Albert Eiselé

Albert Eiselé (1913-1992) est un militant politique, un avocat français[1] et un érudit, auteur d'articles et d'ouvrages sur le patrimoine lorrain.

Pour les articles homonymes, voir Eisele.

Biographie

Jeunesse et formation

Le , Albert Eiselé naît à Metz, alors ville allemande. Il est le fils d'un dentiste messin. Il termine ses études secondaires au Lycée Fabert de Metz, avant de s'orienter vers des études juridiques, à Paris. Après une licence et deux diplômes en droit et en économie politique, il soutient une thèse de doctorat en droit en 1936[2]. Il est aussi licencié ès lettres[3]. Il est avocat stagiaire à Paris durant une année, puis avocat stagiaire au barreau de Metz.

Délaissant le droit, il se tourne en 1936 vers le journalisme et la politique, et devient le secrétaire général du très anticommuniste Front lorrain[4], et son principal animateur. Le Front lorrain a été constitué en septembre 1936 en réaction à la victoire du Front populaire et à l'essor du communisme[5]. Albert Eiselé soutient ainsi l'abbé Charles Ritz, directeur du quotidien messin Le Lorrain et initiateur de ce front. Il publie plusieurs articles dans ce journal à partir de juin 1936, contre le Front populaire, les communistes et pour le corporatisme[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13], un ouvrage anticommuniste, De Marx à Staline (1937)[14],[15],[16], une brochure sur le « complot communiste » (1938)[17], et tient des réunions politiques en Moselle, avec les élus et les militants du Front lorrain, jusqu'en 1938[18],[19],[20],[21],[22],[23],[24],[25],[26],[27],[28],[29],[30],[31]. Il représente le Front lorrain à une réunion des royalistes lorrains à Nancy, aux côtés de Charles Maurras, en 1938[32],[33].

Il est membre de la Cagoule; son nom figure sur une liste d'adhérents retrouvée au domicile de l'archiviste de la Cagoule, Aristide Corre[34].

Seconde Guerre mondiale

Lorsque la guerre éclate, il est appelé comme sous-lieutenant. En fonction dans le secteur fortifié de Boulay, il est fait prisonnier près de Flavigny-sur-Moselle[4]. Refusant de réintégrer la Moselle, annexée à l'Allemagne depuis , il s'installe à Nancy, puis à Paris. En 1944, il rejoint la clandestinité. Sa connaissance de la langue allemande est un atout, notamment lorsqu'il négocie la reddition de Waffen-SS dans le maquis de la Haute-Corrèze[4].

Après-guerre

Après la guerre, Albert Eiselé ouvre un cabinet d'avocat à Metz. L'épuration politique bat alors son plein. Il défend en 1947 l'Alsacien Joseph Bilger, en 1951 le brigadeführer Dunkern, ancien chef de la police du Gau Westmark[35], en 1953 un gardien allemand du Schirmeck (camp)[36], en 1954 des gardiens du Struthof[37].

S'appuyant sur sa connaissance du terrain et des rouages juridiques, Albert Eiselé écrit des articles sur les affaires judiciaires de l'époque[38], d'Oradour, ou encore du Struthof[4], et sur l'épuration en Moselle et en Alsace, dans Le Lorrain en 1945 - il préconise une épuration nuancée[39] - comme dans la revue parisienne des épurés hostiles à la résistance, Ecrits de Paris[40].

Il milite pour le rétablissement à Metz de la cour d'appel, supprimée en 1872 par les Allemands et rétablie en 1973[41].

En 1950, il consacre une étude sur l'École de Peinture de Metz au XIXe siècle. Président de l'association « Renaissance du Vieux Metz », dans les années 1960-1970, il sauve l'Arsenal de Metz de l'appétit destructeur des promoteurs immobiliers[4]. Cet érudit publie dans Les Cahiers lorrains plusieurs articles[42].

Albert Eiselé meurt le à Metz.

Publications

  • Le charbon mosellan. Étude historique et économique, Maurice Lavergne imprimeur, 1936, 462 p.
  • De Marx à Staline, éditions de l'abeille, 1937, préfacé par Paul Vautrin, cofondateur du Front lorrain, 214 p.[43].
  • Le temps de l'Europe. Essai inédit dans la Revue de psychologie des peuples, 1954.
  • Metz et son école de peintres : 1825-1870, Metz, Mutelet, 1959, 117 p.
  • La Chute du prince: analyse d'une campagne électorale dans la perspective des vieilles pierres, Renaissance du vieux Metz, 1973.
  • Fénétrange et sa collégiale, Musée du pays de Sarrebourg, 1980, 20 p.
  • Le Westrich : à la recherche d'un pays fantôme, Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine, Section de Sarrebourg, Scheuer, Drulinge, 1988, 279 p.

