Empire néo-assyrien

L'Empire néo-assyrien était un Empire mésopotamien de l'âge du fer qui a existé entre 911 et 609 av. J.-C., et qui a été le plus grand empire du monde jusqu'à cette époque. Les Assyriens ont perfectionné les premières techniques de gouvernement impérial, dont beaucoup sont devenues la norme dans les empires ultérieurs.

Pour un article plus général, voir Assyrie.
Empire néo-assyrien

911 av. J.-C.  609 av. J.-C.

Carte de l'Empire néo-assyrien et ses extensions maximales
Informations générales
Statut Monarchie
Capitale Aššur (911 av. J.-C.)
Kalhu (Nimrud) (879 av. J.-C.)
Dur-Sharrukin (706 av. J.-C.)
Ninive (705 av. J.-C.)
Harran (612 av. J.-C.)
Langue(s) Akkadien (officielle)
Araméen (officielle)
Hittite
Hurrien
Phénicien
Egyptien
Religion Religion en Mésopotamie (Henothéisme)
Ère Âge du Fer
Histoire et événements
911 av. J.-C. Règne de Adad-nirari II
612 av. J.-C.
609 av. J.-C. Siège de Harran (en)
Roi
Adad-nerari II (premier)
Assur-uballit II (dernier)
Aujourd'hui, une partie de :
Irak
Syrie
Israël
Turquie
Égypte
Soudan
Arabie saoudite
Jordanie
Iran
Koweït
Liban
Chypre
Palestine

Après les conquêtes d'Adad-nirari II à la fin du Xe siècle av. J.-C., l'Assyrie est devenu le plus puissant État du monde connu à cette époque, dominant alors le Proche-Orient ancien, la Méditerranée orientale, l'Asie Mineure, le Caucase et certaines parties de la péninsule Arabique et de l'Afrique du Nord, éclipsant et conquérant des rivaux tels que le royaume de Babylone, Élam, la Perse, Urartu, la Lydie, les Mèdes, les Phrygiens, les Cimmériens, Israël, Juda, la Phénicie, Chaldée, Canaan, l'Empire koushite, les Arabes et l’Égypte[1],[2].

Dans la périodisation courante, la période néo-assyrienne succède aux périodes paléo-assyrienne (vers 2025–1378 av. J.-C.) et médio-assyrienne (1365–934 av. J.-C.) à la fin de l'âge du bronze. Pendant cette période, l'araméen ancien est devenue une langue officielle de l'empire, à côté de l'akkadien.

À la mort d'Assurbanipal, vers 630 av. J.-C., l'empire commença à se désintégrer à la suite d'une série de guerres civiles brutales et incessantes en Assyrie. En 616 av. J.-C., Cyaxares, roi des Mèdes et des Perses, s'allia à Nabopolassar, souverain des Babyloniens et des Chaldéens, ainsi qu'avec les Scythes et les Cimmériens contre l'Assyrie. À la chute d'Harran (en) en 609 av. J.-C., les Babyloniens et les Mèdes vainquirent l'alliance assyro-égyptienne, après quoi l'Assyrie cessa en grande partie d'exister en tant qu'État indépendant. Une tentative ratée (en) de reconquérir Harran mit définitivement fin à l'Empire assyrien.

Histoire

Les années d'éclipse

De toutes les grandes puissances de l'âge du Bronze récent (Babylone, Hittites, Égypte), l'Assyrie est celle qui résiste le plus longtemps durant les années d'« effondrement » qui marquent la transition vers le début de l'âge du Bronze. En effet les premières décennies du XIe siècle y sont marquées par les ambitieuses entreprises militaires de Tiglath-Phalasar Ier et de son fils Assur-bel-kala. Mais le royaume lâche progressivement prise durant les années suivantes face aux assauts des tribus araméennes, qui se font de plus en plus entreprenantes dans la Djézireh, et sont sans doute de mieux en mieux organisées. Le détail de l'évolution militaire est obscur faute de sources attestant des expéditions assyriennes entre 1030 et 934, et les sources postérieures sembleraient avoir retenu que la période la plus difficile qu'ait traversée l'Assyrie se situe dans les décennies autour de 1000 (en gros entre 1030 et 970)[3]. Les Araméens constituent durant ces années-là des royaumes là où se trouvaient auparavant des provinces assyriennes, provoquant la fuite des populations assyriennes, par exemple celles des moyennes vallées du Tigre et de l'Euphrate, qui se réfugient dans les montagnes voisines où elles se trouvent au moment de la reconquête[4]. Néanmoins la débâcle assyrienne n'est pas totale, puisque les régions occidentales n'ont pas totalement été évacuées, et que la succession royale se poursuit apparemment sans heurts, avec plusieurs règnes longs, le cœur de l'Assyrie restant manifestement sous contrôle. C'est sur cette base que la reconquête peut s'effectuer à compter de la fin des années 930[5],[6].

Carte des États néo-hittites et araméens vers 900-800 av. J.-C.

La situation géopolitique du Moyen-Orient est alors marquée par la fragmentation, par contraste avec la période précédente qui voyait la domination d'une poignée de grandes puissances. L'Assyrie repose sur son cœur, un triangle situé entre Assur, Ninive et Arbèles, et conserve quelques points d'ancrage dans les régions voisines, notamment dans la vallée du Khabur. Plus au nord dans les piémonts du Taurus se trouvent des espaces dominés par les Araméens, qui s'appuient sur plusieurs cités où sont installées des dynasties (Nasibina, Bit Bahiani, Bit Zamani). On trouve également des entités politiques araméennes plus au sud dans la moyenne vallée de l'Euphrate (pays de Suhu et de Laqe), moins structurées et moins bien connues. À l'ouest de l'Euphrate, dans le pays appelé « Hatti » par les Assyriens, correspondant à la Syrie du nord, se trouvent d'autres royaumes, aux structures manifestement plus solides, dirigées par des dynasties araméennes (Sam'al, Bit Adini, Bit Agusi) mais aussi « néo-hittites », populations qui parlent (ou du moins écrivent) en fait le louvite, une des langues de l'ancien empire hittite, ou mixtes (Karkemish, Milid, Kummuhu, Unqi/Pattina, Gurgum, etc.)[7].

