Affaire Anderlecht-Nottingham Forest

Cette page propose un rappel de l’Affaire Anderlecht-Nottingham Forest. Dans ce dossier, le club bruxellois est soupçonné d’avoir corrompu un arbitre lors d’une demi-finale de Coupe de l’UEFA.

Cette curieuse histoire a été dévoilée en 1997 soit 13 ans après la date où les faits auraient eu lieu.

Aucune preuve d’une réelle corruption n’a pu être établie. Le dossier n’en reste pas moins troublant en certains de ces points. Les deux principales personnalités mises en cause sont décédées depuis. Il s’agit de l’ancien président du RSC Anderlecht, Constant Vanden Stock (décédé en 2008) et de l’arbitre espagnol Guruceta Muro (décédé accidentellement en 1987).

En décembre 1999, la justice belge a acquitté le RSC Anderlecht concernant cette affaire.

Contexte

Avril 1984, tenant du trophée, le R. SC Anderlecht réalise à nouveau un beau parcours en Coupe de l’UEFA. Les « Mauves » ont éliminé successivement le Banik Ostrava, le RC Lens et le Spartak Moscou pour se hisser en demi-finale. Mais au moment de recevoir en match retour, le club anglais de Nottingham Forest, le club belge sait que sa tâche s’annonce rude, puisqu'il s'est incliné 2-0 lors de la manche aller jouée au City Ground.

Les Mauves réalisent une belle prestation et mènent 2-0, à la suite de réalisations d’Enzo Scifo et de Kenneth Brylle. Un but anglais, inscrit par Paul Hart est refusé par le trio arbitral. Un fait de jeu qui s’oublie rapidement, mais qui prend des proportions considérables…13 ans plus tard.

On s’achemine vers une prolongation quand Erwin Vandenbergh fait 3-0 et envoie Anderlecht en finale. Celle-ci est remportée par un autre club anglais, Tottenham Hotspur à la suite d'une séance de tirs au but car les deux manches se sont soldées sur le score identique de 1-1.

Deux personnages bizarres

L’Affaire Anderlecht-Nottingham Forest s’articule ensuite autour de deux personnages que l’on peut qualifier de « bizarres » : Jean Elst et René Van Aeken.

Ces deux Anversois n’ont pas une trajectoire des plus communes. Ils se disent hommes d’affaires, voire agent de joueurs dans le cas de Elst. Mais leur parcours frise en permanence avec le monde de la nuit et ce que l’on a coutume d’appeler le « Milieu ».

Mauvais feuilleton de série B

La suite est évidemment moins reluisante qu’une brillante performance sportive. À en croire les déclarations, parfois tapageuses, de Elst et de Van Aeken, l’histoire confine à un mauvais scénario de « série B ».

C'est Elst qui est à l’origine du scandale. Selon lui, avant le match retour contre Nottigham, Raymond De Deken, délégué du R. SC Anderlecht pour l’accueil et l’accompagnement des arbitres, serait allé trouver son président pour lui demander s’il ne voulait pas donner 1 million de francs belges (cs 25 000 euros) à l’arbitre espagnol Gurruceta Muro. Selon Elst, De Deken était au courant que le référée connaissait à l’époque des soucis financiers en raison d’opérations immobilières sur la Côte d’Azur, lesquelles ne se déroulaient pas bien.

Jean Elst affirme avoir reçu l’argent de De Deken à l’Hôtel Hilton de Bruxelles avec mission de faire parvenir la totalité de la somme à l’arbitre.

Après quoi Elst aurait fait en sorte d’écouter les conversations des dirigeants du SC Anderlecht, d’en enregistrer plusieurs (sans jamais pouvoir fournir les enregistrements) et de se procurer (mais il n’a jamais précisé de quelle manière) des documents compromettant en relation avec le transfert d’argent évoqué ci-dessus.

Une fois son dossier bien étayé, Elst aurait commencé à faire chanter les dirigeants anderlechtois et plus particulièrement le président Constant Vanden Stock. Celui-ci aurait régulièrement payé le maître chanteur par peur de fuite dans la presse.

Après un certain laps de temps, Elst se retrouve en prison pour une courte durée. Ce serait pendant cet emprisonnement que René Van Aeken « entre en scène ». Il serait entré en possession du fameux dossier compromettant. Au départ, Van Aeken n’aurait rien fait du-dit dossier, jusqu’à ce qu’une dispute avec Elst lui fasse perdre 18 millions de Francs belges (ca 450 000 euros).

