pendant le règne d'Antonin le Pieux à faire rebaptiser la ville de son culte (Abonuteichos) en « Iônopolis » (actuelle Inebolu). C'est pourquoi, sous les règnes d'Antonin le Pieux, de Caracalla et de Maximin le Thrace, on frappa des monnaies dont le motif était le serpent Glycon rendant des oracles. Le culte continua après la mort d'Alexandre mais sans l'oracle, avec Alexandre érigé en héros et modèle.

Le personnage de Lucien

Lucien déclare avoir rencontré personnellement Alexandre. Il le dépeignait comme un charlatan, certainement intelligent mais sans scrupules, qui tirait profit de la mode des oracles, florissante au IIe siècle. Son livre, qui date d'après 180, est un pamphlet rédigé sur un mode rationaliste, dénonçant Alexandre comme un escroc.

Notes et références

  1. Robert 1981, p. 122.
  2. Charles Kahn, Pythagoras and the Pythagoreans, 2001, p. 145-146.

Bibliographie

Sources

1. Lucien de Samosate, Alexandre, ou Le faux prophète (ap. 180), Pierre-Emmanuel Dauzat (Introduction), Marcel Caster (Traduction du grec), Les Belles Lettres, 2002, 76 p. Trad. en ligne Joseph Longton 1998 bcs.fltr.ucl.ac.be

2. l'oracle du dieu serpent Glycon

  • L. Robert, À travers l'Asie Mineure, Bibliothèque des Écoles Françaises d'Athènes et de Rome, vol. 239, Paris, 1980, p. 392-421.

Études

Références

  • Portail de la Rome antique
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