Abus de langage

Est appelé abus de langage le fait d'employer un mot dans une acception inusitée ou critiquée, ou d'employer un mot à la place d'un autre, qu'il s'agisse ou non d'une métonymie.

Remarque

Au sens strict, l'utilisation d'un mot pour un autre n'est pas un abus du langage mais l'emploi impropre d'un terme. Cette « impropriété » est souvent à l'origine d'une évolution sémantique, phénomène banal et universel.

Exemples

  • Utiliser une marque pour désigner un objet est un abus de langage par antonomase. Par exemple, on désigne souvent le mouchoir en papier par le terme « Kleenex » ou un réfrigérateur par le mot « Frigidaire », même si ces objets ne sont pas produits par ces marques.
  • Dire « Hollande » à la place de « Pays-Bas » ou « Angleterre » pour « Royaume-Uni » est un abus de langage, consistant ici à prendre une partie pour le tout[1] ou, à l'inverse, parler d'Amérique quand il n'est question que des seuls États-Unis d'Amérique.
  • Appeler un manchot « pingouin » est un abus de langage très répandu, bien que les deux termes désignent des espèces appartenant à deux familles différentes d'oiseaux. Cela provient d'une mauvaise traduction en France de l'anglais "Penguin" qui est un faux ami.
  • Dire d'une boutique bien fournie en articles qu'elle est « bien achalandée », alors que ce terme désigne un commerce bénéficiant de nombreux clients (les chalands).
  • Utiliser le nom d'un lieu géographique, plus connu ou plus prestigieux, au lieu d'un autre. Ainsi la Conférence de Paris de 2015 sur le climat ne s'est pas déroulée sur le territoire de Paris, mais celui du Bourget. On parle de champignon de Paris ou de jambon de Paris, alors même qu'il n'y a plus depuis longtemps de champignonnières à Paris et que la préparation de jambon de Paris n'y est qu'artisanale, l'essentiel étant produit industriellement ailleurs. Un vin de Bordeaux a aussi peu de chance d'être produit à Bordeaux même, trop urbanisé, mais provient plutôt d'une autre commune de la Gironde.
  • Dire que l'on respire de l'oxygène au lieu du dioxygène.
  • Parler des trous dans le gruyère alors que ceux-ci sont présents dans l'Emmental.

Critiques et limites

La notion d'abus de langage proche de celle d'« excès de langage », est considérée comme « épilinguistique » (sans valeur scientifique) par certains linguistes, car elle impliquerait un jugement de valeur sur l'usage que les locuteurs font du langage : la connotation négative du terme abus de langage est associée au purisme linguistique.

Cette notion peut avoir des connotations juridiques quand des mots sont volontairement utilisés avec intention de nuire ou de tromper, par abus de pouvoir, abus de droit ou abus de confiance, dans un contexte commercial ou dans un contrat par exemple.

Notes et références

  1. C'est également une formule de style appelée synecdoque

Bibliographie

Alfred GILDER (préf. Christophe Barbier), Les 300 plus belles fautes... à ne pas faire et autres extravagances à éviter, Omnibus, , 256 p. (ISBN 978-2258148031)

Voir aussi

Articles connexes


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