Érard

Érard est une marque d'instruments de musique, dont des pianos et des harpes, du nom du fondateur Sébastien Érard (1752-1831), puis Pierre Érard (1796-1855), son neveu.

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La marque d'Érard.

Les innovations

Mécanisme à pilote : mécanisme des premiers pianos à trois cordes, fabriqués vers 1790

Le premier piano-forte construit par Sébastien Érard date de 1777 [1]. Les années suivantes, il contribue à la mise au point du piano moderne en déposant de nombreux brevets d'inventions concernant son mécanisme, tout particulièrement le système à échappement double en 1821 qui permet de rejouer une note sans attendre que la touche soit totalement remontée, permettant donc une répétition beaucoup plus rapide. Rapidement, tous les pianos à queue en sont équipés. Il invente aussi l'agrafe en 1808, toujours utilisée aujourd'hui. Fixée sur le cadre, elle permet de guider de façon précise les cordes et de déterminer leur longueur vibrante du côté des chevilles.

Érard inventera aussi la harpe à 7 pédales à double mouvement en 1810, permettant de jouer dans tous les tons (harpe diatonique) grâce à une mécanique très perfectionnée, permettant de monter ou diminuer à volonté chaque corde d'un ou deux demi-ton[2].

Panneau Histoire de Paris « Manufacture de pianos Érard »

L'entreprise

Après un atelier hébergé dans l'hôtel particulier de la duchesse de Villeroy, Sébastien Érard fonde sa société avec son frère aîné Jean-Baptiste et s’établit 13 rue du Mail en 1781. Après la croissance de l'entreprise à la fin des années 1780 (254 pianos produits en 1788, 410 en 1789), le marasme des années suivantes (76 pianos en 1790) amène Sébastien Érard à émigrer à Londres en 1792 où il établit une fabrique de pianos et harpes. Il revient à Paris en 1796, l'usine de Londres poursuivant son activité. L'entreprise se développe au XIXe siècle ce qui amène le déplacement des ateliers au 21-23 de la même rue, les locaux du 13 étant ensuite réservés à l’hôtel particulier et à la salle d’exposition-magasin de vente.

A partir de 1814, Pierre Érard, neveu de Sébastien, dirige l'établissement de Londres puis prend la succession de l'entreprise après la mort de son oncle en 1831.

Entrée des anciens ateliers 21-23 rue du Mail

La fabrique de Paris employait 80 ouvriers spécialisés en 1831. En 1844, l’entreprise ouvre une annexe rue Saint-Maur et emploie 300 ouvriers.

Après la mort de Pierre Érard en 1855, sa veuve confie la direction de l'établissement parisien à son beau-frère M. Schaeffer.
M. Schaeffer qui était bâtonnier de l'ordre des avocats de Strasbourg, n'a pas de compétence technique mais s'acquitte de sa tâche consciencieusement et continue à développer l'entreprise. Les ateliers sont transférés en 1864 de la rue du Mail au 110-112 rue de Flandre.

Le temps des innovations est passé, mais Érard, qui emploie 315 ouvriers en 1872, est encore avec Pleyel et Gaveau l’un des fabricants importants de pianos en France (Pleyel emploie 231 ouvriers à la même époque). La salle de concert aménagée 13 rue du Mail à la fin des années 1850 est agrandie en 1877.

Après cet apogée, les pianos Érard connaissent une baisse de succès, entre autres à cause des changements multiples de nom après la disparition de M. Schaeffer : (Blondel & Cie, Guichard & Cie, etc. .

La manufacture de Londres se limite à la fabrication des harpes puis ferme en 1890 et l'entreprise décline à partir de la fin du XIXe siècle[2].

Après la grande période d'innovations du début du XIXe siècle, les produits Érard ont peu évolué et leur facture apparaît démodée. Les pianos Érard, adaptés au jeu perlé issu de la tradition française du clavecin, convenant à l'interprétation des classiques de la fin du XVIIIe siècle et des premiers romantiques, n'ont pas suivi l'évolution vers la puissance et la virtuosité dans les grandes salles de concert[3]. En 1959, la firme fusionne avec Gaveau puis la société Gaveau-Érard en 1961 avec la société Pleyel, l'ensemble étant repris en 1971 par la société allemande Schimmel.

Quelques Érard célèbres : le no 28, fabriqué en 1800, appartenait à Haydn, le no 133, en 1803, à Beethoven, le no 33932, renuméroté 38932 en 1867, à Verdi. D'autres compositeurs, comme Liszt, Fauré et Ravel, en ont également possédé.

