Agnès McLaren

Agnès McLaren (, Édimbourg, Antibes) est une femme médecin écossaise[1]. Elle est reconnue pour l'aide apportée aux femmes indiennes qui, en raison de la purdah, ne pouvaient pas obtenir l'aide médicale d'un médecin homme. Très active dans les causes liées à la justice sociale, elle milite notamment contre le commerce des esclaves blancs et pour le droit de vote des femmes[2]. Agnès McLaren est la première femme diplômée de la faculté de médecine de Montpellier[3], devenant une figure emblématique de la place des femmes dans les universités de Montpellier.

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Biographie

Originaire d'Écosse, Agnès McLaren est la fille de Duncan McLaren, homme d'affaires presbytérien et politicien libéral écossais. Elle est âgée de trois ans lors de la mort de sa mère[4]. Jeune adulte, elle s’engage dans le combat pour la libération des femmes[5]. Aux côtés de sa belle-mère, Priscilla Bright McLaren, elle signe la pétition pour le droit de vote des femmes de 1866 et est élue secrétaire de la Société nationale d’Édimbourg pour le suffrage féminin, branche locale de la National Society for Women's Suffrage. En 1873, elle accompagne Priscilla Bright McLaren et Jane Taylour afin de donner des conférences sur le droit de vote des femmes dans les Orcades et les Shetland. Son père soutient la campagne des premières femmes souhaitant étudier la médecine à l'université d’Édimbourg et elle se lie d'amitié avec Sophia Jex-Blake, une des Edimbourg Seve[6].

Refusée à l'université d'Édimbourg, où la possibilité d'une femme médecin fait scandale, elle s’inscrit comme étudiante en médecine à l’université de Montpellier, qui accueille des étudiantes depuis 1868. Elle loge le temps de ses études chez les sœurs franciscaines. En 1878, elle devient la première élève à soutenir sa thèse Flexions of the Uterus, entre les villes de Montpellier et Dublin[7]. Elle est la première femme diplômée de la faculté de médecine de Montpellier et la dixième femme de Grande-Bretagne à obtenir son diplôme de docteure[5].

Agnès McLaren meurt le . Elle est enterrée à Antibes. La notice nécrologique parue dans le British Medical Journal la décrit comme : « Une femme de forte individualité et de caractère, connue d'un grand cercle de travailleurs philanthropiques de nombreuses nations, de nombreuses tribus et de nombreuses croyances. »[2]

Carrière professionnelle

Entre la France et l'Écosse

Agnès McLaren commence sa carrière professionnelle à Cannes auprès d'une clientèle privée. Rapidement, elle trouve dans l'aide apportée aux femmes démunies, une nouvelle vocation. Elle s'inspire de la tertiaire dominicaine Catherine de Sienne et de son travail au Grand Hôpital de Gênes et décide de rejoindre la congrégation des sœurs dominicaines de Béthanie, installée dans le Doubs[7].

Dès 1877, elle siège au conseil d'administration de la London School of Medicine for Women. Elle travaille alors comme médecin visiteuse au Cannongate Medical Mission Dispensary à Édimbourg. En 1882, elle intègre le Collège royal des médecins d'Irlande et étend la même année sa pratique de la médecine à la ville de Cannes. Elle passe ses étés à Édimbourg et déménage en France à l'approche de l'hiver[5]. En 1898, âgée de 61 ans, elle se convertit à l'Église catholique romaine. En 1905, elle est reçue comme tertiaire et se rend à Rome afin de solliciter le soutien financier du Maître de l'Ordre, le père Cormier. Son engagement médical se veut à la fois laïc et religieux[1].

Inde

En 1905, Agnès McLaren est à l'origine de la Medical Mission Committee à Londres. Accompagnée des volontaires d'une mission catholique, elle participe au financement puis à l'ouverture de l'hôpital St. Catherine à Rawalpendi, au nord de l'Inde, actuel Pakistan[8]. En raison de la coutume indienne de la réclusion pour les femmes, dite purdah, celles-ci ne peuvent être vues par des hommes autres que ceux de leur famille immédiate. Il leur est alors impossible de bénéficier de soins médicaux prodigués par un homme. Au début des années 1900, compte tenu du peu de femmes médecins, des milliers d'Indiennes sont mortes de maladie ou de complications liées à l'accouchement. Sur place, elle se préoccupe principalement de recruter des sœurs expérimentées en médecine et chirurgie afin de répondre aux besoins médicaux des femmes sur place[3].

