Éliane Montel

Éliane Montel-Langevin est née le 9 octobre 1898 à Marseille[1], elle était la fille de Jakob Nerval Montel, négociant, et Eva Esther Fitt. Elle avait un frère, Gilbert Montel, né en 1896 et mort au front en 1915. Elle a passé son enfance entre Marseille et Montpellier.

De sa liaison avec Paul Langevin, est né le futur musicologue Paul-Gilbert Langevin, le 5 juillet 1933, à Boulogne-Billancourt.

Élève de l'École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres en section sciences (promotion S1920)[2], elle obtient d'abord en 1919 son certificat d'aptitude à l'enseignement secondaire pour jeunes filles[3] puis l'agrégation pour jeunes filles en sciences en 1923.

Eliane Montel.

Elle entre en 1926, sur les recommandations du physicien Paul Langevin au laboratoire Curie de l'Institut du Radium comme « aide-bénévole », puis l'année suivante comme « travailleur libre »[4]^,[5]. Elle publie alors l'article « Sur la pénétration du polonium dans le plomb » dans le Journal de physique.

Continuant ses recherches au laboratoire, elle occupe parallèlement un poste d'enseignante dans le secondaire durant l'année scolaire 1929-1930[6]. En 1930, Éliane Montel demande à Marie Curie de lui obtenir une bourse Rothschild pour l'année scolaire 1930-1931, ce qu'elle obtient[7]. Néanmoins, elle doit cesser ses recherches pour s'occuper de sa mère et ne peut finir l'année scolaire[8].

Pour l'année scolaire 1931-1932, elle obtient un poste d'attachée de recherches à l'École municipale de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris, dans le laboratoire de Paul Langevin. Éliane Montel restera auprès de ce dernier jusqu'à sa mort, en 1946, lui rendant régulièrement visite lors de son exil à Troyes durant la guerre[9].

Travaillant alors dans le laboratoire de Frédéric Joliot au Collège de France, elle joue les intermédiaires scientifiques, politiques et amicales entre Paul Langevin et son ancien élève Frédéric Joliot[10].

Après le décès de Paul Langevin, en 1946, elle continue ses recherches dans le même laboratoire sous la direction de René Lucas[11] et travaille sur les mesures de mobilités des ions gazeux. Parallèlement, son principal sujet sera de terminer et de faire publier le dernier travail de Paul Langevin réalisé pendant la Seconde Guerre mondiale, alors qu'il était en résidence surveillée : « L'appareil devait, en donnant le spectre des mobilités, permettre d'étudier la nature des ions et de suivre leur formation et leur évolution »[12].

Par la suite, elle enseigne la physique et la chimie au lycée François-I^er à Fontainebleau, jusqu'à sa retraite dans les années soixante.

En 1967, Éliane Montel participe au dîner des anciens du laboratoire Curie donné en l'honneur du centième anniversaire de Marie Curie.

En 1972, elle soutient activement les commémorations du centenaire de la naissance de Paul Langevin, en publiant des textes à sa mémoire, notamment un texte pour la revue Scientia : « Langevin et le rationalisme, le savant hors de la tour d'ivoire ». Par ailleurs, elle intervient au colloque organisé par la revue La Pensée[13].

Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, elle est liée d'amitié avec l'historien Jean-Paul Roux[14] dont elle suit les cours à l'École du Louvre[15] et s'intéresse activement à plusieurs sujets, dont l'histoire des religions, l'art et l'archéologie, l'Extrême-Orient, l'Égypte, la Grèce, la Turquie, l'Islam, le Judaïsme. À un âge déjà avancé, elle effectue avec ce dernier des voyages dans les pays orientaux, notamment en Syrie.

Elle meurt à Paris en 1993. Elle est enterrée au Cimetière du Montparnasse.

• « Sur la pénétration du polonium dans le plomb », Journal de physique et du radium, vol. 10, n^o 2,‎ février 1929, p. 78-80 (lire en ligne)
• « Sur la détermination des mobilités des ions gazeux, présenté par Paul Langevin », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, Paris, Bachelier,‎ 12 avril 1939, p. 1141-1144 (lire en ligne)
• « Sur la mobilité et la diffusion des ions », présenté par Paul Langevin, in Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences[16], 1939
• « Sur une nouvelle méthode de mesure des mobilités d'ions dans les gaz, présenté par Maurice de Broglie à l'Académie des Sciences », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, Paris, Bachelier,‎ 6 mars 1944, p. 391-393 (lire en ligne)
• « Action des rayons β de 204Tl et de 90Sr sur les films photographiques ordinaires, in Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences 1946, p. 800, en collaboration avec Ouang Te Tchao[17], présenté par Jean Cabannes [lire en ligne]
• « Sur l'analyseur de Paul Langevin pour l'étude des mobilités des ions gazeux », en collaboration avec Ouang Te Tchao, présenté par Frédéric Joliot[17], Journal de physique et du radium, t. 10, 1949, [lire en ligne]
• « Sur un électromètre monofilaire de grande sensibilité », en collaboration avec Ouang Te Tchao et P. Pannetier[17], Journal de physique et du radium, t.14, 1953
• « Sur la mobilité des ions dans l'air », avec Ouang Te Tchao[17], Journal de physique et du radium, t. 15, 1954

• « Les grands maîtres de la science: Paul Langevin », in: La Technique moderne, t. 27, 1935.
• « Hommage à Paul Langevin: la vie, l'oeuvre et l'action », avec René Lucas, in: Les Cahiers rationalistes, 1972
• « Langevin et le rationalisme: le savant hors de la tour d'ivoire », in: Scientia, 1973
• « Notes d'Eliane Montel des cours de Jean-Paul Roux à l'École du Louvre », 1980-1981[17]