Abir Moussi

Abir Moussi (arabe : عبير موسي), née le 15 mars 1975 à Jemmal, est une avocate et femme politique tunisienne.

Abir Moussi
عبير موسي

Abir Moussi en 2019.
Fonctions
Présidente du groupe PDL à l'Assemblée des représentants du peuple
En fonction depuis le
(1 an, 10 mois et 1 jour)
Législature IIe
Prédécesseur Groupe créé
Députée de la deuxième circonscription de Tunis
En fonction depuis le
(1 an, 10 mois et 1 jour)
Élection 6 octobre 2019
Législature IIe
Groupe politique Parti destourien libre
Présidente du Parti destourien libre
En fonction depuis le
(5 ans, 1 mois et 1 jour)
Élection
Réélection
Prédécesseur Hamed Karoui
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Jemmal, Tunisie
Nationalité tunisienne
Parti politique RCD puis PDL
Père Tijani Moussi
Profession Avocate

Elle est la présidente du Parti destourien libre depuis 2016 et députée depuis 2019.

Biographie

Abir Moussi naît le 15 mars 1975 à Jemmal de Tijani Moussi[1], originaire de Béja et qui travaille à la sûreté nationale, et d'une mère institutrice (originaire du Sahel)[2],[3],[4].

Carrière professionnelle

Titulaire d'une maîtrise en droit (1998) et d'un DEA en droit des affaires (2003[5]), elle devient avocate au barreau de Tunis. Elle est par ailleurs adjointe au maire de l'Ariana, présidente du comité des contentieux municipaux[6], membre du forum national des avocats du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) et secrétaire générale de l'Association tunisienne des victimes du terrorisme[3].

Carrière politique

Le , elle est nommée secrétaire générale adjointe chargée de la femme au RCD[3]. À la suite de la chute du régime du président Zine el-Abidine Ben Ali et à la dissolution du RCD en 2011, à laquelle elle s'oppose en tant qu'avocate[7], Abir Moussi rejoint le Mouvement destourien fondé par l'ancien Premier ministre Hamed Karoui[8].

Entre 2011 et 2014, elle se met cependant en retrait de la vie politique, affirmant avoir été « constamment harcelée pour avoir assumé des positions qui déplaisaient »[9].

Le , elle est nommée présidente du Mouvement destourien, rebaptisé en Parti destourien libre[2]. Ce dernier rassemble les sympathisants de l'ancien Rassemblement constitutionnel démocratique qui dominait le pays avant la révolution[10],[11], ce qui lui a parfois valu d'être qualifié d'extrême droite[12].

Abir Moussi prend ainsi la direction des nostalgiques de la dictature autoritaire de l'ancien président Ben Ali, sous lequel selon elle « il n'y avait ni chômage ni pauvreté », la révolution l'ayant fait tomber étant « un complot des Européens et des sionistes »[13]. Elle ne reconnaît par conséquent pas la Constitution de 2014[13] et prône l'établissement d'un régime présidentiel[9].

Elle est élue députée de la deuxième circonscription de Tunis lors des élections législatives de 2019[14]. Durant son mandat, son groupe parlementaire entrave à plusieurs reprises les travaux de l'Assemblée des représentants du peuple via un sit-in, comme lors du vote de la loi de finances en [15] ou encore en [16].

Elle est candidate à l'élection présidentielle de 2019. À l'issue du premier tour, elle obtient 4,02 % des voix et n'est donc pas qualifiée pour le second.

Toujours en juillet 2020, elle se trouve au cœur d'une polémique sur des propos tenus à son égard par l'humoriste Lotfi Abdelli[17].

En juin 2021, lors d'une session parlementaire, elle est victime d'une agression dont l'auteur est le député Sahbi Smara (indépendant proche de la Coalition de la dignité)[18]. Le même jour, elle est à nouveau agressée physiquement par Seifeddine Makhlouf, ce nouvel épisode de violence étant condamné par l'antenne des Nations unies à Tunis[19].

Le , Abir Moussi est réélue comme présidente du parti par le congrès national électoral[20].

Sujets de société

Abir Moussi s'est déclarée opposée à la dépénalisation de l'homosexualité[21]. Le , l'ONG Aide de défense homosexuelle pour l'égalité des orientations sexuelles (ADHEOS) appelle à interdire l'espace Schengen à Abir Moussi à la suite de propos homophobes et incitant à la haine, dans lesquels elle demande l'emprisonnement systématique des homosexuels qu'elle associe à des criminels[22],[23]. En , elle soutient par ailleurs la pratique du « test anal » pratiquée à l'encontre des homosexuels par les forces de l'ordre, s'il a lieu « à la suite d'une décision judiciaire »[24].

Bien que se revendiquant en faveur de l'égalité homme-femme en matière d'héritage, elle s'oppose en 2018 au projet du gouvernement sortant de la mettre en œuvre, jugeant que celui-ci, en étendant les droits aux enfants nés hors mariage, représente une atteinte à l'institution de la famille[25],[26],[27]. La proposition de la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (Colibe) d'introduire cette égalité tout en laissant le choix aux légataires d'utiliser l'ancien système basé sur le Coran attire également les critiques de la candidate, qui y voit « la porte ouverte aux mariages coutumiers et à une discrimination entre les femmes elles-mêmes »[9].

Hostilité à Ennahdha et soutien des Émirats arabes unis

Jonathan Fenton-Harvey avance dans The New Arab (en) qu'il existe des preuves indiquant que les Émirats arabes unis ont établi une relation avec le parti d'Abir Moussi, en raison de leur hostilité commune envers Ennahdha, le Qatar et la Turquie et de sa nostalgie du régime de Ben Ali[28], Robert F. Worth (en) pointant pour sa part le fait que ce pays est à la pointe du combat pour le rétablissement des régimes autoritaires dans le monde arabe[29].

