Alexander McQueen

Alexander McQueen, de son nom complet Lee Alexander McQueen, né le à Lewisham à Londres et mort le à Mayfair, est un créateur de mode britannique[1]. Il est surnommé, en raison du côté parfois provocateur de certaines de ses collections, l'« Enfant terrible », et à l'instar d'autres créateurs tels que Stella McCartney ou Raf Simons, l'un des plus grands espoirs de la mode lors de sa carrière.

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Biographie

Parcours

D'une famille modeste de Londres, sa mère est enseignante et son père a été chauffeur de taxi[2],[3]. Travaillant dès seize ans en tant qu'apprenti coupeur et tailleur chez Anderson & Sheppard, le tailleur de Savile Row du Prince Charles, puis chez d'autres tailleurs de cette rue de Londres, ainsi qu'à Milan chez Romeo Gigli[2],[3], il intègre directement le troisième cycle de la prestigieuse école Central Saint Martins de Londres[4]. Dès 1992, Alexander McQueen se fait remarquer par Isabella Blow[5] qui achète puis publie sa première collection[n 1] dans les pages du Vogue britannique ; elle l'encourage à changer son prénom de « Lee » pour « Alexander »[2],[6]. Blow, qui le prend sous son aile, lui restera fidèle jusqu'à sa mort[2], malgré les divergences : Blow a réellement « construit » la carrière du créateur dès ses débuts, mais celui-ci supporte de moins en moins cet héritage[7]. En a lieu son premier scandale avec sa collection « Le viol de l'Écosse », où ses mannequins portent des vêtements arrachés et des lacérations[8].

Remplaçant la star montante John Galliano parti chez Dior, Alexander McQueen intègre en 1996 Givenchy où il officie jusqu'en 2001 ; cette même année 1996, il reçoit le prix du « Créateur britannique de l'année » ; pourtant, sa première collection pour la maison de couture est « massacrée par la critique[2] ». « Je sais que c'était nul » dira-t-il à Vogue fin 1997[2]. Durant ses années chez Givenchy, il se fait également remarquer par ses déclarations controversées, critiquant ses compatriotes Galliano ou Vivienne Westwood, et présentant le très respecté Hubert de Givenchy comme un couturier « mineur »[2].

En 1997, il rencontre Anne Ray qui deviendra son amie et le photographiera jusqu'en 2010[9],[10],[11].

C'est sous son propre label qu'Alexander McQueen se distinguera et trouvera la liberté de création et d'expression qu'il a toujours attendue à l'opposé de ses créations chez Givenchy[2]. « Il faut leur donner de l'extravagance ! » dit-il[3]. Ses collections sont ponctuées de scandales[2], et chacune d'elles possède un thème bien spécifique, comme la rencontre inopinée de pirates naufragés et d'indigènes (SS 2003, Irere), ou bien un hommage au film d'Alfred Hitchcock[n 2] et à Kim Novak (FW 2005, Vertigo). Il se distingue également par la mise en scène de ses défilés, événements théâtraux[3],[12], où les mannequins peuvent évoluer tour à tour comme sur une piste de danse (SS 2004, Deliverance) ou à la façon de pions de jeux d'échecs (SS 2005, It's Only A Game). Mais c'est sa réinterprétation de La Mort du cygne par Shalom Harlow lors de la collection printemps-été 1999 qui est l'apogée des défilés du créateur anglais qui s'est régulièrement fait remarquer par ses shows souvent controversés[13]. Toujours en 1999, il crée la robe de mariée de Kate Winslet qui restera dans les annales[2].

Depuis l'hiver 2002, jusqu'à sa mort en 2010, Alexander McQueen dessinait aussi des collections masculines. Parmi les autres activités de sa maison, on note aussi la création de deux parfums féminins : Kingdom et MyQueen. Il a également dessiné un sac, nommé Novak en hommage au style, simple et sobre, de Kim Novak. Ce nom est également un clin d'œil aux sacs de la maison Hermès (le Kelly et le Birkin) et entend conférer au Novak un statut d'objet culte, et non pas de sac renouvelable chaque saison. Il reçoit en 2003 le prix international du Conseil des créateurs de mode américains.

Le , son défilé The Horn of Plenty (« La corne d'abondance ») résonne avec la crise économique de l'époque : « Alexander McQueen montre à la mode ce qu'elle est devenue : une caricature de féminité outrancière, coupée de la réalité, surnommant les névroses consuméristes ». Le , son défilé suivant est sur le thème de l'Atlantide (« Plato's Atlantis »). Son dernier show, The Bone Collector (« Le fossoyeur »), a lieu en [8].

Alexander McQueen se suicide par pendaison, chez lui à Mayfair, le , la veille des obsèques de sa mère. En hommage à Alexander McQueen, Laure Shang Wen Ji lui a dédié une chanson To McQueen. Lady Gaga qui est très proche de lui et qui admire son travail lui rend hommage en 2010, aux Brit Awards en lui dédiant son interprétation de Telephone.

Collaborations

Création 2008 Alexander McQueen, The girl who lived in the tree, chapeau Philip Treacy.

