Agostino Steffani

Biographie

Munich

Steffani a passé son enfance à Padoue, où il était au lycée. Il fut admis comme choriste à la basilique Saint-Marc à Venise. Il y rencontra un couple princier bavarois (le comte Tattenbach) qu'il accompagna en 1667 à Munich pour rester finalement 21 ans à leur service. C'est là qu'il a appris à jouer de l'orgue avec Johann Kaspar Kerll. En 1672 Steffani est parti pour Rome approfondir son éducation musicale avec Ercole Bernabei pendant deux ans. Parallèlement il a entrepris des études théologiques. C'est en 1674 qu'il a publié sa première œuvre la Psalmodia vespertina. Il a composé ensuite des œuvres vocales; Steffani fit des voyages d'études en France et en Italie du nord, qui avaient aussi peut-être pour but l'accomplissement de missions diplomatiques. À Paris, il se produisit devant Louis XIV au clavecin.

L'entrée en fonction de Maximilien-Emmanuel de Bavière en 1680 est aussi un tournant dans la vie de Steffani qui, la même année, à l'issue de ses études de théologie, est ordonné prêtre[1]. Steffani est chargé de missions diplomatiques qui souvent sont en lien avec des projets de mariages princiers. En 1681 est donné son premier opéra Marco Aurelio, dans lequel on peut reconnaitre l'influence de Lully (le seul exemplaire manuscrit connu de la partition est conservé à la bibliothèque royale du palais de Buckingham), il est suivi par Solone en 1685, par Audacia e rispetto, Prerogative d'amore et Servio Tulio en 1686, par Alarico in 1687, et par Niobe, regina di Tebe en 1688.

Hanovre et Düsseldorf

Manuscrit d'un duo pour instruments à cordes

En Steffani est honorablement congédié par le prince. Après un court séjour en Italie, il devient fin juin kapellmeister pour l'opéra à la cour du duc Ernest-Auguste, prince électeur de Hanovre. Il compose alors jusqu'en 1696 presque un opéra par an[1].

Cette série a commencé par la composition, à l'occasion de l'inauguration du nouvel opéra de Hanovre en 1689 de Enrico il Leone qui fut donné dans un grand faste et lui valut un grand succès. Il composa également La Lotta d'Ercole con Achilleo en 1689, La Superbia d'Alessandro en 1690, Orlando generoso en 1691, Le Rivali concordi en 1692, La Liberia contenta en 1693, I trionfi del fato et I Baccanali en 1695 et Briseide en 1696.

Le livret de Briseide est de Francesco Palmieri (poet) (en). La plupart des autres sont de Abbate Mauro. Les partitions sont conservées au palais de Buckingham, où, avec cinq volumes de chant et cinq de duos, ils constituent une partie de la collection apportée en Angleterre par l'Électeur de Hanovre en 1714.

En 1696 il déménage à Bruxelles, où il est en contact avec les opéras de Lully. En 1702 Steffani réduit ses activités diplomatiques et se concentre davantage sur sa création musicale.

La même année il est appelé à Düsseldorf par le prince électeur Jean-Guillaume de Neubourg-Wittelsbach et est nommé président du conseil spirituel puis rapidement reconnu comme conseiller. Une année plus tard, il devient conseiller secret et mène des tractations politiques dans plusieurs villes. Pendant un temps il est Rector magnificus et curateur à l'université de Heidelberg pour être finalement nommé, en évêque de Spiga in partibus infidelium.

Les dernières années

En 1708, Steffani est envoyé à Rome comme intermédiaire dans le différend entre l'Empereur et le Pape. L'année suivante il est nommé vicaire apostolique pour la Haute et Basse Saxe. C'est avec le projet de regagner à l'Église catholique quelques familles princières allemandes qu'il rentre en Allemagne. Après la mort de quelques-uns de ses nobles bienfaiteurs, Steffani connait des difficultés financières. Il meurt en 1728 d'une attaque d'apoplexie à Francfort-sur le Main, alors qu'il cherchait à vendre quelques-unes de ses compositions ramenées d'Italie.

Création musicale

Steffani a intégré des éléments de la musique française et aussi allemande dans la musique italienne. Outre des opéras, Steffani a publié avant tout des duos, qui sont restés très populaires jusqu'au XVIIIe siècle. En témoignent le grand nombre de copies de ses travaux aussi bien que les mentions élogieuses de la part de musiciens et de poètes.

Discographie

Cantatas, Duets & Sonatas, Monique Zanetti, Pascal Bertin, Fons Musicae, Yasunori Imamura (dir.), éditions Pan Classics (2001).

Orlando Generoso, Bernward Lohr (dir), Musica Alta Ripa (en), Daniel Lager, Franz Vitzthum, Kai Wessel, Jorg Waschinski, Roberta Invernizzi (en), Susanne Ryden, édition MDG records, 2009.

Duetti da camera, Alan Curtis, (dir), Daniela Mazzucato, Carolyn Watkinson, Paul Esswood, John Elwes, édition Archiv Produktion (en), 1982, réédition 2012.

Mission, Diego Fasolis, I Barocchisti (de), Cecilia Bartoli, Philippe Jaroussky, éditions Decca, 2012.

Stabat Mater, Diego Fasolis, I Barocchisti, Cecilia Bartoli, Daniel Behle, Franco Fagioli, Julian Prégardien, Salvo Vitale, Coro della Radiotelevisione Svizzera, éditions Decca, 2013.

Alarico Il Baltha. (1687). Livret : Luigi Orlandi. Direction : Dieci Sara. Alarico: Stefania Maiardi (mezzo), Sanina : Maria Carla Curia (soprano), Honorio : Lee Ji Young (mezzo), Pisone: Luca Casagrande (baryton), Semiamira: Loretta Liberato (contralto), Placidia: Won Mi Jung (soprano), Stilicone : Guerino Pelaccia (ténor), Lidoro: Marco Democratico (basse). Camerata Scarlatti Ensemble. Enregistrement : , Production : . Edition: Concerto.

Niobe, regina di Tebe (1688). Livret : Luigi Orlandi, d'après les Métamorphoses d'Ovide. Direction : Paul O'Dette & Stephen Stubbs. Niobe: Karina Gauvin, Anfione, Roi de Thèbes : Philippe Jaroussky, Manto : Amanda Forsythe, Tiresia : Christian Immler, Clearte : Aaron Sheehan, Creonte : Terry Wey, Poliferno : Jesse Blumberg, Tiberino : Colin Balzer, Nerea : José Lemos. Boston Early Music Festival Orchestra. Production : 2015. Edition : Erato.

Un enregistrement de 2010, au royal opera House sous la direction de Thomas Hengelbrock, avec Véronique Gens, Jacek Laszczkowski et Amanda Forsythe notamment existe également, produit par opus arte.

Agostino Steffani dans la fiction

La romancière américaine Donna Leon, installée à Venise, a utilisé, pour son premier roman sans le commissaire Guido Brunetti, la vie et l'œuvre d'Agostino Steffani comme toile de fond à un roman policier contemporain, The Jewels of Paradise (Les Joyaux du paradis), publié en octobre 2012[2]. Selon le site officiel français de Donna Leon[3], c'est à la demande de son amie Cecilia Bartoli que la romancière a écrit cette intrigue sur fond d'histoire de la musique baroque.

Notes et références

Liens externes

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