Aigle (constellation)

L'Aigle est une constellation située à peu près sur l'équateur céleste. Facilement reconnaissable et dotée d'étoiles assez brillantes, elle fut répertoriée par Aratus de Soles[1], puis par Ptolémée dès le IIe siècle.

Pour les articles homonymes, voir Aigle (homonymie).

Aigle

Vue de la constellation
Désignation
Nom latin Aquila
Génitif Aquilae
Abréviation Aql
Observation
(Époque J2000.0)
Ascension droite Entre 278,75° et 308,00°
Déclinaison Entre -12,03° et 18,50°
Taille observable 652 deg2 (22e)
Visibilité Entre 85° N et 75° S
Méridien 20 août, 21h00
Étoiles
Brillantes (m≤3,0) 3 (α, γ, ζ)
À l’œil nu 130
Bayer / Flamsteed 61
Proches (d≤16 al) 0
La plus brillante Alpha Aquilae (Altaïr) (0,77)
La plus proche Alpha Aquilae (Altaïr) (16,72 al)
Objets
Objets de Messier 0
Essaims météoritiques Aquilides de juin
Epsilon aquilides
Constellations limitrophes Capricorne
Dauphin
Écu de Sobieski
Flèche
Hercule
Ophiuchus
Sagittaire
Queue du Serpent
Verseau

Observation

Histoire

Selon la mythologie grecque, elle doit représenter soit l'Aigle de Zeus, soit l'Aigle du Caucase qui, chaque jour, atterrit près d'un rocher où est enchainé Prométhée pour grignoter son foie (du moins jusqu'à ce que Hercule le libère).

Repérage

Constellation de l'Aigle
Visibilité nocturne de la constellation. Animation explicitant le repérage des étoiles de l'Aigle.

La constellation de l'Aigle fait partie du triangle d'été.

Elle se reconnaît directement par l'alignement de trois étoiles dont Alpha Aquilae (Altaïr) est le centre, et β et γ Aql les extrémités. Cet alignement forme la « tête » de l'aigle.

Si le grand carré de Pégase est visible, la constellation se trouve dans l'alignement du carré vers l'ouest.

Forme

La constellation est facile à visualiser, compacte et assez lumineuse (mag 4), mais sa tête toute en longueur fait plutôt penser à un ptérodactyle qu'à un aigle.

Le triangle dont les sommets sont γ Aql (sommet de la tête), θ Aql (bout de l'aile) et δ Aql (centre du corps) est sensiblement équilatéral, et marqué par des petits alignements intermédiaires d'étoiles assez brillantes. Partant de la tête de l'Aigle, centrée sur Altaïr, on repère facilement θ Aql, l'extrémité de l'aile Est. De là, on remonte l'aile vers l'ouest par un petit alignement de trois étoiles qui passe par η Aql (variable) et tombe sur δ Aql, au centre du corps de l'Aigle. Dans l'alignement du « corps », on peut voir μ Aql entre γ Aql et δ Aql. Dans le prolongement du « corps », on tombe sur λ Aql, qui marque le bout de la queue.

De l'autre côté, l'étoile brillante symétrique de θ Aql est ζ Aql, qui marque l'aile Nord. À côté d'elle ε Aql, l'extrémité de l'aile. (Ces deux étoiles s'appellent Deneb Al Okab, ce qui signifie en fait « la queue du faucon »). Le bout de l'aile ε Aql - ζ Aql pointe vers μ Aql, sur le cou, et de là vers θ Aql.

Constellations voisines

L'étoile assez brillante que l'on peut voir dans le prolongement de l'aile θ-ν-δ après 10° est le bout de la queue du Serpent, θ Ser.

L'autre aile pointe après 5° sur le bout du pied d'Hercule.

En face de la tête de l'aigle, au nord-est, on peut voir la forme très caractéristique du Dauphin, petit groupe d'étoiles assez serré, formant un quadrilatère. Au nord de la tête, on reconnaît la Flèche.

Dans le prolongement des deux étoiles rapprochées qui forment la queue de l'Aigle, et à l'ouest de cette queue, on trouve l'Écu de Sobieski, une petite constellation peu lumineuse.