On date classiquement le début de la période néo-assyrienne de 934, début du règne du premier reconquérant, Assur-dan II. Mais plusieurs des caractéristiques de l'âge néo-assyrien se mettent en place plus tôt : ainsi par bien des aspects les pratiques militaires et le discours officiel de Tiglath-Phalasar Ier posent les jalons de ceux des grands conquérants néo-assyriens, et du point de vue culturel la transition entre la langue et l'écriture médio-assyriennes et néo-assyriennes s'effectue à partir de la même période (phénomène visible dans les archives de Giricano)[8].

Adad-nerari II et Assurnasirpal II (911–859 av. J.-C.)

Quand Adad-nerari II (911-891) monte sur le trône, l'Assyrie parvient à repousser les Araméens[9]. Il lance ensuite des attaques dans toutes les directions. Avec lui débute une nouvelle dynamique expansionniste et la période dite « néo-assyrienne » (911-609)[10].

Adad-nerari II et ses successeurs ont fait campagne chaque année, pendant une partie de l'année, avec une armée bien organisée[11]. Il a soumis les régions à la vassalité assyrienne nominale, conquérant et déportant les populations araméennes et hurriennes du nord vers des lieux lointains.

Adad-nerari II finit par mener une campagne victorieuse contre Babylone. Il a attaqué et vaincu à deux reprises Shamash-mudammiq du royaume de Babylone, annexant une grande superficie de terres au nord de la rivière Diyala et les villes de Hit et Zanqu du milieu de la Mésopotamie.

Les successeurs d'Adad-nerari II poursuivent sur sa lancée : les Araméens en particulier subissent plusieurs lourdes défaites. Les royaumes qu'ils ont établis aux abords de l'Assyrie sont subjugués.

Plus tard sous le règne de Nabû-shuma-ukin Ier, l'Assyrie a obtenu d'autres gains supplémentaires du royaume de Babylone.

Tukulti-Ninurta II lui succéda en 891 av. J.-C., consolidant encore la position de l'Assyrie en s'étendant vers le nord en Asie Mineure et dans les Monts Zagros pendant son bref règne.

Le roi suivant, Assurnasirpal II (883–859 av. J.-C.), lance l'armée assyrienne (en) dans une série de guerres victorieuses à l'ouest, contre les royaumes Araméens et néo-hittites (Bit-Adini, Bit-Agusi, Suhu, Laqe, Karkemish, Kummuhu et Gurgum)[12]. Pendant son règne, l'Assyrie a récupéré une grande partie du territoire qu'elle avait perdu vers 1100 av. J.-C.[13] Ashurnasirpal II a également fait campagne dans les Monts Zagros en Iran moderne, réprimant par l'armée une révolte des Lullubis et des Gutis contre le régime assyrien. Les Assyriens ont commencé à se vanter de leur cruauté à cette époque.

Assurnasirpal II a également déplacé sa capitale d'Assur dans la ville de Kalhu (Calah / Nimrud), qu'il repeuple en y déportant des habitants des royaumes vaincus. Les palais, temples et autres bâtiments qu'il a construits témoignent d'un développement considérable de la richesse et de l'art. Assurnasirpal II a instauré une politique de déportation massive des peuples conquis, qui s'est poursuivie à une échelle considérablement accrue sous son fils, Shalmaneser III[14].

Salmanazar III à Adad-nerari III (859–783 av. J.-C.)

Parallèlement, la domination assyrienne sur la Haute Mésopotamie reprend sur les bases de la période médio-assyrienne. Le fils d'Assurnasirpal, Salmanazar III (859 à 824 av. J.-C.), a eu un long règne de 35 ans, durant lequel la capitale a été transformée en un camp armé. Chaque année, les armées assyriennes faisaient campagne. Il combat à son tour les royaumes de Syrie du Nord dont l'Urartu[15]. Le royaume de Babylone fut occupé et réduit en vassalité. Après quelques premiers succès (prise de Til-Barsip), son armée est arrêtée à la bataille de Qarqar en 853 av. J.-C. par une coalition d'États araméens dirigée par le roi Bar-Hadad de Damas, regroupant des rois de Syrie du Nord, de Phénicie et du Levant dont Achab, roi d'Israël. Malgré la description de Salmanazar de « vaincre l'opposition », il semble que la bataille se soit terminée dans une impasse, les forces assyriennes s'étant retirées peu de temps après.

Salmanazar s'empara de l'État néo-hittite de Karkemish en 849 av. J.-C. et, quelques années plus tard, en 842 av. J.-C., Salmanazar tenta de prendre sa revanche en combattant le roi Hazael de Damas et ses alliés : il assiégea la ville et força l’octroyé d'un tribut mais ne le prit pas. Il ne put pas garder sa mainmise sur la Syrie orientale.

En 841 av. J.-C., il soumit également un tribut à Jéhu d'Israël et aux États phéniciens de Tyr et de Sidon. Son obélisque noir, découvert à Kalhu, relate de nombreux exploits militaires de son règne[16].

Les quatre dernières années de la vie de Salmanazar ont été perturbées par la rébellion de son fils aîné, Assur-nadin-apli, qui a failli être fatale à l'Assyrie. Vingt-sept villes, dont Assur, Arbela, Arrapha (Kirkuk) et d’autres lieux ont rejoint le prétendant. La rébellion n'était pas dirigée principalement contre le roi, mais plutôt les gouverneurs provisoires, tels que Dayan-Ashur, qui avaient assumé un pouvoir disproportionné. La révolte fut difficilement réprimée par Shamshi-Adad V, le deuxième fils de Salmanazar, qui lui succéda à sa mort en 824 av. J.-C.