Au cours de ses recherches de femmes susceptibles d'aider à diriger l'hôpital, elle découvre que la loi canonique catholique interdit aux religieuses de réaliser ce niveau de soins médicaux. Elle demande officiellement au pape et au Saint-Siège de lever la restriction tout en lançant un appel aux femmes intéressées par les soins de santé à l'étranger[5]. L'Autrichienne Anna Maria Dengel, répond à sa demande. Peu de temps après le début de leur correspondance, elle commence l'étude de la médecine à l'université de Cork, pour devenir à son tour médecin. Elle deviendra la fondatrice de Medical Mission Sisters, une congrégation catholique de sœurs formées en tant que professionnelles de la santé et se consacrant aux soins des femmes et enfants du monde entier[9].

Hommages

  • La « voie 90 » de la ville de Montpellier a été rebaptisé[Quand ?] en son honneur, « allée Agnès Mac Laren » (43° 38′ 21,91″ N, 3° 51′ 37,01″ E ) ;
  • Au mois d', une grabelloise d'origine écossaise, Caroline Debladis, fonde l’association Agnès McLaren[10], dédié au maintien de la mémoire d'une de ses compatriotes[11],[12]. En 2020, le Prix de thèse Agnès McLaren est créé. D’un montant de 4 000 , il récompense une thèse portant sur la santé des femmes en situation de précarité[13] ;
  • Le , la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes a baptisé la salle de simulation des accouchements ou salle de maïeutique  : Agnès McLaren. Elle a été inaugurée en présence d'un petit neveu de cette pionnière et de l'association Agnès McLaren[14].

Notes et références

  1. (en) Ann Ball, Faces of holiness : modern saints in photos and words - Dr Agnes McLaren Medicine Woman), Our Sunday Visitor, (ISBN 9780879739508, OCLC 40148446).
  2. (en) British Medical Journal Publishing Group, « Dr. Agnes McLaren », Br Med J, vol. 1, no 2730, , p. 917–917 (ISSN 0007-1447 et 1468-5833, DOI 10.1136/bmj.1.2730.917-c, lire en ligne, consulté le ).
  3. « Agnès McLaren (1837-1913) - Laïcs dominicains » (version du 1 décembre 2017 sur l'Internet Archive), .
  4. (en) « Agnès McLaren », sur www.thepeerage.com (consulté le ).
  5. (en) Elizabeth Crawford, he Women's Suffrage Movement : A Reference Guide 1866-1928, Routledge, Collection : Women's and Gender History, , 800 p. (ISBN 0415239265, lire en ligne).
  6. (en) Marsali Taylor, Women's suffrage in Shetland, Lulu.com, (ISBN 1446108546, OCLC 751731903).
  7. Jacqueline Fontaine, Les étudiantes en médecine à la faculté de Montpellier au cours de la Troisième République, L'Harmattan, , 244 p. (ISBN 978-2-343-08520-3).
  8. Katherine, (Kurz) Burton, According to the pattern; the story of Dr. Agnes McLaren and the Society of Catholic medical missionaries, Longmans, Green and co., inc., (lire en ligne).
  9. (en-US) « History :: Medical Mission Sisters », sur www.medicalmissionsisters.org (consulté le ).
  10. Association Agnès McLaren, publié sur le site Societe.com (consulté le ).
  11. Montpellier : une association pour ne pas oublier Agnès McLaren, publié le sur le site du Midi-Libre (consulté le ).
  12. « L'association : Qui sommes nous ? », publié sur le site agnes-mclaren.org (consulté le ).
  13. Prix de thèse Agnès McLaren, publié le sur le site de la faculté de médecine de Montpellier (consulté le ).
  14. Agnès McLaren donne son nom à la salle de maïeutique de la faculté de médecine de Montpellier, publié le par Sébastien Garnier, sur le site France Bleu Hérault (consulté le ).

Liens externes

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