Alignements

Altaïr est sur l'alignement qui part de la Grande Ourse, suivant la diagonale SO-NE de la « casserole ». Cet alignement passe par le cœur du Dragon et par sa tête, pour venir toucher Véga de la Lyre, puis Altaïr. L'alignement Véga - Altaïr permet de repérer 20° plus au sud α du Capricorne et les deux « pieds » du capricorne 15° plus loin ; et pour les observateurs situés suffisamment au sud, cet alignement se prolonge jusqu'à Al Na'irGruis), à une soixantaine de degrés d'Altaïr.

Dans l'axe du « corps » de l'aigle, on tombe sur la queue du Scorpion, à une quarantaine de degrés vers le sud. Elle n'est guère visible pour les observateurs au-dessus de 40°N.

Objets célestes

Deux novae majeures ont été observées dans l'Aigle ; la première en 389 av. J.-C., décrite comme plus brillante que Vénus, la deuxième, V603 Aquilae, fut brièvement plus brillante qu'Altaïr en 1918.

Étoiles principales

Située juste sur la Voie lactée, l'Aigle recèle de nombreuses étoiles brillantes.

Altaïr (α Aquilae)

Altaïr (ou α Aquilae dans la désignation de Bayer), l'étoile la plus brillante de la constellation, brille d'une magnitude apparente de 0,77, ce qui fait d'elle la 12e étoile la plus brillante du ciel nocturne. Son nom arabe al-nasr al-taïr signifie « l'Aigle en vol ». Elle est le centre d'un alignement presque parfait de trois étoiles, les Ailes de l'Aigle. Les deux autres étoiles de cette ligne sont Alshain et Tarazed (β et γ Aql). Altaïr est également l'un des sommets de l'astérisme connu sous le nom du Triangle d'été, avec Véga (α Lyrae) et Deneb (α Cygni)[2].

Altaïr est également l'une des étoiles les plus proches, située à environ 17 années-lumière de la Terre[3]. Il s'agit d'une étoile blanche de la séquence principale de type spectral A7Vn[4], qui tourne très rapidement sur elle-même en 7 h 46. Sa vitesse de rotation est si grande (elle atteint à l'équateur 314 km/s, soit plus de trois-cents fois celle du Soleil) que sa forme est celle d'un ellipsoïde nettement aplati[5]. Son âge était généralement estimé à environ un milliard d'années, mais une modélisation plus adaptée à sa rotation rapide, et présentée dans une étude parue en 2020, a conduit à lui réviser son âge à 100 millions d'années seulement[6],[5].

β Aquilae (Alshain)

β Aquilae (Alshain) n'est pas la 2e étoile la plus brillante de la constellation, comme sa place dans la désignation de Bayer pourrait le laisser penser, mais la 7e. Elle doit son β à son alignement avec Altaïr et Gamma Aquilae (Tarazed)[7]. Le nom d'Alshain est issu d'une phrase perse Šāhin-i [Tarāzū] signifiant « l'aiguille [de la Balance] »[8] et s'appliquant à l'origine également à Altaïr et Gamma Aquilae (Tarazed). Au bout du compte, Alshain hérita de l'un des mots tandis que Tarazed récupéra le deuxième[7].

Alshain est une étoile binaire, située à 44,7 a.l. (13,7 pc) du Soleil[3]. L'étoile primaire est une sous-géante jaune de type spectral G8IV[9] ; elle a donc arrêté la fusion de son hydrogène et est sur le point de devenir une étoile géante. Alshain est également légèrement variable, son amplitude de variation est d'à peine 5 % de magnitude[7].

Son compagnon est une naine rouge de douzième magnitude. Elle est localisée à une séparation de 13 secondes d'arc de l'étoile primaire sur le ciel, ce qui correspond à 175 ua connaissant la distance du système[7].

γ Aquilae (Tarazed)

γ Aquilae (Tarazed ou encore Reda) est une étoile dont le nom traditionnel usuel ne vient pas de l'arabe. Tout comme Alshain, Tarazed vient de la phrase perse [Šāhin-i] Tarāzū signifiant « [l'aiguille] de la Balance »[8].

Tarazed est une étoile géante lumineuse orangée de type spectral K3II[9], située à environ 395 a.l. (121 pc) de la Terre[3]. Elle est 2 960 fois plus brillante que le Soleil et cent-dix fois plus large ; si elle était située à la place de l'étoile du Système solaire, elle s'étendrait jusqu'à environ une demi-unité astronomique, soit la moitié de l'orbite de la Terre[10].

