Alexandre Roubtzoff

Alexandre Roubtzoff, né le à Saint-Pétersbourg et décédé le à Tunis, est un peintre orientaliste russe, naturalisé français en 1924, ayant essentiellement travaillé en Tunisie.

Biographie

Élève d'Ian Tsionglinski et de Dmitri Kardovski, Alexandre Roubtzoff est lauréat de six grands prix à l'Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg. Proche de la cour impériale des Romanov, il obtient le Grand Prix de l'Académie de Saint-Pétersbourg avec une peinture d'intérieur aujourd'hui au musée de l'Ermitage.

Jeune boursier de l’École Nationale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, Roubtzoff découvre l’Orient en 1913, par l’Andalousie et Tanger. En 1914, il arrive à Tunis peu de jours après Macke et Klee, et il s’y installe durablement obtenant la nationalité française en 1924. Il ne reviendra pas en Russie. Fréquentant l’Institut de Carthage, il réalise des portraits mondains qui lui ouvrent les portes de la haute société coloniale. En 1920, avec une exposition montrant plus de cent vingt toiles, le Salon tunisien par Alexandre Fichet le consacre comme « le peintre de la lumière ». Ses paysages et jardins postimpressionnistes, à la touche élégante et sagement colorée, sont assez proches de ceux de son ami le baron d’Erlanger* et séduisent autant que les grands portraits de bédouines d’abord choisies parmi les modèles du photographe Rudolf Lehnert*. Des préoccupations documentaires sur les costumes, parures et tatouages -ses dessins illustrent les publications d’Ernest Gobert*- inspirent d’abord des scènes classiques de la vie quotidienne (Préparation du couscous, Femmes au Khôl, 1915). Roubtzoff s‘attachera plus tard davantage aux regards et à la sensibilité de ses modèles (Alia, 1937) : « Ce sont eux, les bédouins montagnards, frustes et ignorants qui sont beaux, nobles et raffinés, tandis que nous autres, les représentants de la civilisation la plus avancée, nous sommes laids, mesquins, inélégants ».

Orientaliste « ethnographique », Roubtzoff refuse les excentricités du genre mais réalise une série de nus où le peintre applique les recettes de la tradition occidentale à des modèles européens et orientaux. Dans son journal écrit à la fin de sa vie et les quelques articles qu’il rédige pour la revue Tunisie (« Un quart de siècle en Tunisie », 1938), il défend un Orient résolument fidèle à ses traditions : « un peintre arabe ne doit pas oublier qu’il est arabe et non pas Von Dongen. Ni Cézanne non plus. L’Arabe doit conserver intacte sa mentalité musulmane, même s’il fréquente Montparnasse ». En 1924, lors d’un voyage en Turquie, ce pourfendeur du modernisme peint surtout la ville de Brousse « plus séduisante que Constantinople trop ravagée par les incendies [...] et le tourisme ».

De son vivant, les achats par l'État et plusieurs expositions à Tunis et en métropole lui ménagent une place importante dans la vie artistique de la colonie, évidemment à contre-courant de Pierre Boucherle et de l'École de Tunis. En 2010, un hommage officiel lui fut rendu en Tunisie avec l'exposition « Roubtzoff et la médina » - 48 dessins minutieusement réalisés en 1944, ainsi que quelques toiles, représentatives d’un art dont la mémoire fut entretenue dès la mort de l’artiste. Roubtzoff, dont les toiles ornent encore nombre de résidences officielles, est aujourd’hui le peintre tunisien le mieux coté sur le marché de l’art. Ses œuvres les plus importantes sont signées et datées en français et en arabe.

Débarqué à Tunis le , il expose au premier Salon tunisien d'après-guerre puis à Londres, à la galerie Goupil, et à Paris à la galerie Manuel et au Salon des indépendants de 1930. Il séjourne au château de Saint-Martin-d'Oydes chez son ami Pierre Dumas qui a publié un ouvrage sur sa peinture, Roubtzoff, peintre de la lumière.

Tombe d'Alexandre Roubtzoff au cimetière du Borge

Mort à Tunis le , il est inhumé au cimetière du Borgel à Tunis.

Œuvres

  • Porte cloutée, zaouïa Bakria, 1927, aquarelle et crayon sur papier, 65 × 49 cm. Paris, vente Artcurial le
  • Bédouine de Tunis, 1935, huile sur toile, 100 × 73 cm. Paris, vente Artcurial le
  • Dans les jardins de Sidi-Bou-Saïd, huile sur toile, 100 × 146 cm
  • Mongia, huile, 82 × 65 cm
  • Venezia, 24 sept 1924, aquarelle et traits de crayon sur papier 38 × 48 cm . Paris, vente Millon , .

Galerie

Annexes

Bibliographie

  • Patrick Dubreucq, Alexandre Roubtzoff (1884-1949). Une vie en Tunisie, Courbevoie, éditions ACR, , 264 p. (ISBN 2-86770-098-1, présentation en ligne)
  • Patrick Dubreucq, Recherche sur la vie et l'œuvre d'Alexandre Roubtzoff (1884-1949), mémoire de maîtrise d'histoire de l'art, Université de Montpellier, Montpellier, 1987.
  • Pierre Dumas, Roubtzoff, peintre de la lumière. 1884-1949, éditions Privat Toulouse, 1951.
  • Jacques Gerigny, Roubtzoff et Paris, Société générale d'imprimerie et d'édition, Paris, 1936.
  • Jalel El Gharbi et Georges Friedenkraft, « Deux suites poétiques autour du tableau d'Alexandre Roubtzoff L'arrivée de M. Daladier à Tunis », dans Jointure, n°91, 2010, pp. 2–22.
  • Alya Hamza, Alexandre Roubtzoff. Peintre tunisien, éditions de la Méditerranée, Tunis, 1994.
  • René de Sainte-Marie, Roubtzoff, éditions du Rayonnement, Paris, 1947.
  • Gérald Schurr, Les Petits maîtres de la peinture, éditions de l'Amateur, Paris, 1981.
  • Jacques Pérez et BINOUS Jamila, Alexandre Roubtzoff et la médina de Tunis, Dunes, Tunis, 2010 (ISBN 978-9973-02-013-0)
  • Jacques Pérez, Alexandre Roubtzoff, La Tunisie, Collection Regard, Tunis, 2017 (ISBN 978-9938-00-326-0)

Liens externes

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