Abbaye de Corvey

L’abbaye de Corvey est un monastère bénédictin dans le land allemand de Rhénanie-du-Nord-Westphalie à km au nord-est de Höxter, fondé vers 822 par l'empereur Louis le Pieux, fils de Charlemagne, et Adalhard, abbé de Corbie en Picardie, d'où elle tire son nom.

Abbaye de Corvey

Massif occidental carolingien de l'abbatiale, et bâtiments conventuels d'époque moderne
Présentation
Culte Catholicisme
Type Abbaye
Début de la construction 822
Fin des travaux 844, reconstruite au XVIIe siècle
Style dominant Architecture carolingienne
Protection  Patrimoine mondial (2014, Westwerk carolingien et civitas de Corvey)
Site web 1447
Géographie
Pays Allemagne
Land Rhénanie-du-Nord-Westphalie
Ville Höxter
Coordonnées 51° 46′ 40″ nord, 9° 24′ 36″ est
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
Géolocalisation sur la carte : Rhénanie-du-Nord-Westphalie

En 1801, l'abbaye de Corvey fut donnée, avec celle de Fulda, au stadhouder (gouverneur) de Hollande Guillaume V d'Orange-Nassau en dédommagement de l'invasion de la Hollande par les Français en 1795.

Intérieur du massif occidental

Histoire

Plan de l'abbaye

Corvey est une ancienne abbaye de bénédictins située à Höxter, dans l'actuelle Rhénanie-du-Nord-Westphalie. C'était l'un des couvents carolingiens les plus considérables, disposant d'une des bibliothèques les plus riches du pays ; de nombreux évêques dépendaient de lui. Il prit une part décisive dans les premières tentatives missionnaires au Danemark et en Suède. C'est là que fut élevé Anschaire (en allemand Ansgar), surnommé l'« apôtre du Nord » (801-865).

C'est en mémoire de son père Charlemagne que l'empereur Louis le Pieux fonda en 815 à Hethis, non loin de Corvey, un monastère qui fut acheté par les moines bénédictins de Corbie-sur-Somme et reçut alors le nom de Corbeia nova, « la Nouvelle Corbie ». Ce monastère fut déplacé en 822 à l'emplacement actuel de Corvey, où il se développa aux IXe et Xe siècles jusqu'à devenir un des centres culturels les plus importants d'Europe du Nord. Un des cinq sacramentaires de Fulda y a été réalisé. Il est conservé aujourd'hui à la Bayerische Staatsbibliothek de Munich[1].

La basilique à trois nefs fut commencée en 830 et consacrée en 844. De 873 à 885 le massif occidental (Westwerk) fut ajouté sur le modèle de la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle ; il constitue aujourd'hui non seulement la plus ancienne construction monumentale de Westphalie et un vénérable sanctuaire régional, mais encore le plus ancien ouvrage architectural de ce type qui ait subsisté en Occident. Les fresques du IXe siècle qu'on peut y admirer comportent des motifs anciens tirés de l’Odyssée.

La façade de type « massif occidental » est réputée être l'exemple le plus ancien encore debout de cette particularité carolingienne.

Le massif occidental de l'abbatiale

Dans les années 962-965, Widukind de Corvey écrivit en ces lieux son Histoire des Saxons.

Sous l'abbé Wibald de Stavelot (1146-1158), l'ouvrage occidental reçut sa forme actuelle et l'abbaye obtint son immédiateté impériale. Elle put aussi se constituer un petit domaine de km2 jouxtant celui du prince-évêque de Paderborn, dans le diocèse duquel elle était située. En 1500 Corvey fut annexée au cercle impérial de Basse-Rhénanie-Westphalie.