Alexander McQueen collabore avec d'autres artistes, qu'ils fassent partie du monde de la mode, ou pas. On peut citer, entre autres, David Bowie, pour lequel il créa de nombreux costumes de scène[14], le modiste Philip Treacy (en), ou le non conventionnel joaillier Shaun Leane ainsi que la chanteuse Lady Gaga qui porte une robe ainsi que des chaussures Alexander McQueen dans son clip Bad Romance, Vanessa Beecroft (avec laquelle il collabore pour VB47, au Peggy Guggenheim Museum, à Venise). Il travaille aussi avec la chanteuse Björk, pour qui il réalise le clip de Alarm Call, et de nombreuses robes (citons : la robe de mariée de Pagan Poetry, constellée de perles, une rouge avec des plumes d'autruche et des lames de verre qu'elle porte durant la tournée Vespertine, et celle qu'elle arbore à la cérémonie des Fashion Rocks, ou encore la robe faite de chaînes que porte la chanteuse Céline Dion dans son spectacle A New Day, à Las Vegas). Alexander McQueen collabore par ailleurs avec la danseuse Sylvie Guillem, le metteur en scène Robert Lepage et le chorégraphe Russel Maliphant en réalisant les costumes du spectacle Eonnagata, dont la première a lieu au théâtre Sadlers Wells de Londres en . Le film Guillem, sur le fil retrace les répétitions du spectacle depuis ses prémices jusqu'à la première Londonienne. On y voit Alexander McQueen créer les costumes des trois artistes, comme s'il sculptait leurs corps.

Alexander McQueen travaille avec la maison Boucheron pour créer une version Haute joaillerie de son sac emblématique Novak, en utilisant le motif fétiche du serpent Boucheron comme fermoir. Enfin, Alexander McQueen signe également un contrat avec la marque de sportswear Puma afin de dessiner des collections limitées, aux lignes haut de gamme, dans les années 2010[15].

Vie privée

McQueen est ouvertement homosexuel[16]. Il contracte une union civile avec son compagnon George Forsyth en 2000 à Ibiza.

Documentaires

Bibliographie

  • Bolton, Andrew (2010), Alexander McQueen: Savage Beauty, Metropolitan Museum of Art, (ISBN 978-0-300-16978-2)
  • Knox, Kristin (2010), Alexander Mcqueen: Genius of a Generation, A & C Black Publishers Ltd, (ISBN 978-1-4081-3076-6)
  • Deniau, Anne (2012), Love looks not with the eyes : Lee Alexander Mcqueen, La Martinière, (ISBN 978-2-7324-5242-5)

Filmographie

  • Loïc Prigent, Le testament d'Alexander McQueen, documentaire télévisé, France, 2015 ; Arte[17].
  • Ian Bonhôte, Peter Ettedgui, McQueen, documentaire sorti en 2018.

Notes et références

Notes

  1. Collection intitulée « Jack the Ripper Stalks his Victims »[3].
  2. Collection « The Birds » printemps/été 1995, le défilé se tient dans un entrepôt désaffecté[3].

Références

  1. https://www.20minutes.fr, consulté le 11 février 2010.
  2. Linda Watson, Vogue - La mode du siècle : Le style de chaque décennie, 100 ans de créateurs [« Vogue Twentieth Century Fashion - 100 years of style by decade and designer »], Éditions Hors Collection, , 255 p. (ISBN 2-258-05491-5), « Les créateurs : McQueen, Alexander », p. 187
  3. Jonathan Metcalf (dir.) et al., Fashion : la mode à travers l'histoire [« Fashion. The Ultimate Book of Costume and Style »], DK, , 480 p. (ISBN 978-2-8104-0426-1), « Alexander McQueen », p. 418 à 419
  4. Stéphanie Chayet, « Les Anglais premiers de la classe », sur lepoint.fr, Le Point,
  5. « Alexander McQueen », sur tendances-de-mode.com, (consulté le )
  6. Clément Ghys, « Blow l’inspiratrice », sur liberation.fr, (consulté le )
  7. Colin McDowell, « Livres : McQueen et Galliano ou le côté obscur de la mode », sur Business of Fashion - lemonde.fr, (consulté le )
  8. Loïc Prigent, « McQueen, le prince des ténèbres », Vanity Fair n°28, octobre 2015, pages 136-143.
  9. « Rencontres d’Arles : portrait de l’artiste en homme-oiseau », Le Monde, (lire en ligne)
  10. Théodora Aspart, « 7 questions à Ann Ray, exposée aux Rencontres d'Arles », Vogue, (lire en ligne)
  11. (en-US) « ann ray shares her massive archive of alexander mcqueen photos », I-d, (lire en ligne, consulté le )
  12. Paquita Paquin, « Il va y avoir du sport », Culture, sur liberation.fr,
    « Le show d'Alexander McQueen restera le plus époustouflant de la saison. A dix mètres de hauteur, dans une galerie suspendue où souffle une tempête de neige, passe une robe parachute dans laquelle s'engouffre le vent. L'Anglais laisse exploser sa créativité au cœur d'une vaste étendue lunaire glacée. Débordant d'inspiration, […] »
  13. Cally Blackman (trad. Hélène Tordo), 100 ans de mode [« 100 years of fashion »], Paris, La Martinière, , 399 p. (ISBN 978-2-7324-5710-9, présentation en ligne), « Les conceptuels », p. 346
  14. (en) Dana Thomas, « David Bowie, Alexander McQueen, and the Making of That Iconic 90s-Era Union Jack Coat », Vanities, (lire en ligne)
  15. Biographie d'Alexander Mac Queen
  16. (en) Alexander McQueen: enfant terrible and fashion genius
  17. « “Le Testament d'Alexander McQueen” de Loïc Prigent: un hommage inspirant », Les Inrocks, (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Liens externes

Articles connexes

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