Ayant besoin d’argent, Van Aeken aurait alors, à son tour, entrepris de faire chanter le président anderlechtois. Et toujours par peur de fuites, le boss mauve serait de nouveau allé au portefeuille…

En 1996, Constant Vanden Stock remet la présidence du RSC Anderlecht à son fils Roger. Recevant par la suite une nouvelle visite des maîtres chanteurs, Constant Vanden Stock aurait alors refusé de verser le moindre cent et sèchement remballé les malfaisants.

Plainte pour chantage et révélation publique

C'est Roger Vanden Stock, donc devenu président du SC Anderlecht qui décide alors de saisir la justice et de déposer plainte pour chantage. La Justice belge, tout comme l’UEFA, ouvre une enquête.

Mis en cause, Elst et Van Aeken se montrent…fiers de leurs actes et espèrent pouvoir tirer un maximum de bénéfices en vendant le dossier à un organe de presse. Ils n'hésitent pas à rappeler le but de Paul Hart, selon eux curieusement refusé par l'arbitre espagnol en 1984. selon les deux individus, ce fait est une preuve de plus de la malversation.

Une fois les premiers soupçons évoqués par la presse, les deux protagonistes anversois en remettent une couche. Ils affirment que le match contre Nottingham n’est qu’un petit exemple et qu’Anderlecht aurait acheté plusieurs autres rencontres européennes mais aussi dans la compétition belge. Secrétaire Général de l’URBSFA à cette époque, Alain Courtois est un moment mis en cause car il aurait eu connaissance de ce fameux dossier dès 1992, mais aurait étouffé l’affaire en raison de son passé mauve. Cette affirmation grave qui n’est étayée d’aucune preuve, se dégonfle comme une simple baudruche.

Par après, Van Aeken qui semble vouloir faire parler de lui à tout prix, tente d’incriminer, Michel D'Hooghe, alors président de l’URBSFA. Mais une fois encore, sans preuve, les allégations de l’Anversois sont vite discréditées.

1997, la bombe

En septembre 1997, le triste feuilleton rebondit d’une manière assez hallucinante. Dans une intervieuw qu’il accorde, sur le sujet, entre autres au journaliste de la RTBF, Frank Baudoncq, l’ancien président Constant Vanden Stock déclare: «qu’il a donné un million de francs (belges) à un arbitre qui en avait besoin !».

L’ancien patron brassicole jure encore « n’avoir eu aucun contact avec l’arbitre et que l’argent a été remis à R. De Deken qui devait le transmettre à Jean Elst ». Le fameux million est-il bien parvenu à l’arbitre espagnol ou est-il resté dans la poche de Elst ? La réponse n’a jamais été fournie. Guruceta Muro s'est tué en voiture en 1987. Il n'a donc jamais été interrogé sur le sujet et n’a donc jamais donné sa version de l’histoire.

D’après C. Vanden Stock, l’argent donné venait de ses biens propres et pas de ceux du club.

Qu’importe les derniers détails de la déclaration de l’ancien président, la nouvelle fait l’effet d’une petite bombe et met le monde du football belge « groggy ». La suite ne se fait pas attendre. Relayée au niveau international, l’affaire devient un énorme scandale.

Conséquences

La principale conséquence de cette affaire est la perte de crédibilité et le ternissement de l’image du SC Anderlecht. Mais aussi de celle d'un football belge qui tente de se remettre du choc provoqué par le Drame du Heysel (en 1985).

D’un point de vue juridique, si Nottingham Forest intente une action en justice, celle-ci n’aboutit que par le classement de l’affaire après qu’en 2007, le club ait renoncé à poursuivre.

D’un point de vue pénal, Jean Elst et René Van Aeklen furent accusés de chantage.

Le fameux dossier composé par la paire « Elst-Van Aeken » à l’encontre d’Anderlecht ne fut pas reconnu comme preuve recevable par la justice belge. L’instruction ouverte contre le R. SC Anderlecht fut classée et le club lavé de tous soupçons en date du .

Entre les révélations du duo « Elst-Van Aeken » en 1996, leur développement en 1997 puis le classement du dossier par l'UEFA et l'acquittement d'Anderlecht en 1999, se conclut l'affaire Bosman avec l'arrêt de la Cour européenne de justice en . Le football belge est plus que jamais dans l'œil du cyclone, sali, affaibli et discrédité. Près de deux décennies plus tard, les séquelles ne s'effacent que lentement.

Cette période très sombre explique encore mieux le terriblement engouement populaire soulevé par la jeune génération de Diables Rouges que nombreux veulent voir briller à l'entrée des années 2010.

Voir aussi

Notes


      Sources & Liens externes

      • Portail du football
      • Portail de la Belgique
      • Portail du Nottinghamshire
      Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.