Émirat du Liptako

L'émirat du Liptako a été fondé en 1809-1810 dans le nord-est de l'actuel Burkina Faso par des Peuls venus du Macina[1] ou du Gourma[2] qui se sont installés dans la région vers le XVIIe siècle[2]. Il couvre l'actuelle région de Dori[1], c'est-à-dire la province du Séno[3]

Histoire

Selon la tradition orale, les Peuls Férobé, jusque là appelés Sondeebe[2], sont venus de l'empire du Macina et ont quitté ce dernier sous la férule d'un frère qui, disputant le trône à son autre frère, a préféré partir en exil. Ils s'installèrent dans un village, Wendou, et se mêlèrent aux Peuls autochtones qu'ils trouvèrent sur place (en principe depuis moins d’un siècle) et qui appartenaient à différents clans[2] au nombre de trois (Toroobe, Wakambe et Sillube) ou cinq (Kurojiibe, Toroobe, Wakambe, Jallobe et Baabe) selon les sources[2].

Mais un conflit les divisa et une partie des Peuls Torobé autochtones migrèrent vers Sebba et vers les villages de Torodi (du Burkina et du Niger) et une autre partie à Dori, acceptant le joug des Gourmantché qui contrôlaient la région. Toutefois, les Peuls finirent par se révolter contre ces derniers[3].

Les Peuls Ferobé vinrent à leur secours. Brahima Seydou Birmali envoya alors auprès du sultan du Sokoto, Usman dan Fodio une délégation de Toroobe, Wakambe et Feroobe. Le combat reçut la bénédiction d'Usman dan Fodio qui remit la bannière du combat, transformant la révolte populaire des Peuls contre le pouvoir oppressif des Gourmantché en un véritable djihad[2]. La bataille décisive eut lieu au bord du Yayré, marigot d’où est issue la mare de Dori, et se solda par la défaite des Gourmantché[2]. Le chef de la rébellion, Brahima Seydou fonde l'émirat du Liptako[3] en 1809-1810.

Le nom Liptako ou Liptaako aurait été suggéré à Brahima Seydou Birmali par Usman dan Fodio lui-même. Liptako signifie « l’indomptable » (littéralement « impossible à terrasser », de liba qui veut dire « terrasser », et ta-a-ko qui signifie « on ne peut pas »)[3].

Les deux premiers émirs, avec Saalu Hamma[2], étaient des hommes « justes et pieux », ce qui n'est plus le cas à partir de Sori Hamma (1832/33-1860/61), à l'exception de Seeku Saalu (1860/61-1886/87)[1].

L'émirat du Liptako est devenu un Etat esclavagiste, qui comptait le plus d’esclaves dans la colonie du Soudan (50 000 pour autant d’hommes libres) et s'enferma tout au long de son histoire dans le cercle vicieux « des guerres pour les esclaves, des esclaves pour les guerres »[2], ce qui le poussa à guerroyer dans toutes les directions.

L'aristocratie Férobé, malgré la pression militaire touarègue permanente, prospéra[2]. Cette aristocratie s'appuyait sur des troupes essentiellement constituées de Rimaïbé, la classe servile traditionnelle, tout en reléguant les autres clans peuls, à commencer par les Tooroɓɓe, au second plan. Ces derniers finirent d'ailleurs par se désolidariser de l'élite au pouvoir

Les Gourmantché de Koala infligèrent aux Peuls une défaite mémorable à Koala même, en 1887-88[2].

Le 30 avril 1897, les troupes françaises établirent la domination coloniale[2]. L'émirat continua formellement à exister jusqu'en 1963, date de son abolition par le président Maurice Yaméogo, le premier président de la République de Haute-Volta (actuel Burkina Faso)[1], mais avait perdu tout prestige[2].

Émirs

L'émir actuel est Ousmane Amirou Dicko[3]. Il a succédé à son père le 30 juin 2011. Il a fait ses études (lycée et université) au Canada (1977-2000) puis a travaillé de 1996 à 2009 dans le domaine de la santé, comme assistant de recherche puis comme microbiologiste et gestionnaire, directeur de projets internationaux et enfin comme directeur général export de plusieurs firmes de fabrication pharmaceutiques canadiennes[3]. Il est également président du Conseil régional de la chefferie coutumière et traditionnelle du Sahel (CRCCT/S)[3].

Voir aussi

L'émir du Liptako est aujourd'hui un des huit rois supérieurs au Burkina Faso[3] :

  • le Moro Naba, empereur des Mossi
  • le Naaba Kiba, roi du Yatenga,
  • le Naaba Sonré, roi de Boussouma
  • le roi de Tenkodogo
  • le Kupiendiéli, roi du Gulmu
  • Le chef suprême des Bobo Mandarè
  • L'émir du Liptako
  • L’Amenokal Oudalan

Notes et références

  1. Yénouyaba-Georges Madiéga et Oumarou Nao, Burkina Faso : Cent ans d'histoire (1895-1995), Karthala, , 3446 p. (ISBN 978-2-84586-431-3, lire en ligne), p. 901.
  2. Botte, Boutrais et Schmitz, Figures peules, Paris, Karthala, , 541 p. (ISBN 978-2-86537-983-5 et 2-86537-983-3, lire en ligne), p. 211-237.
  3. « OUSMANE AMIROU DICKO, EMIR DU LIPTAKO A PROPOS DU PROGRAMME D’URGENCE POUR LE SAHEL : « L’époque des vaines promesses pour plaire est révolue » », Le Pays, (lire en ligne)
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