Akbar

Jalâluddin Muhammad Akbar (en arabe : جلال الدين محمّد أكبر, Jalālu d-Dīn Muḥammad ʾAkbar) (Umarkot, selon les sources le ou le [1],[2] - Āgrā, ) dirige l'Empire moghol de 1556 jusqu'en 1605. Il est généralement considéré comme le plus grand  akbar en arabe  Moghol.

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Pour les articles homonymes, voir Akbar (thé).

Son enfance

Akbar est né au sein d'une dynastie cultivée[3], et quatre tuteurs ont tenté, sans succès, de lui apprendre à lire[3]. Une raison possible est qu'il ait été dyslexique, ce qui pourrait expliquer par ailleurs sa capacité mémorielle très élevée[3].

Le guerrier

En 1556, il succède à son père Humâyûn à la tête du petit royaume musulman que ce dernier a regagné à la fin de sa vie après son exil en Perse. Il est âgé alors de 14 ans et son tuteur Bairam Khân va assurer sa régence. Grâce à son aide et celle de ses troupes, Akbar remporte, la même année, la bataille de Pânipat sur les troupes au service des Afghans du Bihar.

Il décide en 1560 de se libérer de la tutelle de Bairam Khân et met fin à sa régence. Ce dernier n'ayant pas accepté son éviction se rebelle, mais est rapidement écrasé. Dorénavant, Akbar règne en maître incontesté sur le Nord de l'Inde.

Akbar agrandit son empire en faisant la conquête du Goujerat en 1573, du Bengale en 1576, du Sind en 1590, de l'Orissa en 1592 et du Balouchîstân en 1594. Au décès de son frère Hakîm, roi de Kaboul, en 1585, il hérite du Cachemire. Il se lance ensuite à la conquête du Sud de l'Inde.

Le réformateur et mécène

Akbar
Akbar tenant conseil en présence des jésuites Rodolfo Acquaviva et Francisco Henriques, vêtus de noir.

Akbar fait preuve d'un grand talent d'administrateur et continue le travail de réorganisation commencé par Sher Shâh Sûrî, qui avait chassé son père hors de l'Inde. Il divise son territoire en 15 provinces, avec à la tête de chacune un gouverneur militaire, le Nawâb Nazîm, et un administrateur civil, le Dîwân qui en contrôle les finances. Il établit un impôt sur les terres agricoles correspondant au tiers de la valeur de la récolte. Tolérant en matière de religion, il abolit, en 1563, la jiziya, l'impôt levé en terre d'islam sur les non-musulmans, les taxes sur les pèlerinages ; il épouse une princesse hindoue, Jodha Bai, la fille du râja d'Amber Bihârî Mal, mère de son fils et successeur Jahângîr, et accueille des hindous dans son administration et ses armées, ce qui lui entraînera des alliances avec les royaumes rajputs.

À partir de 1561, il réforme l’administration de l’Empire. Il charge l’eunuque Itimad Khan (Khwaja Malik I'timad Khan) d’accroître les rentrées du pouvoir central aux dépens des gouverneurs de province. Pour réaliser la centralisation, Akbar doit mettre au pas les factions ethniques, les oulémas et enfin les clans centre-asiatiques. Le système de l’iqtâ est supprimé. L’administration peut prélever directement les impôts et payer en espèces les dignitaires de l’Empire. Devant une grande révolte provoquée par ces réformes, Akbar devra revenir en arrière dans les années 1580[4].

D'une grande ouverture intellectuelle et religieuse il invite des représentants des grandes religions à débattre devant lui de questions religieuses. Des jésuites de Goa y sont également invités[5]. De ces débats et recherches, il tire, en 1581, une religion de la lumière appelée Dîn-i-Ilâhî, idéologie religieuse syncrétiste empruntant à l'islam, au christianisme et surtout au jainisme. Il espérait promouvoir cette religion comme facteur unifiant de son empire. Il autorise à nouveau la construction de temples hindous mais interdit la satî, le suicide des veuves.

Mausolée d'Akbar à Sikandra près d'Āgrā.
La façade du mausolée d'Akbar.