Dans ce contexte, on note la présence de l'ambassadeur émirati en Tunisie à l'une de ses conférences de presse durant la campagne électorale de 2019[30]. Abir Moussi apparaît par ailleurs fréquemment dans des médias émiratis et a reçu les éloges de l'ancien chef de la police de Dubaï (en)[28]. Hatem Nafti indique enfin que les médias émiratis, mais aussi saoudiens et égyptiens, couvrent largement ses interventions[15], Sarra Grira citant dans Orient XXI les exemples d'Al-Arabiya, d'Al-Hadath (en) et de Sky News Arabia[31].

En , elle défend une résolution condamnant les ingérences étrangères en Libye, pointant du doigt la Turquie et le Qatar[15], puis présente un projet de résolution visant à classer les Frères musulmans comme organisation terroriste et mouvement « hostile à l'État civil » et à poursuivre toute personne ayant collaboré avec eux[32], une revendication partagée par les Émirats arabes unis[28].

Distinctions

Vie privée

Elle est mariée et mère de deux filles[3].

Notes et références

  1. « Décès du père de Abir Moussi », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  2. Brahim Oueslati et Fawzia Zouari, « Tunisie : Abir Moussi, portrait d'une Benaliste convaincue », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  3. « Biographie de Mme Abir Moussi », sur turess.com, (consulté le ).
  4. Amina Mkada, « Biographie de Abir Moussi, candidate à l'élection présidentielle anticipée », sur kapitalis.com, (consulté le ).
  5. « Mémoires Mastère et DEA Sciences Juridiques & Droit », sur fsjegj.rnu.tn (consulté le ).
  6. (ar) « Biographie de Mme Abir Moussi », sur turess.com, (consulté le ).
  7. « Tunisie : Abir Moussi, portrait d'une Benaliste convaincue », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  8. Frida Dahmani, « Tunisie : ces anciens cadres de l'ère Ben Ali qui ont su rebondir », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  9. « Tunisie – Abir Moussi : « Nous voulons instaurer un régime présidentiel » », sur Jeune Afrique, (consulté le ).
  10. « Tunisie : Hamed Karoui lance une initiative pour rassembler les destouriens », sur news.gnet.tn, (consulté le ).
  11. « Le Mouvement destourien rebaptisé le Parti destourien libre », sur shemsfm.net, (consulté le ).
  12. Khalil Aidani, « La nouvelle extrême-droite tunisienne », sur tn24.tn, (consulté le ).
  13. « Tunisie : ces favoris de la présidentielle », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  14. « Législatives en Tunisie : Ennahdha en tête avec 52 sièges, selon les résultats officiels », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  15. Hatem Nafti, « Tunisie : entre la gauche et les islamistes, Abir Moussi refait le nid de l'ancien régime », sur middleeasteye.net, (consulté le ).
  16. « Tunisie - ARP : intervention de la police judiciaire au sein de la salle des plénières pour un constat sur le blocage des travaux au parlement », sur directinfo.webmanagercenter.com, (consulté le ).
  17. Leila Toubel, « Ce qu'a dit Lotfi Abdelli sur Abir Moussi est abject, mais non à la censure ! », sur kapitalis.com, (consulté le ).
  18. « En Tunisie, une députée frappée en plein parlement », sur huffingtonpost.fr, (consulté le ).
  19. « L'ONU condamne la violence subie par Abir Moussi », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  20. « Abir Moussi reconduite à la tête du PDL », sur realites.com.tn, (consulté le ).
  21. « Abir Moussi : l'homosexualité peut affecter le modèle familial tunisien », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  22. « L'ONG ADHEOS appelle l'État français à interdire l'espace Schengen à l'extrémiste tunisienne Abir Moussi », sur adheos.org, (consulté le ).
  23. Ayda Labassi, « L'ADHEOS appelle à interdire l'espace Schengen à Abir Moussi »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur huffpostmaghreb.com, .
  24. « Présidentielle : Abir Moussi refuse la dépénalisation de l'homosexualité et approuve le test anal », sur kapitalis.com (consulté le ).
  25. « Abir Moussi : le principe de l'égalité successorale légitimera les enfants nés hors-mariage », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  26. « Selon le PDL, l'égalité dans l'héritage entre l'enfant légitime et l'enfant naturel est une menace à l'institution de la famille », sur huffpostmaghreb.com, (consulté le ).
  27. Rihab Boukhayatia, « Présidentielles : l'égalité à l'héritage, ligne de clivage symptomatique », sur nawaat.org, (consulté le ).
  28. (en) Jonathan Fenton-Harvey, « The UAE's hidden hand in Tunisia's political crisis », sur english.alaraby.co.uk, (consulté le ).
  29. Robert F. Worth, « Pour Mohamed Ben Zayed, l'autoritarisme est l'avenir du Proche-Orient », sur orientxxi.info, (consulté le ).
  30. Benoît Delmas, « Comment les Émirats veulent imposer leur ordre au Maghreb », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  31. Sarra Grira, « La Tunisie, arène d'une guerre médiatique entre États du Golfe », sur orientxxi.info, (consulté le ).
  32. Raúl Redondo, « Abir Moussi promeut un projet classant les Frères musulmans comme organisation terroriste », sur atalayar.com, (consulté le ).
  33. « Décrets et arrêtés », Journal officiel de la République tunisienne, no 71, , p. 3172 (ISSN 0330-7921, lire en ligne [PDF]).
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