Éverard t'Serclaes

Éverard t'Serclaes, seigneur de Wambeek, Bodenghem et de Ternat, né vers 1320 et mort à Bruxelles le , est un échevin de Bruxelles. Il est entré dans l’histoire de sa ville en contribuant de façon décisive à sa libération lors de la Guerre de succession du duché de Brabant le . Éverard t'Serclaes était membre des Lignages de Bruxelles, grandes familles qui dirigèrent Bruxelles au Moyen-âge.

Pour les articles homonymes, voir t'Serclaes.

Libération de Bruxelles en 1356

Bruxelles était occupée par le comte de Flandre, à la suite du siège du . Dans la nuit du , Éverard t'Serclaes escalada les murs de la ville à la tête de patriotes bruxellois et permit aux troupes de Jeanne de Brabant de reprendre la ville.

Activité politique

Éverard t'Serclaes sera 5 fois échevin de la ville de Bruxelles, en 1365, 1372, 1377, 1382 et 1387.

Domaines

En 1380, Éverard t'Serclaes achète la seigneurie de Cruykenbourg à Jean, sire de Wesemael ; celle-ci inclut les villages Ternat, Wambeek et Lombeek-Sainte-Catherine. Le , il acquiert la seigneurie de Sirenbeke (à Schepdael).

Opposition à Sweder d'Abcoude

Le différend

Sweder d'Abcoude, seigneur de Gaasbeek, est un puissant vassal des environs de Bruxelles. Toujours avide d'agrandir ses terres, il propose des fonds à la duchesse de Brabant, en difficulté financière, en échange de droits sur de nouveaux territoires ; entre 1386 et 1391, il étend ainsi son pouvoir sur Kessel, Tilburg, Goirle, Drunen, Groot-Zundert, Klein-Zundert, Princehage, Sprundel, Nispen, Helmond et Gestel.

Mais quand Sweder d'Abcoude s'apprête à mettre ainsi la main sur Rhode, les magistrats bruxellois, menés par Everard t'Serclaes, s'opposent. D'une part, l'échange menace les intérêts économiques et fiscaux présent de la ville car, contrairement aux autres territoires concédés, la mairie de Rhode comprenant 29 villages fait partie du Quartier de Bruxelles. D'autre part, Bruxelles qui cherche aussi à étendre son influence s'inquiète de la soudaine proximité d'un seigneur aussi puissant et intéressé. Par ailleurs - ou surtout ? - t'Serclaes, lui-même seigneur de larges territoires et dont les terres jouxtent déjà celles de Sweder d'Abcoude, s'inquiète de la puissance accrue de son imposant voisin.

Se voyant reprocher de ne pas respecter la Joyeuse Entrée, chèrement défendue, qui garantissait l'indivisibilité du duché, Jeanne de Brabant cède aux récriminations bruxelloises.

L'agression

Cul-de-lampe de l'hôtel de ville : le diable emportant l'âme du seigneur de Gaesbeek

En représailles, Éverard t'Serclaes fut agressé à Lennik le , par Guillaume de Gaasbeek (fils naturel de Sweder) et Melys Uten Enghe, bailli de Gaasbeek.

Il est ramené à Bruxelles par Jean de Stalle (doyen de Hal) et Jean Cooreman (son clerc[1]) où Jeanne de Brabant vient encore à son chevet. Albert Dithmar[2] déclara les blessures incurables, et Éverard t'Serclaes décéda le . Il fut enterré sur ses terres à Ternat.

Le cul-de-lampe - ci-contre - de l'aile gauche de l'Hôtel de ville de Bruxelles, représente le Diable emportant l'âme du seigneur de Gaasbeek et rappelle cet assassinat.

Famille

Un aperçu[3] de la famille d'Éverard t'Serclaes permet d'en percevoir l'attachement à la cour de Brabant.

Éverard était le fils d'Éverard t'Serclaes (père) et de Barbe Van Ursel.

Son frère, Jean t'Serclaes, chanoine de Saint-Gudule, évêque et ipso facto comte de Cambrai de 1378 à 1389.

Jean t'Serclaes, neveu d'Éverard, le remplaça à sa charge d'échevin de Bruxelles. Il prêta serment le , durant le siège même du château de Gaasbeek.

Éverard t'Serclaes était marié en premières noces à Beatrix van Eessene, dont il eut 5 enfants.

Devenu veuf, il épousa Élisabeth Van der Meeren.

Les t'Serclaes sont au nombre des Lignages de Bruxelles - établis en 1375.

Éverard est l'ancêtre de Jean t'Serclaes, comte de Tilly, commandant en chef des armées de la Ligue Catholique et du Saint-Empire romain pendant la première partie de la guerre de Trente Ans ; d'Émile de t'Serclaes de Wommersom, diplomate et acteur de la Révolution belge de 1830 ; et de Nathalie de T' Serclaes, femme politique bruxelloise.

Monument

Un monument à Éverard t'Serclaes sculpté par Julien Dillens est installé rue Charles Buls, près de la Grand-Place de Bruxelles.

Notes

  1. Clerc à Hal puis curé à l'église Saint-Servais de Schaerbeek jusqu'en 1413, date à laquelle il devient chanoine de la collégiale Saints-Pierre-et-Guidon d'Anderlecht. En 1418, il est à cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles, comme pléban d'abord puis comme doyen à partir de 1422.
  2. Médecin réputé attaché à la cour de Brabant, originaire de Braine-l'Alleud. Voir : Pierres tombales dans la collégiale Saints-Pierre-et-Guidon d'Anderlecht.
  3. Jules de Saint Genois, Notice sur Everard t'Serclaes, Hebbelynck, 1835, p. 259-269.
  4. Au sujet des troubles politiques de l'époque, voir F. Favresse, Le Conseil de Bruxelles (1282-1421), Revue belge de philologie et d'histoire, 1930, vol. 9, no 1, p. 139-148 et cet article.

Voir aussi

Bibliographie

  • Sergio Boffa, Le différend entre Sweder d'Abcoude et la ville de Bruxelles : la chute du château de Gaesbeek (mars-), in : Les Pays-Bas bourguignons, histoire et institutions (Mélanges André Uyttebrouck), Bruxelles, 1996, p. 83-104 (disponible sur Academia.edu).

Cet article, très érudit, présente le grand mérite de se baser sur des sources primaires et de les critiquer si nécessaire ; ce travail permet donc d'approcher la vérité historique, parfois éloignée des légendes et interprétation véhiculées et reproduites.

Georges Roland, Le Libérateur de Bruxelles - hommage à l'échevin Everard t'Serclaes, roman historique, , éditions Memogrames.

Articles connexes

Liens externes

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