Épave d'Uluburun

Uluburun (en turc : grand cap) est un site archéologique sous-marin, situé au sud de Kaş, en Turquie, dans la Mer Méditerranée, où a été retrouvée une épave d'un navire marchand de l'Âge du bronze récent (XIVe – XIIIe siècle av. J.-C.). L'épave, longue de 15 m et avec un mat haut de m[1], repose à plus de 40 mètres de profondeur[1]. Elle a été fouillée de 1984 à 1994[1]. Il s'agit de la plus vieille épave fouillée au monde[2].

Uluburun

Maquette en bois du bateau naufragé à Uluburun
Localisation
Pays Turquie
Province Antalya
District Kaş
Coordonnées 36° 07′ 43″ nord, 29° 41′ 09″ est
Géolocalisation sur la carte : Turquie
Uluburun

Historique

En 1982, lors d'une plongée, un jeune pêcheur turc repéra des objets que le capitaine du navire reconnut pour être des lingots de cuivre en forme de peau de bœuf datant de l'Âge du bronze. Ce dernier en informa George Bass, qui dirigeait les fouilles de l'Institute of Nautical Archaeology (INA) de l'Université A&M au Texas. Dans les années 1960, Bass avait découvert une épave datant de l'Âge du bronze datant des environs de au cap Chélidonia. De nombreux experts mettaient en doute sa théorie d'un commerce entre la Grèce mycénienne et le Proche-Orient à cette époque. L'épave d'Uluburun en apportait la confirmation.

Les fouilles durèrent de 1984 à 1994 et se révélèrent délicates pour plusieurs raisons. Comme le navire reposait à 42 m et 61 m de profondeur, le travail des plongeurs était pénible. De plus, de nombreux lingots de cuivre avaient souffert de leur séjour prolongé dans la mer et leur fragilité nécessita l'emploi d'une technique spéciale pour pouvoir les remonter à la surface : on injecta dans les restes une colle qui durcissait après un an sous l'eau.

Circuit commercial

Le bateau était impliqué dans les circuits d'échanges du bassin oriental de la Méditerranée. On y a trouvé une grande quantité d'objets de provenances diverses : Levant, Chypre, Crète, Grèce continentale, Égypte. La richesse de la cargaison a fait penser qu'il pouvait s'agir d'un bateau affrété par un pouvoir royal. Il est fort probable que le bateau venait de Chypre (connue à cette époque sous le nom d'Alashiya), vu la quantité de cuivre transportée. L'origine de l'équipage reste indéterminée du fait des provenances diverses des objets personnels retrouvés dans l'épave.

Il s'agit d'une source très intéressante offrant des points de comparaison avec les échanges maritimes documentés dans les archives contemporaines d'Ougarit et d'el-Amarna.

Contenu de l'épave

Parmi les objets mis au jour dans l'épave, on peut noter[1] :

  • 354 lingots de cuivre chypriote, dont on connaît l'importance de la diffusion par les trouvailles archéologiques et les archives contemporaines, et aussi des lingots d'étain ;
  • des lingots en verre de cobalt bleu turquoise et lavande, parmi les plus anciens connus dans cette matière ;
  • de l'ivoire d'éléphant, des dents d'hippopotame, divers coquillages ;
  • des céramiques chypriotes de diverses qualités ;
  • de la vaisselle en faïence, en bronze et cuivre ;
  • divers bijoux riches, provenant pour beaucoup du Levant, ainsi qu'un scarabée au nom de la reine égyptienne Néfertiti ;
  • des outils et armes en bronze ;
  • de l'ambre d'Europe du Nord ;
  • deux tablettes en bois à l'origine recouvertes d'une surface de cire sur laquelle on écrivait.

Musée

Le Musée d'archéologie sous-marine de Bodrum, dans le Château Saint-Pierre, expose les objets trouvés au cours des fouilles ainsi qu'une réplique du navire.

Notes et références

  1. Bertrand Lafont, Aline Tenu, Philippe Clancier et Francis Joannès, Mésopotamie : De Gilgamesh à Artaban (3300-120 av. J.-C.), Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », , 1040 p. (ISBN 978-2-7011-6490-8), chap. 12 (« Guerre et paix au Proche-Orient : l'Âge d'El Amarna »), p. 434-438.
  2. Frances Linzee Gordon 2007, p. 267

Voir aussi

Bibliographie

  • Frances Linzee Gordon (trad. de l'anglais), Turquie, Paris, Lonely Planet, , 700 p. (ISBN 978-2-84070-651-9)
  • (en) Cemal Pulak, « The Uluburun Shipwreck and Late Bronze Age Trade », dans Joan Aruz, Kim Benzel et Jean M. Evans (dir.), Beyond Babylon. Art, Trade, and Diplomacy in the Second Millenium B.C., New York, New Haven et Londres, (lire en ligne), p. 289-310

Articles connexes

Liens externes

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