1974, une partie de campagne

1974, une partie de campagne, titré à l'origine 50,81 %, est un film documentaire de Raymond Depardon sur la campagne de Valéry Giscard d'Estaing à l'élection présidentielle de 1974. Réalisé en 1974 sur commande du futur président, le film fut longtemps censuré et ne fut diffusé pour la première fois que le .

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Une partie de campagne
Valéry Giscard d’Estaing en 1978 (image non extraite du film).
Réalisation Raymond Depardon
Scénario Raymond Depardon
Sociétés de production Palmeraie Productions
Pays d’origine France
Genre Documentaire
Durée 90 minutes
Sortie 2002


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Fiche technique

Distribution

Production

Projet

En 1974, Raymond Depardon rencontre Valéry Giscard d'Estaing qui souhaite qu'on fasse un film sur lui[2]. Depardon lui conseille de faire un film sur la campagne, qui serait plus complet que ce que fait la télévision qui « jette tout ce qui ne passe pas à l'antenne[2]. » Raymond Depardon souhaite s'inspirer du cinéma direct américain, en particulier de Primary, film de Richard Leacock sur la campagne de 1960 de John Fitzgerald Kennedy[2]. Giscard d'Estaing demande à voir le premier court métrage de Depardon, réalisé à Prague pendant les funérailles de Jan Palach[2]. Il commande au réalisateur un devis, que Depardon fait aussi faible que possible : il utilisera sa propre caméra (une Éclair Coutant), ne prendra pas de salaire pour lui mais il y aura un salaire pour l'ingénieur du son[2].

Après une avance de l'agence Gamma, le budget du film, environ 100 000 francs, est réglé par Valery Giscard d'Estaing sur les fonds personnels de sa campagne[2]. Le film ne doit au départ concerner que le premier tour de l'élection mais le réalisateur et l'homme politique décident de continuer pour inclure le second tour[2].

Certains des proches de Giscard d'Estaing sont contre le film, par exemple Michel Poniatowski[2].

Tournage

Raymond Depardon décide de tourner dans la continuité, en coupant le moins possible[2]. Plus le tournage avance, plus le futur président laisse Depardon filmer ce qu'il veut. Ils sont notamment seuls dans le bureau de Giscard d'Estaing le jour du second tour, lorsqu'il attend les résultats[2]. VGE aime jouer avec la caméra et ne l'oublie jamais, mais parfois le réalisateur laisse tourner alors que l'intéressé croit qu'il a coupé, ce qui lui permet de saisir des attitudes moins contrôlées[2].

Montage

Le premier monteur auquel s'adresse Depardon refuse de faire le film, ne voulant pas s'approcher d'un film « giscardien[2]. »

Sortie retardée du film

Une fois président, Giscard d'Estaing voit quatre fois le film : la première sur la table de montage, les suivantes en salles de projection[2]. Assez touché la première fois, il se montre de plus en plus embarrassé par le film : il est gêné par une colère qu'il a contre Michel d'Ornano, par la familiarité qu'on ressent dans le film, ainsi que par certains détails[2]... Il finit par ne plus donner de nouvelles, pendant cinq ans, au réalisateur[2]. Mais quand ce dernier tente de sortir le film en 1979, le président engage une action judiciaire en référé qui fait renoncer Depardon à cette sortie[2].

C'est la journaliste Christine Masson qui convainc finalement Valéry Giscard d'Estaing d'accepter une sortie du film en 2002[2]. Il y consent finalement[3] à condition de rajouter une présentation de sa part en début de film[2]. Au titre original, 50,81%, qui correspond au score de Giscard au second tour de la présidentielle de 1974, l'ancien président propose de substituer La Victoire en chantant, ce que Depardon refuse ; le réalisateur propose alors 1974 et finalement l'ancien président rajoute Une partie de campagne. Le titre est une référence à une nouvelle de Guy de Maupassant, Une partie de campagne, l'auteur étant admiré par Valéry Giscard d’Estaing, mais aussi à l'adaptation cinématographique de la nouvelle par Jean Renoir : Une partie de campagne.

Accueil et analyse critique

Télérama considère, lors de la sortie en salles du film, que le film « a eu le temps de devenir culte » mais que le spectateur n'y trouvera aucune « révélation » sur la politique de ces années, au point que le critique se demande pourquoi Valéry Giscard d'Estaing l'a interdit de diffusion si longtemps[4]. Mais le magazine note que le style de Raymond Depardon, qualifié de « meilleur documentariste de sa génération », apparaît dans ce documentaire, montrant un regard « d'une éclatante nouveauté » sur son sujet[4].

Presque un demi-siècle après le tournage, Michel Guerrin estime dans le journal Le Monde que « le film de Raymond Depardon sur Valéry Giscard d’Estaing a révolutionné l’image de la politique » par sa façon d'alterner temps forts et temps faibles, durée et instantané, et montre le candidat à la présidence, en dehors des règles solennelles de l'époque gaulliste et avant cet entourage de communicants et de protecteurs qui s'est imposé depuis[5].

Notes et références

  1. Christine Masson analyse la volonté de sortir le film à cette date comme un tacle à l'égard de Jacques Chirac alors qu'il se représente à la présidence.
  2. Antoine de Baecque et Jean-Michel Dethenard, « L'inédit de Depardon sur Giscard, visible 28 ans après, interview de Raymond Depardon », Libération, (lire en ligne)
  3. Jean-Michel Bezat, « Vingt-huit ans après, VGE autorise le film de sa “campagne 1974” », Le Monde, (lire en ligne)
  4. Jean-Claude Loiseau, « La critique lors de la sortie en salles du 9 juin 2004 », Télérama, (lire en ligne)
  5. Michel Guerrin, « Le film de Raymond Depardon sur Valéry Giscard d’Estaing a révolutionné l’image de la politique », Le Monde, (lire en ligne)

Liens externes

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