La longue et dure guerre civile avait permis aux Babyloniens du sud, aux Mèdes, aux Mannéens, aux Perses du nord et de l’est, aux Araméens et aux Néo-hittites de l’ouest de se débarrasser en grande partie du pouvoir assyrien, obligeant Shamshi-Adad V de passer le reste de son règne à réaffirmer son contrôle sur ces peuples. L'Urartu en a profité pour réaffirmer son influence sur la région. À la suite de tous ces événements, l'Assyrie ne s'est pas développée davantage sous le règne de Shamshi-Adad V. Adad-nerari III était un garçon lorsqu'il succéda à son père en 811 av. J.-C., et pendant cinq ans jusqu'en 806 av. J.-C., sa mère, la reine Sammuramat (également appelée Sémiramis) a régné comme régente à sa place. Malgré les nombreuses légendes concernant cette reine, elle est peu mentionnée dans les archives assyriennes de l'époque.

En 806 av. J.-C., Adad-nerari III prit les rênes du pouvoir. Il envahit le Levant et soumit les Araméens, Phéniciens, Philistins, Israélites, Néo-hittites et Edomites. Il est entré dans Damas et a imposé un tribut au roi Ben-Hadad III. Il s'est ensuite tourné vers l'Iran et a soumis les Perses, les Mèdes et les Mannéens, en pénétrant jusqu'à la mer Caspienne. Ses cibles suivantes étaient les tribus chaldéennes et Shutu (en) du sud-est de la Mésopotamie, qu'il conquit et réduisit en vassalité.

Période de stagnation, 783–745 av. J.-C.

Adad-nerari III mourut prématurément en 783 av. J.-C., ce qui entraîna une période de véritable stagnation. Salmanazar IV (783–773 av. J.-C.) semble avoir exercé peu d'autorité et une victoire sur Argishti I, roi d'Urartu à Til Barsip, est attribuée à un général ('Turtanu') nommé Shamshi-ilu qui ne s'est même pas soucié de mentionner son roi. Shamshi-ilu a également remporté des victoires sur les Araméens et les Néo-Hittites, et encore une fois, s'attribue à nouveau tout le mérite aux dépens de son roi.

Assur-dan III monta sur le trône en 772 av. J.-C. Il s'est avéré être un dirigeant largement inefficace qui a été assailli par des rébellions internes dans les villes d'Assur, Arrapha et Guzana. Il n'a pas réussi à obtenir d'autres gains du royaume de Babylone et d'Aram (Syrie). Son règne a aussi été marqué par la peste et par une inquiétante éclipse solaire. Assur-nirari V est devenu roi en 754 av. J.-C., mais son règne semble avoir été un règne de révolution permanente, et il semble avoir à peine quitté son palais à Ninive avant d'être déposé par Teglath-Phalasar III en 745 av. J.-C., apportant une résurgence d'Assyrie.

Teglath-Phalasar III, 744–727 av. J.-C.

Déportation d'Israélites par l'Empire néo-assyrien

Lorsque Teglath-Phalasar III monte sur le trône, l'Assyrie est en pleine révolution. La guerre civile et la peste dévastent le pays, et de nombreuses colonies d'Asie Mineure les plus septentrionales de l'Assyrie lui ont été arrachées par l'Urartu. En 746 av. J.-C., la ville de Kalhu rejoint les rebelles, mais le 13 d'Ayyar l'année suivante, un général assyrien (turtanu) nommé Pulu s'empare de la couronne sous le nom de Teglath-Phalasar III et apporte des changements radicaux au gouvernement assyrien, améliorant considérablement son efficacité et sa sécurité.

Les provinces conquises sont organisées sous une bureaucratie élaborée, le roi à la tête - chaque district payant un tribut fixe et fournissant un contingent militaire. Les forces assyriennes à cette époque sont alors devenues une armée professionnelle permanente. La politique assyrienne vise désormais à réduire l'ensemble du monde civilisé en un seul empire, mettant son commerce et sa richesse entre les mains des Assyriens.

Lorsque Teglath-Phalasar III monte sur le trône d'Assyrie, il envahit le royaume de Babylone, vainc son roi, Nabonassar, et supprime le culte des dieux de Šapazza. Ces événements sont consignés dans la Chronique assyro-babylonienne (en)[17].

Après avoir soumis Babylone à payer le tribut, vaincu l'Urartu et conquis les Mèdes, les Perses et les Néo-hittites, Teglath-Phalasar III dirige ses armées en Aramée, dont de vastes étendues avaient retrouvé leur indépendance, ainsi que dans les ports méditerranéens de Phénicie, région dont le commerce est prospère. Après un siège de trois ans, il prend Arpad près d'Alep en 740 av. J.-C. et rase Hamath. Tiglath-Pileser contraint Azaria, roi de Juda, auparavant allié du roi de Hamath, à lui rendre hommage et à lui verser un tribut annuel.

En 738 av. J.-C., sous le règne du roi Menahem d'Israël, Teglath-Phalasar III occupe la Philistie (aujourd'hui le sud-ouest d'Israël et la bande de Gaza) et envahit le Royaume d'Israël, lui imposant un lourd tribut[18]. Achaz, roi de Juda, engageant une guerre contre Israël et Aramée, gagne le soutien du roi assyrien par des cadeaux en or et en argent[19]; Tiglath-Pileser III se laisse convaincre et « marche contre Damas, vainc et met à mort le roi Rezin (en), et assiége la ville elle-même ». Laissant une partie de son armée continuer le siège, il s'avance sur Israël, ravage par le feu et l'épée des provinces situées à l'est du Jourdain (Nabatea, Moab et Edom), la Philistie et la Samarie. Et en 732 av. J.-C., il s'empare du chef d'État araméen de Damas, déporte un grand nombre de ses habitants et les habitants israélites de Samarie en Assyrie. Il contraint également les Arabes des déserts de la péninsule Arabique à lui verser un tribut.