ε et ζ Aql (Deneb Al Okab)

Deneb Al Okab, la Queue de l'Aigle[11],[12] en arabe, correspond aux deux étoiles ε Aql (Deneb Al Okab Borealis) et ζ Aquilae (Deneb Al Okab Australis).

λ et ι Aquilae (Al Thalimain)

λ Aquilae et ι Aquilae, les deux étoiles de la pointe sud-est de l'astérisme, sont appelées Al Thalimain.

Autres étoiles

η Aql est l'une des plus brillantes céphéides du ciel, une supergéante qui peut atteindre la brillance de sa voisine β Aql. Sa luminosité varie graduellement sur un cycle de 7,177 jours.

V Aql, un peu au sud de λ Aql, est l'une des étoiles les plus rouges du ciel, avec une température de surface de 2 115 K[réf. nécessaire].

Histoire

La constellation de l'Aigle fut vraisemblablement identifiée à un oiseau dès le XIIe siècle avant notre ère. Pour les grecs, elle représentait l'aigle de Zeus. Elle fut mentionnée par les astronomes grecs Eudoxe de Cnide (IVe siècle avant notre ère) et Aratos de Soles (IIIe siècle avant notre ère).

La constellation de l'Aigle, avec ses astérismes caractéristiques, visibles depuis les latitudes du bassin méditerranéen, a bien entendu été répertoriée par Ptolémée dans son Almageste, mais sous la dénomination « Antinoüs et son aigle », Antinoüs étant un esclave grec qui devint le favori de l'empereur Hadrien. Antinoüs fut intégrée définitivement à l'Aigle par Johann Bode.

Mythologie

Dans la mythologie hindoue, les trois étoiles les plus évidentes de la constellation, formant la tête de l'animal, Alpha Aquilae/Altaïr, Beta Aquilae/Alshain et Gamma Aquilae/Tarazed représentaient l'empreinte du pied de Vishnou.

Dans l'antiquité européenne, les étoiles de la partie sud de l'Aigle étaient nommées « Ganymède », du nom de l'échanson des dieux grecs qui aurait été enlevé, justement, par l'aigle de Zeus.

Dans l'histoire chinoise de Qi Qiao Jie, Niu Lang (Altaïr) et ses deux enfants (Alshain et Tarazed) sont séparés de leur mère Zhi Nu (Véga) qui est située de l'autre côté de la Voie lactée (voir aussi Astrologie chinoise — Légende d'Altaïr et de Véga).

Notes et références

  1. Les Phénomènes : Plus loin est une autre flèche qui n'a pas été lancée par un arc. Le Cygne vole près d'elle, mais il est plus boréal. On a nommé Aigle un autre oiseau proche de lui et moins grand. Il est orageux en sortant de la mer, à la fin de la nuit.
  2. (en) James B. Kaler, « Altair », sur Stars
  3. (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2, , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  4. (en) R. O. Gray et al., « Contributions to the Nearby Stars (NStars) Project: Spectroscopy of Stars Earlier than M0 within 40 Parsecs: The Northern Sample. I. », The Astronomical Journal, vol. 124, no 4, , p. 2048-2059 (DOI 10.1086/378365, Bibcode 2003AJ....126.2048G, arXiv astro-ph/0308182)
  5. (en) Kévin Bouchaud et al., « A realistic two-dimensional model of Altair », Astronomy & Astrophysics, vol. 633, , article no A78 (DOI 10.1051/0004-6361/201936830, Bibcode 2020A&A...633A..78B, arXiv 1912.03138, lire en ligne)
  6. « Enfin un modèle réaliste pour Altaïr, une étoile à la rotation extrême ! », sur www.insu.cnrs.fr/, CNRS (consulté le )
  7. (en) James B. Kaler, « Alshain », sur Stars
  8. « Étymologie des noms arabes d'étoiles », sur selefa.asso.fr, Société d’Études Lexicographiques et Étymologiques Françaises & Arabes (consulté le )
  9. (en) Philip C. Keenan et Raymond C. McNeil, « The Perkins catalog of revised MK types for the cooler stars », Astronomy & Astrophysics Supplement Series, vol. 71, , p. 245 (DOI 10.1086/191373, Bibcode 1989ApJS...71..245K)
  10. (en) James B. Kaler, « Tarazed », sur Stars
  11. (en) Deneb Al Okab Borealis - Site STARS de Jim Kaler
  12. (en) Deneb Al Okab Australis - Site STARS de Jim Kaler

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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