Éditions musicales

L'entreprise avait au début du XIXe siècle une activité d'édition également établie rue du Mail, dirigée par les sœurs de Sébastien, qui publia notamment la première édition française de la Création de Haydn, les œuvres de John Field, des concertos pour violons de Kreutzer[Lequel ?], des opéras de Boieldieu, Spontini, Dalayrac etc[2].

La famille

La tombe familiale au cimetière du Père-Lachaise
  • Sébastien Érard, né à Strasbourg le (Erhard à l'origine).
    • Débuts comme facteur de clavecins
    • Construction du premier piano en 1777 (un piano carré)
    • Association avec son frère Jean-Baptiste à cette époque pour fonder une société
    • Construction du premier piano en forme de clavecin en 1790
    • Émigration à Londres lors de la Révolution
    • Nouvelle société à Paris en 1796
    • Invente la mécanique à double échappement en 1821
    • Meurt en 1831
  • Jean-Baptiste Érard (-), frère aîné du précédent
  • Pierre Érard (1796 - 1855), fils de Jean-Baptise neveu de Sébastien, directeur de la manufacture de Londres et successeur à la tête de l'entreprise de son oncle en 1831.
    • Dépose un brevet améliorant la mécanique à double échappement en 1833

Modèles

Piano carré de Sébastien Érard datant de 1781, collection du Musée national des instruments musicaux de Rome
Piano Érard au vernis Martin, 1835, collection du Château de Bizy
  • Harpes diatoniques à pédales.
  • Pianos carrés au début. Ce modèle, courant de la fin du XVIIIe à la deuxième moitié du XIXe siècle, n'est plus en usage.
  • Pianos droits.
  • Pianos à cordes parallèles, de plusieurs longueurs, construits jusque dans les années 1920.
  • Pianos à cordes croisées, allant du 00 (crapaud) au concert, en passant par le 0 (zéro), un quart-de-queue.

Technique[4]

Érard a longtemps fabriqué ses propres mécaniques de piano, facilement reconnaissables aux manches de marteaux en fourche, laissant passer l'attrape, située devant la tête du marteau. Ces mécaniques sont réputées délicates à régler.

Sur la fin (années 1940), Érard équipera ses cordes croisées de mécaniques plus classiques (Schwander).

Anecdote

Érard s'est, notamment, fait aider par le célèbre et excentrique harpiste et compositeur Bochsa pour ce qui concerne la mise au point de la harpe à double mouvement. Bochsa a montré comment tirer parti de l'évolution de l'instrument.

Honneurs

Il existe depuis 1864 une rue Érard dans le 12e arrondissement de Paris, nommée en l’honneur de Sébastien Érard qui travailla un temps dans le faubourg Saint-Antoine tout proche.

Notes et références

Notes

    Références

    1. Le biographe de Victor Louis écrit au sujet de l'épouse de ce dernier, Marie-Emmanuelle Bayon : « que c'est elle qui a mis à la mode le forte-piano, instrument qui a maintenant la plus grande vogue ».
    2. (en) Dictionary of Music. Tome 6. Erard, New Grove, , 897 p. (ISBN 0-333-60800-3), p. 276-278
    3. René Beaupain, La maison Erard. Manufacture de pianos 1780-1959, Paris/Budapest/Torino, L'Harmattan, , 283 p. (ISBN 2-7475-8531-X)
    4. René Beaupain, La Maison Érard, Manufacture de Pianos, 1780-1959, Paris/Budapest/Torino, L'Harmattan, , 288 p. (ISBN 2-7475-8531-X)

    Annexes

    Bibliographie

    • Mon bien cher oncle : correspondance de Pierre Érard à Sébastien Érard, 1814-1818 , vol. 1, éd. Laure Barthel et Alain Roudier (Genève : Éditions Minkoff, (2006), vol. 2 ((Etobon : Éditions Ad Libitum, 2009), vol. 3, éd. Laure Barthel, Robert Adelson et Alain Roudier (Etobon : Éditions Ad Libitum, (2010)
    • René Beaupain, La maison Érard Manufacture de pianos 1780-1859 -éditeur=Éditions L'Harmattan, Paris/Budapest/Torino, l'Harmattan, , 283 p. (ISBN 2-7475-8531-X)

    Articles connexes

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