En 729 av. J.-C., Teglath-Phalasar III envahit le royaume de Babylone et capture le roi, Nabû-mukin-zeri[20]. Il se fait couronner comme roi Pulu de Babylone. Teglath-Phalasar III meurt en 727 av. J.-C. et est remplacé par Salmanazar V. Le roi d'Israël Hoshea suspend le versement du tribut et s'allie avec l'Égypte contre l'Assyrie en 725 av. J.-C. Cela conduit Salmanazar à envahir la Syrie[21] et à assiéger Samarie (capitale d'Israël) pendant trois ans[22].

Dynastie des Sargonides

Sargon II, 721–705 av. J.-C.

Un lamassu assyrien du palais de Sargon à Dur-Sharrukin.

Salmanazar V mourut subitement en 722 av. J.-C., alors qu'il assiégeait la Samarie. Le trône fut saisi par Sargon II, le Turtanu (commandant en chef de l'armée que les sources juives nomment sous le nom de Tartan), qui a ensuite pris rapidement la Samarie mettant ainsi fin au nord du royaume d'Israël et emmenant 27 000 personnes en captivité dans la diaspora israélite[23].

Sargon II fit la guerre dans sa deuxième année (721 av. J.-C.) contre le roi d'Elam, Humban-Nikash Ier, et son allié Marduk-apal-iddina II (le biblique Merodach-Baladan), souverain chaldéen de Babylone, qui avait chassé la domination assyrienne[24] mais Sargon n’a pas pu le déloger à cette occasion[25]. Sargon, capable de contenir la révolte mais ne pouvant reprendre Babylone à cette occasion, se tourna de nouveau contre l'Urartu et l'Aramea, s'emparant de Carchemish en 717, et reconquis les Mèdes, les Perses et les Manniens, pénétrant sur le plateau iranien jusqu'au mont Bikni et fit construire plusieurs forteresses. L'Urartu a subi une défaite écrasante: sa capitale a été pillée et son roi Rusas s'est suicidé de honte. Les États néo-hittites du nord de la Syrie ont été conquis, de même que la Cilicie et le Commagene.

L'Assyrie a été belligérante contre le royaume de Babylone pendant dix ans, tandis que Marduk-apla-iddina régnait sur Babylone[26]. En 710 av. J.-C., Sargon attaqua le royaume de Babylone et vainquit Marduk-apla-iddina, qui se réfugia derrière ses protecteurs à Elam[27]. À la suite de cette victoire, les dirigeants grecs de Chypre firent allégeance à l’Assyrie et le roi Midas de Phrygie, craignant la puissance assyrienne, a tendu sa main en amitié. Sargon a construit une nouvelle capitale à Dur Sharrukin ("La ville de Sargon") près de Ninive, avec tout l'hommage que l'Assyrie avait reçu de diverses nations.

Sennachérib, 705–681 av. J.-C.

Chérubin sur un sceau néo-assyrien, v. environ 1000-612 av. J.-C.

En 705 av. J.-C., Sargon fut tué au combat alors qu'il combattait les Cimmériens, qui étaient descendus de leur pays d'origine sur les rives de la mer Noire et qui avaient attaqué les colonies et les peuples dirigés par les Assyriens en Iran, obligeant ses sujets persans à quitter leur territoire d'origine vers le sud, autour d'Urmia.

Son fils Sennachérib lui succéda[28].

Sa première tâche a été d'affirmer son contrôle sur la Cilicie, qui tentait de se rebeller avec l'aide de la Grèce. Sennachérib pénétra en Cilicie, vainquant les rebelles et leurs alliés grecs. Il a également réaffirmé la maîtrise de l'Assyrie sur la Gordyène en Asie Mineure.

Sennachérib a décidé de déplacer la capitale de Dur-Sharrukin vers la ville de Ninive, où il a construit le célèbre "Palais sans rival"[29]. Il fit de Ninive une belle ville et améliora la ville en y plantant des vergers et des jardins.

Les Égyptiens avaient commencé à soulever les peuples dans la partie tangente de l'Empire assyrien pour tenter de s'y implanter. En conséquence, en 701 av. J.-C., Ézéchias de Juda, Lule, roi de Sidon, Sidka, roi d'Ascalon et roi d'Ekron, formèrent une alliance avec l'Égypte contre l'Assyrie. Sennachérib a attaqué les rebelles, en conquérant les royaumes d'Ascalon, Sidon et Ekron, en vainquant les Égyptiens et en les chassant de la région. Il a marché vers Jérusalem, détruisant 46 villes et villages (y compris la ville fortement défendue de Lachish) sur son chemin. Ceci est décrit dans Ésaïe Es 10. Il est difficile de savoir exactement ce qui s'est passé ensuite : la Bible dit qu'un ange du Seigneur a tué 185 000 soldats assyriens à Jérusalem après qu'Ézéchias ait prié dans le temple[30]. Le récit de Sennachérib dit que Juda lui a payé un tribut et qu'il est parti.

La Bible affirme qu'Ézéchias a déjà donné un tribut et que les Assyriens sont partis, mais sont revenus une seconde fois lorsque les soldats ont été tués ; Cependant, ce qui est certain, c’est que Sennachérib n’a pas réussi à prendre Jérusalem.

Marduk-apla-iddina était retournée à Babylone sous le règne de Sennachérib. Le roi assyrien l'attaqua en 703 av. J.-C. devant la ville de Kish et le vainquit. Sennachérib a pillé Babylone et poursuivi Marduk-apla-iddina à travers le pays. À son retour en Assyrie, Sennachérib installa un souverain fantoche, Bel-ibni, roi de Babylone[31]. Cependant, Bel-ibni ayant commis des hostilités, Sennachérib retourna dans le royaume de Babylone en 700 av. J.-C. et le captura, ainsi que ses officiers. Sennachérib a plutôt installé son propre fils, Ashur-nadin-shumi, sur le trône du royaume de Babylone[32].

Navire de guerre assyrien, une birème à l'arc pointu, 700 av. J.-C.