Pendant la Guerre de Trente Ans (1618-1648), l'abbaye fut détruite, à l'exception du massif occidental. Elle fut reconstruite à la fin du XVIIe siècle, moyennant des travaux qui s'achevèrent sous l'abbatiat de Florenz von Welden (1696-1714) et lui donnèrent sa forme baroque actuelle. Comme de la fondation dépendaient alors quelque 12 000 habitants, qui lui donnaient un revenu annuel d'environ 100 000 thalers, elle tenta de se libérer de la dépendance de l'évêque de Paderborn. Elle y était fortement poussée parce qu'elle était menacée de disparaître : en 1786 le chapitre ne comptait plus que 13 membres du fait qu'il acceptait seulement les nobles et que les candidats faisaient défaut : une abbaye en déclin n'attirait pas et l'on préférait briguer un évêché.

Après différentes transactions avec les seigneurs des environs et l'évêque de Paderborn, l'abbaye obtint en 1779 le rang d'abbaye territoriale exempte. En présence de l'abbé, le chapitre décida que la messe, qui se déroulait toujours suivant le rite bénédictin, ne devait pas être altérée après une sécularisation de l'abbaye, ce qui impliquait un déroulement toujours sévère de la journée conventuelle. Pour la célébration des messes, on fit appel à des élèves du séminaire, ouvert en 1786, puisque la plupart des moines étaient trop vieux pour supporter la durée entière de la cérémonie. En même temps, le nombre des futurs chanoines était fixé à douze et leurs prébendes à 500 thalers. On réforma aussi en grande partie la vita communis et on supprima la clôture.

En 1788, l'abbaye reçut du pape un bref de sécularisation. Ferdinand de Lüninck s'était particulièrement employé pour l'obtenir et il en fut récompensé par un canonicat à la cathédrale. Le pape supprima le cloître en 1792 et attribua à l'évêché le domaine de la fondation avec ses dix paroisses. Les membres du chapitre devinrent alors chanoines non capitulaires de la cathédrale. Simultanément la nouvelle cathédrale reçut six vicaires. Enfin, l'abbé Théodore de Brabeck devenait évêque et le prieur doyen du chapitre. Les vêtements et les droits étaient les mêmes que pour les autres chapitres de cathédrale en Allemagne. En 1794 le document fut ratifié par l'empereur et le nouvel évêché, qui ne comprenait que l'ancien domaine de la fondation devint suffragant de l'archevêché de Mayence (voir Province ecclésiastique de Mayence). Ferdinand de Lüninck succéda en 1794 à Théodore de Brabeck comme prince-évêque. Un peu plus tard, en 1803, la principauté de Corvey elle-même fut supprimée par sécularisation, mais le titre relevé par héritage par la famille de Hohenlohe-Schillingsfürst. L'évêché de Corvey se maintint jusqu'à la mort de Ferdinand de Lüninck en 1825.

À Corvey se trouve la tombe du poète Hoffmann von Fallersleben (1798-1874), qui y fut bibliothécaire de la bibliothèque princière du duc de Ratibor et prince de Corvey, laquelle compte environ 74 000 volumes.

La maison ducale de Ratibor et Corvey est restée jusque aujourd'hui propriétaire du château de Corvey.

On peut voir près de l'abbaye des vestiges de la ville de Corvey qui fut fondée par les abbés autour de la fondation de Niggenkerken dépendant de Corvey pour faire concurrence à Höxter. La colonie déclina peu à peu après une attaque de l'évêque de Paderborn et des habitants de Höxter en 1267 et fut définitivement abandonnée au XVIe siècle. Également à proximité directe de l'abbaye, se trouvent les ruines de la prévôté dépendante de Roden.

Notes et références

  1. François Boespflug, La Crucifixion dans l’art : Un sujet planétaire, Bayard Editions, , 559 p. (ISBN 978-2-227-49502-9), p. 53

Voir aussi

Bibliographie

  • Joachim Poeschke (éd.), Sinopien und Stuck im Westwerk der karolingischen Klosterkirche von Corvey. Münster, Rhema-Verlag, 2002, (ISBN 978-3-930454-34-1)

Articles connexes

Liens externes

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