Évrard d'Orléans

Évrard d'Orléans, né avant 1290 et mort en 1357, est un sculpteur, peintre et architecte français.

Biographie et œuvre

Le nom d'Évrard d'Orléans figure de 1292 à 1313 dans le rôle de la taille de Paris, habitant dans la grand-rue de la paroisse Saint-Eustache[1]. Il travaille au service de la cour de France : en 1304, il a le titre de « peintre du roi » (pictor regis), ce qui lui octroie le versement de pensions viagères : c'est la première occurrence attestée de ce titre[2] ; en 1305, il est indiqué comme « adjutor in artilleria Lupare » (adjoint à l'artillerie au Louvre)[2]. Il est employé à des travaux de peinture au palais de Paris[3], et est chargé de divers ouvrages par Charles de Valois et Philippe IV le Bel à Villers-Cotterêts et au château du Gué-de-Maulny, près du Mans ; en 1308 il peint les « salles et galeries » du château du Vivier[4] ; en 1332, il dirige le ravalement général de la Sainte-Chapelle ; son nom apparaît régulièrement jusqu'en 1340 dans la comptabilité royale[5].

Il est également employé par Mahaut d'Artois : en 1314-1315, il construit une salle dans le château de Conflans et réalise une croix et une statue du père de la comtesse, Robert II d'Artois[n 1] ; il peint de 1317 à 1319 la chapelle et les galeries[6].

En 1341 il passe un marché avec les exécuteurs testamentaires de Guy Baudet, chancelier de France et évêque de Langres de 1335 à 1338, pour la réalisation dans la Cathédrale Saint-Mammès de Langres d'un monument funéraire représentant l'évêque agenouillé et priant aux pieds de la Vierge tenant l'Enfant Jésus ; les deux statues sont conservées à la cathédrale de Langres[7]. Le marché mentionne deux autres statues en albâtre commandées par Jean de Tiercelieue, chanoine de Langres et conseiller du roi ; l'une d'entre elles a été identifiée : une statue de saint Mammès au centre du tympan du portail latéral nord de la cathédrale, mais dont la tête a disparu[8].

Le retable en marbre sculpté offert vers 1340 par la reine de France Jeanne d'Évreux à l'église abbatiale cistercienne de Maubuisson est attribué à Évrard d'Orléans en raison des similitudes de style avec des oeuvres qu'il a exécutées pour la cathédrale de Langres en 1341. Ce retable a été démantelé lors de la Révolution française ; il est connu par plusieurs textes manuscrits de l'abbé Guillaume Milhet[9], qui s'était retiré à l'abbaye où il meurt en 1763, et certains de ses éléments sont conservés. Il mesurait environ trois mètres de long et comprenait au centre une Cène (ce bas-relief sculpté a été encastré par Alexandre Lenoir sur le devant du maître-autel de l'église Saint-Joseph-des-Carmes à Paris), entourée par quatre scènes conservées à Paris au musée du Louvre : un prophète, le roi David et Moïse[10] ; la communion apportée par le Christ à saint Denis dans sa prison[11] ; trois prophètes portant des phylactères ; un Ange portant deux burettes[12] ; les statues de Charles IV, Jeanne d'Évreux et de leurs filles Blanche et Marie sont perdues[13].

Deux autres œuvres sculptées ont été attribuées à cet artiste : le gisant de Charles IV à la basilique de Saint-Denis et une Vierge à l’Enfant provenant de l’abbaye cistercienne de Pont-aux-Dames[14], conservée au Metropolitan Museum de New York[15].

Évrard d'Orléans meurt à un âge avancé en 1357, en léguant à l'hôpital Saint-Jacques aux pèlerins de Paris une somme d'argent[16].

Notes et références

Notes

  1. Une quittance du 21 juin 1314 en atteste : « Je, Everart d’Orliens, ymagier, bourgois de Paris, fais savoir a touz que j’ai eu et receu de maistre Estienne Bricadel, tressorier madame la comtesse d’Artois et de Bourgoingne, pour les ovrages d’une crois et d’une ymage de monseigneur d’Artois, que Diex absoille, que je doi faire devant la voye de Malbuisson jouxte Pontoise, vint livres paresis bons, et m’en tien a bien paié » ; cité dans : Chrétien Dehaisnes, Documents et extraits divers concernant l'histoire de l'art dans la Flandre, l'Artois et le Hainaut avant le XVe siècle, Lille, 1886, p. 210.

Références

  1. Française Baron, « Enlumineurs, peintres et sculpteurs parisiens des XIIIe et XIVe siècles d'après les rôles de la taille », Bulletin archéologique du Comité des Travaux historiques et scientifiques, n° 4, 1969, p. 37-121 (p. 70).
  2. Philippe Lorentz, « Histoire de l’art du Moyen Âge occidental », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, n° 141, 2011, p. 233-236 Lire en ligne
  3. Bernard Prost, « Recherches sur les peintres du roi », Études d'histoire du Moyen Âge dédiées à Gabriel Monod, 1896, p. 393-395.
  4. Françoise Baron 1971, p. 142.
  5. Jean Guerout, « Le Palais de la Cité à Paris, des origines à 1417 », Mémoires de la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l'Ile-de-France, tome II, 1952, p. 51 et 62-63.
  6. Françoise Baron 1971, p. 143-145.
  7. Henry Ronot 1933.
  8. Henry Ronot, « Une sculpture inédite d'Evrard d'Orléans, le saint Mammès de la cathédrale de Langres 1341 », Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, 1953, p. 18-19.
  9. Église de Notre-Dame-la-Royale de Maubuisson, Archives départementales des Yvelines, 72 H 167, 1747, p. 22 ; Extraits concernant l'histoire de Notre-Dame-la-Royale, Bibliothèque municipale de Pontoise, Ms. 20, 2ème partie, p. 48-49 ; Parement de la comtesse de Savoye, petite-fille de saint Louis, pour le grand autel, 1742, archives de la Société Historique et archéologique de Pontoise, du Val d'Oise et du Vexin.
  10. « Un prophète, le roi David et Moïse », sur louvre.fr (consulté le )
  11. Notice no M5037010768, base Joconde, ministère français de la Culture
  12. « Ange portant deux burettes », sur louvre.fr (consulté le ).
  13. Françoise Baron 1971.
  14. (en) « Virgin and Child ca. 1340 », sur metmuseum.org (consulté le ).
  15. Gerhard Schmidt 1992.
  16. Henry Ronot 1933, p. 201.

Voir aussi

Bibliographie

  • Henry Ronot, « Deux statues d'Évrard d'Orléans identifiées (1341) », Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, , p. 193-204.
  • François Deshoulières, « Les statues de Langres », Bulletin Monumental, vol. 93, no 3, , p. 371 (lire en ligne, consulté le ).
  • Jacques Thirion, « Une sculpture inédite d'Évrard d'Orléans », Bulletin Monumental, vol. 113, no 1, , p. 62 (lire en ligne, consulté le ).
  • Françoise Baron, « Le maître-autel de l'abbaye de Maubuisson au XIVe siècle », Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, vol. 57, , p. 129-151 (lire en ligne, consulté le ).
  • (de) Gerhard Schmidt, « Évrard d’Orléans und die Gräber der vier letzten Kapetinger », Gotische Bildwerke und ihre Meister, , p. 59-71

Liens externes

  • Portail de la sculpture
  • Portail de l’histoire de l’art
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.