Sennachérib lança une campagne contre Elam en 694 av. J.-C. et ravagea le pays. En représailles, le roi d'Elam attaqua le royaume de Babylone. Ashur-nadin-shumi fut capturé et ramené à Elam et un nouveau roi appelé Nergal-ushezib fut installé en tant que souverain à Babylone[33]. Les Assyriens sont revenus l'année suivante dans le royaume de Babylone et enlevèrent les dieux d'Uruk. Nergal-ušezib et ses alliés élamites ont été vaincus par l'Assyrie. Il a été fait prisonnier et emmené en Assyrie[34]. Un autre souverain indigène, appelé Mushezib-Marduk, s'empara bientôt du trône de Babylone. Il le conserva avec l'aide de ses alliés élamites pendant quatre ans, jusqu'en 689 av. J.-C., lorsque les Assyriens ont repris la ville[35]. Sennachérib a réagi rapidement en ouvrant les canaux autour de Babylone et en inondant l'extérieur de la ville jusqu'à ce qu'elle devienne un marécage, entraînant sa destruction et la dispersion de ses habitants.

En 681 av. J.-C., alors qu'il priait le dieu Nisroch (en), Sennachérib fut assassiné par un ou plusieurs de ses propres fils (prétendument nommés Adremelech, Abimlech et Sharezer), peut-être en représailles de sa destruction de Babylone[36],[37].

Assarhaddon, 681–669 av. J.-C.

Sennachérib fut remplacé par son fils Assarhaddon (Ashur-ahhe-iddina), qui avait été gouverneur du royaume de Babylone ; au moment du meurtre de son père, il faisait campagne dans les montagnes du massif du Caucase (en) contre l'Urartu, où il remportait une victoire à Malatia (Milid). Au cours de la première année du règne d'Esarhaddon, une rébellion éclata dans le sud du royaume de Babylone. Nabu-zer-kitti-lišir, un gouverneur élamite (mat Tamti), avec l'aide des Chaldéens, fit le siège de la ville d'Ur. L'Elamite et ses alliés chaldéens ont été vaincus et il s'est enfui chez ses parents à Elam (Hal-Tamti); cependant, « le roi d'Elam le fit prisonnier et le fit passer au travers de l'épée » (ABC 1 Col.3: 39-42) ; également dans (ABC 14: 1-4).

En 679 av. J.-C., les Cimmériens et les Scythes (une horde de cavaliers de l'actuelle Russie du Sud) traversèrent les montagnes du Taurus et harcelèrent les colonies assyriennes en Cilicie. Esarhaddon a rapidement attaqué et expulsa ces maraudeurs.

En tant que roi d'Assyrie, Assarhaddon fit immédiatement reconstruire Babylone. Après avoir vaincu les Scythes, les Cimmériens et les Mèdes (pénétrant à nouveau jusqu'au mont Bikni), il tourna ensuite son attention vers l'ouest en direction de la Phénicie, qui s'était allié avec les dirigeants nubiens / koushites de l'Égypte et mit Sidon à sac en 677 av. J.-C. Il a également capturé Manassé, le roi de Juda et l'a gardé prisonnier pendant quelque temps à Babylone (Chroniques 2Ch 33,11). Après en avoir assez de l'ingérence égyptienne, Assarhaddon a fait une razzia en Égypte en 673 av. J.-C..

Deux ans plus tard, il lança une invasion complète et conquit l'Égypte, expulsant le pharaon Taharqa de nouveau en Nubie, mettant ainsi fin à la domination nubienne-koushite en Égypte et détruisant l'empire koushite commencé en 760 av. J.-C.

Les Chroniques babyloniennes (en) racontent comment l’Égypte « fut pillée et ses dieux enlevés »[38]. Le pharaon Tirhakah a fui l'Égypte et une stèle commémorant la victoire a été érigée à Sinjerli en Asie Mineure, au nord du golfe d'Antioche. Elle se trouve maintenant au musée Pergamon à Berlin. La Bible raconte la dissolution de l'Égypte dans Ésaïe Es 20,4 "le roi d’Assyrie emmènera les captifs de l’Égypte, et les déportés Éthiopiens (en), jeunes et vieux, nus et pieds nus, même les fesses découvertes, à la honte de l'Égypte. 5 "Alors ils seront consternés et confus, à cause de l’Éthiopie, qui était leur espoir, et de l’Égypte qui était leur sujet de gloire".

L'Assyrie a vaincu l'Urartu, annexé une grande partie de son territoire et l'a réduit en vassalité, et s'est étendue vers le sud jusqu'à Dilmun (Bahreïn) et en Arabie à cette époque. C’était peut-être la plus grande étendue territoriale de l’Assyrie[29].

Cependant, les gouverneurs assyriens et les dirigeants fantoches locaux qu'Esarhaddon avait nommés en Égypte furent obligés de fuir la population indigène qui aspirait à l'indépendance maintenant que les Koushites et les Nubiens avaient été expulsés.

Assarhaddon a lancé une nouvelle campagne en 669 av. J.-C. Cependant, il est tombé malade en cours de route et mourut. Son fils aîné, Shamash-shum-ukin, devint roi de Babylone et son fils, Assurbanipal, roi d'Assyrie. Assurbanipal occupa le poste le plus élevé et Babylone fut soumise à Ninive[39]. Au cours de la première année du règne de Shamash-shum-ukin, Bel et les dieux de Babylone sont revenus d'exil à Assur, capitale historique du royaume de Babylone, et la fête de l'akitu pouvait être célébré pour la première fois depuis vingt ans[40].

Assurbanipal, 668–630/627 av. J.-C.

Une partie de la chasse au lion d'Assurbanipal (en), v. 645–635 av. J.-C.

