Affaire Pierre Pican

L’affaire Pierre Pican concerne l'évêque du diocèse de Bayeux et Lisieux, Pierre Pican, condamné en septembre 2001, à trois mois de prison avec sursis, pour ne pas avoir signalé à la justice les agissements pédocriminels de l'abbé René Bissey. Il est le premier évêque français à être condamné pour non-dénonciation d'actes de pédophilie.

Affaire Pierre Pican
Fait reproché Non dénonciation des crimes pédophiles de abbé René Bissey
Pays France
Ville Caen,
Date entre 1996 et 2000
Nombre de victimes onze
Jugement
Statut Affaire jugée, trois mois de prison avec sursis
Date du jugement Septembre 2001
Recours Non

Historique

Pierre Pican, né le et mort le [1], est un évêque catholique français, évêque de Bayeux et Lisieux de 1988 à 2010.

En décembre 1996, le vicaire général du diocèse de Bayeux et Lisieux, le père Michel Morcel, est informé par une famille que l'abbé René Bissey a imposé des relations sexuelles à leur fils. La famille ne veut pas porter plainte mais effectue cette dénonciation pour protéger les enfants. Le prêtre avoue son crime et en mentionne d'autres concernant plusieurs adolescents. Le vicaire général informe Pierre Pican. Celui-ci reçoit René Bissey en janvier 1997 et décide de laisser en place le prêtre pédophile mais lui demande de se faire soigner. Au printemps, il est finalement envoyé en maison de repos, il est suivi à deux reprises dans un hôpital psychiatrique. En septembre 1998, Pierre Pican affecte René Bissey dans la paroisse de Mondeville proche de Caen, cette nouvelle affectation lui vaut d'être dénoncé par une victime d'actes pédophiles, mais cette fois-ci devant la justice. René Bissey reconnait une nouvelle fois les faits et d'autres similaires. Il est condamné, en octobre 2000, à dix huit ans de réclusion criminelle[2],[3],[4].

Parallèlement à l'affaire René Bissey, quatre familles portent plainte contre Pierre Pican pour non dénonciation de crimes pédophiles[2]. En janvier 2000, Pierre Pican est mis en examen pour non-dénonciation de crime[4]. Lors de son procès, Isabelle de Gaulmyn mentionne qu'il est souvent maladroit pour se défendre. Il reste « hautain », sans compassion pour les victimes pendant plusieurs semaines, se réfugiant derrière des procédures ecclésiastiques incompréhensibles du grand public. Il maintient que René Bissey, bien que condamné pour pédophilie, reste un prêtre qui peut « communier et célébrer la messe ». Il devient le symbole de la déconnexion d'une partie de l'Église du « vrai monde »[5]. En septembre 2001, il est condamné à trois mois de prison avec sursis. Il renonce à faire appel indiquant qu'il ne peut oublier « l'épreuve subie par les victimes ». Pour la première fois, un évêque français parle des victimes en son nom propre. Puis son message s'étiole quand il demande le pardon envers le prêtre pédophile René Bissey[6]

En septembre 2001, Pierre Pican reçoit une lettre de soutien de Rome. Le cardinal Darío Castrillón Hoyos, président de la Commission pontificale « Ecclesia Dei » nommé par Jean-Paul II et maintenu par Benoît XVI, lui écrit notamment : « Vous avez bien agi et je me réjouis d'avoir un confrère dans l'épiscopat qui, aux yeux de l'Histoire et de tous les autres évêques du monde, aura préféré la prison plutôt que de dénoncer son fils-prêtre ». Après la révélation tardive de cette lettre en 2010 par le média Golias, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège Federico Lombardi désavoue explicitement Darío Castrillón Hoyos et explique que « ce document est une nouvelle preuve de l'opportunité » que les actes de pédophilie au sein de l'Église catholique soient traités par la Congrégation pour la doctrine de la foi[6],[7].

Condamné Pierre Pican ne démissionne pas et n'est pas démis de ses fonctions. Bien au contraire, il est membre de la Commission des familles au sein de la Conférence des évêques de France. Pierre Pican part normalement à la retraite en 2010[8],[4].

Néanmoins, pour Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise, l'affaire Pican « a accéléré la prise en charge » de la pédophilie au sein de l'Église catholique[9]. Ainsi, des règles pour lutter contre la pédophilie des prêtres sont promulguées, en 2001-2002, mais celles-ci se révèlent inefficaces. Les réponses mises en œuvre restent au niveau du prêtre et de sa hiérarchie comme dans l'affaire Bernard Preynat devenue l'affaire Philippe Barbarin dans les années 2010 [10].

Références

À voir

Bibliographie

  • Claude Langlois, On savait, mais quoi? La pédophilie dans l'Église de la Révolution à nos jours., Seuil, , 238 p. (ISBN 978-2-02-143928-1)
  • Christine Pedotti, Qu'avez vous fait de Jésus?, Albin Michel, , 174 p. (ISBN 978-2-226-44133-1)
  • Isabelle de Gaulmyn, Histoire d'un silence, Seuil, , 197 p. (ISBN 978-2-02-133625-2)
  • Sophie Lebrun, Omerta. La pédophilie dans l'Église de France, Tallandier, , 270 p. (ISBN 979-10-210-3908-7)

Articles connexes

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