300 Carlos

Le «300 Carlos», connu aussi comme le «Grand Enfer » (Infierno Grand) ou « L'Usine »(La Fábrica), était un centre clandestin de détention et de torture (CCDT) qui a fonctionné de début jusqu'à la mi-1977, pendant la période de la dictature civique-militaire de l'Uruguay[1].

Devant les locaux des "300 Carlos". Traduction : « Ils ont gagné. Avec leur abnégation, face à l'indifférence. Avec leur dignité, face à la violence. Avec leurs idéaux, face à la trahison. Reconnaissance et honneur aux morts dans la lutte pour la défense des institutions démocratiques. »

De nombreux prisonniers politiques y ont transité, y ont été torturés et y sont morts victimes de la guerre sale mené par l'état uruguayen contre les forces progressistes et révolutionnaires.

Emplacement

Ce centre de détention fonctionnait dans l'entrepôt n°4 du Service de Matériel et d'Armement de l'Armée (S.M.A.), situé dans l'avenue des Instructions 1925, dans les locaux attenant au Bataillon d'Infanterie N°13, dans le département de Montevideo[2],[3].

Description

L'origine du nom "300 Carlos" n'est pas clarifiée. Une des versions raconte que le nom vient de l'« opération Morgan » qui devait arrêter 300 cadres communistes, afin de détruire le parti communiste uruguayen, "Carlos" se rapporterait à Karl Marx. Par ailleurs, il se pourrait que 300 soit une référence numérologique symbolisant la clef de la mort. D'autre part, le nom n'était pas utilisé de la même façon par tous, si les bourreaux utilisaient le nom "300 Carlos", les détenus et les détenues appelaient cette prison "le Grand Enfer".

Le centre consistait en un entrepôt de 30 à 40 mètres de long par 15 mètres de large. On y accédait par une porte coulissante et il possédait des fenêtres supérieures contre le plafond. Il possédait un sol en béton et, selon les témoignages de certains détenus, possédait des puits fermés par des planches appelés « fosas ». Ces puits auraient servi à enfouir les machines qui étaient dans l'entrepôt.

Les témoignages ont attesté avec clarté la division en quatre sections : la mezzanine, avec des salles d'interrogatoires et une salle de bains, et l'espace du hangar divisé en A, B et C. Dans ces zones, dans un premier lieu, les détenus étaient mis de « plantón » côte à côte, c'est-à-dire qu'ils étaient forcés à se tenir debout et droits sans pouvoir se reposer, d'autre part, on les forçait à demeurer assis pendant des jours et dans le secteur restant se trouvaient les détenus dans de très mauvaises conditions physiques.

L'accès à la mezzanine se faisait au moyen d'un escalier de 17 marches. Au rez-de-chaussée, il se trouvait en dessous de la salle de bains de l'étage supérieur. Depuis la mezzanine on pouvait voir le reste de l'entrepôt.

Le "300 Carlos" a intégré un réseau de prisons spéciales, il a été lié au « 300 Carlos R » ou « Petit Enfer » (Infierno Chico), et à la « Prison du Peuple » (Cárcel del Pueblo), deux autres centres clandestins de détention et de torture. La répression uruguayenne se coordonnait elle-même à une échelle continentale avec les autres dictatures d'Amérique latine au sein du « plan Condor ».

Aujourd'hui

Le , une plaque commémorative a été déposée et il a été annoncé que l'entrepôt « est intact » et que sont « facilement reconnaissables l'échelle, la salle de torture, les machines et jusqu'aux trous dans le sol »[4]. Ainsi conservé il est devenu un lieu de mémoire.

Disparus

  • Eduardo Bleier Horovitz (29/10/1975)
  • Juan Manuel Brieba (30/10/1975)
  • Fernando Miranda Pérez (30/11/1975)
  • Carlos Pablo Arévalo Arispe (15/12/1975)
  • Juillet Gerardo Correa Rodriguez (16/12/1975)
  • Otermin Laureano Montes De Oca Doménech (17/12/1975)
  • Elena Quinteros Almeida (24/06/1976)
  • Juillet Escudero Mattos (09/01/1976)

Notes

  1. Investigación Histórica sobre Detenidos Desaparecidos, tome 1, 364 p.
  2. Dans l'Investigación histórica sobre la dictadura y el terrorismo de estado en el Uruguay (1973-1985) tome II, d'Alvaro Rico, les "300 Carlos" sont mentionnés et localisés dans les locaux du Bataillon n°13. (titre en français : Investigation historique sur la dictature et le terrorisme d'état en Uruguay)
  3. (es) Grupo de Investigación en Atropología Forense, Investigaciones antropológicas sobre detenidos desaparecidos en la última dictadura cívico-militar., (lire en ligne)
  4. (es) « Nunca más », la diaria, (lire en ligne, consulté le )


Liens externes

  • Museo de la Memoria, musée consacré à la mémoire du terrorisme d'état et à la résistance uruguayenne à la dictature, http://mume.montevideo.gub.uy/
  • Asociación de Amigas y Amigos del Centro Cultural y Museo de la Memoria, association d'individus et d'organisations de défense des droits sociaux et humains, ayant pour but la conservation de l'histoire des luttes sociales et politiques menées pendant les années de la dictature militaire uruguayenne.http://amigosmume.org/uy/
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