Assurbanipal, ou "Assur-bani-apli", a succédé au trône de son père Assarhaddon. Il a continué à faire campagne et à dominer l'Égypte, lorsqu'il n'était pas détourné par les pressions exercées par les Mèdes à l'est, les Cimmériens et les Scythes au nord de l'Assyrie. Il installa un pharaon égyptien natif, Psammetichus, en tant que roi vassal en 664 av. J.-C. Cependant, après que le roi Gygès de Lydie ait appelé à l'aide l'Assyrie contre les Cimmériens fut rejeté, des mercenaires lydiens ont été envoyés demander de l'aide à Psammétique. En 652 av. J.-C., ce roi vassal se déclara son indépendance de l'Assyrie en toute impunité, en particulier lorsque le frère aîné d'Ashurbanipal, Shamash-shum-ukin de Babylone, s'est imprégné du nationalisme babylonien et a déclenché une guerre civile majeure cette année-là. Cependant, la nouvelle dynastie égyptienne a sagement maintenu des relations amicales avec l'Assyrie.

Shamash-shum-ukin a tenté de soulever une énorme rébellion englobant de nombreux peuples vassaux contre Ashurbanipal. Cependant, cela a largement échoué. Cette rébellion dura jusqu'en 648 av. J.-C., lorsque Babylone fut mise à sac et que Shamash-shum-ukin mit le feu au palais, se tuant. Assurbanipal se mit alors à punir les Chaldéens, les Arabes et les Nabatéens qui avaient soutenu la révolte babylonienne. Il a envahi la péninsule arabique et a mis en déroute et a vaincu les Arabes, y compris la puissante tribu Qedar, en ramenant beaucoup de butin de retour à Ninive et tuant les rois arabes, Abiate et Uate. Les Nabatéens qui habitaient au sud de la mer Morte et dans le nord de l'Arabie, ainsi que les Chaldéens de l'extrême sud-est de la Mésopotamie ont également été vaincus et expulsés. Elam fut la cible suivante. Elle a été attaqué en 646 et 640 av. J.-C. et sa capitale, Suse fut saccagée.

Après l'écrasement de la révolte babylonienne, Assurbanipal parut maître de tout ce qu'il avait arpenté :

L'Assyrie paraissait maintenant plus forte que jamais. Cependant, sa longue lutte contre le royaume de Babylone, Elam et leurs alliés, et sa campagne constante pour contrôler et étendre son vaste empire dans toutes les directions, ont épuisé l'Assyrie. Il a été vidé de sa richesse et de sa main-d’œuvre ; les provinces dévastées ne pouvaient rien céder pour répondre aux besoins de la finance impériale et il était difficile de trouver suffisamment de troupes pour garnir l'immense empire.

Empire assyrien à la mort d’Assurbanipal : * en vert foncé : les pahitu / pahutu (provinces) ; * en jaune : les matu (royaumes sujets) ; * en crème : le royaume de Babylone ; * les points jaunes : les autres royaumes sujets ; * les points noirs : le pahitu/ pahutu (provinces) du royaume de Babylone ; * les lettres en marron : les provinces qui existaient auparavant.

L’Assyrie était donc mal préparée pour faire face aux nouvelles hordes de Scythes qui commençaient maintenant à harceler les frontières au nord et au nord-est. Après que les Assyriens eurent détruit Elam, les Mèdes ont commencé à devenir puissants, devenant la force dominante parmi les iraniens les peuples qui avaient commencé à coloniser les régions à l'est de la Mésopotamie vers 1000 av. J.-C. aux dépens des Perses et des pré-iraniens Elamites et Mannéens, et ils n'étaient à la fin du règne d'Assurbanipal que nominalement sous vassalité assyrien. L'Asie mineure était également pleine de Scythes et de Cimmériens hostiles qui avaient envahi l'Urartu, la Lydia et la Phrygie avant d'être repoussés par les Assyriens. Cependant, tout au long de sa vie, Ashurbanipal a réussi à contenir ces menaces potentielles.

Chute de l'Assyrie, 627–609 av. J.-C.

L'empire a commencé à se désintégrer rapidement après qu'une série de guerres civiles ont éclaté, impliquant un certain nombre de prétendants au trône. Assur-etil-ilâni a succédé à Assurbanipal, mais a été immédiatement entraîné dans une guerre civile contre l'un de ses propres généraux, Sin-shumu-lishir, qui a pris le contrôle du royaume de Babylone puis brièvement le trône d'Assyrie. Il fut à son tour déposé par Sîn-shar-ishkun. Après avoir finalement vaincu ses rivaux, Sîn-shar-ishkun a été confronté à une menace beaucoup plus grande. Son état vassal babylonien avait profité des bouleversements en Assyrie et s'était rebellé sous Nabopolassar, un membre de la tribu chaldéenne jusqu'alors inconnu, en 625 av. J.-C.. Ce qui s'ensuivit fut une longue guerre au cœur de la Babylonie. Nabopolassar a tenté de s'emparer de Nippour, le principal centre du pouvoir assyrien en Babylonie, mais a été vaincu par Sîn-shar-ishkun. Cependant, après un soulèvement populaire dans la ville de Babylone, Nabopolassar prit cette ville et fut couronné roi de cette ville en 625 av. J.-C..

Sîn-shar-ishkun a ensuite perdu encore du terrain avant de réussir à reprendre la ville d'Uruk vers 624 av. J.-C., avant de la perdre rapidement à nouveau. Lorsque Sîn-shar-ishkun conduisit une grande armée nationale en Babylonie en 623 av. J.-C., dans une tentative d'écraser la rébellion, une autre guerre éclata dans la patrie assyrienne. Une armée nationale de secours a été renvoyée de l'opération militaire de Babylonie mais elle changea de camp, permettant ainsi à l'usurpateur d'atteindre la capitale, Ninive, sans interférence et de réclamer le trône. Sinsharishkun a réussi à réprimer la rébellion nationale, mais il a perdu un temps précieux pour résoudre le problème babylonien et Nabopolassar a pu consolider sa position.