Pour célébrer sa victoire sur le Gujerat, il ordonne la construction (1569-1576) d'une nouvelle capitale à Fatehpur-Sikrî, près de Āgrā[6], où il encourage un nouveau style architectural mélangeant influences musulmanes et hindoues. Akbar élabore un véritable rituel de cour. À Fatehpur-Sikrî, ses apparitions en public sont programmées et il traite les affaires courantes dans un hall ouvert à tous (cérémonie du darbar). Il fait de nombreuses réformes administratives et prend des mesures en faveur des paysans. Fatehpur-Sikrî est rapidement abandonnée car manquant gravement d'eau (1586). Il s'installe à Lahore, plus près de régions instables. Il attire des peintres en miniatures persans.

Les dernières années du règne d'Akbar sont marquées par les rébellions fréquentes de son fils Salim, le futur empereur Jahângîr. Il meurt à Āgrā le de dysenterie. Un superbe mausolée en marbre blanc et grès rouge élevé par son fils à Sikandra au nord-ouest de la ville, recueille sa dépouille. Sa tombe sera profanée par les Jâts, des agriculteurs révoltés, et ses restes dispersés.

Épouses, concubines et descendance

  • Ruqaiya Sultan Begum (en) (1542 - Agra le  ; inh. à Kaboul), sa cousine, fille de son oncle paternel Hindal Mirza et de Sultanam Begum, mariée à Ghazni en 1552, Padshah Begum ;
  • Une fille de Jamal Khan de Mewat ; mariée en  ;
  • Une fille de Mirza Abdullah Khan Moghol, mariée à Mankot en 1557 ;
  • Salima Sultan Begum (en) (née vers 1544, morte à Dehli le  ; inh. à Agra), fille de Nureddin Mohammed Mirza et d'une fille de Babur (mariée en premières noces à Jalandhar en déc. 1557 à Bairam Khan (1524 - Patan, ), fils de Saif Ali Beg Baharlu et de Nagina Begum), mariée en 1561 ;
  • JODHA BAI (morte à Āgrā en , inh. à Sikandara), surnommée Mariam-uz-Zamani (en), fille de Bihari Mal, rajah d’Amber ; mariée à Sambhar le 6 fév. 1562, mère de :
  • Na Begum, veuve de Abdul Wasi, mariée en 1563 ;
  • Une fille de Miran Mubarik Shah, gouverneur de Khandis ; mariée en  ;
  • Une fille de Sultan Mohammed Nasir Uddin Husain Shah, sultan du Kashmir ; mariée en 1569 ;
  • Nathi Bai Sahiba, fille du Rawal Har Rai, maharajah de Jalsaimer ; mariée en 1570, dont :
    • Mahi Begum (1576 - ).
  • Baiji Lal Raj Kanwari Sahiba, fille de Kunwar Kanhau de Bikaner et nièce de Kalyan Mal Rai, rajah de Bikaner ; mariée à Nagaur le  ;
  • Sindh Begum Sahiba, fille de Mirza Muhammad Baqi ; mariée en 1570 ;
  • Une fille de Nahar Das Isar Das ; mariée vers 1572 ;
  • Une fille de Jai Chand, rajah de Nagaur ; mariée en 1573 ;
  • Kasima Banu Begum Sahiba, fille d'Arab Shah ; mariée à Fatehpur Sikri en 1575 ;
  • Une fille d'Askaran Sahib Bahadur, Maharawal de Dungarpur ; mariée en 1577 ;
  • Rukmawati Baiji Lall Sahiba (morte avant le ), surnommée Jodh Bibi, fille de Rao Maldeoji, rao de Marwar ; mariée vers 1581 ;
  • Une fille de Kesho Das Rathore, rajah de Mertia ; mariée en 1581 ;
  • Une fille de Shams Chak, du Kashmir ; mariée à Srinagar en 1592 ;
  • Une fille de Qazi 'Isa, de Qazwin ; mariée à Lahore en 1593 ;
  • Une fille de Nasir Khan ; mariée avant 1597 ;
  • Une fille de Lakshmi Narayan Bhup Bahadur, raja de Cooch Behar ; mariée en 1597 ;
  • Gauhar Khanum, une sœur de Shaikh Jamal Bakht Bahaduriyar ;
  • Na Begum, fille d'Hassan Khan, gouverneur de Merta.