Notes et références

  1. Notice d'autorité sur catalogue.bnf.fr.
  2. Le Lorrain, 14 mars 1936. Université de Paris, Faculté de droit : Le Charbon mosellan, étude historique et économique, thèse de doctorat.
  3. Le Lorrain, 21 mai 1935
  4. Les cahiers lorrains, Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine, 1990 (p. 65-66).
  5. Albert Eiselé, Le Front lorrain se dresse contre les entreprises bolchevistes, dans La Liberté, 8 octobre 1936
  6. Le Lorrain, 10 juin 1936, "Faisons le point"
  7. 'Ibid., 19 avril 1938
  8. Ibid., 30 juillet 1936, A. Eiselé, "La France sera-t-elle soviétisée ?"
  9. Ibid., 3 août 1936, "La France résistera-t-elle à l'assaut communiste ?"
  10. Ibid., 13 novembre 1937, "Que veut le parti communiste ? Un cadavre vivant : le Front populaire"
  11. Ibid., 23 novembre 1937, "La révolution trahie par le communisme"
  12. Ibid., 27 novembre 1937, "La France, arme ou paratonnerre du communisme ?"
  13. Ibid., 24 mars 1938, "Pour l'ouvrier. Vers le redressement"
  14. Le Lorrain, 27 mai 1937
  15. Ibid., 17 juin 1937, Ch. Ritz, "Un livre opportun. De Marx à Staline"
  16. Le Journal, 30 juillet 1937
  17. Le Lorrain, 23 mars 1938
  18. Le Lorrain, 25 octobre 1936
  19. Ibid., 11 décembre 1936
  20. Ibid., 26 janvier 1937 (Avec Straub, conseiller général)
  21. Ibid., 27 février 1937 (Avec Paul Vautrin, Ch. Ritz, Jean Meyer)
  22. Ibid., 13 avril 1937
  23. Ibid., 15 avril 1937
  24. Ibid., 4 mai 1937 (Avec Foulé et Straub)
  25. Ibid., 25 août 1937 (Avec Antoni)
  26. Ibid., 7 octobre 1937
  27. Ibid., 8 octobre 1937
  28. Ibid., 17 novembre 1937 (avec Victor Antoni)
  29. Ibid., 18 décembre 1937
  30. Ibid., 30 novembre 1937 (Avec Antoni)
  31. Ibid., 14 décembre 1937 (Avec Antoni)
  32. L'Action française, 11 janvier 1938
  33. L'Est républicain, 10 janvier 1938
  34. Jean-François Colas, « Georges Laederich (1898-1969) : le combat d'un industriel vosgien contre le Front populaire et le communisme, 1934-1939 », dans les Annales de la Société d'émulation du département des Vosges, 2018, p. 84
  35. Bernard Meddahi, La Moselle et l’Allemagne: 1945-1951, Thèse de doctorat, Université de Metz, 1979, p. 105
  36. Ce soir, 22 janvier 1953, p. 3
  37. Paris-presse, L’Intransigeant, 2 juillet 1954, p. 5, Le Monde, 2 juillet 1954, "Le procès du Struthof : " Défendre n'a jamais voulu dire approuver " déclare l'un des avocats"
  38. Réflexions sur les procès criminels de guerre dans Revue de droit pénal et de criminologie, Bruxelles, 1950. cf. Roger Bruge, 1944, le temps des massacres : les crimes de la Gestapo et de la 51e brigade SS, Albin Michel, 1994
  39. Le Lorrain des 13, 14 et 15 septembre 1945 : Bernard Meddahi, op. cit., p. 128
  40. Aspects juridiques de l'épuration en Moselle et en Alsace, dans Écrits de Paris, no 47 , (p. 107-125)
  41. Le Monde, 17 janvier 1973, "L'une des dernières traces de la défaite de 1870"
  42. L'Europe d'avant-hier : Eugénie Devilly (1824-1907). Une Messine en Russie au siècle dernier, 1993; Un "État" singulier et minuscule. La baronnie de Fénétrange, 1991; La terre de Bitche et le Duché de Lorraine, 1990; Le Westrich. Esquisse d'une explication, 1991; La carte "Lotharingia-Vastum Regnum" de 1508-1513. Observations et réflexions, 1990
  43. Table : Préface ; Avant-propos 1/ Rêveries Marxistes : La Doctrine ; La réponse des faits. 2/ Réalités Bolchéviques. 3/ Au pays de l'édification du socialisme : Le bluff des succès économiques de l'Union soviétique ; " Liberté " Soviétique. 4/ Y a-t-il une conclusion ?

Sources

  • Marcel Lutz, « Les Cahiers lorrains », Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine, , p. 65-66 (lire en ligne)

Liens externes

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