En 620 av. J.-C., Nabopolassar finit par s'emparer de Nippour devenant le maître de la Babylonie. Pendant que ces événements se déroulaient, les Mèdes s'étaient libérés de la domination assyrienne et avaient consolidé leur pouvoir dans ce qui allait devenir la Perse. En 616 av. J.-C., Cyaxares, le roi des Mèdes, conclut une coalition avec Nabopolassar et, avec l'aide des Scythes et des Cimmériens, attaqua l'Assyrie. L’Assyrie fut alors confrontée à une situation considérablement difficile et, après quatre années de combats acharnés, la coalition détruit Ninive en 612 av. J.-C., après un siège de trois mois, suivie de combats de porte à porte. Sinsharishkun fut tué au cours du processus et la chute de Ninive marqua le début de la fin de l'empire assyrien.

Avec le soutien militaire tardif du pharaon égyptien Nékao II, dont la dynastie avait été installée avec l'aide des Assyriens, un général appelé Assur-uballit II fut déclaré roi d'Assyrie et tenu bon à Harran jusqu'à 609 av. J.-C..

L’aide égyptienne a continué d’être apportée aux Assyriens, qui ont désespérément tenté de limiter le pouvoir croissant des Babyloniens et des Mèdes.

En 609 av. J.-C., lors de la bataille de Megiddo, une force égyptienne a vaincu une force judéenne dirigée par le roi Josias et parvint à atteindre les derniers vestiges de l'armée assyrienne. Dans une dernière bataille à Harran en 609 avant JC (en), les Babyloniens et les Mèdes ont vaincu l'alliance Assyro - Egyptienne, après quoi Assyrie a cessé d'exister en tant qu'Etat indépendant. On ne sait pas si Assur-uballit II a été tué à Harran ou s'il a survécu : de toute façon, il a ensuite disparu des pages de l’histoire.

En 605 av. J.-C., aidée par les vestiges de l'armée de l'ancienne Assyrie, une force égyptienne combattit les Babyloniens (Bataille de Karkemish), mais elle échoua également.

Organisation militaire

Archers et engin de siège donnant l'assaut ; au fond, prisonniers empalés, époque de Teglath-Phalasar III, 745-727 av. J.-C.
Soldats ramenant des prisonniers et des têtes coupées de la ville d'Alammu (non localisée), époque de Sennachérib, 705-681 av. J.-C.

Les archives des palais sargonides ont livré 1 470 lettres traitant de l'organisation militaire assyrienne (en). Les provinces centrales (l'Assyrie proprement dite) sont couvertes par une série de forteresses dans les provinces annexées, capables de résister à une éventuelle invasion jusqu'à l'arrivée de l'armée principale. Elles servent de greniers et d’entrepôts pour la collecte des tributs et de base de ravitaillement pour les campagnes lointaines. Un réseau de routes stratégiques s'étend des montagnes de Zamua (en) à l'est, sur les confins iraniens, jusqu'à l'Anti-Liban au sud-ouest. Elles sont parcourues par des courriers à cheval (kallû) s'arrêtant à des relais (mardîtu, bît mardiate). Un service de renseignement militaire fait remonter les informations jusqu'à l'état-major central, souvent dirigé par le prince héritier : tous les sujets assyriens et vassaux prêtent serment devant les dieux de prévenir le roi de toute menace. Des unités spécialisées d'éclaireurs et de commandos (gudûdânu), l'interrogatoire des réfugiés et déserteurs fournissent une moisson de renseignement sur les forces et intentions de l'ennemi[41].

Cavaliers assyriens dans une palmeraie dans le sud de la Mésopotamie, 640-620 av. J.-C.

L'armée permanente (kisru), distincte des milices provinciales, est basée dans les provinces centrales ou les garnisons périphériques. Elle comporte des chars, dont le rôle tend à diminuer au cours de la période, des cavaliers et des fantassins, le plus souvent archers ou frondeurs. Des sapeurs (sâb hupshi) sont employés pour ouvrir des routes ou percer les murailles de l'ennemi. Parmi les peuples conquis, des contingents araméens sont fournis régulièrement par les tribus le plus loyales bien qu'il leur arrive de changer de camp dans les guerres en Babylonie. Des bêtes de somme, juments, ânes, mulets sont utilisés dans les transports. Le dromadaire sert de monture à certains alliés arabes[41].

Le roi, chef suprême des armées, peut être représenté par ses gardes royaux (qurbutu) chargés de transmettre ses ordres. Il peut déléguer le commandement à un général (turtan), un héraut du palais (nâgir ekalli) ou un grand échanson (reb shahaqe). Le gouverneur de province (shaknu, bêl pahâti) fait figure de vice-roi détenteur du pouvoir suprême dans sa circonscription : son autorité n'est limitée que par celle du roi quand ce dernier est présent dans la province ou envoie des ordres écrits. Le grade de commandant d'unité (rab kisir) est surtout attesté dans la cavalerie ; les officiers portent différents titres selon leur spécialité ou le nombre d'hommes qu'ils commandent[41].

La discipline semble solide et les lettres ne signalent que de rares cas de désertion ou d'ivrognerie. Le passage de l'armée, souvent dévastateur pour les cités vaincues, est une source de profit pour le royaume par le pillage et les tributs[41].