Concubines :

  • Bibi Pungrai ;
  • Bibi Aram Bakhsh ; mère de :
    • Sultan Hussein Mirza ( - ) ;
    • Sultan Hassan Mirza, ( - ).
  • Bibi Soleiman Begum, mère de :
    • Shahzada Khanum ( - après 1600), mariée à Lahore en à Muzaffar Husain Mirza, fils de Ibrahim Hussain Mirza et de Gulrukh Begum, mort en 1604
  • Salima Begum, morte le , mère de :
    • Sultan Murad Mirza, né Fatehpur Sikri ( - Jalnapur, , inh. à Delhi) ; marié (A) à une fille de Bahadur, et petite-fille d'Ali Khan fakhuri, gouverneur de Khandesh ; marié (B) à Lahore en à Habiba banu Begum, fille d’Aziz Koka Mirza, Khan i Azam, dont :
      • Rustam Mirza ( - ) ;
      • Alam Mirza () ;
      • Iffat Jahan Banu Begum ; mariée à Delhi le à Sultan Parviz Mirza, second fils de Jahangir.
  • Bibi Khaira ;
  • Bibi Maryam, morte à Lahore 1596 ;
  • Bibi Daulat Shad, mère de :
    • Shakhrunissa Begum (née vers 1577, morte entre Akbarabad et Delhi - , inh. à Delhi) ; mariée à Lahore le à Shahrukh Mirza Miranshah, fils de Sultan Ibrahim Mirza Miranshah et de Muhtarima Khanum, mort à Ujjain en 1607 ;
    • Aram Banu Begum ( - 1624, inh. à Delhi) ; mariée à Mirza 'Abdu'r Rahim Khan, né à Lahore le , mort en 1627 à Dehli, fils de Bairam Khan Bahadur
  • Bibi Naun ;
    • Lala Begum, morte jeune ;
  • de mères inconnues :
    • Fatima Banu Begum, morte en 1562 ;
    • Sultan Daniyal Mirza (Ajmer, - Burhanpur, ), vice-roi du Deccan en  ; marié (A) à une fille de Sultan Khwaja 'Abdu'l-Azim Naqshabandi ; marié (B) en 1594 à une fille de Qulij Khan Andajani, morte à Gwalior en 1599 ; marié (C) à Lahore le 2 oct. 1595 à une fille de Kanwar Rai Mal Sahib, et petite-fille de Rao Mal Deoji Sahib, rao de Marwar ; marié (D) en 1599 à Janan Begum Sahiba, morte après , fille de Mirza 'Abdu'r Rahim Khan, khan i khanam ; marié (E) à une fille de Rajah Dalpat de Ujjain ; marié (F) en 1604 à Sultan Begum Sahiba, fille de Sultan Ibrahim II, rajah de Bijapur.

Notes et références

  1. (en) Mariam Uz-Zamani, « REAL Date of Birth of Akbar & Akbar's Horoscope | Was Akbar a Title? » (consulté le ).
  2. (en) Vincent Arthur Smith, « Akbar the Great Mogul, 1542-1605 », sur archive.org (consulté le ).
  3. (en) John F. Richards et Gordon Johnson, The Mughal Empire, Cambridge University Press, , 337 p. (ISBN 0-521-56603-7, lire en ligne), p. 35.
  4. Claude Markovits, A history of modern India, 1480-1950, Anthem Press, (ISBN 9781843311522, présentation en ligne).
  5. Lettre d'invitation dans : John Correia-Afonso, Letters from the Mughal court, Bombay, 1980.
  6. R. J. Overy, 1948-, Atlas de l'histoire du monde, Sélection du Reader's Digest, (ISBN 978-2-7098-1097-5)

Annexes

Culture populaire

  • Akbar est le nom du chef des troupes indiennes dans le jeu de stratégie en temps réel Age of Empires III (Asian Dynasty).
  • Mughal-E-Azam, film indien réalisé par Kamuddin Asif sorti en 1960, dans lequel Akbar est déchiré entre son sens du devoir et son amour pour son fils Salim qui veut épouser Anarkali, esclave et danseuse à la cour.
  • Jodhaa Akbar, film indien réalisé par Ashutosh Gowariker sorti en 2008, relate l'histoire d'amour de l'empereur musulman Akbar et de la princesse hindoue Jodhaa. De même que la série télévisée indienne Jodha Akbar (2013-2015).
  • Les Ravissements du Grand Moghol de Catherine Clément (Le Seuil, 2016) raconte de façon romancée le débat religieux organisé par l'empereur Akbar (ISBN 9782021227437).

Liens externes

Articles connexes

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