Voir aussi

Notes et références

  1. « Assyrian Eponym List » (consulté le )
  2. Tadmor, H. (1994). Les inscriptions de Tiglath-Pileser III, roi d'Assyrie, p.29
  3. Frahm 2017, p. 166.
  4. Radner 2015, p. 67-70.
  5. Lafont et al. 2017, p. 593-594
  6. Frahm 2017, p. 166-167.
  7. Lafont et al. 2017, p. 629-632
  8. Frahm 2017, p. 165-166.
  9. Garelli et al. 2001, p. 73-77
  10. P. Villard, « Néo-assyriens (rois) », dans Joannès (dir.) 2001, p. 564-566
  11. Garelli et al. 2001, p. 77-79
  12. Parpola, « National and Ethnic Identity in the Neo-Assyrian Empire and Assyrian Identity in Post-Empire Times », Journal of Assyrian Academic Studies, vol. 18, no 2, (lire en ligne [PDF])
  13. Garelli et al. 2001, p. 83-87
  14. « Black Obelisk, K. C. Hanson's Collection of Mesopotamian Documents », K.C. Hansen (consulté le )
  15. ABC 1 Col.1: 5
  16. 2 rois 15:19
  17. 2 rois 16: 8
  18. ABC 1 Col.1: 21
  19. 2 rois 17: 5
  20. ABC 1 Col.1: 27
  21. 2 Kings 17: 1-6, 24; 18: 7, 9
  22. 2 rois 20:12
  23. ABC 1 Col.1: 31–37
  24. ABC 1 Col.1: 41–42
  25. ABC 1 Col.2: 1–3
  26. 2 rois 18:13; 19:37; Est un. 7h17, 18h
  27. I Rois 18–19
  28. ABC 1 Col.2: 12–23
  29. ABC 1 Col.2: 26–31
  30. ABC 1 Col.2: 36–45
  31. ABC 1 Col.2: 46 - Col.3: 6
  32. ABC 1 Col.3: 13–24
  33. (en) Stephanie Dalley, Esther's revenge at Susa : from Sennacherib to Ahasuerus, Oxford, Oxford University press, , 63–66 p. (ISBN 978-0-19-921663-5, lire en ligne)
  34. Selon 2 Rois 19:37, alors qu'il priait le dieu Nisroch, il fut tué par deux de ses fils, Adramalech et Sharezer, et tous deux s'enfuirent par la suite en Urartu. Cela est répété dans Esaïe 37:38 et évoqué dans 2 Chroniques 32:21.
  35. ABC 1 Col.4: 25; aussi dans ABC 14: 28-29
  36. ABC 1 Col.4: 30–33 et ABC 14: 31-32, 37
  37. ABC 1 14: 34–39 et ABC 1 Col.4: 34–36
  38. Florence Malbran, « L'armée et l'organisation militaire de l'Assyrie sous les Sargonides, d'après les lettres trouvées à Ninive », École pratique des hautes études. 4e section, Sciences historiques et philologiques. Annuaire 1971-1972, , p.837-843 (lire en ligne).

Sources

Généralités sur la civilisation mésopotamienne et l'Assyrie

  • Paul Garelli et André Lemaire, Le Proche-Orient Asiatique, tome 2 : Les empires mésopotamiens, Israël, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « La Nouvelle Clio »,
  • Francis Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins »,
  • Bertrand Lafont, Aline Tenu, Philippe Clancier et Francis Joannès, Mésopotamie : De Gilgamesh à Artaban (3300-120 av. J.-C.), Paris, Belin, coll. « Mondes anciens »,
  • (en) Karen Radner, Ancient Assyria : A Very Short Introduction, Oxford, Oxford University Press,
  • (en) Eckart Frahm (dir.), A Companion to Assyria, Malden, Wiley-Blackwell,

Assyrie et période néo-assyrienne

  • Francis Joannès, La Mésopotamie au Ier millénaire avant J.-C., Paris, Armand Colin, coll. « U »,
  • (it) Frederick Mario Fales, L'impero assiro, storia e amministrazione (IX-VII secolo A.C.), Rome, Laterza,
  • (en) Karen Radner, « Neo Assyrian Period », dans Raymond Westbrook (dir.), A History of Ancient Near Eastern Law, Brill, coll. « Handbuch der Orientalistik », , p. 883-910
  • (en) Eckart Frahm, « The Neo‐Assyrian Period (ca. 1000–609 BCE) », dans Eckart Frahm (dir.), A Companion to Assyria, Malden, Wiley-Blackwell, , p. 161-208
  • (en) Karen Radner, « Economy, Society, and Daily Life in the Neo-Assyrian Period », dans Eckart Frahm (dir.), A Companion to Assyria, Malden, Wiley-Blackwell, , p. 209-228
  • Josette Elayi, L'Empire assyrien : Histoire d'une grande civilisation de l'Antiquité, Paris, Perrin, , 352 p. (ISBN 978-2-262-07667-2)
  • Florence Malbran. L'armée et l'organisation militaire de l'Assyrie sous les Sargonides, d'après les lettres trouvées à Ninive. In: École pratique des hautes études. 4e section, Sciences historiques et philologiques. Annuaire 1971-1972. 1972. pp. 837-843

Art et archéologie

  • Fastes des palais assyriens : Au nouvel empire, Dijon, coll. « Les dossiers d'archéologie n° 171 »,
  • (en) John E. Curtis et Julian Reade, Art and Empire : Treasures from Assyria in the British Museum, New York, Metropolitan Museum,
  • (en) Joan Aruz, Yelena Rakic et Sarah Graff (dir.), Assyria to Iberia : at the Dawn of the Classical Age, New York, The Metropolitan Museum of New York,
  • (en) Friedhelm Pedde, « The Assyrian Heartland », dans Daniel T. Potts (dir.), A Companion to the Archaeology of the Ancient Near East, Malden et Oxford, Blackwell Publishers, coll. « Blackwell companions to the ancient world », , p. 851-866
  • (en) Bradley J. Parker, « The Assyrians Abroad », dans Daniel T. Potts (dir.), A Companion to the Archaeology of the Ancient Near East, Malden et Oxford, Blackwell Publishers, coll. « Blackwell companions to the ancient world », , p. 867-876
  • (en) John M. Russell, « Assyrian Cities and Architecture », dans Eckart Frahm (dir.), A Companion to Assyria, Malden, Wiley-Blackwell, , p. 423-452
  • (en) John M. Russell, « Assyrian Art », dans Eckart Frahm (dir.), A Companion to Assyria, Malden, Wiley-Blackwell, , p. 453-510

Liens externes

    • Portail de l’histoire
    • Portail du monde antique
    • Portail du Proche-Orient ancien
    • Portail de la Mésopotamie
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.